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Critiques de Serge Joncour (1574)
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Bol d'air

Le titre correspond parfaitement au récit. Philippe, en pleine déroute financière va rendre visite à ses parents pour un très court séjour qui va se prolonger.

Il va redécouvrir la vie à la campagne et coupé du monde professionnel se "vider la tête" et pour un temps redevenir un jeune garçon, choyé par ses parents.
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Bol d'air

Un peu de cynisme, beaucoup d'humour malgré un sujet pas très comique....
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Bol d'air

Les affaires de Philippe vont mal : les créanciers sont à ses trousses, la liquidation menace. Pour faire face aux troubles que la vie sait distiller, rien de tel qu’un bon bol d’air. Philippe a décidé d’aller retrouver ses vieux parents, agriculteurs retraités, qui vivent loin de tout, au milieu de la nature. Dès les premiers instants, il sent monter en lui un arrière-goût d’adolescence avec son lot de colère sourde et une envie tenace de partir d’un cocon qui l’étouffe, tout autant qu’il protège. Il se l’est bien dit avant de venir, il ne restera dans ce trou que quelques jours…



« Bol d’air » est une œuvre qui sait mêler subtilement la férocité et la tendresse : l’auteur dresse un portrait sans concession de chaque protagoniste, appuyant sur chaque défaut par petites touches de mots précis et incisifs. Et le « Bol d’air » devient enivrant, le lecteur redécouvrant avec Philippe la neige et la dentelle qu’elle coud au sommet des arbres, les saisons qui s’enchaînent et leur lot de promesses et réjouissances. Et ce lieu sait retenir les êtres, les souvenirs. Il érode les projets, émousse la temporalité, aplanit les émotions : les journées s’écoulent au rythme du présent, l’ailleurs d’une vie autre disparaît peu à peu, étouffé dans la protection du foyer. Dans ce concentré de 100 pages, la gare fait figure de point de départ et de clôture, dans lequel la question du sens se pose de manière cruciale. « A l’anticiper comme ça, il était ravi de son voyage, même s’il hésitait sur le sens, savoir s’il s’agissait bien plus d’un départ que d’un retour, ou bien plus d’un retour que d’un départ » (p. 93).

Une œuvre douce-amère sous la plume d’un talentueux Serge Joncour.
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Bol d'air

J'ai beaucoup aimé ce petit livre plein d’humour et de clins d’œil aux comportements des parents envers leur enfant, et réciproquement.

A peine arrivé que Philippe veut déjà repartir…

Mais que lui est-il passé par la tête pour avoir eu envie de rendre visite à ses parents dans ce milieu rural hostile qu’il a fui depuis belle lurette pour la ville ?

Ses parents, ne voient-ils pas qu’il est devenu un homme important et indépendant sans le sou ?

On s’éloigne tous de nos parents et au moindre pépin instinctivement on se précipite vers eux tellement agaçants et pourtant rassurant de retrouver l’insouciance de notre enfance, même si on sait que c’est pour un court instant, car tout est éphémère.
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Bol d'air

Celui que j'écoute jouer avec les mots le dimanche sur France Culture, dont j'avais lu quelques nouvelles avec beaucoup de plaisir ("combien de fois je t'aime" ou "situations délicates ") m'a encore régalée!

C'est un auteur, un vrai. De ceux qui savent nous parler du quotidien avec poésie, avec des mots choisis...



L'histoire est assez simple: Philippe décide d'aller prendre un bol d'air chez ses parents, agriculteurs à la retraite. Il débarque dans la ferme parentale, retrouve le père (taiseux agriculteur) et la mère (attentive).

Petit à petit on découvre que Philippe est accablé de dettes, que le personnage important qu'il a été, n'est plus. Est ce une fuite? Une planque? Ou simplement un besoin de retour à l'enfance, dans un environnement sans hostilité?

Le problème c'est que les saveurs d'enfance ont parfois un petit goût amer...D'ailleurs, Philippe nous informe dès les premières pages qu'il a déjà envie de fuire ce cocon qui l'étouffe. "Il se l'est bien dit avant de venir, il ne restera dans ce trou que quelques jours…"



Parfois, l'écriture m'a fait penser à celle de Marie Hélène Lafon, celle qui sait si bien dépeindre cette apparente hostilité de la campagne, cette rugosité. La description du lit immense, aux draps glaces, tendus, dans cette maison de campagne en est la parfaite illustration.

