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Critiques de Simon Jimenez (56)
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Cantique pour les étoiles

J'aime de plus en plus voyager dans l'espace. La galaxie est étrange, et ses terreurs variées. Ses paysages aussi. Prenez la planète Umbai-V, son soleil rouge et à sa culture de dheba, sorte de céréale gélatineuse violette. Quels contrastes de couleurs cela offre aux paysages, quelle lumière ainsi diffusée, quelles étranges créatures dignes d'un conte fantastique rencontrées dans ses forêts ! Si le dépaysement d'un pays à l'autre sur Terre ne manque pas de nous émerveiller, imaginez ces dépaysements à l'échelle de la galaxie, d'une planète à une autre. J'ai adoré éprouver cette excitation de la découverte dans cette formidable épopée, excitation qui n'est pas sans me rappeler celle ressentie récemment pour « Apprendre, si par bonheur » de Becky Chambers. Et, j'ai été ravie de découvrir une SF profondément humaine. Un space-opera poétique, original, haletant. Quelle lecture agréable et addictive !



« Un soleil rouge brillait au-dessus de la vallée. Au bas de la colline, les champs de dhuba s'étendaient à perte de vue, aussi violets que dans son souvenir. Dans la lumière de l'aube, les tiges flamboyaient comme de l'or ».



Cela fait mille ans que la Terre, malmenée par sa population, est devenue inhabitable. Grâce notamment au génie de Fumiko Nakajima, scientifique de génie, les humains vivent désormais dans des stations spatiales, conçues et gérées par des multinationales puissantes, sur des exoplanètes, et se ravitaillent auprès de planètes ressources. Les déplacements se font grâce à la Poche, une contraction de l'espace et du temps. Quelques mois passés dans la poche se traduisent en années sur une planète. Nous ne sommes pas dans de la hard SF : la Poche ne sera pas davantage expliquée ce qui pourrait fortement déplaire aux puristes du genre. En revanche, les questions qu'elle pose en termes psychologique et philosophique sont nombreuses et passionnantes. En effet, dans la Poche, avec en plus la pratique de la cryostase, on vieillit peu alors que les gens aimés, restés sur les planètes, vieillissent de plusieurs décennies. le temps n'est pas le même pour tous…Comment peuvent évoluer les liens affectifs dans ces conditions ? Ne touche-t-on pas là au principe d'immortalité ?



Cette épopée cosmique met en valeur l'histoire de plusieurs personnages sur des planètes différentes, personnages que nous allons suivre tout à tour et auxquels nous allons nous attacher tant leurs parcours, leurs histoires, leurs failles, leurs personnalités nous sont expliqués avec un talent narratif remarquable. Nous avons l'impression d'une juxtaposition de petites histoires individuelles, voire de nouvelles, dont certaines sont d'une beauté incroyable. Les liens entre ces personnages s'éclairent peu à peu. Tous sont en effet liés par la présence d'un mystérieux enfant, petit garçon mutique rescapé miraculeusement d'une capsule, pour lequel on pressent un don que je vous invite à découvrir dans le livre. L'ensemble forme un roman très cohérent, touchant et poétique.



Le terme du départ, de la séparation est au coeur de ce récit singulier. Les relations sont souvent rompues brutalement, du fait de cette distorsion de l'espace et du temps, du fait de choix professionnels primordiaux pour la survie de l'espèce, du fait de catastrophes. Tous les personnages sont rongés par ce mal qu'est la solitude. La capitaine Nia va ainsi fortement s'attacher au petit garçon. Cette attachement sera source d'une mission particulière et exigeante : Nia devra protéger ce garçon afin qu'il puisse développer cet hypothétique don. Un contrat qui la lie, elle et son équipage, pendant 15 ans, 15 ans à voyager dans les Confins.



« Nous avons sillonné les Confins, laissant derrière nous des années d'anecdotes. Nous avons voyagé sans relâche. Et pourtant, après tout cela, toute cette agitation et cette attente, le garçon ne manifeste aucun signe de son don. Je n'y crois plus. Aucun de nous n'y croit ».



Tout au long du livre nous nous rendons compte que si la vie a complètement changé au 32è Siècle, ce qui n'a pas changé est l'aptitude de l'humanité à perpétrer violences et cruautés, à éprouver jalousie et mesquinerie. Nous le constatons en découvrant le passé atroce de cet enfant, en étant témoin de l'éducation pour le moins surprenante de la jeune Fumiko Nakajima, et la fin du livre en offre un concentré surprenant.



« Pour chaque faute, une correction. Un coup de bâton télescopique, une côte cassée et ressoudée en quelques instants, ne laissant que le souvenir de la fracture, et une capacité intacte à exécuter les tâches exigées. Dans cet univers qui attachait une telle importance à la maîtrise de soi sous toutes ses formes, même le fait de ne pas respirer convenablement pouvait valoir une punition ».





Certes, l'auteur ne donne pas toutes les clés de son univers et décrit relativement peu certains aspects, il s'affranchit ainsi facilement d'explications scientifiques permettant de rendre crédible son monde, mais étonnement cela ne gêne pas du tout la lecture et la compréhension de l'histoire. Il m'est même d'avis que cette SF peut plaire aux lecteurs peu habitués du genre. Rebondissements, histoires d'amour marquantes, psychologie, de nombreux ingrédients sont convoqués. Simon Jimenez distille même quelques essences de fantastique, voire quelques touches gothiques, venant rafraichir agréablement le récit.



« La fraîcheur de la brume qui nappait le sous-bois, s'enroulait en vrilles grises sur son corps nu et laissait des traînées de rosée sur sa poitrine et ses cuisses. Il prit conscience de sa nudité. Jusque-là parvenues au compte-gouttes, les informations affluèrent. le bruissement d'ongle cassé des feuilles, malmenées par le vent qui s'égosillait entre les branches ; le trottinement écoeurant d'insectes sur ses mains et ses pieds, le frôlement sur sa peau de bestioles aux pattes trop nombreuses, affleurant à la surface du lit végétal, avant de replonger ».



Un immense merci à @Ichirin-No-Hana pour m'avoir offert cette lecture, je ne pensais sincèrement pas prendre autant de plaisir !

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Cantique pour les étoiles

Ouvrage reçu dans le cadre de la dernière opération Masse Critique, je commence tout naturellement par remercier babelio et les éditions J'ai lu "Nouveaux Millénaires" pour l'envoi de cet ouvrage car, et j'annonce la couleur tout de suite, en disant que c'est un GROS COUP DE CŒUR.



