Citations de Shalom Auslander (176)
La "tradition", n'était-ce pas une autre manière d'appeler l'inertie intellectuelle induite par la religion, cet aveuglement qui entraîne certains croyants vers des extrêmes qu'ils n'auraient même pas envisagés s'ils s'étaient arrêtés une minute pour réfléchir, évaluer, peser le pour et le contre ?
Ou le New Jersey est truffé de nazis, ou les svastikas sont vraiment faciles à peindre.
les non-Cannibales sont des sous-hommes.
— La vache ! dirent les Anciens.
C'est déjà assez moche qu'elle soit une fille, avait-elle dit en se détournant de la fenêtre avec dégoût, pourquoi faut-il en plus qu'elle soit tarée ?
[NB: le personnage de Mudd est tout à fait effroyable. Elle est notamment raciste, transphobe, etc...]
As-tu déjà consulté une carte des courants migratoires ? On a commencé en Afrique, tous semblables, et on s'est tirés dès que possible
Combien fallait il de temps que le message reste entre les pierres pourque Dieu réponde ?
Et s'il se mettait à pleuvoir pendant la nuit et que le papier était emporté
Est ce qu'il lisait à l'instant ou cela prenai un jour ou deux ?
Manger de la viande non cachère, c'était déjà pas bien, si en plus je la mélangeais avec du fromage,
Dieu ne me laisserait jamais sortir de la piscine vivant. Il trouverait un moyen de me noyeret ensuite il noirait ma mère.
Pourquoi est-ce que tu manges pas cachère ?
Pourquoi est-ce que tu manges cachère ?
Parce que Dieu a dit que je le devais
C'est pour ça que je ne le fais pas, moi.
'avais l'impression de m'être échappé d'Auschwitz, d'avoir esquivé les chiens et les miradors, d'avoir couru à travers bois, de m'être jeté dans un train en marche qui, 2 heures plus tard, était entré tout droit à Tréblinka.
« Les Cannibales vivent pour l’éternité, a répété Onclissime. Quand nous Consommons nos proches, ceux-ci continuent de vivre en nous. Ils nous guident, nous informent, nous réconfortent, nous motivent. Ils deviennent nous et nous devenons eux. De cette façon, mes enfants, le passé se produit et ne meurt jamais. Mais n’oubliez pas : de même que la Consommation nous garantit la vie éternelle, l’enterrement nous garantit la mort éternelle ? »
[ entre frères ]
- Aujourd'hui, j'ai soulevé 90 kilos, s'était vanté Dixième devant Quatrième après un après-midi triomphal à la salle à fléchir bras et torse.
- Pourquoi ? avait demandé Quatrième. Maintenant, il y a des machines qui le font à notre place.
La question était sincère mais Dixième lui avait sauté dessus et fait une clé d'étranglement jusqu'à ce que Quatrième reconnaisse que soulever de la fonte était une activité raisonnable malgré les progrès mécaniques notoires de l'humanité.
(p. 60-61)
[Sa mère] adorait son peuple, à tel point que, par fierté, elle méprisait tous les autres : les Noirs, les Asiatiques, les Latinos, les Blancs, les Indiens (...), les homosexuels, les travestis, les mecs cuirs, les premiers, les derniers, les véganes (...).
[Il] a souvent eu peur de contracter sa haine, d'hériter de son intolérance - comme un virus, comme un défaut de naissance malgré tous ses efforts pour ne pas être contaminé, une sorte de syndrome foetal du connard -, mais aujourd'hui, à trente ans, il n'a encore détecté aucun symptôme. Toutefois, il faut rester vigilant, on ignore à quel moment le virus peut se manifester et, un dimanche après-midi, on se retrouve soudain au Klan Store du coin en train d'équiper sa femme et ses gosses d'un ensemble tunique et capuche.
(p. 52)
[Il] se souvient du coup de fil qu'il avait passé au docteur Isaacson le soir de la naissance de leur fille, Reese, perclus d'angoisse et taraudé par le doute quant à ses capacités de père.
« Que fait un bon père, Docteur ? (...) Dites-le moi, s'il vous plaît. Je n'en ai aucune idée.
- Vous aimez votre fille de façon inconditionnelle pour ce qu'elle est et non ce que vous aimeriez qu'elle soit », avait répondu le docteur Isaacson.