Dans ce tout petit roman, d'une plume douce-amère, Serge Joncour parvient a nous décrire cette ambivalence de sentiments. Cet enfant qui n'en n'est plus un qui retourne au bercail!

Vraiment un joli moment!
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Bol d'air

Un vent glacial pour l'accueillir mais personne sur le quai de cette gare qui lui semble plus petite. Depuis le départ du train, le silence règne. Il reconnaît alors le bruit de la voiture bien avant de la voir. Son père prend le temps de s'en extraire, s'approche de son fils, Philippe. Une poignée de main pour tout salut, comme s'ils s'étaient pas vus de la veille. Dix kilomètres pour atteindre la maison, une maison en pleine campagne, loin de tout, et sa mère est là, dans la cour, à faire de grands gestes enthousiastes. Récupéré et entouré à pleins bras, l'étreinte le met mal à l'aise. Un coup d'oeil sur la maison, le jardin maintenant qui fait n'importe quoi. L'odeur du bon poulet fermier accompagné de purée se dégage de la cuisine. Sa mère est évidemment contente de retrouver son fiston. Mais, lui est juste venu pour quelques jours. Se ressourcer, prendre un bol d'air. Il a laissé ses soucis à Paris...



Quand tout va mal, qui n'a pas envie d'aller se réfugier dans la maison de son enfance ? Aller retrouver ses parents qu'on délaisse sans s'en rendre compte ? Redécouvrir les paysages de sa jeunesse ? Philippe, gérant d'une entreprise à Paris, revient sur les traces de son passé et retrouve des parents vieillis. Des retrouvailles timides, les raisons de sa venue cachées mais des parents toujours les bras ouverts, si heureux de voir leur fils qui redevient par là-même un adolescent. Serge Joncour dépeint tout en délicatesse et justesse ce retour aux sources. Il se dégage tant de sensibilité, d'amour et de tendresse dans ce petit roman qu'évidemment on voudrait prolonger ce séjour à la campagne. Les non-dits sont éloquents, les gestes maladroits parfois mais l'amour est là, presque retenu. Porté par une écriture délicate et douce, ce roman fleure bon les parfums de l'enfance.



Quel Bol d'air !
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Bol d'air

Il la sent passer la crise. A tel point que sa boîte a fait faillite et que les liquidateurs judiciaires sont aux abois.

Lui, c'est Philippe. Pas qu'il soit au bord du gouffre mais l'imitation a de la gueule.

Faire le point, ouais, la meilleure idée qu'il ait eu depuis un bon bout de temps. Et quoi de mieux, pour se faire oublier, que de renouer avec ses racines et rejoindre ses vieux à la campagne.



L'amour est dans le pré?

Pas vraiment. Faudrait pour ça que le fiston ait le courage d'accepter ce qu'il est finalement, un fils de paysans. Un gars de la terre, à mille lieues de l'image qu'il s'efforce de véhiculer dans son costume trois pièces.



Un court récit du terroir qui fleure bon l'enfance retrouvée malgré des rapports filiaux toujours aussi complexes.

Se retrouver, se réapprivoiser, oublier les vieilles rancoeurs, faire table rase du passé.

Accepter enfin d'être plutôt que de paraître.

Le programme est audacieux, la démonstration imparable.



Je sais pas vous mais moi, je reprendrai bien une p'tite bolée de Joncour.
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Bol d'air

95 pages ! C'est agréable un petit livre ! On l'ouvre à 20h00. On le referme à 21h20. L'auteur a eu la délicatesse de ne pas nous empoisonner avec des descriptions ou des pensées qui allongent les chapitres.

C'est technique, un petit livre. Donc c'est court ! Ecrire l'essentiel de l'intrigue dans quelques pages.

Pas facile à écrire un petit livre. C'est un travail que seul un dilettante peut réaliser car par économie, il concentre sa phrase avec les seuls noms, verbes, compléments qui suffisent à décrire un paysage, à exprimer un sentiment ou une idée !

