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Citations de Serge Joncour (2427)


Alexandre avait eu la chance que sa banquière cautionne ce projet presque simpliste : élever des vaches en les faisant brouter de l’herbe. Pour les investisseurs, cela avait le grand défaut de ne nourrir que l’éleveur et ses vaches. Un conseiller financier digne de ce nom préférera toujours une ferme laitière bien ancrée dans le système productiviste, une ferme qui fait également vivre l’inséminateur, les vendeurs de lait, de semences, de produits phytosanitaires, sans oublier ceux qui commercialisent le matériel agricole et les pièces détachées, avec en prime la coopérative qui revendra non seulement les semences, mais achètera aussi les broutards pour les expédier à l’étranger. Un modèle selon lequel il n’y a rien d’autre à faire qu’à suivre un schéma où tout est fléché.
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Ces temps-ci, le père tenait parfois des raisonnements un peu étranges, et la mère avait de soudaines absences. Alexandre n’avait jamais vécu loin d’eux, il les voyait presque tous les jours. De la même façon qu’on ne voit pas ses enfants grandir, demeurer auprès de ses parents au quotidien empêche de les sentir vieillir, sinon par à-coups.
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- Tu vois, papi, à force, on n'a plus peur, lança Mathéo à son grand-père sans se retourner.
- Et t'avais peur de quoi, de la nuit ?
- Non, du virus, du confinement, tout ça...
- C'est bien. Alors dis-toi qu'un jour, de cette peur on en rira. Peut-être même qu'on la regrettera.
- Ah bon, pourquoi ?
(..)
- Parce qu'elle n'est rien au regard de toutes celles qui nous attendent.
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Cette famille, c'était pourtant la sienne, ces êtres autour de la table, c'était les siens, mais il se sentait parfaitement étranger. Avec ses sœurs, ils avaient passé toute leur enfance ici, dans cette salle à manger, et voilà qu'ils dînaient dans trois pièces différentes, et pas seulement à cause d'un virus. Il en va des familles comme de l'amour, d'abord on s'aime, puis un jour on n'a plus rien à se dire, signe qu'on doit changer profondément.
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Rien n'affole plus les peuples que de se découvrir mortels.
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Aujourd'hui on ouvre sa porte au monde pour ne pas savoir ce qui se passe chez soi.
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Rien n'affole plus les peuples que de se découvrir mortels.
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Chaque vie se tient à l'écart de ce qu'elle aurait pu être. A peu de choses près, tout aurait pu se jouer autrement.
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Au Divo, c'était le branle-bas de combat, l'antichambre de la révolution, Greg le jurait : jamais les Français ne se laisseraient enfermer, jamais ils ne toléreraient cet emprisonnement généralisé que Macron était sur le point d'ordonner, mais surtout, il fallait être fou pour penser que tous les bistrots du pays resteraient portes closes pendant des mois. SI la France était peuplée de Gaulois réfractaires, c'était le moment où jamais de le prouver.
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On pense que les mots appartiennent à la langue, alors qu’en fait non, vous le voyez bien, chaque mot est un exemplaire unique qu’on a soit-même façonné…
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Qui n’a jamais joué un jour ou l’autre au jeu « ni oui ni non », en général on est bien content de tenir au moins une minute. Mais qu’on fasse l’essai de se livrer à ce jeu métaphysique sur une journée, ne serait-ce que douze heures sans dire non une seule fois, sans rien refuser, que chacun tente l’épreuve et il verra que dans le secours de cette simple molécule de langage, sans la ressource de l’opposition, l’environnement a vite fait de gagner sur vous comme un lierre, l’humeur des autres vous recouvre de son chiendent, les salves de sollicitations vous atteignent de leurs petits cailloux en faisant mouche à chaque fois, au point d’imprimer à votre démarche la courbure des hommes qui s’en remettent à tout.
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La vie va d'une peur à l'autre, d'un péril, à l'autre, en conséquence, il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif.
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Il enfourna une bouchée de cette salade carnassière et instantanément il retrouva cette sensation qu'il y a à mâcher profondément, cette mastication essentielle des dents broyant la viande, il renoua avec cette tension particulière de la mâchoire quand elle sait malaxer de la chair, quand la bouche croque une matière toute semblable à elle-même, une chair pareille à la langue, aux gencives, à tout ce corps qui s'apprête à la dévorer. En fermant les yeux Franck s'abandonna pleinement à cette forme de sauvagerie intemporelle, comme s'il se reconnectait au cycle même du vivant, le cycle d'une nature où tout s'entredévore, où tout se combine et s'ingurgite mutuellement.
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Au milieu de ce ballet de gens pressés qui se croisaient en tous sens, elle eut l'image de tout un tas de choses superflues qui plombaient sa vie, des mesquineries et des menaces qui l'entouraient, l'image de cet homme la fascinait, simplement en rayonnant d'une densité minérale, naturelle, brute.
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A force d'alcool le présent se dilate, il est dictatorial, il occupe toute la place. Le vin aidant il n'y a plus ni avenir ni passé, on est simplement là. La seule façon de ne pas affronter la réalité c'était de faire durer ce déjeuner, de plus en sortir, alors ils prirent du fromage, des desserts et doublèrent les cafés.
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Aujourd'hui on ouvre sa porte au monde pour ne pas savoir ce qui se passe chez soi.
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Autrefois elle parlait de sauver le monde, maintenant elle le faisait. C'est parcelles de planète qu'on préserve, c'est de l'avenir qu'on enfante...
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Se parler en se séparant, « ça rend triste et ça porte malheur », c’est ce qu’elle avait retenu des pêcheurs de Madagascar, les Vezos, qui ne disent jamais au revoir lorsqu’ils prennent la mer, pour être sûrs de revenir.
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c'est ce qu'il y a de plus universel ça, l'envie de parler, dès lors qu'on se propose sincèrement d'écouter l'autre, alors on tient le monde.
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…il était écoeuré en un sens, amer de réaliser que seule la peur conduisait à la raison et réveillai les consciences. Mais le résultat était là, il devait bien admettre que le monde, face au spectre d’un réel péril pour l’espèce, marchait maintenant vers la concorde, le monde se coalisait. 
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