Tout d'abord un peu déstabilisée dans ma lecture en raison des voyages interstellaires et interplanétaires ou les personnages ne vieillissent pas au même rythme (aussi, je vous recommande de ne pas faire la même erreur que moi, à savoir de ne pas trop vous attacher à ceux que l'on retrouve dans la première partie du livre bien qu'ils vont jouer une importance capitale par la suite) comme Kaeda par exemple. Ce dernier va recueillir sous son toit un jeune garçon trouvé dans un vaisseau spatial dont apparemment il est le seul survivant. Bien que les habitants du village se méfient de lui car il ne parle pas et ne peux donc dans un premier temps, ni leur dire qui il est ni d'où il vient, Kaeda et sa femme vont l'élever comme leur propre fils, sachant qu'il devra être rendu lors du passage de la prochaine navette, qui, si pour elle, est prévue dans quelques mois à peine, se compte en de nombreuses année sur la planète de Kaeda. Rencontrant lors d'un de ses passages une belle jeune femme, Kaeda s'éprendra d'elle et même si lui vieillit en attendant leur prochaine rencontre, ce n'est pas le cas pour elle donc c'est une passion vouée à l'échec d'avance. Elle, c'est Nia, un personnage que nous suivrons par la suite tout au long du récit. C'est elle qui va élever par la suite le jeune garçon, issu du "vaisseau muet" où avait cours à bord uniquement la musique, du moins pour notre jeune garçon. C'est d'ailleurs par elle (la musique) que Ahro (le lecteur découvrira son nom par la suite) s'épanouira et communiquera avant qu'il ne se remette à parler.



D'autre part, sur une autre galaxie, donc dans un autre espace temps, Fumiko, brillante chercheuse mais que sa mère a voulu laide (bien qu'elle aurait pu, comme c'est dorénavant de coutume, choisir une enfant sur commande et en faire d'elle une très belle enfant dès la naissance mais tel ne fut pas le choix de cette dernière) faisait d'énormes investissement en matières de voyages interstellaires et interplanétaires visant à révolutionner le monde de demain (c'est un autre personnage clé de ce roman -bien qu'elle n'ait pas ma préférence). Tout va dorénavant plus vite, trop vite à tel point que Nia et Ahro se retrouveront coincés chacun dans un espace-temps différent, sans aucun moyen de rentrer en contact l'un avec l'autre et c'est une véritable déchirure pour l'ancienne capitaine de vaisseau Nia qui passera sa vie à cherche celui qui est dorénavant devenu un jeune homme et qui, comme le soupçonnaient dès le départ les habitants du village de Kaeda (vous me suivez toujours) est doué d'un don très spécial que des personnes mal intentionnés mais uniquement attirées par l'appât du gain, voudront à tout prix exploiter.



Un roman extrêmement bien écrit avec une histoire, certes complexe pour qui n'est pas habitué à lire ce genre d'ouvrage (moi la première) mais qui vous emportera dans un univers ô combien fabuleux mais ô combien dangereux si l'on n'y prend pas garde ! A toujours vouloir plus, voilà ce que l'on récolte ! Des personnages extrêmement attachants (oui, j'en ai fais les frais, grossière erreur. Aussi, comme je vous le disais, ne vous attachez pas trop rapidement à certains d'entre eux, surtout ceux qui apparaissent dans la première partie du livre) et un suspense qui vous tient au corps jusqu'à la toute dernière page. A découvrir absolument !
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Cantique pour les étoiles

Quand un auteur, Simon Jimenez en l'occurrence, utilise la science-fiction pour dénoncer les dérives de notre société actuelle et donner à réfléchir à ses lecteurs... et bien il écrit CANTIQUE POUR LES ÉTOILES !



Je ne veux pas en dire plus pour laisser le plaisir de la découverte...



... mais il ne faut surtout pas passer à côté de cette lecture sous prétexte que c'est de la SF. Ce livre s'adresse à tout le monde, même à ceux qui ne sont pas fans de ce genre littéraire.



Pour ma part, ce livre est un énorme coup de coeur principalement grâce aux 80 dernières pages qui sont à couper le souffle et m'ont fait oublier quelques petits bémols !



Cantique pour les étoiles de Simon Jimenez

Traduit par Benoît Domis

Éditions J'ai lu, collection Nouveaux Millénaires
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Cantique pour les étoiles

Le 32e siècle... un millénaire après avoir quitté la Terre, l’humanité s’est disséminée à travers l’espace. Elle vit dans des stations spatiales et se ravitaille auprès de planètes ressources comme Umbai-V qui produit du dhuba (sorte de farine si j’ai bien compris).



Tout avait bien commencé avec l’histoire de Kaeda sur Umbai-V, les visites de la capitaine du Debby – Nia Imani – qui fait des aller-retour via la Poche pour venir récupérer les récoltes. Alors que chaque voyage lui prend quelques mois, 15 années s’écoulent à chaque fois pour Kaeda.



C’est sur ce monde que va être découvert un garçon littéralement tombé du ciel et que Nia va emmener après sa dernière visite. Un garçon qui va bouleverser sa vie…



L’écriture est fluide, agréable, poétique j’ai envie de dire mais j’ai parfois eu l’impression que l’auteur planait un peu. On suit le quotidien des membres de l’équipage du Debby, un peu comme dans « L’espace d’un an » de Becky Chambers. Une lecture pépère bien que quelque chose ne colle pas.



Je ne m’attendais pas du tout au rebondissement Tout a pris une tournure surréaliste et franchement je n’ai pas trouvé beaucoup de sens à ce que j’ai lu ensuite.



« Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film », disait Hitchcock. Ici j’ai trouvé qu’il manquait de substance et



Lecture au final assez décevante.











Challenge SFFF 2021

Challenge ABC 2021/2022

Challenge mauvais genres 2021
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Cantique pour les étoiles

Quelle étrange contradiction pour moi que de me sentir encore imprégnée, voire envoûtée, par un roman appartenant à un genre, la science-fiction, qui n'est habituellement pas ma "tasse de thé", et qui, en plus, a mis ma patience à rude épreuve sur le premier tiers du récit.



Comme j'ai souffert au début de ce roman à devoir m'immerger dans un univers futuriste, ne correspondant donc à aucune image mentale connue, sauf à les emprunter à Star Wars! J'ai trouvé la mise en place de cet univers fort longue, la découverte des protagonistes assez fastidieuse, pour qu'enfin ma délivrance ait lieu et que mon intérêt soit sacrément aiguillonné!



Malgré des longueurs et des omissions de développement quant à cet univers imaginaire (dont j'aurais aimé comprendre un peu mieux l'histoire, le fonctionnement et ne serait-ce que les termes spécifiques utilisés par l'auteur!), le fait est que Simon Jimenez a réussi superbement à tirer de ce cadre lacunaire une histoire puissante, touchant à des sujets majeurs. L'auteur manipule les notions de temps et d'espace, me donnant parfois le vertige ! Mais dans un contexte où l'Homme s'est définitivement avéré destructeur, l'auteur ramène le nœud du récit à l'Humain, j'en ai été intensément touchée.



"Cantique pour les étoiles" repose sur plusieurs personnages centraux, que l'auteur nous fait côtoyer tour à tour, ne lésinant pas sur leurs histoires, leurs cheminements, leurs époques et leurs caractères respectifs. À cette occasion, certains pans du récit traînent en longueur. Mais ils nous rendent les protagonistes proches, voire intimes.



