Citations de Sok-yong Hwang (227)
- Le chef, c'est mon père. On vit tous les deux ici, j'ai pas de mère. Mon père, il me parle jamais.
- Pourquoi?
Il baissa la tête.
- Parce que je suis pas bien dégourdi.
Gros-Yeux pensait en effet qu'il devait avoir, comme on dit, un asticot dans la noisette, ce dont il venait de convenir lui-même.
Chong se garda de rien promettre. Elle savait que le temps ni l'eau des rivières ne remontent leurs cours.
Et j'ai fini par comprendre que vivre, c'est attendre et patienter. Même si nos espérances ne sont pas comblées, l'essentiel est de vivre et de laisser le temps faire son œuvre.
La mémoire conserve parfois des versions fort différentes d'une même expérience, car avec le temps on oublie des choses ou bien on en garde des récits biaisés par l'état d'âme du moment.
p115 La mémoire conserve parfois des versions fort différentes d'une même expérience, car avec le temps on oublie des choses ou bien on en garde des récits biaisés par l'état de l'âme du moment.
p 86 Dans le temps, nous avons acculé nos voisins qui habitaient de vieilles masures à étouffer leurs rêves ou à partir.
L'architecture devrait se montrer attentive à reconstruire la vie des gens en respectant leur mémoire et non pas à la détruire. Il est clair aujourd'hui que ce rêve, nous avons échoué à le réaliser.
- Non, on ne va pas vous ramener, dit Jong. Il a dit ça pour plaisanter. Où est-ce que vous allez ?
. Essuyer une plaisanterie fut pour elle encore plus vexant que d'avoir exposé son derrière.
- Vous vous êtes mis en ménage ?
- Elle avait des principes. On a bien failli faire un gosse… Au printemps, je me suis retrouvé sans boulot, alors elle est partie se placer comme bonne à Séoul. On s’est promis de se retrouver quand on aurait gagné de quoi se mettre en ménage. Mais les traîne-misère comme nous, on ne peut pas les tenir, ces promesses-là. Des fois, je me relève la nuit, je pense à elle sans pouvoir me rendormir.
Ce n'est pas par ambition (devenir un jour général !) que j'avais choisi l'école militaire, mais simplement parce que je n'avais pas les moyens de me payer des études à l'université.
- Avant non plus, tu n'aimais pas les enfants ?
- Je sais plus comment j'étais avant, plus aucune idée là-dessus.
[Guerre du Vietnam]
En fin de compte, tout est rêve. N'est-ce pas vrai ? Un rêve non encore concrétisé finit par devenir réalité avant de s'envoler comme un rêve.
Espace, temps, humanité? Quelle place avez-vous réservée à l'homme dans vos projets architecturaux? Si on veut mesurer cette place dans vos réalisations, vous aurez bien des raisons d'avoir des regrets avant votre mort.
Un chien qui court après une chienne ne craint pas de se jeter dans les ronces!
La vieille dame toisa Chong par-dessus son éventail:
- Vois un peu ses pieds comme ils sont laids! dit-elle en faisant la moue. On ne les lui a jamais bandés!
- Quelle importance? Elle doit seulement assurer le réconfort de mon père.
Cette guerre est un enfer provoqué par l'arrogance des puissants et le désespoir des pauvres. Nous sommes pauvres, nous n'avons pas grand-chose à donner, mais nous pouvons toujours venir en aide aux autres. Ce n'est qu'ainsi que le monde deviendra meilleur.
Que faire ? Que faire ?
Je ne peux ni vivre ni mourir.
Que faire de mes enfants ?
Je ne peux ni rester ni partir ?
p.179
-Vous êtes ignobles! Croyez-vous être seuls à vivre ici ? Vous les hommes, vous pouvez bien tous disparaître, la nature continuera d'exister, elle ! p.175
Faire la queue pour prendre un bain dans de l'eau souillée, tel était, pour les gens de l'île, le prix à payer pour retrouver provisoirement le statut de citoyens ordinaires." p.85
"Son regard s'arrêta sur des jeunes filles. [...] Mais il les regarda sans émoi, à la différence de tout à l'heure, comme si entre-temps il était devenu adulte. Avait-il compris, en regardant le film, qu'il ne pourrait pas entrer dans la scène. p.152
A l'approche de la fête de la Lune, il y avait abondance de produits alimentaires périmés : on s'en mettait plein la panse. Les gens avaient rempli leur réfrigérateur deux ou trois jours avant la fête, et maintenant, parce qu'ils avaient accumulé en excès, [...] ils jetaient quantités de nourriture encore valide. p.77
Il nettoya la partie souillée à grands coups de langue, cracha, puis y planta les dents. Quant à Gros-Yeux, alors que par le passé il aurait répugné à manger ce genre de chose et même rompu toute relation avec des copains qui l'aurait invité à partager pareil butin (c'était certainement bourré d'gents conservateurs, ça avait dû traîner dans un frigo avant d'être jeté ...), il plongea ses doigts dans le sachet pour en tirer une saucisse. - Finalement, déclara-t-il, c'est pas si mal! p.44