C'est aussi contemporain, un petit livre. Un film, une pièce de théatre, un spectacle durent de 1h30 à 2h00 ! Et tout est dit dans ce temps ! Alors pourquoi un livre ne pourrait-il pas nous offrir la même chose ?

C'est la 1ère fois que je lis un livre aussi petit depuis les classes primaires.



Bol d'Air ! Le titre va bien !





Quand on va à la campagne, c'est pour prendre un bol d'air ! Rien qu'un bol ? Le contenant n'est pas grand ! Comme si l'air venait à manquer ! Sommes-nous devenus si nombreux sur terre qu'il faille contingenter les volumes d'air disponibles à chacun ?

Ou bien notre capacité respiratoire s'est-elle réduite au point que nous ne pouvons prendre qu'un bol ?

Ou bien alors, le temps ! Vite, toujours plus vite ! Zapper heures et minutes. Alors, nous n'avons le temps que pour un bol ! Combien cela prend-il de temps un bol ? 3 secondes ?

Un bol d'air, ça sent l'angoisse, l’exaspération !

Un être équilibré respire ! Un anxieux prend un bol d'air !

Ça peut être thérapeutique ! "Je vous prescris 3 bols d'air, à prendre matin, midi et soir avant chaque repas, pendant 1 semaine!" " Bien docteur !"

Est-ce que ce sera suffisant pour bien oxygéner le sang afin d'assurer son transport dans les tissus ? Pas sûr ! Mais comme un bol d'air, c'est toujours pur, on peut espérer.



Joncour a écrit un bon petit livre ! Une sorte de nouvelle longue qui raconte le retour d'un homme vers sa famille suite à un désastre professionnel.



Philippe, le fils et héros du roman. Il est ruiné. Il part visiter sa famille espérant trouver là-bas quelque chose qui…. Il ne sait pas très bien quoi après tout !



Le père, retraité agriculteur, (les bobos disent "paysan » depuis qu’ils visitent la Foire Agricole de Paris), barbouilleur à ses heures. Son modèle est russe.

Est-ce qu'il la peint nue, l'histoire ne le dit pas, mais son oeil ne perd rien des formes de la fille. Hâbleur, avec son copain toubib nostalgique de l'Indo. Il aime la terre et les fougères. Il recherche une complicité avec son fils à base de crottin et de visite d'élevage de chevaux. C'est viril, un cheval. Il y a des relents de Jument Verte.





La mère, épouse du retraité agriculteur , femme d'intérieur, vive et active. Elle aime cuisiner et faire le lit au carré. Et plaquer de gros bisous. Et surtout elle aime s'occuper de ce qui ne la regarde pas et en particulier de ce que son fils Philippe lui cache: sa ruine et son désespoir. Elle se substituera à lui en tout et deviendra sa secrétaire de l'ombre.



Nadège (c'est la russe - curieux prénom pour une russe ! Pourquoi pas Anastasia ou Natalia) se crème la poitrine en passant ses doigts sous le tissu du haut de maillot. C'est très sensuel. Philippe le remarque. Il met son désir en berne et n'en fera rien.

Les russes, elles se marient via une agence internationale, débarquent en France, découvrent après quelques mois de vie commune que la vie est plus drôle à l’extérieur. Et donc foutent le camp. C'est ce qu'a fait Nadège.



Le fils est accueilli comme un fils. Fils prodigue ? Qu'as-tu fait de tes talents (Evangile selon St-Matthieu, chap. 25, versets 14 à 30) ? Joncour ne va pas jusque là !



Philippe va se reposer, écouter son père et sa mère, bricoler et faire quelques travaux des champs. Il va prendre de la distance et essayer de résoudre ses problèmes.



Il y a du scénario dans ce bouquin, une action qui se passerait entre le Cantal, Paris et Deauville.

Et dans l’écriture une vague parenté avec un Michel Audiard qui aurait policé son verbe en restant dans la même couleur.