La Terre a été depuis bien longtemps abandonnée par les humains, qui l'ont tant malmenée qu'elle en est devenue inhabitable. Des avancées scientifiques, aussi séduisantes qu'effrayantes, ont permis à l'espèce humaine, de coloniser des exoplanètes, de vivre sur des stations spatiales et de voyager par le biais de la "Poche", une contraction de l'espace - temps (ce concept est peu développé, le côté scientifique est laissé de côté...) qui permet, lorsque vous l'empruntez de n'y passer que quelques semaines alors que, lorsque vous en sortez, plusieurs années se sont écoulées sur les planètes que vous quittez ou rejoignez.



Dans la Poche, on vieillit donc peu, pendant que les proches laissés sur les planètes, accumulent les décennies. Voilà un aspect qui m'a beaucoup troublée, ce rapport au temps, et donc à la vie et à la mort puisque, cumulé à la pratique de la cryostase, l'auteur frôle le concept d'immortalité. Les souvenirs des gens aimés, disparus (puisque coincés dans un temps normal), s'estompent. Alors que reste-t-il d'une personne quand ses liens affectifs se dissolvent ? Reste t-on humain quand on traverse ainsi le temps sur un millénaire. Cet aspect là m'a passionnée et m'a donné le tournis.



Tour à tour, la focale se concentre sur Nia Imani, capitaine de cargo ; sur Kaeda, cueilleur de dhuba sur la planète Umbai -V; sur un mystérieux garçon, échoué sur cette dernière dans une capsule et recueilli par Nia ; sur Fumiko Nakajima dont on fait la connaissance depuis son enfance et jusqu'à un âge avancé, certainement le personnage qui m'a le plus intéressée. Cette dernière est à l'origine du projet des grandes stations spatiales.

Puis, enfin, la mise en abîme finale relie tous ces personnages.



L'auteur met en exergue fatalement le caractère destructeur de l'Homme, soulevant ainsi la problématique écologique. Mais j'ai particulièrement apprécié qu'il fasse entrer en scène les multinationales, avides, toujours à courir après le profit, profitant d'une découverte scientifique pour la détourner de façon inhumaine, et développer un tourisme de masse, gommant ainsi les spécificités de chaque planète, de chaque peuple, uniformisant tout un univers, le soumettant à leurs diktats. Un constat effrayant, me laissant un goût amer, qui ne peut que nous interpeller.



Au final, un roman qui malgré ses défauts et en tant que non-adepte de SF me restera en mémoire.
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Cantique pour les étoiles

Cantique pour les étoiles est un roman de science-fiction unique plein de poésie et d'humanité.



Alors que les humains ne vivent plus sur la Terre depuis plus de mille ans, les voyages entre les différentes stations spatiales prennent des années. Nia Imanie est une jeune capitaine qui gère la liaison (et donc le commerce) entre deux des stations les plus importantes. Un jour, une capsule s'écrase sur Umbai-V, une des deux stations. Alors qu'un enfant se trouve dedans, Nia Imanie prend la charge de le ramener à ses employeurs.



Dans un cadre de voyage spatial, nous suivons l'histoire de cette femme solitaire et sans attache qui va se lier à cet enfant. Avec une plume de qualité, Cantique pour les étoiles est un roman émouvant et singulier que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. Ce fut une expérience de lecture originale et une parenthése assez envoutante.
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Le pays sans lune

Tu t’installes avec douceur, circonspect.

Avec ce livre épais entre les mains, ce livre à la couverture transpercée par une lance. Autour de toi, les ombres regardent, patientes, prises dans l’ambre du moment. Comme captivées par cet instant qu’elles savent capital. Cet instant où tu ouvres Le Pays sans lune pour la toute première fois, encore innocent des drames qui s’y jouent.

Pour le conter, deux personnages : Simon Jimenez, auteur américain d’origine philippine dont c’est ici le second roman après Cantique pour les Étoiles, et Patrick Dechesne, traducteur émérite qui avait déjà porter en France l’œuvre d’une certaine Sofia Samatar.

L’instant est là, suspendu. La première page, le théâtre qui bruisse, les ombres qui retiennent leur souffle et toi, lecteur.

Toi qui t’apprêtes à dévorer un chef d’œuvre imprévu épris de liberté.



Terreur sur le monde

L’histoire commence quelque part dans un pays dont nous ne connaîtrons jamais le nom, un pays dans un monde en guerre à l’heure des radios et de la propagande. Dans celui-ci, un jeune homme écoute sa lola qui raconte la légende d’un Vieux Pays et d’un Empereur sanguinaire. Qui es-tu pour me dire qui je suis et savoir où je vais ? Mais pour le raconter, elle ne suffira pas, il faudra autre chose, un autre lieu.

Et voici que notre garçon se retrouve en dehors du temps et de l’espace, dans un Théâtre inversé où l’Histoire est en marche, où le Vieux Pays s’anime et où les héros se lèvent.

Dans le Vieux Pays, le peuple souffre. L’Empereur aux dons divins broie toute opposition à son pouvoir et à sa grandeur. Pour l’aider dans cette tâche, ses trois fils, les trois Terreurs. Rien ne semble pouvoir mettre fin à ce règne de violence et de cruauté jusqu’au jour où l’Empereur décide de traverser le pays pour rejoindre la Cité Divine et traverser l’océan car ses rêves lui ont murmuré qu’il y trouverait l’immortalité.

Mais avant de partir, il doit une dernière visite à la mère de ses enfants, l’Impératrice, enfermée sous son palais et gardé par le fils de son fils, Jun Ossa, l’un des Paons Rouges. Je ne suis pas sûr, je ne sais pas pourquoi je devrais garder cette femme que j’aime tant enfermée ainsi, tiraillée entre ma loyauté et ma peine, soldat d’élite réduit à l’hésitation. Car l’Impératrice n’est pas une simple mortelle, elle est la Lune qui a prise forme humaine, détachée du ciel par le Premier Empereur et qui, depuis, donne une lignée souveraine impitoyable aux pouvoirs redoutables. Seulement voilà, l’Impératrice veut mettre fin à l’horreur qu’est devenue le règne de son fils.

Et ainsi, la Lune échappe à l’Empereur et à ses Terreurs !

Reprenant le cheminement impérial vers la Cité Divine, aidée par Jun, l’ancien Paon Rouge aux crimes terribles, secondée par Keema de la tribu Daware, et par l’une des tortues magiques de l’Empereur capable de communiquer avec les siens par télépathie, l’Impératrice-Lune se prend à rêver à la fin de la Terreur. À un avenir plus clair dans un ciel retrouvé.

Avant cela pourtant, le feu et les larmes, la douleur et la haine. Une danse qui ne peut être brisée que par une chose.

Par une histoire d’amour tranchante jusqu’à l’os.

C’est ici que l’on vous laisse en compagnie de Simon Jimenez et de sa fantasy épique qui vous renverse dès les premières pages. Située dans un univers d’inspiration asiatique (et plus précisément Chinoise), Un Pays sans lune refait le monde à l’ombre d’une poésie stupéfiante et d’une narration protéiforme qui surprend d’abord avant de ravir.

