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Critiques de Simon Liberati (417)
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Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
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Eva

Comme chaque année, la rentrée littéraire me laisse perplexe! A côté de belles découvertes, il est des choix d'édition qui me sont incompréhensibles.



Ce livre est mis en avant dans tous les papiers presse et présenté comme une petite pépite à ne pas rater. C'est à n'y rien comprendre...

Je l'ai reçu en avant-première par un partenariat d'éditeur, c'est dire que j'étais très flattée de cette confiance et motivée pour cette lecture avec l'esprit ouvert. Je connaissais un peu le sujet, et j'avais vu le film concernant cette mère photographe d'une Lolita des années 70.



J'ai essayé, je me suis accrochée, j'ai fait preuve de persévérance... Jusqu'à cette bouffée d'énervement qui m'a fait refermer ma liseuse d'un "clac" rageur!



Illisible, inintéressant, pontifiant, égocentrique ! Pour moi, rien à sauver. Ce n'est pas de la littérature et je ne sais pas d'ailleurs ce que c'est...

Un livre de cercles parisiens qui écrivent pour eux même, et qui voudraient nous faire croire que si nous n'aimons pas, c'est vraiment que notre neurone de lecteur est à l'arrêt ( à se demander si certains critiques lisent les livres...)



Bref! Vous aurez compris que je ne n'ai pas du tout aimé. Ca n'engage que moi. À vous de voir...



(C'était mon petit énervement du mois! :-)) et que j'ai eu la surprise de voir confirmé, après écriture de ce post, par l'émission du Coups de coeur des Libraires)

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Trois jours et trois nuits

Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.





La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !





Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.





Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.





Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.





Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
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Eva

Un chroniqueur spécialisé dans la presse people et les horoscopes bidons, copain comme cochon avec Louboutin et Beigbeider, grand ordonnateur des nuits parisiennes poudrées et arrosées, ex-pilier des Bains-Douches et qui raconte ses amours torrides avec Eva Ionesco, une ancienne Lolita sulfureuse des années 70, aujourd’hui quinquagénaire un peu enrobée, qui défraya la chronique avec les photos pornographiques prises d’elle par sa propre mère, Irina Ionesco, et en tira un film récent - plutôt réussi d’ailleurs : vous, je ne sais pas, mais moi, ça me ferait plutôt fuir…



Un romancier qui se lance sans vergogne, après un an de mariage avec la nouvelle Shirley Temple de la photo kitch et pédophilique, dans une hagiographie amoureuse – parce que c’était elle, parce que c’était moi- en affirmant haut et fort faire de la littérature, surtout après la parution des beaux éloges conjugaux, à la fois fervents et pudiques d’un Jean-Jacques Schuhl –INGRID CAVEN - ou d’un Jérôme Garcin –THEATRE INTIME - : vous, je ne sais pas, mais moi cela me donne a priori envie de rigoler…



Pourtant, sur la foi d’une critique emballée, j’ai lu d’une traite le livre de Simon Libérati et j’avoue être tombée sous le charme…



Pas grand’ chose à se mettre sous la dent côté mère abusive et potins nauséabonds : amateurs de romans à scandales, passez votre chemin !

Quelques parisianismes récidivants et une tendance de l’auteur à ne pas se prendre pour un quartier de mandarine, mais là non plus rien de vraiment exaspérant, c’est une petite faiblesse attendrissante qu’on lui pardonne tant le livre est, à lui seul, une sorte d’OVNI…



Objet Violemment Néo Irréaliste.



Je me suis pincée pour y croire : Libérati et Ionesco me sont apparus comme la réincarnation de Nadja et Breton, ou je ne m’y connais pas : rêves, prémisses, prénoms, rencontres, lieux, tiers médiateurs, prophéties, coïncidences et géographie parisienne aux allures de Labyrinthe borgésien - tout destinait magiquement les deux amants à s’appartenir pour la vie …même si la rencontre a mis 35 ans à s’opérer. Cet ascendant surréaliste, cet abandon délibéré à la tyrannie du hasard et de l’irrationnel, l’auteur les reconnaît plus d’une fois : « Je retrouvais sans m’y être attendu l’atmosphère de mon enfance, influencée par le surréalisme et cette force particulière qu’ont certains hommes de dégager les croyances anciennes de la décadence universitaire pour leur rendre leur valeur de pari. »



Mais les liens avec l’Amour Fou ne s’arrêtent pas à Breton : Libérati est un malade de Nerval, au point d’avoir quitté, six ans avant sa rencontre avec Eva, son Paris des Bains-Douches pour le poétique Valois, terre de SYLVIE - une autre histoire d’amour récurrent, fatal et féerique : « Ainsi puis-je refaire à intervalles réguliers le voyage nocturne aux fêtes d’archers de Loisy et à la maison de Mortefontaine dont la treille brille pour moi d’un fanal éternel. » et l’auteur précise :« Avant même que l’événement capital, rencontre ou accident, se produise, le décor doit être planté. »



Je n’étais pas au bout de mes surprises ! D’abord l’enchantement du style :une longue phrase, quasi proustienne, qui vous envoûte et vous entraîne dans ses méandres, une érudition raffinée – les romantiques « noirs », Nerval en tête mais aussi Barbey, Gautier, Villiers – il y a du Véra dans cette Eva- et insolemment éclectique – j’ai retrouvé avec délice quelques considérations sur les pages de garde des anciennes éditions Tintin où l’auteur, enfant, cherchait « dans la galerie des personnages qui s’y trouvent accrochés sur fond bleu » des têtes qu’il ne connaissait pas et qui lui indiquaient « des albums inconnus, peut-être introuvables, un monde de découvertes »- ou encore une analyse subtile et ironique du charme un peu pervers de la Comtesse de Ségur dans la vieille Bibliothèque Rose - Sophie et ses malheurs, en héroïne néo-sadienne…après Justine ou les malheurs de la vertu !!