Quelques bonnes raisons de ne pas retourner chez ses parents quand nous affrontons un gros problème:

- S'ils sont retraités, il y a des chances qu'ils ne comprennent plus rien à l'évolution du monde, genre, " c'était mieux avant ! Laisse tomber" ou bien "Pourquoi tu restes pas, c'est mieux içi ?"

- Ils nous achètent une paire de charentaises;

- Ils nous revoient comme le petit enfant que nous étions: risque de régression grave;

- régression à un point tel que le désir et la sexualité reste enfouis au fond de l'être. En fait on a plus besoin de ces 2 trucs qui n'amènent que désillusion et malheur;

- Si on séjourne trop longtemps, ils nous prennent vite pour un domestique puisque on est logé, nourri et blanchi gratis;

- on est tellement bien qu'on se prend à rêver que les problèmes vont se résoudre comme par enchantement.

Ce qui ne sera pas le cas !



Alors, fuyons la famille ! A toutes jambes !

Ou bien, allons la visiter quand on n'a rien a lui demander !



Bon, j'ai été un peu long pour un livre si court, mais j'ai bien aimé la déambulation désabusée-amère de Joncour dans l'âme humaine.
















Lien : http://antochariscardaminess..
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Bol d'air

Voilà deux ans que Philippe n'a pas rendu visite à ses parents, au fond de leur campagne, à cinq heures de train de Paris. Allez, un petit effort, il y va, malgré son emploi du temps surbooké d'homme pressé - version officielle pour la famille, en réalité il a besoin d'un bol d'air. Rapidement, son père l'agace : « A chaque fois qu’il retrouvait son père, il ressentait ça, d’abord une affection, d’abord il le trouvait cocasse, presque amusant, puis très vite, au bout d’une heure ou deux, d’un coup ça se gâtait et il ne pouvait plus l’encadrer. » Par contre, sa mère, eh bien c'est la maman d'un fiston, quoi, alors elle est aux petits soins pour lui. Philippe savoure sa douceur réconfortante, l'odeur de lessive des draps propres, les petits plats qu'elle lui prépare. Quitte à régresser et à se retrouver comme à quinze ans : infantilisé, dépendant, jugé, critiqué par ses parents... et espionné.



Entre roman et nouvelle, cette histoire en huis clos amuse d'abord, puis met mal à l'aise. La plume de Serge Joncour me plaît toujours autant - humour tantôt grinçant, tantôt doux (et un peu triste), grande finesse d'observation des protagonistes et des situations, tendresse moqueuse pour ses personnages et pour la campagne. Avec ici en prime, un charme suranné façon Maupassant, à la fois dans le ton, dans le décor et les thématiques (province vs Paris, "paysans" vs hommes d'affaires). Je me suis régalée sur les deux premiers tiers, puis mon intérêt a faibli face à la tournure prise par les événements. J'attendais plus de surprises, sans doute. Une fois la dernière page lue, je pense donc qu'il s'agit plutôt d'une nouvelle si je compare aux romans de Joncour que j'ai lus (plus construits, plus étoffés), et je trouve qu'elle ne tient pas tout à fait ses promesses...
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Carton ou l'histoire d'un libraire qui se t..

L'impression en très petits caractères ajoutée à un début des plus abscons m'ont empéché d'apprécier ce livre. Je ne l'ai pas terminé
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Chaleur humaine



Les aficionados de Serge Joncour se souviennent certainement des propos que l’auteur avait confiés à Livres hebdo, à la sortie de Nature Humaine, en 2020.

Il se disait «  embêté pour la suite, car il avait prévu une catastrophe écologique » or l’actualité l’avait rattrapé. Et d’ajouter : « désormais je ne peux plus faire l’économie du réel. Moi qui voulais inventer une histoire cataclysmique, le réel m’en fournit une encore plus folle ! ». Cette assertion du romancier : « Le présent est toujours le sésame du passé. Le passé résonne dans le présent » s’avère on ne peut plus juste. C’est un autre scénario qui s’est invité ! Une période digne d’un thriller.

C’est donc avec d’autant plus d’impatience que l’on aborde la lecture. Que les nouveaux lecteurs soient rassurés, Serge Joncour a glissé dans son quinzième roman un chapitre flashback sur l’année 2000 qui permet de faire la passerelle !