Vous êtes dans le Vieux Pays mais aussi dans le Nouveau Monde, peu importe, vous êtes là pour découvrir qui vous êtes.



Une fantasy venue d’ailleurs

Un Pays dans lune, c’est d’abord la prouesse d’une histoire ample, dense, frissonnante et carrément renversante. Une aventure qui jongle avec un talent insolent entre épique et intime, retrouvant la couleur du sang autant dans la bataille que dans la douleur de soi. Simon Jimenez tricote un univers qui reprend des codes de narration épiques qu’on dirait tout droit sortis des fameux Trois Royaumes, et les retranscrit pour en faire le symbole d’une lutte pour la liberté, où la révolte ne sera jamais sans prix, où la libération se fera avec perte et fracas. On suit le destin de ces personnages — Jun, Keema, l’impératrice, Malfait et tant d’autres— comme une suite de soubresauts pour se libérer du joug, entre désespoir et tragédie. Simon Jimenez n’a nullement l’intention de vous épargner et ses moments de bravoure sont toujours teintés de cruauté, comme une danse qui n’en finit jamais, brisant le tibia de la danseuse éreintée pour le bon plaisir d’un tyran, où lorsqu’un père est condamnée à exécuter l’ensemble de ses enfants, impuissant devant l’horreur. Le Pays sans lune n’est pas un conte sans larmes, c’est un mythe où pleure les âmes. La violence absolu de certains moment contrastent pourtant violemment avec la beauté incroyable de la poésie déployée par l’auteur. Avec des images inoubliables, comme celle de cette Lune qui vous raconte l’histoire de son arrivée sur la Terre, de son serment et de son enfermement. Comme l’histoire de ces tortues, gardées captives pour leurs pouvoirs toutes leurs vies et qui ne veulent que goûter la fraîcheur de la rivière. Comme cet enfant qui regarde par-delà le temps en se demandant pourquoi lui, pourquoi être témoin si loin de ses racines. Simon Jimenez construit une fantasy exotique qui vous imprègne jusqu’au cœur. Qui vous transperce par sa beauté évocatrice et stylistique.



Aimer et savoir aimer

Car quelle beauté, mes aïeux !

Quelle incroyable style rendu à la perfection par un Patrick Dechesne toujours impeccable de la première à la dernière lettre. Le récit a ceci de particulier qu’il alterne très rapidement les chapitres, chaque titre s’incluant lui-même dans l’histoire. Et la narration suit, de la première à la troisième personne sans oublier le « tu », comme pour briser le mur et vous entraîner dans ce théâtre grandiose à votre tour. Dans le récit, en italique, des pensées font irruption sans crier gare. Les personnages que l’on croise se confie et se dévoile en plein milieu d’un moment qui ne leur appartient pas. Du simple paysan au grand seigneur. Tout se mélange, tout danse. C’est elle, la danse, qui occupe une place de choix. C’est à travers les arts, du théâtre, de la légende écrite et orale, et de la danse, que le monde tombe de sa course et change de trajectoire. C’est là toute la beauté ultime de cette fantasy audacieuse qui veut tout faire…et réussit tout avec brio !

Mais ce n’est pas tout. Un Pays sans lune, non content d’être un hymne à la liberté et une éclatante démonstration de l’importance de la narration, c’est aussi et surtout une réflexion sur le temps et l’Histoire qui nous précède, sur nos racines et ce que notre passé fait de nous. Simon Jimenez regarde ces hommes devenir des fables et s’interroge sur ce qui s’effiloche avec le temps, sur notre manque de fierté d’appartenir à un peuple, à une nation, à un mythe. Il se demande comment l’on peut être soi sans avoir d’histoire à soi et en être conscient. Car qu’est-ce qui fait l’homme si ce n’est ce qui le précède ? Eh bien, peut-être encore une chose.

L’Amour. Ultimement, entre ces pages de terreur et de Terreurs, malgré les pleurs de l’enfant-loup traité comme un monstre et ceux d’une Mère-Tortue pour ses enfants enchaînés, c’est l’Amour qui tranche. Et ce sera même le fil rouge de cette fantasy, où la romance s’immisce sans lourdinguerie, où elle est à la fois discrète et brillante comme un diamant brut, une roman et un amour comme un interdit, comme quelque chose qui ne devrait pas être alors qu’il est tellement évident en définitive. Tellement indispensable.

Voilà.

Voilà, lecteur, ce qui compte.

L’Amour de tout.



Et se repose dans votre main, fermé et paisible, l’ouvrage fantasy qui vient de secouer vos fondations. Vous n’êtes certainement plus le même et plus aussi assuré mais vous savez une chose, à la fois violente et évidente.

Un Pays sans lune est un chef d’œuvre intense et vibrant, qui file des frissons et des yeux humides.

Simon Jimenez, avec ce roman, a bel et bien décroché la Lune.
Lien : https://justaword.fr/le-pays..
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Cantique pour les étoiles

Simon Jimenez : dans sa bio, jeune auteur américain, joue du piano, amour de la SF : tout pour plaire alors qu'il signe son premier roman, et c'est un coup de maitre !

Nous qui aimons, vous qui aimez la science fiction, les grands espaces interstellaires, les voyages défiant le temps entre galaxies, une histoire fouillée parfois complexe mais pas trop, l'intrigue tenant en haleine, on est servi !

Le roman se décompose en plusieurs parties, au début indépendantes les unes les autres, pour se fondre ensuite bien sûr...

D'abord l'histoire de Nia Imani, capitaine de vaisseau, et Kaeda paysan de sa nature. Et tout à coup une capsule inconnue tombe sur cette terre avec à son bord un curieux jeune garçon qui sera l'énigme du roman.

La capitaine va s'attacher à ce jeune garçon, et l'emmener avec elle.

Puis, ailleurs, une histoire d'amour entre Fumiko Nakajima et une autre femme qui va tourner court. Fumiko qui va avoir un rôle central dans ce roman foisonnant.

Nia va être obligée de protéger ce garçon qui devrait posséder un don très particulier...

Tout va s'accélérer lorsque les protagonistes luttent contre le pouvoir répressif des multinationales en place sur de nombreuses stations spatiales.

Pour finir dans une grand violence...

Violence absente au début, et arrivant petit à petit, mais doucement.

Simon Jimenez nous entraine très loin dans ce récit incroyable où la tension est de plus en plus palpable.

Il y a ici de la poésie, de la philo, de la psychologie, de l'amour, un gros aspect scientifique (même s'il reste peu expliqué, mais tant pis).

Les thèmes de la séparation, de la solitude, font apparaitre de sombres histoires, mais le tout sera lié inexorablement.

La fin est très surprenante.

J'ai beaucoup aimé ce très bon Space Opera, car on en rencontre peu comme ça.

Il est très atypique et c'est ce qu'on aime.