Avec raffinement, finesse, subtilité, donc, Simon Libérati nous conte l’histoire un peu magique, éternelle et romantique d’une Rencontre fondamentale, transcendante, entre un noceur narcissique et une femme-enfant un peu schizo –les trois voix d’Eva ravissent la diva- non pas celle, à mon sens, d’une rédemption – la cocaïne et la bibine restent leurs meilleures copines- mais celle, très faustienne, d’un Pacte –Enfer ou Ciel, qu’importe !- et d’un Pacte éminemment amoureux et littéraire : lui l’aide à faire un deuxième film à partir des souvenirs de son enfance brisée, elle lui donne sa personne pour qu’il la transmue en personnage romanesque.. Un honnête marché, somme toute, avec le Désir et la Folie comme garants…



Il y a même du Méphisto chez Libérati : je te rendrai ta jeunesse –un lifting en l’occurrence- et ta silhouette – un coach et un régime- , et tu me laisseras te tromper avec mon autre maîtresse, la littérature…. que je tromperai à son tour en ne lui parlant que de toi !



Oui, vraiment, une heureuse surprise : j’ai balayé tous mes a priori et je me suis gentiment enivrée, en suivant les conseils d’un dandy merveilleux, grand frère tutélaire de Simon Libérati :



« Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. »



Et Baudelaire ajoutait :



« Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! »



Rajoutons à cet étourdissant cocktail : de hasard, de magie, de mystère, de désir …



EVA est l’élixir qu’il vous faut !

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Trois jours et trois nuits



« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l’infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L’Eternité n’est pas de trop »



Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n’a pas d’importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n’est pas faute d’avoir prospecté. De temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j’éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu’ils soient, qu’importe l’Obédience, ils m’apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m’ont précédée, le temps n’existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m’interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.



Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d’Aquilon62 et de Migdal m’ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l’Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j’entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu’à l’arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l’égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l’argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l’Abbaye.



N’avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l’agitation extérieure et de ses tourments, l’impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n’est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.



Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.



Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l’office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d’un modeste repas, partageant le pain qu’il soit celui de l’officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l’amitié, l’écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l’immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l’intensité aux instants vécus.



Bien évidemment, certains d’entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s’ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n’en reste pas moins qu’ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l’étude, le travail manuel, le jardinage – j’ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l’ordre. Il guide les frères dans sa vision de l’amour fraternel.



Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d’eux-mêmes, que ce soit l’athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l’histoire de l’Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C’est le cheminement pendant trois jours d’hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C’est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s’interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m’ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l’humilité.



« Et penser à ces hommes agenouillés, m’aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder



NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'œil de l'Univers.

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Performance

J’ai découvert Simon Liberati il y a fort longtemps, à l’époque où je lisais encore les « Inrocks », magazine que je dévorais pour ses chroniques consacrées à la musique, qui proposait également une revue de l’actualité littéraire. Simon Liberati y était régulièrement encensé, une odeur de soufre semblait émaner d’une oeuvre délicieusement transgressive. Souvent déçu par les inclinations littéraires très « rive gauche » et un peu snobs de la revue, j’avais pris soin de garder mes distances.



C’est le hasard qui m’a conduit à découvrir la très belle écriture de Simon Liberati, en lisant dans la touffeur de l’été « Trois jours et trois nuits », un recueil où des écrivains renommés (Sylvain Tesson, Pascal Bruckner, Jean-Marie Rouart, etc.) racontent tour à tour leur retraite dans l’abbaye de Lagrasse, en compagnie de quarante-deux jeunes chanoines qui mènent une vie de prière placée sous l’égide de la Règle de saint Augustin. Le beau texte écrit par Simon Liberati m’a séduit par son respect sincère de la simplicité, de la beauté et de la dimension spirituelle de la vie monacale.



Lorsque j’ai aperçu « Performance », le dernier roman de l’auteur, j’ai rompu ma promesse et j’ai acheté le roman auréolé du dernier prix Renaudot. Pour ma défense, le quatrième de couverture mentionnait les Rolling Stones, le groupe qui incarne le rock’n roll, même s’il arrive loin derrière ma trinité personnelle composée du Père, Bob Dylan (God Dylan pour les intimes), du Fils, Neil Young (qui a gardé la voix de chérubin de ses débuts), et du Saint-Esprit, Leonard Cohen (qui dort parmi les anges depuis 2016).



J’ai cédé à la tentation et j’ai bu le calice jusqu’à la lie : j’ai lu « Performance » de Simon Liberati. Malgré une certaine beauté formelle liée à la fluidité de l’écriture, j’aurais mieux fait de passer mon chemin. Le roman qui se veut transgressif et nous promet du sexe, de la drogue et du rock’n roll, oublie le plus important : la musique, ces quelques notes de guitare qui vous emmènent ailleurs, qui vous transportent l’âme dans un lieu où le mois de novembre n’existe pas, ce refuge sacré où rien ni personne ne peut vous atteindre.