Le titre Chaleur humaine est tout aussi judicieux que celui de Nature humaine , car sujet à diverses interprétations. D’où provient cette « chaleur humaine », quelle en est la source?



La tranche de vie relatée s’étale sur presque deux mois, de janvier à fin mars 2020, année d’un chamboulement abyssal dans nos vies. Une façon de restituer un pan de mémoire collective. Le récit est daté comme un journal, on reconnaîtra les dates de vacances scolaires, la date du changement d’heure ( source de confusion pour le père) et surtout l’annonce du confinement due à la pandémie qui, après la sidération, va déclencher chez les urbains la ruée vers le vert.

Bienvenue aux Bertranges où vivent les parents Fabrier , leur fils «  sacrificiel » Alexandre, agriculteur éleveur, resté ancré au terroir, attentif au devenir de la nature soumise au réchauffement climatique.

Une famille toujours rivée au JT de 20 heures, « leur religion », d’autant plus que les annonces du gouvernement se multiplient, se contredisent et génèrent un climat anxiogène.





Le roman débute de façon saisissante. Le cameraman Joncour convoque une impressionnante scène d’ouverture à la fois bucolique et panoramique!

Imaginez un travelling, sur la mise en herbe des bêtes. Serge Joncour, en peintre animalier, nous immerge comme un tableau de Rosa Bonheur. Les vaches folâtrent dans les prés, « tambourinent le sol », surprises par la liberté, ivres d’espace, de soleil et d’herbe. On devine le lien viscéral qui unit Alexandre à son troupeau et à ses chiens.





C’est un retour à la terre-mère que les trois sœurs d’Alexandre choisissent. Pourtant brouillées depuis plus de 15 ans, « les trois lumineuses flammèches » décident de renouer avec leur frère , « au caractère souple », au calme olympien et de venir squatter la ferme de leur enfance. Elles s’assurent que le net fonctionne sans aller sous le tilleul ! Elles débarquent avec moult bagages ! Retrouvailles successives /en plusieurs temps. Assez cocasse le trajet en bétaillère pour convoyer Agathe, son mari et les rejetons ados ( dont un problématique). Il faut déjouer les contrôles. Bientôt les attestations de déplacement seront nécessaires.



Comment va se passer la promiscuité de la fratrie agrandie ?

On partage leur quotidien, leurs conversations animées ( ça s’écharpe, tensions) mais aussi leur isolement, la peur de contaminer leurs aînés, en prenant des repas avec eux.

On entend leurs confidences ( couple, travail...).

On baigne dans l’euphorie le jour où l’on sort la grande table pour prendre un repas ensemble, on contemple le ciel incendié au couchant. Vanessa , la photographe capture des instants d’harmonie. Caroline, «  madame le professeur », réclame le calme ! L’ado bricoleur répare une moto et explore les environs, espérant trouver des joints ! Agathe et Greg ont dû fermer leurs établissements.

On consulte les tutos pour fabriquer des masques ! Les effusions , les bises sont bannies, remplacées par les hugs ! On se suspecte au moindre éternuement, on mesure sa saturation d’oxygène… Une communauté sous cloche !



Chaleur humaine grouille de vie. Pléthore de personnages : le commis Fredo, le vétérinaire, la caissière du supermarché et les marginaux, ainsi que les scientifiques et ingénieurs à la Reviva...

Pléthore d’animaux : vaches, chiens, geais, faune sauvage dont les sangliers auxquels vient se greffer l’irruption non programmée de trois chiots. Les parents n’avaient-ils pas juré de ne plus adopter une bête ? N’en dévoilons pas plus ... La présence de ces trois «  touffes frisées » est auréolée de mystère. Toujours est-il que tout le monde s’attache à ces bichons intrépides, qui font des bêtises. Ils sont à la fois source de situations comiques, d’angoisse quand ils tombent malades, de panique quand ils disparaissent . Ont-ils été kidnappés ? Se sont-ils échappés ? Le récit prend alors une allure de thriller, car on garde les fusils à proximité, puis on les charge de chevrotine ! Le lecteur est tenu en haleine, d’autant plus que la famille détient « un vrai arsenal » !