LIEN : https://laniakea-sf.fr/



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Cantique pour les étoiles

Merci à Babelio et aux éditions « J’ai Lu » et sa collection « Nouveaux Millénaires » pour l’envoi de ce roman.



Un beau roman de Science-Fiction :

Des voyages dans l’espace, des vaisseaux, une capitaine, un équipage, des conglomérats, une énigme…

S’il n’y avait que ça, ce pourrait être un roman comme mille autres ayant les mêmes ingrédients.

Mais il y a quelque chose de plus…



Mais d’abord un rapide résumé…



L’humanité a saccagé son berceau natal. Elle se déploie dans l’espace aidé par sa maitrise du voyage dans l’espace et le temps.

Le prix à payer pour les voyageurs ? Retrouver le monde plus vieux de décennies après chaque voyage.

Mais un enfant mutique rescapé d’une capsule.

Une mission est confiée à la capitaine Nia : ramener l’enfant.



Des ingrédients classiques n’est-ce pas ?



Certes… mais ce qui fait la force du récit c’est le thème qui me semble sous-tendre tout le roman : la séparation.

Pourquoi quittons-nous notre famille biologique ou de cœur ?

Pourquoi se séparer de l’être aimé ?

Pour la carrière ?

Pour les contrats ?

Pour la promesse de l’inconnu ? Pour la richesse ?



Et tout cela à quel prix ? Le prix de la solitude assurément.

Et dans ce livre, il y a beaucoup de solitudes différentes, plus ou moins bien vécues et assumées.

Des portraits intéressants et touchants.



Si dans notre monde, le temps s’écoule à la même vitesse pour tous, dans le roman les décalages dans le temps « punissent » sévèrement les voyageurs qui quittent littéralement le temps de leurs proches.

Une « exagération » bienvenue. Elle exacerbe. Elle appuie là où cela fait mal : le temps s’écoule différemment pour tous.

Il peut s’écouler bien lentement pour celui qui espère le retour.

Il s’écoule aussi différemment pour celui qui penché sur la terre s’escrime à en retirer une ressource.

Ressource qui deviendra marchandise pour les autres.

Autres qui non seulement voyagent dans un temps plus lent, mais aussi bénéficient de technologies leur permettant d’étirer leur vie.



Quoi de mieux que la science-fiction pour nous montrer nous, aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Points forts



Simon Jimenez aime ses personnages. Il y a pour tous une grande tendresse qui n’est pas sans me rappeler “L’espace d’un an” de Becky Chambers. On y retrouve, d’ailleurs, un équipage qui envers et contre tout crée un cocon, une impossible famille dans une coque d’acier.

Tiens donc…



J’ai trouvé que le récit changeait de narrateur au moment opportun. J’y ai trouvé comme un relais de narration qui la plupart du temps s’effectue avec le bon tempo.

Bémol



La fin est empreinte de violence. Violence qui semble surgir d’un seul coup alors qu’elle était absente au début.

Certes la société est régie par d’impitoyables contrats, mais…

Certaines fins de contrats deviennent subitement extrêmes.

J’étais incrédule dans les derniers chapitres.

Il ma semblé que certaines façons de « remercier » les employés auraient dû être connues avant dans le récit et susciter d’autres attitudes, avoir des impacts majeurs sur la société décrite (pas de révolte ???).
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Le pays sans lune

"alors écoutez-moi, public du théâtre, écoutez la Haute Lune, l'Impératrice des Huit Fils du Trône de la Lune, car j'ai une histoire à raconter."



Dans un pays en guerre un petit garçon écoute sa grand-mère lui conter l'histoire du Pays sans Lune, un pays imaginaire où règne un empereur cruel et ses fils appelés les trois Terreurs.

Parce qu'il a réussi à emprisonner la Lune dans sa forteresse et à obtenir des fils issus de l'essence de l'astre, l'empereur et sa progéniture sont puissants et contrôlent le pays. Mais voilà que la Lune réussit à s'enfuir entraînant dans son parcours, deux jeunes hommes ayant pourvu à sa libération.

Durant cinq effroyables journées, les survivants vont affronter de nombreux périls.

Le petit garçon écoute avec attention et n'oubliera jamais la légende et la voix de sa grand-mère, la Lola.

Quelques temps après, le voilà projeté dans le théâtre inversé, un lieu étrange et mystérieux où sont rassemblés des spectateurs du passé, du présent et du futur. Sous ses yeux enchantés, le conte prend vie, mis en scène par une troupe de comédiens étonnants.



Ce texte magnifique bénéficie d'une narration protéiforme surprenante, sans chapitre, où le Je, le Tu et le Il s'entremêlent selon que le récit soit romancé, conté ou théâtralisé.

Simon Jimenez nous offre un seul récit raconté sous trois formes différentes tout en conservant sa linéarité.

Une véritable prouesse de la part de l'auteur et également, il faut le souligner, de la part du traducteur.

Un récit d'aventures où se côtoient deux personnages très touchants, l'un handicapé, l'autre petit-fils de la Lune. Ensemble ils vont devoir se comprendre pour survivre et rendre la Lune au Ciel.



Le Pays Sans Lune est un conte cruel d'une violence terrible et empreint de réalisme magique, le tout dans un univers inspiré de l'Asie.

Un superbe roman et un énorme coup de cœur que je conseille de toute urgence aux amoureux des mots et de l'onirisme.
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Le pays sans lune

Sacrée histoire ! On pénétre dans un monde onirique transporté sur une jonque silencieuse au milieu d une épaisse brume qui susurre des mots incompréhensibles: "lola", " théâtre inversé ", "granjo".

Le conte commence : "Autrefois la Lune et l Eau étaient amoureuses". L histoire du Vieux Pays, racontée dans les rêves d un jeune garçon.

Ce conte fantastique relate la libération de la Lune prisonnière d un Empereur maléfique et de ses fils monstrueux, sauvée par deux guerriers dissemblables mais unis par un profond sentiment d amour.

Cela peut paraître pauvre au vu de la complexité de la trame qui nous entraîne dans une cascade d évènements et d actions.

La férocité du récit de batailles, s entrelace avec la suave magie des divinités.

Les personnages sont tout aussi insolites que deroutants. Keema de la tribu Daware, manchot et paria se révèle le plus courageux et loyaux des hommes. Jun fils de la Première Terreur , guerrier de première heure se révèle faible et influençable. Certes être le pion d une divinité cela ne rend pas les choses simples. Il y a tant d autres personnages tout aussi intéressants que nos deux héros, mais je vous laisse les découvrir par vous-même.

Mais jusque-là, tout paraît clair, mais ne vous y fiez pas, l auteur sait nous entraîner dans le grand huit, double tour, et voilà que se dresse la véritable trame derrière le conte: le théâtre inversé qui relie le monde onirique au réel à travers l histoire de la lance.

Une lance qui mène la danse de ces deux univers qui se frôlent constamment.