« Performance » met en scène un écrivain de 71 ans, en mal d’inspiration depuis un AVC, qui se voit proposer d’écrire le scénario d’une série consacrée aux Rolling Stones, allant de leur arrestation en 1967 pour usage de stupéfiants à la mort de Brian Jones en 1969. Acculé par le fisc, le vieil homme valétudinaire voit dans ce projet une dernière chance de renouer avec ses ambitions littéraires, tout en vivant une histoire d’amour « scandaleuse » avec Esther, sa magnifique ex-belle fille, plus jeune d’un demi-siècle.



Ce retour sur la fin des sixties, l’âge d’or de la musique, me semblait plein de promesses. Hélas. Le narrateur se regarde beaucoup trop le nombril, pour rester poli et n’évoque jamais le seul sujet intéressant de son ouvrage : ce moment incroyable où Dylan, les Stones, les Beatles et tant d’autres ont touché une forme de grâce que nul n’a retrouvée depuis. L’auteur préfère s’attarder avec une trivialité qui frôle la vulgarité sur ses problèmes de prostate et d’énurésie, et se croit sans doute transgressif lorsqu’il nous narre par le menu l’addiction à la cocaïne de sa toute jeune compagne aussi belle qu’anorexique. Malgré son gros ventre, le narrateur baise encore avec une certaine vigueur son ex-belle fille, achète de l’opium pour le réalisateur coréen de la série, et s’attache à nous décrire la descente aux enfers d’un triste sire aux allures de freluquet égaré nommé Brian Jones.



Une dose de sexe « scandaleux », beaucoup de drogues, de l’alcool aussi, mais de musique il n’est jamais question. Le principal mérite du roman est le retour quasi encyclopédique qu’il nous propose sur la vie en forme de cirque malsain des Stones entre 1967 et 1969. Simon Liberati ressuscite des figures oubliées telles que la pauvre Marianne Faithfull, sur le point de sombrer dans les gouffres de la drogue, ou Anita Pallenberg qui délaisse Brian Jones pour Keith Richards dont elle fut la compagne pendant plusieurs années. L’auteur réussit avec un certain brio à recréer cette ambiance propre à la fin des années soixante, mêlant odeur d’encens, influence d’un certain folklore hindouiste et consommation effrénée de drogues.



Grâce à une écriture ciselée, Liberati réussit le tour de force de donner du rythme à un roman où il ne se passe presque rien. Le seul intérêt de l’ouvrage réside dans la plongée très documentée dans l’univers trouble qui entourait « le plus grand groupe de rock’n roll du monde », et dans la description de la lente agonie de l’antipathique Brian Jones. Sa disparition laissera d’ailleurs son entourage froid. Nul ne savait alors que la mort inexpliquée de l’un des fondateurs des Rolling Stones marquait la fin d’une époque.



Cette lecture m’a rappelé qu’il faut toujours tenir ces promesses, et rester à distance de ces romans faussement transgressifs, où la consommation de drogue et la relation entre un vieil écrivain à bout de souffle et son ex-belle fille anorexique, ne sont que le masque d’une vacuité nihiliste qui ne dit pas son nom.

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California girls

Si les croûtes d'Hitler avaient eu du succès, celui-ci serait resté un barbouilleur sans talent mais ne serait peut-être pas devenu le mondial killer que l'on sait.



Si Charles Manson avait réussi dans la musique, s'il avait pu développer le talent que lui reconnaissaient Neil Young et Denis Wilson eux-mêmes, il n'aurait pas eu besoin, peut-être, d'étendre son emprise de gourou maléfique sur les cervelles fragiles et hautement saturées de substances hallucinogènes des membres de sa « Famille » : le grand Tex, son « porte-voix », Clem, la brute docile et les petites silhouettes enfantines et sanguinaires de Katie, Sadie, Linda, Leslie mendiant à leur gourou satanique un regard (noir) , une étreinte farouche.



Ou mieux encore, signe de confiance suprême : une mission…



Par exemple celle de « tuer avec le plus de brutalité possible » les occupants d'une maison de Cielo Drive, sur les hauteurs de L.A., une villa autrefois occupée par le producteur de musique détesté (c'est lui qui a arrêté la carrière de rocker de Manson) puis habitée par Candice Bergen, femme de Louis Malle, et relouée, depuis peu, à une actrice célèbre, femme d'un metteur en scène de films d'horreur réputé, enceinte de 8 mois.



C'est Sharon Tate, mais le gourou l'ignore en lançant son anathème.



Il veut « juste » déclencher la guerre contre les « pigs », faire accuser les Black Panthers, réveiller la guerre civile entre noirs et blancs, bref, mettre en branle le Helter Skelter -c'est le titre d'un morceau des gentils Beatles, et c' est, chez eux, un joyeux tohu-bohu, une sorte de Grand Huit insolent- mais, dans la folie paranoïaque et meurtrière de Manson , c'est un véritable Armageddon…



Je viens de clore, en deux jours, California Girls : lecture horrifique, lectrice horrifiée mais littéralement envoûtée...



Un opéra-rock lyrique et inquiétant, magistralement construit et concentré sur 36 heures d'équipée sauvage.



Le style est d'une noirceur impériale, fascinant et addictif.

Malgré l'horreur des scènes évoquées, malgré la folie des protagonistes, ces doux hippies de Californie, fumeurs de joints et un peu crasseux, devenus loups fanatiques sous acide et sous le magnétisme de leur chef de meute…



Simon Liberati est un grand adepte et un fin connaisseur du Romantisme noir- il a scénarisé cet épouvantable fait divers en un récit haletant, plein de sang et de fureur, qui s'apparente aux romans noirs anglais d'une Radcliff, d'un Walpole, d'un Lewis...



