Serge Marquis

Je souhaite que le jour où je ne verrai plus les étoiles, je sois encore capable de les sentir.

Rien de cela ne me suffit cependant, car je cherche mon âme et ne la trouve nulle part.

Je suis bienveillant à mon propre égard quand, lorsque je trébuche, je me répète : bienvenue parmi les humains parce que c'est ce que je suis.

Des tas de courants dits "spirituels" accordent beaucoup d'importance à cette notion d'éveil, mais là encore, trop souvent, l'égo s'en mêle. Certaines personnes qui se croient spirituelles sont en réalité envahies par leur petit moi. (p. 37)

(...) Je t'aime quand tu me dis "Non!". Je t'aime quand tu n'aimes pas toujours ceux que j'aime. Je t'aime quand tu as peur et que tu me l'avoues. Je t'aime quand tu es jalouse. Je t'aime pour rien. Je t'aime pour tout. Je t'aime sans raison. Je t'aime parce que je suis capable de t'aimer. (...)

Et je haïssais tous ceux qui ne voient rien. Et je haïssais celui qui a dit que "l'essentiel est invisible pour les yeux" et qu'on ne voit bien qu'avec le cœur". Quelle connerie! L'essentiel est très visible quand on ouvre ses yeux!

Il n'y a que l'être humain qui associe le sentiment d'exister de "je". Qui sait, d'ailleurs, s'il n'y a pas des êtres vivants sur d'autres planètes, qui se bidonnent devant l'importance qu'on accorde ici au phénomène du "je"?

"Maman c'est quoi l'ego?" A neuf ans! En vingt ans d'enseignement, jamais un de mes étudiants ne m'a posé cette question. C'est pourtant la question centrale dans l'univers de la psychologie. Et de la psychiatrie.
Comme l'est le soleil dans le système solaire. Un gamin de neuf ans qui s'interroge à ce sujet, c'est le monde à l'envers.
Ou le contraire, peut-être: le début d'un monde à l'endroit.

- On ne répare plus rien, aujourd'hui. On veut que tout soit parfait tout de suite. C'est le monde du surgelé. Nos ventres sont en voie de devenir des congélateurs et des machines à mettre des bébés sous vide. Pour usage futur: les jours où l'on voudra montrer qu'on a le plus beau, le plus intelligent, le plus drôle. Je suis sûre que certains enfants souffrent du cancer parce qu'ils ont essayé d'être parfaits avant d'apprendre à marcher ou à parler. Sais-tu ce qui coûte cher maintenant? C'est tout ce qui demande de la préparation, c'est à dire ces gestes qui ont le temps. Je prépare le fromage comme on devrait préparer les enfants, belle amie. Avec du temps, et avec du Bach.

- Le jour où je me suis aimé pour de vrai, il n'y avait plus de "je". Seulement une présence aimante.

nous sommes ce qui, en nous, ne vieillit jamais. La capacité d’aimer, de contempler, de savourer, de donner… Une capacité qui n’a rien à voir avec toutes les idioties d’identification, qu’elles concernent un pays, une voiture, une opinion, une idée, une apparence ou une marque de sous-vêtements. Tout ce à quoi le petit moi s’identifie vieillit, meurt, se désagrège, disparaît.

Les plus grandes maladies de tous les temps ne sont pas la peste ou le choléra, ce sont le syndrome d’hyperactivité et le déficit d'attention.Véritable pandémie moderne.

Une grande partie de la souffrance humaine est associée à une forme ou à une autre de résistance, de non-acceptation de ce qui est.

La véritable liberté n'est ni politique, ni économique, ni religieuse ; la véritable liberté est neuronale ! elle réside dans le silence à l'intérieur de votre esprit ; là où l'on retrouve une capacité d'écoute dénuée de toute attente et de toute illusion.

Vous avez un hamster dans la tête !
Et ce petit rongeur est capable en une fraction de seconde, de capter toute votre attention et de se mettre à courir à vous en faire perdre la boule !

"Quand il n'y a que pleine conscience -ce que permet la méditation dans l'action-, votre ego n'est plus dans l'urgence d'être aimé. Quant à Pensouillard, il cesse de faire n'importe quoi, comme se prostituer, mentir ou se faire exploser dans un autobus, pour acquérir de la valeur à ses propres yeux (ou aux yeux des autres, ce qui revient au même).
Pensouillard n'a plus besoin d'avoir quelque valeur que ce soit, car il ne court plus! Ne reste que la vie... au service de la vie."

Ton fils a raison, Maryse, les chèvres écoutent. Et Bach rend le fromage bien meilleur. Cela dit sans rien enlever à son génie. Après avoir entendu cette musique, les chèvres sont beaucoup plus faciles à traire. Elles me semblent moins nerveuses. Leur lait me paraît moins amer. Je lui trouve même un goût fruité. Est-ce une illusion de mes papilles ? Aucune importance, Maryse. Il faut préparer le fromage longtemps avant qu’il ne soit fabriqué. C’est comme pour les enfants, il faut les aimer bien avant leur naissance.

Vous êtes neurologue, docteur Maryse, il est malheureux que vous ne soyez pas poète. Vous auriez pu plonger dans le cerveau des mots. Découvrir ce qui se passe dans leur tête. Les soigner quand ils ne vont pas bien. Pour leur permettre de dire la vérité.

Le plus grave problème de l’existence humaine n’est pas de mourir, mais de ne pas apprendre à vivre. - page 250

La pire des forces obscures était l’ignorance. La majorité des êtres humains ignorent ce que signifie l’expression « se connaître ». On regarde du coté des rêves à réaliser, des désirs à satisfaire, du besoin de réussir, alors qu’il suffit de découvrir ce que veut dire « être là ». Une présence à tout ce qui se passe en nous et autour de nous. Plus particulièrement à ces pensées qui nous polluent et mobilisent toute notre attention. - page 164