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Citations de Sherry Turkle (40)


C'est avec nous-mêmes que nous aurons certaines des conversations les plus importantes de notre vie. Afin qu'elles adviennent, nous devons apprendre à écouter notre voix intérieure. Et pour cela, la première étape consiste à ralentir suffisamment le rythme de notre vie.
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Ce qu'une intelligence artificielle peut connaître de nous, c'est notre emploi du temps, le contenu littéral de nos mails, nos préférences en matière de films, de programmes télévisés et de nourriture. Si nous portons des capteurs corporels, une IA peut connaître les émotions qui nous animent en les déduisant de certains marqueurs physiologiques. Mais ce que les choses signifient pour nous, elle n'en aura jamais la moindre idée. Or, c'est justement cette compréhension que nous attendons des machines intelligentes ! Et nous sommes prêts à alimenter le fantasme qu'elles en sont capables.
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Si, quand nous atteindrons la cinquantaine, une compagnie d'assurances calcule nos cotisations en arguant du fait que nous n'avons pas fait attention à ce que nous mangions pendant la décennie qui vient de s'écouler, c'est nous qui lui aurons fourni, de notre plein gré, les données lui permettant de le faire.
"Si vous ne voulez pas partager vos données, abstenez-vous d'utiliser nos services nous disent les fournisseurs d'accès si nous récriminons. Interrogé sur l'étendue des données que Google s'est appropriées, son directeur exécutif a dit en substance : soyez irréprochable et tout ira bien."
En démocratie, les individus doivent pouvoir cacher des choses et disposer d'un espace protégé pour réfléchir et agir, qui doit le rester malgré notre engouement pour la technologie. C'est une conviction que j'ai longtemps en tant que mère et citoyenne. Cet espace indispensable à la contestation véritable est à la fois mental et technique ( nos chères boîtes mail !) Ce doit être un espace privé où les gens sont libres de ne pas être sages. À mon avis, il n'est pas trop tard pour lancer un débat de société sur les liens entre la technologie, la vie privée et la démocratie, qui n'a rien à voir avec la technophobie.



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La vérité, c'est que nous sommes tous sensibles aux gratifications émotionnelles que nous offrent nos téléphones et aux mécanismes de récompense neurochimiques qui s'enclenchent quand nous nous prêtons au jeu de la stimulation permanente.
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A l'extrême, nous sommes tellement pris par nos connexions que nous nous négligeons les uns les autres. Nous n'avons pas à rejeter ou à dénigrer la technologie. Il suffit de la remettre à sa place. La génération qui a grandi avec Internet est particulièrement apte à le faire, mais ces jeunes gens ont aussi besoin d'aide. Alors qu'ils commencent à lutter pour leur droit à la vie privée, nous devons les accompagner et les soutenir. Nous savons combien l'information peut être récupérée et utilisée par la politique ; l'Histoire nous l'a appris. Nous ne l'avons peut-être pas assez raconté à nos enfants. Et comme nous étions nous-mêmes étions sous le charme et les ignorions pour nous absorber dans nos emails, nous ne leur avons sans doute pas suffisamment enseigné l'importance de l'empathie et de l'attention au réel.
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(...) la personnalité narcissique ne renvoie pas à une personne qui s'aime plus que tout, mais à un type de personnalité tellement fragile qu'elle a a besoin d'un soutien constant. Celle-ci ne peut tolérer les exigences complexes des autres, mais tente de vivre avec eux en créant une représentation déformée de ce qu'ils sont, et en isolant chez eux ce dont elle a besoin et qu'elle peut utiliser. Le moi narcissique réussit à s'entendre avec autrui parce qu'il n'interagit qu'avec la représentation sur mesure qu'il s'en est faite. (...) On voit bien l'utilité que pourraient avoir des compagnons inanimés pour un tel sujet.
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Aujourd'hui, nous en sommes arrivés à un point où nous devons nous demander ce qu'il advient de notre humanité quand nous abandonnons nos activités les plus proprement humaines. C'est le moment de remettre en cause le bien-fondé des délégations que nous avons données aux machines. Il ne s'agit pas de rejeter en bloc les technologies, mais de retrouver le chemin vers nous-mêmes.
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De nombreux adultes et adolescents me parlent de machines à conseils qui, grâce aux quantités énormes de données qu'elles seront en mesure de traiter et à leurs algorithmes bien huilés, seraient infaillibles. La boucle est bouclée : plus nous envisageons le vécu des gens comme de la chair à algorithme et plus les conseils émanant de machines nous apparaissent comme la panacée, plus nous nous méfions des humains qui sont, par essence, faillibles.
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C'est ce qu'elle appelle "la règle des sept minutes". Au bout de sept minutes, on sait objectivement si une conversation va déboucher sur quelque chose d'intéressant, à la suite de quoi on peut en connaissance de cause décider de l'abandonner ou de prendre son téléphone. Si on veut avoir de véritables discussions, il faut être prêt à s'investir dans ces sept premières minutes.