Une sorte de remake hollywwodien avec play-list très sixties du Moine de Lewis.



Ou alors un épisode futuriste de Game of Thrones mis en musique par les Mama's et les Papa's...



Le Moine sanglant c'est Manson : il a la frénésie sexuelle de Little fingers, la taille de Tyrion Lannister, la « délicatesse » de Ramsay Bolton (les fans de G. O. T me comprendront !!).



Ou alors un David Lynch particulièrement déjanté...



Incroyablement documenté, sans aucun commentaire, moralité ou apologue, brutalement vrai, mais jamais voyeur, ce récit nous donne à voir de l'intérieur- on épouse le regard de Sadie, de Tex, de Linda..- l'épopée sanglante d'une folie manipulatrice dans des décors de cinéma rendus complètement surréalistes : vieux ranches poussiéreux, clubs de motards tout droit sortis d'Easy Rider, belles villas hollywoodiennes, désert du bout du monde, plages de surfeurs blonds et bronzés..



Âmes sensibles s'abstenir…

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Jayne Mansfield 1967

Sentiments partagés à la lecture du livre de Simon Liberati. Un roman qui démarre pourtant de belle manière. Le récit du dramatique accident qui coutera la vie à la célèbre bimbo des années soixante vaut vraiment le détour. C’est à mon avis pour ces pages que le livre mérite l’attention. Et puis bizarrement, comme si Liberati avait lui aussi perdu le contrôle, son biopic devient tout à coup bien moins intéressant. Le choix de narrer les derniers mois de Mansfield, d’une façon froide, clinique m’ont fait décrocher de nombreuses fois. Liberati fait le choix d’anecdotes (pas toujours intéressantes) au détriment d’un portrait plus fouillé de cette femme au QI exceptionnel, addictive à l’alcool, à la drogue, au sexe, étrangement attiré par le satanisme, et qui sera rejeté par le tout Hollywood après de nombreuses frasques et d’autant de navets cinématographiques.

Un livre bien oubliable, pourtant Prix Fémina 2011 !, que j’ai refermé déçu et frustré.



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Eva

Je regrette d'avoir acheté cet ouvrage..

D'une nature indulgente, je ménage mes critiques et cherche toujours les bons côtés d'une oeuvre, cette fois non!

Cet auteur qui affirme page 37: " je n'ai jamais voulu séduire que l'élite", n'a pas la plume modeste.

Ce livre mi- confession mi-portrait même s'il apparaît comme un manifeste amoureux reconstitue par petites touches, entre passé et présent, l'Eva d'aujourd'hui et celle d'hier.

Cette manie de truffer l'ouvrage de références culturelles, citer Nerval et Sylvie, la maison Balzac, en surplomb de l'hôtel de Lamballe où Nerval fut interné, las!!

Bref, je ne veux pas m'étendre.......je n'aime pas l'écriture de cet auteur.

Une prose nombriliste, ennuyeuse, égocentrique......

Une oeuvre pourtant célébrée par toute la presse.

Je vais fâcher les inconditionnels , tant pis, j'assume !
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Performance

Il a soixante et onze ans. Il est écrivain, mais un AVC lui a coûté son inspiration. Incapable d’écrire une ligne, il accepte à contre-coeur sur la proposition d’un producteur , de scénaristes une série sur les Rolling-Stones. Pour continuer à exister, pour pouvoir se regarder (avec dépit) dans un miroir, et être encore à la hauteur dans les yeux de la jeune femme qui partage sa vie (et accessoirement recevoir quelques subsides pour compenser les insuffisances de sa trésorerie).



Entre deux anecdotes qui constitueront les scènes du biopic, il se plaint beaucoup. De la vieillesse qui se révèle être un naufrage, pour citer le général de Gaulle, de ce corps qui le lâche, de l’échéance d’une fin de vie, d’un bilan qui lui paraît dérisoire. Même s’il est adepte de l’autodérision, la blague est malgré tout bien cruelle.



S’il est difficile de trouver des raisons de se réjouir de ce discours, le vieillissement nous attend tous, le ton reste léger, en particulier pour décrire les manies d’Esther, la compagne de ses vieux jours, fille d’une de ses ex, et qui l’appelle Mimi !



Le roman fait aussi la part belle au thème de la série sur laquelle « Mimi» travaille. Mais il s’agit essentiellement de courtes évocations d’épisodes de la vie du groupe et de ses satellites, Marianne Faithfull, Anita Pallenberg … Alcool, drogues, et succès difficiles à gérer : les exactions des stars des années soixante-dix en font des victimes d’une époque dont ils n’ont pas compris les enjeux.



Le roman est très bien écrit, on aurait aimé quelque chose de plus développé sur les Stones. Le thème du vieillissement est le mieux traité, et confère donc à l’ensemble une ambiance assez morose.





252 pages Grasset 17 Août 2022

#Performance #NetGalleyFrance
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Performance

Il est ou plutôt était écrivain, déjà âgé. Suite à un AVC, l’inspiration l’a fui. Cet homme est amoureux et vit avec son ex-belle-fille, la fille de son ex-femme : cinquante ans d’écart. Pressé par le besoin d’argent, il accepte d’écrire le scénario d’une série télé sur le début des Stones, jusqu’à la mort de Brian Jones en 69.