Dans Chien-Loup, l’auteur a déjà révélé une évidente connaissance des chiens !

Rappelons cette citation : «  Être maître d’un animal c’est devenir Dieu pour lui. »

A nouveau, on sent qu’il les a côtoyés et a observé avec acuité leur comportement.

Comment ne pas craquer pour ces petits animaux «  aux toisons bouclées et cotonneuses », vibrionnants d’énergie, capables de chorégraphies endiablées.

Ces bichons si attendrissants. Vrais pacificateurs. Ces peluches vivantes n’ont-elles pas réussi à réunifier le « cheptel » ? Ces petits fauves ne viennent-ils pas « peupler  la seule patrie qui vaille : l’instant », pour reprendre une formule de Sylvain Tesson ! (1)



On sera également suspendu aux messages SOS de Constanze, la compagne d’Alexandre , qui fait penser au « super plumber » de Repose-toi sur moi, prêt à voler au secours de celle qu’il a toujours aimée, même éloignée géographiquement. Tous deux restent « soudés par l’indéfectible lien » de ceux qui s’en tiennent à l’essentiel, « une fraternité d’âme qui les hissait au-delà de l’amour ».



L’auteur , à la fibre écolo, offre une bouffée d’air, une parenthèse verte de sérénité avec le personnage de Constanze, cette militante écologiste qui vit à la Reviva, réserve biologique protégée, isolée, en Corrèze. Comme Erri de Luca, elle est attachée à toute forme de vie, au règne animal, si bien que tuer la moindre bestiole devient sacrilège. Pourtant Alexandre voudrait bien éradiquer un frelon asiatique. Ce sanctuaire végétal n’est pas à l’abri des virus, des maladies et on entend la tronçonneuse et les arbres tomber.

La belle blonde sportive s’avère une digne héritière du paysan Crayssac à qui Alexandre rendait visite, conscient qu’il détenait une forme de sagesse.



C’est d’ailleurs dans ce site naturel sauvage, fief de Constanze, que Serge Joncour réunit tout le clan pour le tableau final nocturne rassérénant ! Pas besoin de feu d’artifice, « la nuit tomba sur un brasier encore géant », incandescent.

La Reviva leur offre une parenthèse inédite proche du nirvana , un havre de paix, d’apaisement.



Dans ce roman, Serge Joncour , en gardien de la mémoire, nous replonge dans les affres de la Covid ( premiers malades, quarantaine des rapatriés de Wuhan...), un moment de l’histoire que chacun a vécu avec ses angoisses, ses colères, sa révolte( le hashtag « on n’oubliera pas »)… et en distanciel.



L’auteur ne manque pas d’épingler le gouvernement quant à la gestion de la crise sanitaire (le coup de poignard du 49,3) , dénonce de façon cinglante tous les trolls de Twitter (pour qui le virus n’est qu’une grippette !) Il pointe le désert médical , ainsi que la pénurie de Doliprane. On recourt au véto faute de toubib.



Il ne cache pas ses préoccupations concernant la crise climatique, soulignant l’impact sur la gestion des bêtes. Bientôt, « au lieu de les rentrer l’hiver pour les protéger du froid, on les rentrerait l’été parce qu’il ferait trop chaud ».

L’écrivain fait d’ailleurs remarquer la précocité de la nature : «  le printemps est en hiver ».



Parmi les autres thèmes de prédilection développés :les maladies des arbres et des animaux, les éoliennes, son aversion pour les avions !



Serge Joncour nous immerge dans un huis clos rural avec des trouées sur la forêt, les pâturages ,des plages de silence, qui contrastent avec les conversations animées de la fratrie, les pétarades de mobylette, le feulement des éoliennes, les aboiements, les glapissements...

Son écriture cinématographique indéniable fait défiler certaines scènes avec intensité et son talent pour décrire les paysages restitue, tel un peintre, l’éveil de la nature. On ne peut rester insensible aux fulgurances poétiques !