Dit en passant, la couverture du livre est non seulement graphiquement belle mais elle représente bien la clé de l histoire



J étais déjà tenté de lire cet auteur qui par des critiques m avaient titillé, mais là je suis vraiment épatée par un style très novateur, poétique et fécond d imagination.

On a l impression de regarder un théâtre d ombres japonais avec une immersion dans une culture totalement différente de la notre avec ses masques, ses combats, sa magie et cette histoire d amour insolite entre deux guerriers.

Laissez vous porter par cette vague, même si au début tout semble lent et confus, vous ne regretterez pas le voyage.

Je remercie Babelio et les éditions Nouveaux Millénaires pour cette expérience littéraire incroyable.
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Cantique pour les étoiles

Quel voyage !



Nous sommes dans le futur, l'homme s'est expatrié vers d'autres mondes. Et certains vaisseaux voyagent au travers du temps pour rapporter les denrées qui viennent des planètes nourricières.



Mais au delà de cette aventure de voyages, ce sont surtout les sentiments humains qui sont à l'honneur dans ce roman. L'amitié, l'amour parental, fraternel, ou en couple.



Et même dans le futur, l'humanité n'a franchement pas fait de gros progrès...Sauf pour quelques uns des personnages.



Nia et Ahro qui vont se choisir en tant que famille, Fumiko qui va tout sacrifier pour l'avenir de l'humanité et se verra écrasée par le profit mercantile...



J'ai juste adoré ce livre, je ne connaissais pas cet auteur mais ce qui est sûr c'est que je vais le suivre !
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Cantique pour les étoiles

La collection "Nouveaux Millénaires" de J'ai Lu m'ayant fait découvrir des textes et auteurs que j'ai adoré comme La Terre Fracturée de N.K. Jemisin, j'ai tendance à toujours jeter un oeil sur leurs publications et je dois dire que la couverture psychédélique un peu hitchcockienne du Cantique pour les étoiles a rapidement attiré mon attention.



Simon Jimenez était inconnu de moi auparavant. Auteur de plusieurs nouvelles, Cantique pour les étoiles est son premier roman. Un roman de SF abordable, qui prône plus la poésie, l'émotion et l'introspection que les sciences et qui invite joliment au voyage, mais où l'on sent encore un certain tâtonnement dans l'écriture qui a fait que je n'ai pas été complètement emportée malgré le bon moment que j'ai passé.



L'auteur nous emmène dans un futur où l'humanité a dû quitter une Terre devenue inhabitable, grand classique, pour aller vivre dans d'immenses stations spatiales gérées par des multinationales et alimentées par les gens qui se déplacent entre les étoiles et les station grâce à la Poche : une méthode de contraction de l'espace et du temps mais qui crée un sacré décalage entre le temps de ceux dans et hors de la Poche, ce que certaines multinationales voudraient résoudre. Voici le cadre de départ de l'histoire, un cadre assez simple et peut-être un peu trop déjà vu mais dans lequel on se sent bien. C'est confortable aussi les univers déjà connus.



Les premiers chapitres m'ont un peu déstabilisée, j'avais l'impression d'être dans un ensemble de nouvelles que l'auteur tentait, parfois péniblement, de lier entre elles. Ils étaient en fait l'introduction des personnages et lieux principaux de l'histoire à savoir une voyageuse de la Poche : Nia Imani, capitaine d'un cargot ; Fumiko, une scientifique, grande chercher mondialement reconnue ; et un mystérieux garçon muet qui joue d'une flûte. Très vite, un mystère épais va entourer ce dernier, donnant un moteur à l'histoire.



Cette histoire, c'est celle d'un être mystérieux qui serait la réponse au problème majeur de l'humanité à ce moment-là, la maîtrise de l'espace-temps. L'auteur va alors imaginé une histoire assez classique et prévisible où une certaine multinationale, aidée d'une grande scientifique, va confier l'enfant à quelqu'un en qui il a confiance pour déclencher en lui son pouvoir latent afin de pouvoir le capturer, l'étudier, le disséquer et l'utiliser. Rien de neuf sous le soleil et clairement ce n'est pas ce qui sera le plus intéressant ici, surtout que si l'on cherche des explications scientifiques, on peut repasser.



Nous sommes en fait dans un roman à ambiance qui n'a pas été sans me rappeler ceux de Becky Chambers. L'auteur va nous faire passer la majorité du temps dans l'espace, à bord du vaisseau de Nia, où celle-ci va nouer une relation très forte avec ce petit garçon : Ahro, et aller de station en station. Nous avons en fait un peu une non histoire, l'auteur préférant nous décrire une atmosphère, des lieux, des modes de vie, plutôt que de nous conter réellement une histoire car celle-ci tient vraiment sur un timbre poste. Non, le plus important pour lui fut de nous raconter la vie à bord, les liens qui se créaient, les changements que cela provoquait chez les personnages, tout ça pour nous conduire au final dramatique qu'il prévoyait.



J'ai été gênée, comme chez Becky Chambers et son Espace d'un an par cette tension narrative quasi absente, mais j'ai apprécié les relations qui étaient décrites. J'ai aimé cette romance impossible entre le Dr Fumiko et Dana. J'ai aimé cette relation quasiment maternelle qui va apparaître entre Nia et Ahro. Mais l'ensemble était un peu plat. Sans le côté "voyage" de l'histoire, je pense que je serais restée à quai justement, je n'aurais pas embarqué.



En revanche, les ultimes chapitres de l'histoire, ceux décrivant les turpitudes de cette multinationale et ce qu'elle compte faire subir à Ahro pour employer son pouvoir, eux, étaient fascinants. J'ai adoré le basculement brutal d'une certaine douceur vers la brutalité la plus extrême. J'ai aimé la description des dérives les plus sombres de la sciences et des désirs des hommes pour la maîtrise du temps et de leur vie. J'ai aimé le nouveau contre-pied pris par l'auteur dans les dernières pages quand malgré tout il nous ramène vers ce faux calme qu'il avait instauré, pour asseoir la puissance de l'esprit et des sentiments face à la science.



Cantique pour les étoiles m'a donc offert une belle balade douce, poétique et humaine dans laquelle j'ai aimé le voyage mais ait trouvé parfois celui-ci un peu superficiel face à ce qui aurait pu nous être conté. L'auteur se contente de peu et peine à sortir encore totalement de ce format "nouvelles" auquel il est habitué. Il offre ici plus un roman d'ambiance que le roman de SF scientifique que j'attendais, ça permet de donner une lecture abordable pour les novices dans le genre ou ceux qui veulent souffler un peu, mais c'est frustrant pour les amateurs d'univers et de concepts plus fouillés.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Cantique pour les étoiles

Génial et époustouflant seraient les termes qui a mon sens qualifient ce roman. Totalement happé par l’histoire, j’ai littéralement dévoré l’ouvrage. Ses longs chapitres, déroutants de premier abord, se lissent facilement et une fois commencé

, impossible de décrocher.