J’ai aimé me plonger dans cette période même si elle ne constitue pas la partie principale du livre, et même si l’écrivain (le héros du livre) nous la raconte à travers son ressenti et sa situation particulière, en y cherchant des clés, pour mieux comprendre sa propre vie. C’est bien la seule chose que j’ai aimée.

Je n’ai pas aimé ce roman : je n’ai pas aimé le style, trop recherché, rendant la lecture peu fluide. Je n’ai pas aimé les personnages, aucun ne m’a donné envie de faire plus ample connaissance avec lui, et tout particulièrement le personnage principal, ce vieil homme à qui la vie échappe, son métier d’abord, il ne sait plus écrire, plus d’inspiration, et bientôt il le pressent cet amour que la différence d’âge condamne à brève échéance. Cet homme ne parle finalement que de lui, s’auto-analyse sans arrêt et je n’y ai trouvé aucun intérêt. Et ce qu’il décrit de sa relation amoureuse avec cette jeune fille n’a rien d’original, j’ai déjà lu cela …

Lu dans le cadre du jury du prix Fnac, dernier des livres reçus, celui que j’ai le moins aimé.

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Eva

Liberati ne m'avait pas vraiment convaincu avec son « Jayne Mansfield, 1967 », et c'est pas avec celui-ci que mon avis va changer. On imagine très bien le pourquoi d'un tel livre,la rencontre entre l'auteur et Eva Ionesco, deux personnes torturées, en rébellion, qui apaisaient leurs angoisses dans les nuits parisiennes, avec pour Eva une enfance traumatisante pour ne pas dire plus, qui en aurait détruite plus d'un(e). Mais voilà, l'écriture de Liberati m'ennuie, je ne met pas en doute sa sincérité mais ou cela devrait me toucher, me mettre en empathie, et bien tout cela me laisse de marbre. Il y a des auteurs comme çà, sûrement que nombreux lecteurs y trouveront un intérêt, ce n'est pas mon cas. Toujours frustrant.



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Eva

« Eva » de Simon Liberati est une histoire passionnelle qui avait toutes les chances de ne jamais voir le jour. Dans un milieu où tout le monde boit avec tout le monde, tout le monde baise avec tout le monde et tout le monde se drogue avec tout le monde, un milieu où les gens se croisent et se décroisent, où l’éphémérité des relations a la spontanéité des flashs des appareils photographiques, ce monde de la nuit est la matrice qui engendrera l’attraction fascinée de Simon est d’Eva. Elle a treize ans, il en a dix-neuf. Première rencontre. Ils s’aperçoivent et leurs trajectoires stellaires les éloignent aussitôt. Deux comètes.

Des années plus tard, ils se retrouveront et vivront la passion qui les unira pour longtemps. Chacun sera la bouée de sauvetage de l’autre, alors ils se raccrocheront l’un à l’autre, chacun pansant les blessures existentielles de l’autre.

« Eva » est une histoire extraordinaire racontée avec tout l’onirisme, toute la poésie que le talent de Simon Liberati a su extraire de cet univers impitoyable qu’est le monde des nuits parisiennes, un univers qui broient les âmes trop faibles ou trop addictes à ce qui brille, un système qui avale les personnalités appâtées par la promesse d’un paradis artificiel qu’offre la chimie opioïde ou qui détruit les cœurs au prétexte de coupables déviances.

Le roman de Simon Liberati est le récit d’une résurrection, du retour d’Orphée et d’Eurydice des enfers sans que cette fois il ne se retourne.

Editions Stock, 278 pages.

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California girls

Premier roman de Simon Liberati que je lis, bien que je connaisse sa plume depuis bien longtemps, quand il écrivait dans mon magazine préféré, 20ans...

Quelque chose émane de ce roman superbement ecrit, une lumière aveuglante, des crépuscules fuchsia sur le Pacifique, des parfums de fleurs tropicales, des piscines abandonnées sous les étoiles, tout un rêve californien, qui nous rend nostalgiques d'un monde que nous n'avons pas connu...Et puis, sans vraiment l'assombrir , mais comme une face cachée, l'odeur du sang des victimes, la sueur, les vêtements moisis des adolescentes aux fleurs dans les cheveux, le regard hypnotique du diabolique Charles Manson...Sur fond de Mamas et de Papas, de Beach Boys et de Beatles.

Simon Liberati reprend, quasiment heure par heure, les agissements des principaux membres de la "Famille Manson" entre les 8, 9 et 10 août 1969. Trois jours, sept morts affreuses. Le gourou maléfique ordonne à 4 de ses adeptes ( 3 adolescentes et un jeune homme) le meurtre de Robert Melcher, producteur des Beach Boys, qui serait responsable de son échec musical...mais Melcher est absent, et presque par hasard ( la maison est l'ancienne du producteur) le quatuor sec retrouve à assassiner de parfaits inconnus qui se trouveront être Sharon Tate, la compagne de Polanski enceinte de huit mois, un ami d'enfance de Polanski, sa compagne et le coiffeur de Sharon Tate. Meurtres atroces, qui nous sont décrits quasiment en temps réel, et nous ressentons leur amateurisme, leur non sens, leur cruauté immonde. Ces meurtres seront suivis le lendemain de celui du couple La bianca, là aussi au hasard. Jamais Charles Manson ne participe. Il ne fait qu'ordonner.