Chaleur humaine est un cocktail explosif, pétri d’adrénaline, de stress avec beaucoup de fraternité, de tendresse , d’amour et une pointe d’humour, au coeur d’une végétation étonnamment précoce. Un 15ème opus prenant, intergénérationnel (dans la même communion, on ne récolte plus le safran mais on plante les pommes de terre).

L’écrivain s’impose par sa plume qui trempe à la fois dans le rural et l’urbain ainsi que dans les rumeurs du monde et des réseaux sociaux. Un univers mixte d’une riche variété : le nectar de la maturité ! A savourer avec les cinq sens, loin des masques ,du gel hydroalcoolique et en « s’abreuvant du moindre répit, de la moindre paix ». Laisser vous draper dans cette lénifiante chaleur humaine !



(1) Les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
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Chaleur humaine

Ce livre a été ma première lecture après une très longue panne de lecture. J'ai adoré ma lecture. Peux-être suis-je un peu maso d'avoir aimé me replonger dans cette période difficile pour beaucoup d'entre nous. J'ai trouvé que l'histoire se lisait facilement. J'ai beaucoup aimé les liens entre chaque membre de cette famille.
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Chaleur humaine

Comment ne pas se laisser emporter par l'histoire de cette famille d'origine paysanne éclatée et dont les membres se retrouvent à la ferme contraints et forcés par le confinement de 2020.

SERGE JONCOUR est un genie de l'écriture qui nous touche autant au cœur qu'à notre besoin de comprendre le monde.

Un très beau roman, au mille personnages truculents représentatifs de notre société dans tous ses travers, qui ne plonge jamais dans la caricature.

CHALEUR HUMAINE, un titre qui, comme rarement, tient ses promesses.

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Chaleur humaine

Un roman plein d’une malicieuse humanité.
Lien : https://www.tdg.ch/rentree-l..
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Chaleur humaine

J’avais trouvé « Nature humaine » exceptionnel, je suis un peu déçue de ce dernier.

Trois ans après la pandémie, Serge Joncour ne nous raconte rien de nouveau. La sidération qui nous a atteint à l’époque semble ici décrite de manière un peu fade.

La chronologie des événements rapportés m’a semblé beaucoup trop accélérée: par exemple les USA ne sont devenus l’épicentre de la pandémie qu’à partir de mai 2020.

Malgré tout, le roman est très plaisant mais pas inoubliable.
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Chaleur humaine

Toujours narquois, Joncour ménage quelques moments cocasses. Il raille, comme déjà dans « Chien-loup », sur l’immutabilité des clichés sur la campagne.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
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Chaleur humaine

Personnages hauts en couleur, réflexions fines sur la fragilité et la résilience de la nature et des humains… un grand roman contemporain aussi chaleureux que rafraîchissant.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Chaleur humaine

"Chaleur humaine" est un roman construit comme un miroir de ce qu'est la nature humaine, avec ses joies, ses peines et ses dualités.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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Chaleur humaine

oui c'est un beau roman ( mais je n'ai pas compris en quoi on le qualifie de "roman total" et je ne sais pas ce qu'est qu'un "roman total"), fondé sur la montée de la pandémie et la mise en place des mesures dans la France qui s'affole. On voit cette famille dispersée entre villes et campagne reprendre les tensions du passé à la lumière de ces nouvelles contraintes sanitaires; c'est fort bien écrit, rythmé avec des personnages bien sculptés ( crédibles, ni héros, ni transparent) ...l'intrigue avance sans que l'on puisse imaginer de quelle coté la piece va tomber....je vous laisse le découvrir par vous même.
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Chaleur humaine

Ce roman peut se lire indépendamment mais on y retrouve tous les personnages de Nature Humaine, Alexandre, ses parents, ses sœurs, Crayssac etc. Cette fois, c’est une période très courte qui est couverte, 20 janvier au 20 mars 2020. On oscille entre émergence et gestion du Covid, gilets jaunes, et huis clos familial, confinement oblige.

On ne s’ennuie pas mais presque. La période est encore bien en tête et n’a pas encore d’intérêt historique, le propos est très didactique, presque moralisateur.

Autant j’avais apprécié le premier tome, autant avec ce roman, je suis restée sur ma faim.

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Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

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