« Ça me paraît trop facile.
- Alors comment se fait-il que si peu de gens en soient capables ? » avait demandé le docteur Isaacson.
(p. 30)
(...) dans leur grande sagesse, les Anciens avaient décrété que, bien qu'il soit interdit de nier l'existence de Dieu, il était encore plus interdit d'affirmer de façon catégorique qui était Dieu ou ce qu'Il attendait de nous.
(p. 24)
A la naissance du bébé quelques mois plus tard, le treizième enfant, qui aurait dû être son douzième fils mais se trouvait être une fille, se vit affublé par Mudd du prénom Zéro.
Parce qu'elle ne comptait pas, disait Mudd. (p.26)
Vivez votre vie, débarrassé des chapitres précédents. Le vôtre est un récit aussi grandiose et magnifique que n'importe quelle épopée courant sur plusieurs millénaires vous ayant précédé.
Septième était tombé amoureux, Carol était encore plus belle à l'intérieur qu'à l'extérieur et tout en elle le fascinait : ses opinions arrêtées, son humour noir, ses yeux vert jade qui semblaient briller d'un éclat plus clair lorsqu'elle évoquait les choses qu'elle aimait et s'assombrir lorsqu'elle s'insurgeait contre celles qu'elle détestait. Et son rire - un rire si désinhibé, si lascif qu'en l'entendant pour la première fois il avait voulu l'entendre tous les jours jusqu'à la fin de sa vie.
Est-ce l'amour qui lie une famille, se demande Septième, ou simplement la culpabilité qui en résulte si on s'en éloigne ?
Les mères ayant tendance tendance à vivre plus longtemps, elles faisandent et se dessèchent, leur existence se pimente de déceptions et de chagrin et leur mort est souvent accélérée par les longues périodes où elles gardent le lit, ce qui raidit les muscles et les articulations.
Septième est révulsé par les manuscrits qu'il lit. Cela ne tient pas de leur prévisibilité - après tout, il travaille dans l'édition, il a l'habitude de la prévisibilité. Cela s'inscrit dans une problématique plus vaste contre laquelle il s'est battu toute sa vie : l'identité.
L'Identité avec un grand I.
Pour Septième, l'identité a toujours été une prison dont il rêve de s'échapper - blanc, noir, brun, Américain, Européen, Russe, mâle, femelle, hétéro, gays, Ils, Eux, athée, monothéiste, polythéiste... la liste toujours plus longue de cellules dont on n'est jamais libéré. Et pourtant, dernièrement, partout autour de lui, les prisonniers lèvent fièrement leurs fers et se réjouissent de leur servitude.
Mais ils sont épouvantables, a t'il dit à Rosenbloom.
- Tous?
- Oui, tous.
-Il faut publier quelque chose, a insisté Rosenbloom.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on est éditeurs.
- C'est fâcheux, a dit septième.
- Qu'en penses-tu du Croato-Américain ? Je le trouve prometteur.
- Quel Croato-Américain ?
- Le Croato-Americano-lesbiano-pro-avortement.
Septième a haussé les épaules.
Il n'est pas différent du christiano-Américano-toxico-autiste.
- Tu parles du christiano-Américano-toxico-autiste hémophile ?
- Non, a répondu septième. Du christiano -Américano-toxico-autiste-diabétique.
- De type un ou deux ?
- Les deux.
Au moins, à l’époque, ils vous tuaient honnêtement, disait-elle, d'un coup de couteau à la gorge ou d'un coup d'épée dans le ventre. Ici, en Amérique, on vous découpe morceau par morceau : on change votre nom, on interdit vos traditions, on vous rabaisse à la télé jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'un héritage vieux de plusieurs milliers d'années qu'un poste de télévision et un Levi’s.
Nous naissons, avait-il expliqué à Septième, nous restons un très bref instant et nous nous en allons. Confrontés à une insignifiance aussi faramineuse, nous cherchons à nous accrocher à une histoire plus vaste - notre peuple, notre nation, notre religion. On appelle ça de la fierté, mais, en réalité, c’est une forme de déficit de l’amour-propre. A vrai dire, cela a pour effet principal de nous dévaloriser, de rendre dérisoires nos objectifs, nos buts et nos rêves.