Le roman s'axe principalement autour des jeunes filles, sans explicitement chercher à clarifier leurs motifs. Pas ou très peu d'analyse psychologique, mais une ambiance, à la fois solaire et profondément délétère. Des jeunes filles perdues, qui trouvent en Manson, gourou performant, une réponse à leur soif d'attention, de reconnaissance et d'amour. Il est l'amour parfait, puisqu'il leur dit être le Christ...Ces âmes faibles succombent. Ce qui les a rendues si faibles, si malléables, si vides, dans cet environnement si grandiose, je ne le comprends pas. Ces filles, qui sont d'ailleurs toutes en vie sauf une, Sadie-Susan Atkins, n'ont jamais rien expliqué.

Le roman est un choc brutal dans un paradis à la fois artificiel et réel, une interrogation posée sur le Mal alors que règne une liberté quasi totale...donc un Mal pas banal, un Mal qui n'est pas de fonctionnaires zélés dans les bureaux d'une dictature sanguinaire, un Mal qui nait au coeur de hippies manipulés par un gourou raciste et paranoïaque, au milieu des palmiers, des surfeurs bronzés et des plages enchanteresses...Un mystère de plus dans le coeur humain, sans réponse, inéluctable et tranchant comme un couteau de cuisine.
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Les démons

Ce roman sulfureux , perturbant s'il en est , ressuscite, à sa manière les vies de nombreuses «  vedettes » des sixties , période mythique où figurent des personnes connues , ainsi que deux frères et une soeur , fortunés , descendants de Russes Blancs émigrés , famille d'oisifs slaves , rêveurs qui vivent dans un château un peu décrépi , le domaine familial .....



Le roman commence en 1966, sur le grand escalier du Pavillon des Rochers, près de Fontainebleau , le lecteur découvre les lieux : Taïné , mariée à dix-sept ans , belle héritière russe , aux cheveux de lin, «  aux yeux gris et pommettes de Kirghise » , qui se languit dans cette mollesse snob , son frère Serge, polytechnicien avec elle entretient des relations incestueuses, , Alexis , le jeune frère homosexuel, le parasite : le bien nommé Donatien , pseudo - écrivain , une sorte d'énigmatique Rastignac,...

Le père toujours absent , surnommé : Chouhibou , entre deux maîtresses, la mère s'est suicidée. et Odette , la grand- mère , elle aussi mystérieuse ...

Une famille qui donnait déjà des signes de faiblesse depuis le XVIIIe siècle ...

Ces damnés traînent leur désoeuvrement , la séduction de la jeunesse masque mal une certaine cruauté révélatrice .

Ils se nommaient «  Les petits princes des ténèbres » ...

Ils rêvent insolemment , d'écrire , d'inspirer une oeuvre ou être inspirés entre les pages d'un livre! .

La tragédie les frappe , un accident de voiture en Maserati 3500GT , son explosion dans un bruit de ferraille tuera Serge sur le coup et .défigurera TAÏNÉ.

En ce printemps 1967 ,la bascule les entraînera vers une époque nouvelle : celle des plaisirs troubles pour ces personnages jamais heureux , lascifs ,flagorneurs , nonchalants , entre Paris , Cannes et Bangkok : drogue , morphine , fumeries d'opium , bohème pleine de billets de banque, paradis artificiels , épate - bourgeoise, érotisme , mélancolie, jalousies , mesquineries .



On a l'impression que l'auteur revisite ses fantasmes érotiques , frime , superficialité , fin d'époque , —— carnaval morbide du sexe , de la drogue , dans une sorte de perversité flagorneuse , provocante , qui dégoûte un peu le lecteur.



Pour moi une plongée dans l'érotisme du drame familial au thriller débridé, explosif , malicieux , des plus fantasques ....



On ne sait pas si on aime on pas la danse audacieuse et désespérée de ces personnages, tel un bal - roman tournoyant dans un style coloré , précieux et élégant , peut- être un peu désuet ..

Une fin de règne , ambiance trouble, entre oisiveté , luxure et décadence !

Ce sera mon deuxième dernier opus de cet auteur !

Il n'est pas pour moi !!

Oú l'on croise Truman-Capote , Brigitte BardotLouis-Aragon, Marcel Jouhandeau ,Andy Warhol Marie - Laure de Noailles et bien d'autres ,....
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Les démons

Nous sommes donc en 1966 dans le château de la famille Tcherepakine, famille de l’aristocratie russe, sur le déclin. On a d’abord Serge, l’aîné, brillant étudiant, sa sœur Nathalie surnommée Taïné par leur mère (en référence à un chien qu’elle a beaucoup aimé !) et le petit frère Alexis, dix-sept ans. A cette fratrie est venu s’adjoindre Donatien, dans le rôle du pervers manipulateur. Tous les quatre se sont surnommés « les petits princes des ténèbres ».



Donatien, outre ses magouilles, se prend pour un écrivain, et tente vainement d’écrire quelques phrases par jour, il est persuadé que fréquenter des écrivains va lui ouvrir des portes…



La mère s’est suicidée et le père, surnommé « Chouhibou » occupe un poste de censeur : c’est lui qui accorde les autorisations pour les films (qui censure les scènes qu’il juge trop osées) et le visa éventuel vers le festival de Cannes et il y a encore la grand-mère Odette… tout le monde habite les Rochers.