Plutôt habitué aux thrillers et autres policiers à suspense, je recommande vivement cet ouvrage, qui a été pour moi, le premier vrai livre de sciences fictions ou Space opéra tel que je l’imaginais et qui sera sans nul doute à l’origine d’une longue série. Totalement séduit par le genre, le style de Jimenez y étant pour beaucoup, je ne doute pas que ce récit puisse un jours être retranscrit au cinéma.

L’écriture,d’une clarté exemplaire dans ces descriptions n’est pas assommante et permet une facile représentation visuelle aussi bien, des lieux que du visages. Ainsi la vétusté du debby ou la magnificence de la station pélican, n’ont d’égaux que la beauté intemporelle de Dana ou la laideur de Fumiko que leurs parents respectifs ont façonnés à leurs convenances et selon leurs désirs, le jour de leurs créations.

La narration alternée depuis la vision de plusieurs personnages à différents lieux où époques, sous formes de petits récits indépendants se reliant les uns aux autres au fil de l’histoire est subtilement agencée dans ce nouveau monde qui peuple les étoiles grâce au voyage interstellaire.

Partis de notre vieille terre que l’humanité a épuisée, les hommes ont réussis à coloniser la Voie lactée en courbant l’espace temps.

Malheureusement quelques mois de traversée dans la poche, autoroute de l’espace ou le temps s’écoule plus lentement représentent des décennies, et impose une vie d’errance aux globe-trotter, où plutôt star-trotter qui l’empruntent.

Les voyages du debby jusqu’aux confins de l’univers ne sont pas sans rappeler la série télévisée stargate univers ou le vaisseau du dédale qui sillonne les étoiles contraint son équipage à une vie de Solitude et d’isolement loin de leur proche.

Au delà de l’histoire principale de cet ouvrage, c’est avec prestance que l’auteur traduit la complexité des rapports humains et l’inexorable évidence du besoin d’être aimé pour exister.

Enfin, ce sera après quelques pages qui nous auront bien immergées dans l’univers de l’auteur, que surgira une boule de feu qui déchirera le ciel rouge de la planète Umbai-V, et de laquelle sortira rescapé des restes de ce qui semble être une capsule de survie, un enfant dans le plus simple appareil.

D’où vient-il, nul le sais mais très vite naît l’idée qu’il pourrait être la solution à ce grand problème temporel du voyage spatiale.

Mais cela est-il seulement possible?

Ceci est son histoire

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Cantique pour les étoiles

Dans un futur éloigné, la Terre est devenue inhabitable. L'humanité est dispersée entre stations spatiales et exoplanètes. La Poche, une contraction de l'espace-temps, permet de se déplacer entre ces mondes mais chaque voyage de quelques jours ou semaines correspond en réalité à plusieurs mois ou années de temps "réel".



Ce Space Opera mystérieux, poétique, sombre et surprenant pourrait être assez clivant. Sa construction est en effet particulière, l'auteur nous narrant des fragments de vie de plusieurs personnages sans que les liens entre eux ne soient clairement établis. De plus l'univers décrit n'est pas pleinement explicité, beaucoup de zones d'ombre parsèment le récit.



Le premier chapitre (une nouvelle à lui seul et un bijou de poésie) nous raconte l'histoire de Kaeda et Nia. Lui est fermier et cultive le dhuba, quand elle, capitaine de vaisseau, vient récupérer la production tous les 15 ans. Entre temps, une capsule avec à son bord un enfant, s'écrase dans les champs de Kaeda.



Le deuxième chapitre s'intéresse à la relation entre cet enfant et la capitaine lors d'un voyage de transit. Le troisième nous fait découvrir les débuts de l'histoire quelques millénaires plus tôt ! Il faut attendre le quatrième pour qu'une ligne directrice se dessine. Et ce n'est que dans la seconde partie (soit un tiers du roman) que tout commence à s'imbriquer et former un ensemble cohérent. Il n'est pas facile de parler de l'intrigue sans dévoiler les mécanismes et ressorts du récit. Je pense qu'il est préférable de découvrir par soi même, je n'en dirai donc pas plus.



Le roman souffre de quelques longueurs, le rythme baissant en cours de lecture avant de se terminer en apothéose et ce de façon très surprenante loin des classiques du genre. L'autre point qui peut poser problème est le manque de clarté et de précision sur l'univers mis en jeu, l'auteur reste souvent très évasif, ce qui lui permet de s'affranchir de la rigueur scientifique sans que cela ne nuise réellement au récit. Cependant, Cantique pour les étoiles est très addictif, la plume de Simon Jimenez est très agréable et la construction atypique rend curieux. Une belle découverte et un auteur à suivre.



Pour conclure, Cantique pour les étoiles est un roman poétique, sombre et décousu, une juxtaposition de petites histoires individuelles pour nous présenter une histoire globale émouvante et surprenante.




Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Cantique pour les étoiles

La flûte enchantée (de l'espace).



Un enfant muet qui s'écrase dans une capsule sur une planète. Il regagne les étoiles en embarquant sur le cargo de Nia Imani, qui voyage à travers la Poche, cette contraction de l'espace et du temps où les trajets interstellaires de quelques semaines en son sein s'écoulent sur des années pour tous les autres.

Des liens forts se tissent, mais le garçon cache peut-être un secret, sans même le savoir. Un secret qui pourrait tout changer.



Le premier chapitre est presque une nouvelle à part entière, auto-suffisante. Le personnage censé être principal dans le roman est ici plus secondaire mais importante ; le procédé permet alors de nous expliquer le concept de la Poche et de voir ses conséquences (psychologiques, physiques, philosophiques) sur ceux qui restent. C'est très intelligemment fait, assez touchant, avec une certaine poésie aux allures de conte ou légende.



On retrouve ce pas de côté de temps en temps au cours du roman, permettant d'apporter un autre regard, d'autres sensibilités, mais nous attachant toujours à ces personnages, leur passé, cheminement et histoire, tout en développant l'univers, son background et ses concepts.

Le côté scientifique est d'ailleurs peu poussé, ce sont surtout ses répercussions sur les personnages, comment ça les affecte eux et leurs relations, qui intéressent l'auteur. La vie de son équipage et des personnes annexes qui orbitent plus ou moins autour, tous finalement liés, comme les étoiles d'une constellation.



Si le rythme n'est pas toujours des plus haletants, l'enchantement, lui, captive et émerveille tout du long.

C'est une histoire puissante portée par ses personnages, leurs ambitions, décisions et émotions, qui dirigent et influent sur l'intrigue. S'il livre une critique d'un capitalisme débridé laissant l'humanité aux mains des multinationales toujours plus avides et destructrices, ce sont surtout la solitude, les séparations et attachements des personnages qui infusent le récit, tout comme leur rapport au temps, à la vie et donc à la mort.

Inclusif, d'une sensibilité profondément humaine, les personnages ne sont pourtant pas épargnés par l'insensibilité, la cruauté, les drames et événements horribles.