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En ligne, nous trouvons facilement "de la compagnie", mais l'exigence d'être en représentation permanente nous épuise. Nous aimons être toujours connectés, mais on nous accorde rarement une attention totale. Nous touchons un public quasi instantanément, mais affadissons nos propos avec des abréviations réductrices d'un nouveau genre. Nous aimons penser qu'Internet nous "connaît", mais nous payons ceci de notre vie privée et laissons derrière nous des miettes numériques qui peuvent facilement être exploitées, politiquement et commercialement. Nous faisons beaucoup de nouvelles rencontres, mais elles finissent par nous paraître instables, toujours susceptibles d'être mises sur pause si une meilleure option se présente. D'ailleurs, ces nouvelles rencontres n'ont même pas besoin d'être "meilleures" pour capter notre attention. Constitutivement, nous répondons de façon positive à la nouveauté. Nous pouvons maintenant travailler depuis chez nous, mais le travail envahit la vie privée à tel point qu'il nous devient difficile de les distinguer.
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Si les technologies de la communication exercent un tel attrait sur nous, c'est en partie parce qu'elles nous promettent d'exaucer quatre promesses. Premièrement, qu'il y aura toujours quelqu'un pour nous écouter. Deuxièmement, que nous pouvons faire usage de notre attention à notre guise. Troisièmement, que nous n'aurons jamais à souffrir de la solitude. Et quatrièmement, que nous ne nous ennuierons jamais.
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Notre relation avec les technologies est en grande partie déterminée par le sentiment que personne n'est là pour nous écouter.
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Une partie de la jeune génération est en train de faire machine arrière pour ne pas se laisser emporter dans le sens du courant. Je discute avec un petit groupe d'adolescentes de quatorze ans qui parlent du rôle que jouent les SMS dans leurs liens amicaux. Elles expriment leurs réserves. Liz affirme : "Ce n'est pas en s'envoyant des messages que l'on peut se créer des souvenirs. C'est en vivant des trucs ensemble qu'on peut ensuite se raconter."
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Si les adultes s'inquiètent, c'est parce qu'ils n'ont pas confiance dans le potentiel de la jeunesse. Pour ma part, je suis convaincue que les jeunes sont plein de ressources. Mais je sais aussi cela : les téléphones, les tablettes et les technologies portables du futur qui nous accompagneront vingt-quatre heures sur vingt-quatre fragmenteront notre attention et maintiendront notre regard captif. Ils s'immisceront dans les moments qui sont à la fois les plus intimes de notre vie et les plus déterminants pour notre développement. Ils seront là pour accompagner l'enfant au moment où celui-ci essaie de développer sa capacité d'attachement, son empathie et son aptitude à être seul. Ce faisant, ils prélèveront leur tribut.
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Or, la conversation peut être envisagée sous un autre angle, comme quelque chose dont l'enjeu n'est pas tant d'échanger des informations que de créer un espace à explorer. Son intérêt, c'est qu'elle permet de découvrir la façon dont une personne aborde un sujet -son opinion ou les associations d'idées que cela suscite chez elle. Dans ce type de conversation - que je qualifierais d'"holistique", c'est-à-dire entre personnes prises dans leur globalité -, s'il y a un moment de silence, les protagonistes en profitent pour approfondir les choses au lieu de regarder ailleurs ou d'envoyer des sms à quelqu'un d'autre. C'est l'occasion de "décrypter" ses amis d'une manière différente, par exemple, en "étant attentif à l'expression de leur visage ou à ce qu'ils expriment avec leur corps. Ou encore à permettre à ce moment de silence d'exister.
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Qu'une famille choisisse de "sanctuariser" des espaces où les téléphones sont interdits ou de mettre en place un rituel quotidien de discussion - avec ou sans téléphone -, les enfants sentent l'engagement en faveur de la conversation. Et ils le perçoivent comme un engagement envers la famille et envers eux. À mon avis, c'est ce qui fait toute la différence entre les enfants qui peinent à trouver leurs mots et ceux qui s'expriment avec aisance, entre les enfants pour qui il est facile d'aller vers les autres et de nouer des amitiés et ceux qui ont du mal à se faire des amis.
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Dans les années 1980, j'ai décrit le passage de la culture psychanalytique à la culture informatique comme le glissement de la recherche du sens à une vision mécaniste des choses, de la profondeur à la superficialité. À cette époque où la métaphore informatique gagnait du terrain pour décrire le fonctionnement de l'esprit, on est passé d'une vision du moi comme le produit du langage et de l'histoire humaine à une vision où celui-ci pouvait être modélisé en langage machine.
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Pour chaque technologie nous pouvons nous demander si elle sert nos desseins en tant qu'humains. À partir de là, c'est à nous de faire en sorte qu'elle le fasse avec le plus d'efficacité.
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Internet est le bon endroit pour lancer une initiative, pour rassembler des gens. Mais le relais doit ensuite être pris par les échanges verbaux directs et les liens tissés sur le long terme, car c'est à travers eux que se fait la politique. J'ai dit plus haut que la technologie nous donnait l'illusion d'être entourés en nous affranchissant des exigences de l'amitié. Je redoute maintenant qu'elle nous donne l'illusion du progrès en nous affranchissant de la nécessité d'agir.
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On pourrait dire que nous sommes "accros au mode multitâche" mais ce n'est pas la façon la plus constructive de formuler le problème. Nos téléphones font partie de notre environnement médiatique. Nous devons trouver une façon de vivre mieux avec eux. Je préfère réfléchir en termes de potentialités technologiques -ce que la technologie rend possible (et souvent attrayant et facile) - et de fragilités humaines. Quand on est dépendant à une drogue, il ne faut plus y toucher. Quand on est fragile, on peut travailler pour le devenir moins.
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