Il s’agit d’une famille d’oisifs, qui vit plus ou moins de ses rentes, tous les espoirs pour éviter la faillite reposant sur Serge. Mais, un soir de beuverie, celui-ci prend la route au volant de son bolide : excès de vitesse conduite à risque… et c’est l’accident. Serge est mort, la belle Taïné est défigurée. Il va falloir trouver de l’argent pour la chirurgie esthétique aux USA car en France on en est aux balbutiements…



Le décor est planté et on va voyager au cœur de cette famille, aux mœurs plutôt dissolues : le roman commence par une scène incestueuse entre Serge et Taïné et déjà le livre a failli me tomber des mains, mais la curiosité étant éveillée, j’ai continué…



Voyager est le mot qui s’impose car ils nous entraînent au festival de Cannes, où l’on aimerait bien voir Brigitte Bardot (qui snobe ouvertement ledit festival !) et son nouvel amoureux Gunther Sachs, Andy Warhol qui veut présenter son film, on rencontre aussi Truman Capote, on évoque Tennessee Williams…. On croise aussi Aragon et Elsa Triolet et j’en oublie…



Ce roman sulfureux au possible, flirtant avec la pornographie parfois tant les termes sont crus, notamment dans les relations sexuelles tordues de certains, la manière de traiter les femmes, les magouilles de Donatien pour s’approprier le château, ou encore d’autres protagonistes tordus qui nous entraîne en Thaïlande, sur fond de références à « Emmanuelle », le roman plus que le film, la drogue, les antalgiques… (suite sur mon blog)



C’est la première fois que je lis un roman de Simon Liberati et je suis incapable de dire si je l’ai apprécié ou non, tant il est perturbant, notamment la partie qui se déroule en Thaïlande car on est carrément passé à la pédophilie, la prostitution… chacun a la sexualité qu’il veut, cela ne me dérange en rien mais dans la mesure où l’on respecte l’autre. Je ne verrai plus Truman Capote ou même Tennessee Williams de la même façon désormais.



Une expérience que je ne regrette pas, mais que je n’ai pas envie de prolonger, même si les propos sur la littérature sont profonds parfois… envoûtant, comme le dit le résumé de l’éditeur, certes, mais balzacien, c’est exagéré…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m’ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur dont je n’avais pas encore tenté de découvrir la plume…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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California girls

En couverture du livre, accrocheuse en diable, une photographie en noir et blanc de Sharon, dont le visage d’une incroyable beauté, altier, inaccessible, regarde au loin. « C’est un beau Roman, c’est une belle histoire… » Oui, la vie de Sharon Tate correspondait à ce début de chanson fondant. A la fin des années soixante, l’actrice à succès vit en effet une romance avec le beau Roman, réalisateur charismatique en plein essor dont elle est l’épouse très enceinte. En compagnie de trois amis, elle attend la délivrance dans sa somptueuse villa de Beverly Hill, à Cielo Drive. Tout bascule en cette nuit horrible du vendredi 8 août 1969. Le destin tragique s’invite dans les collines, à bord d’une Ford Fairline. Charles Manson a lâché ses zombies. C’est la narration de l’épopée sanglante de quatre membres de la « Famille » téléguidés par leur gourou dont il est question ici. Il s’agit donc d’un témoignage, d’un éclairage instructif et documenté. L’auteur dit avoir écrit « pour exorciser ses terreurs enfantines » et avoir « revécu seconde par seconde le martyre de Sharon Tate ». L’assassinat à l’arme blanche de Sharon Tate (et celui des autres victimes de la secte), est pour moi aussi un événement choquant, monstrueux, planté comme une épine au cœur de cette Californie insouciante baignant dans le Power of Love. Horrible, l’acte est aussi gratuit -l’actrice n’était pas foncièrement la cible, mais était là au mauvais endroit et au mauvais moment-, et d’une inconcevable férocité perpétré par des gamins endoctrinés. Le pari annoncé de revivre « seconde par seconde le martyre de Sharon Tate » est scrupuleusement tenu. Mais… sans une once d’empathie. Certes, ce n’était pas le propos, il y a cependant une certaine indécence à exploiter cette affaire sordide sans faire montre d’un peu de compassion, voire d’humanité, ne serait-ce qu’un billet rapide en préambule ou à la fin du livre... En ce qui me concerne, l’exorcisme « des terreurs enfantines » liées à cette nuit maudite, n’a pas marché. La conjuration réalisée par Quentin Tarantino dans son film « Once upon a time in Hollywood », où il en propose une version loufoque est par contre bienvenue, et démontre à quel point, après avoir fait couler tant de sang, la mort de Sharon Tate continue de faire couler beaucoup d’encre et résonne lugubrement dans l’inconscient collectif…
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California girls

Simon Liberati écrit bien. Merveilleusement bien. Malgré le sujet plus que lugubre, une espèce de calme, je ne dirais pas sérénité mais calme se dégage de cette histoire. On connait tous Charles Manson, ses filles et l'horrible meurtre de Sharon Tate. J'ai tellement hésité avant de lire ce titre, parce l'horreur doublée d'incompréhension que m'inspire ces sectes font en sorte que je me tiens éloignée de ce genre de récit.

Mais la Californie fin des années soixante, c'est quand même toute une époque. Un idéal, un mode de vie à copier. La plage, les surfers, les fêtes, tout ça est bien invitant. C'est aussi la fin d'une fin d'époque et le début d'une autre. Musique, drogues, droits civiques, motards, tout y est. Une époque qui , qu'on le veuille ou non, a radicalement changé les choses. Et Simon Liberati a su parler de tout de cette époque en quelques mots, quelques phrases, quelque pages. Malgré le biais, assez trash, disons-le, choisi pour en parler, son survol est révélateur des moeurs d'une époque en fin de vie ou en début d'une autre.