Le roman se gorge de moments poétiques, touchants, avec des vrais poches d'émotions. Sa mélodie, sa musique vibre en nous, comme les airs de flûtes chez Ahro. On prend alors feu, on s'éparpille dans les étoiles, avant de retoucher terre avec l'impression d'être chez nous, auprès des personnes qu'on aime.
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Cantique pour les étoiles

*** Un air de musique ***



Merci aux éditions J'ai Lu - Nouveaux Millénaires - pour l'envoi dans le cadre Masse critique, ainsi que Babélio.





Cantique pour les étoiles, c'est un roman musical, sous un air de flûte qui se balade dans l'espace-temps, air mélodieux, lancinant et énervant dans un espace clos comme un vaisseau.



Cantique pour les étoiles est un space-opéra, qui se passe à quelques centaines de décennies, où la Vieille Terre n'est plus qu'un lointain souvenir.



Mais, Cantique pour les étoiles est une très belle histoire d'amour en finalité, avec ses théories et ses souffrances.





Tous les quinze ans, Nia, capitaine du vaisseau le Debbie, fait la liaison entre Umbaï-V et la station Pellican afin de ramener la culture de Dhuba, alimentation générale de cette humanité vivant dans d'immenses stations spatiales. Quelques semaines dans la Poche pour Nia et son équipage équivaut à quinze années pour ceux qui cultivent le Dhuba.

Mais un jour une capsule inconnue, s'écrase dans les champs de Umbaï-V avec à son bord un garçon, qui survie avec de nombreuses fractures inexplicables. Recueilli par Keada, le Chef du village, qui le soigne et l'élève jusqu'à la prochaine arrivée du Debbie, le garçon reste muet et se focalise sur une flûte jouant un air triste et lancinant des jours entiers.

Quand Nia, la Capitaine du Debbie prend le garçon à son bord, pour le ramener à ses employeur sur la station Pellican, une relation maternelle va s'installer entre eux.

Pourquoi la coalition et ses employeurs veulent absolument récupérer ce garçon mué dans le silence ou la seule chose qui compte pour lui est la musique ?



Qui est donc Fumiko, brillante chercheuse que sa mère a voulue laide (puisque dans ce monde futur, le choix de la beauté ou non de l'enfant est possible) qui cherche à révolutionner la galaxie en matière de voyages interstellaires afin d'échapper à la Poche et à la cryostase où la vieillesse s'arrête contrairement à ceux qui vivent sur les planètes ?





Le livre se découpe en trois parties.

Une lecture passionnante, fabuleuse, émouvante et très surprenante, sur les deux premières parties, et c'est là le problème pour moi : cette troisième partie !

J'ai eu beaucoup de mal à suivre l'histoire qui devenait très fouillis. Tout a pris une tournure compliquée et surréaliste où je n'ai plus trouvé beaucoup de sens à l'histoire. J'ai repris, relu, et je n'ai toujours pas compris certains points importants de la fin.

A un moment j'ai eu le sentiment que l'auteur lui-même ne savait plus comment se dépatouiller avec ses personnages ...



Dommage d'avoir entendu ces derniers airs de flûte dans le brouillard ...









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Cantique pour les étoiles

Roman de SF, les hommes ont quitté la Terre depuis très longtemps et se sont éparpillés un peu partout dans l'univers. Un jeune garçon, suspecté d'avoir un don encore inconnu, est recueilli puis emmené sur un vaisseau par la capitaine Nia, qui va peu à peu s'attacher à lui et vont s'en suivre diverses aventures vécues par plusieurs personnages dont les liens deviennent plus compréhensibles au fil du récit. Bien que la thématique m'avait attirée, je me suis beaucoup ennuyée dans ce roman que je me suis forcée pourtant à terminer au vu des bonnes critiques, notamment sur la fin. Après la première partie interessante, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de longueurs, de détails inutiles, l'écriture ne m'a pas convenu. A plusieurs reprises je me suis aperçue qu'il venait de se passer un événement important et revenait donc quelques pages en arrière pour relire le passage. J'ai eu la sensation d'être dans un brouillard et que les clés de compréhension m'était souvent inaccessibles.

En tous les cas la vie des hommes proposée ici ne m'a pas donner envie, et je suppose qu'il s'agit aussi d'une dénonciation des maux de notre monde actuel.



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Le pays sans lune

J'en ai lu des bouquins de SF ou de fantasy, mais aucun comme celui-là !



On est un peu perdu au départ, puisqu'on se retrouve dans un théâtre, mais surtout dans un rêve...Sur scène, des danseurs qui racontent les temps anciens et l'épopée de Keema et Jun, dans un pays où la lune a été abattue sur la terre pour revêtir forme humaine. Vont-ils pouvoir abattre les trois Terreurs et rendre la lune aux cieux ?



C'est très poétique, très dense, pas un instant pour s'ennuyer...



Je pense que soit on adore, soit on déteste, pour mon cas personnel j'ai adoré !
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Le pays sans lune

J'ai lu le pays sans lune de Simon Jimenez sorti en avril dernier chez J'ai Lu (Nouveaux Millénaires) et reçu en SP (Partenariat non rémunéré). de cet auteur, j'avais déjà lu et adoré son space opéra Cantique pour les étoiles en juin 2021.



Ici, Simon Jimenez nous propose une Fantasy. Dans le Vieux Pays, le peuple souffre sous la domination du Trône de la Lune. Sous le palais de l'empereur une divinité est enfermée. Avec l'aide de Jun, un soldat brisé par son passé, et de Keema, un paria qui se bat pour son avenir, Elle s'échappe de Sa prison royale. Et tous trois s'embarquent dans une quête de vengeance et de liberté, pour eux-mêmes mais aussi pour tous ceux qui souffrent dans ce pays sans Lune.



Il n'est pas évident pour moi de parler de cette lecture car elle fut compliquée et exigeante mais pour autant, je l'ai vraiment adorée !



A mes yeux, l'exigence de ce roman tient à la narration très particulière : nous avons ici 3 axes narratifs. Un premier écrit à la 2ème personne du singulier au travers duquel le narrateur va s'adresser à nous, lecteur, en tant que personnage à part entière de ce récit. le second prend place quelques années plus tard alors que ce personnage (toujours symbolisé par nous en tant que lecteur) assiste à une très mystérieuse pièce de théâtre au caractère onirique. Et ce spectacle va nous conter une légende, celle du pays sans lune, qui constituera le 3ème et dernier axe narratif.



Oui, je vous l'ai dit, c'est compliqué, dense et exigeant ! D'autant que ces 3 axes narratifs s'entremêlent et interagissent. Mais j'ai trouvé le conte objet de ce roman de toute beauté et totalement addictif ! J'ai adoré les personnages de Jun et de Keema auxquels je me suis fortement attachée. Au travers de ce récit complexe, nous allons aborder diverses thématiques d'actualité. La plume de Simon Jimenez est pleine de poésie, tout comme l'univers qu'il a créé ici et qui est, pour moi, d'inspiration chinoise.



2 romans de cet auteur donc très différents mais qui confirment le talent de conteur de l'auteur ainsi que la beauté de sa plume !

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