California Girls c'est quelques heures des la Famille Manson, les heures les plus noires peut-être mais racontées sous beaucoup de lumière. Ce n'est pas une enquête mais plutôt une tranche de vie. Celle de jeunes filles, leur égarement, leur perdition et malgré la beauté du récit c'est d'une tristesse infinie. Oui Charles Manson et ses filles ont marqué de sang l'imaginaire de tous encore près de cinquante ans plus tard.

Je ne connaissais pas la plume de Liberati. Elle m'enchante, elle est contemporaine, elle coule vivement et clairement sur le récit même si celui-ci est abominable.
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California girls

Aux premières lueurs du jour ou à l’orée d’un soir, j’ai allumé la radio. Une station FM de vieux, probablement, avec de vieux tubes chantant, et entraînant, et entêtant... Ça passait un air de déjà-entendu d'une autre décennie d'un siècle dernier, un titre des Beach Boys, station FM de très vieux je te l’accorde. Beach, tubes, le sable fin, des surfeurs qui courent sur la plage, des surfeurs sui sautent sur une planche, des surfeurs qui s’engouffre dans un tube d’eau et d’écume. Et le soleil. Et les surfeuses, ne jamais oublier les surfeuses bronzées. California Girls sur des ondes ensoleillées. J’aime ce genre de vibrations.



Du coup, j’ai envie de soleil, de filles en bikini et de plage. Le second effet Beach Boys. Dès les premières notes, je ressens déjà ce soleil réchauffé mon vieux cuir. Avec un peu plus d’imagination, je me retrouve même au bord d’une piscine à l’eau bleu turquoise dans une maison luxueuse d’Hollywood. Une blonde plonge dans l’eau, une brune, grosses lunettes de soleil années soixante-dix, est allongée sur une chaise longue. J’hésite entre un Blue Lagoon et un Sex on the Beach. Good Vibrations. Elles sont belles ces nanas, cette blonde qui sort de l’eau, cheveux mouillés bikini tendance transparent, Barbara Ann, et cette brune au corps huilé, jambes caramélisées sourire sublimé. Je sirote mon cocktail, tranquille mon regard perdu dans cette musique d’un temps insouciant. Mais attention, le diable rode. Ou Satan. Ou Charlie. Appelle-le comme tu veux, Charlie et ses drôles de dames. Il est là, près de moi, prêt à me trancher la gorge en jouant de la guitare, m'enfoncer un piolet dans le cœur comme si j'étais un vampire en dansant comme dans un bal, le masque du démon en personne. Charles Manson et ses California Girls, des hippies aux cheveux gras et aux jambes poilues, prêtes à saigner les cochons pour son gourou. Drôle d’époque, drôle d’ambiance, je me retrouve finalement bien loin de la pop wilsonienne et de la beauté de Sharon Tate… Et je repense à ce bouquin lu il y a des années pour lequel je n’avais rien écrit. Et je me dis que l’auteur, Simon Liberati, doit bien aimer cette période, sixties, ce n'est pas son premier roman sur cette époque.



California Dreamin’, une planche de surf dans le pick-up, un massacre sanglant au bord de la piscine.
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California girls

Sur le même matériau de départ que l'ample fiction d'Emma Cline, l’approche immersive et paradoxalement distanciée de Simon Liberati est finalement d'une approche sensiblement différente.



D'après ce qu'il peut en dire dans les interviews de promotion du livre, Liberati, choucou des médias intellos parisiens à chacune de ses parutions, s'est interessé à ces filles de manière quasi obsessionnelle tant ce fait divers le passionne depuis l'enfance.



Simon Liberati choisit d'évoquer les jours précédant les meurtres, puis les meurtres eux-même, en totale immersion, nous plonge directement sur les lieux des massacres,et nous fait revivre les derniers instants des victimes



S'appuyant une documentation sérieuse, du type rapports de police et procès verbaux d’interrogatoires de témoins, Liberati fait montre d'une grande précision dans les faits et descriptions macabres.



California Girls possède le grand atout de rendre compte du mode de vie de ses filles et nous montre avec grande minutie, comment vit une horde de hippies dans le début des années 70



Alors que dans le roman de Cline, Les meurtres en eux-mêmes semblent finalement assez peu l’intéresser, étant traités seulement à la toute fin et rapidement, ils sont bien détaillés dans California Girls, qui ausculte les faits dans toute leur horreur, sondant le Mal pour mieux l’exorciser.



Si Liberati parsème de pas mal d' indices les motifs de cette violence latente qui entoure cette secte, le mystère de la psychologie de ses membres reste bien présent à la fin de la lecture. Liberati ne juge jamais ses personnages mais ceux ci donnent parfois l'impression d'être de pantins décervelés assoiffés de violence et de sang.



Par rapport à The girls, le fait divers est traité bien plus frontalement mais, en même temps, ce parti pris de faire une étude quasi clinique des faits empêche malheureusement, et contrairement au livre de Cline, l'émotion d'étreindre le lecteur, qui se sent parfois un peu oppressé par cette description sans concessions de faits particulièrement glauques.



On a en effet l'impression de se retrouve un peu devant un rapport de justice ou de tribunal et cette acumulation de faits documentation sur laquelle s'apuie Liberati possède ses avantages et ses limites.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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