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Critiques de Stefan Hertmans (173)
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Une ascension

Jeune homme dégourdi, grand gaillard sûr de son charme, William Verhulst est borgne depuis son enfance. De ce fait, adolescent il a échappé à l'enfer puisqu'il a eu 20 ans en Juillet 18. Il promène son indécision dans les années 20 et se laisse séduire par les nouveaux pangermanistes quand leur toute puissance s'imposera en Belgique à la fin des années 30.

Verhulst, chaud lapin finalement marié à Mientje, une protestante pieuse avec qui il a eu trois enfants, va devenir un collabo très impliqué, jusqu'à endosser l'uniforme nazi et à occuper des fonctions officielles répressives dans la Belgique occupée.



Le livre nous conte son ascension, la difficulté pour sa famille à vivre les inquiétantes sympathies du père dans les années de guerre puis le tourbillon de la dégringolade quand le vent a tourné, la fuite en Allemagne, enfin le retour en Belgique de la famille, disloquée quand Verhulst fut capturé, jugé et enfermé après la capitulation de l'Allemagne.

Ce sinistre parcours est édifiant mais j'ai eu du mal à me passionner. J'avoue même que j'ai été tenté de "lâcher l'affaire" plus d'une fois, peut-être à cause de la surabondance de détails, du style un peu trop neutre et parfois presque...besogneux, enfin de la complexe rivalité entre les belges flamingants et les francophones.



On m'a présenté ce bouquin dans une table ronde en mentionnant l'exemple de "Lacombe Lucien", l'excellent film de Louis Malle qui m'avait marqué en son temps.

Je m'attendais donc à plus de ressenti de ma part, plus en tous cas que l' impression d'ennui teinté d'un vague dégoût que me laisse ce loooong récit.

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Le coeur converti

Stefan Hertmans reste un conteur hors pair, je l'avais déjà beaucoup apprécié avec : Guerre et Térébenthine où il explorait les mémoires de son grand-père.

Il a la grande faculté de passer au gré des chapitres d'une histoire à une autre tout en ne nous perdant pas dans l'intemporalité.

Dans le cœur converti, il nous plonge dans l'Histoire d'un événement qui fut sans conteste sanglant et déterminant pour l'essor de la religion : le début des premières croisades.

Stefan Hertmans vit depuis plus de vingt ans dans un petit village du Vaucluse nommé Monieux.

Il découvre incidemment que l'Histoire est passée par ce petit village somnolent au soleil.

Et, avec une maîtrise absolue, il commence à nous raconter l'histoire d'une jeune femme Normande du XI ième siècle qui a fuit sa ville natale de Rouen avec un jeune juif qui la convertira au judaïsme en l' épousant.

Vigdis deviendra Hamoutal, une femme convertie pour le monde juif, une hérétique pour les siens.

Dès lors sa vie va devenir une succession de tragédies et d'errances qui la mèneront jusqu'en Egypte.



L'épisode le plus marquant et effrayant pour le lecteur me semble-t-il, est le passage des croisés comparé à " un serpent de fer", il dévaste tout sur son passage ne laissant que larmes et désolation.

C'est d'ailleurs après son passage à Monieux que la vie d'Hamoutal bascule dans l'enfer.

Stefan Hertmans, plus de mille ans plus tard entreprend de nous conter l'histoire de "ce coeur converti", pour cela il décide de marcher dans les traces d'Hamoutal refaisant son périple de Rouen, via Narbonne, puis l'Égypte.

On le suit avec beaucoup d'intérêt , on tremble avec Hamoutal, on respire avec elle.

C'est une lecture totalement saisissante !
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Une ascension

Pas besoin d'un résumé détaillé pour écrire quelques lignes sur Willem Verhulst. L'auteur, Stefan Hertmans nous fait vivre tout au long des 544 pages (éditions Folio) l'ascension et la chute d'un salaud ordinaire de la collaboration flamande pendant la 2è guerre mondiale. L'évolution du personnage est abjecte et la lecture de cet ouvrage n'est pas faite pour distraire mais pour informer. Comme historienne de l'époque contemporaine, je connais les faits de collaborations avec l'ennemi auxquels s'étaient livrés des belges inciviques mais je n'avais jamais eu connaissance d'une histoire aussi précise qui a demandé de longues années de reconstitution à l'auteur. Ce livre est particulièrement instructif en particulier pour les lecteurs belges de Babelio à l'approche des élections législatives du 9 juin prochain où un parti d'extrême droite flamand affiche des scores qui font peur.
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Une ascension

Un sujet qui donne envie.

Quand on découvre que la maison que l'on a acheté appartenait à un ancien SS flamand, pour moi ça laisse présager des decouvertes, de vieux secrets révélés. Je n'ai rien retrouvé de tout ça.

C'est long et monotone, même si c'est bien écrit, mais surtout on se rend très vite compte que l'homme dont on parle s'avère inintéressant au possible.

Très décevant.
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Une ascension

Très intéressant! Un roman historique comme l'auteur sait bien en écrire. On suit avec le narrateur ses découvertes sur les anciens habitants de sa maison, une mère de famille ordinaire, mariée à celui qui devient peu à peu l'un des plus grands SS de sa région. Un roman écrit avec une véritable sensibilité.
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Une ascension

Un angle de la seconde guerre mondiale et de la collaboration que je ne connaissais pas : la conjonction du nationalisme flamand avec le nazisme. Cet aspect est raconté en mettant au centre de l'histoire et l'Histoire une maison, celle du narrateur et qui fut avant celle d'un zélé collabo dont toute la famille ne partage pas les opinions... Intéressant et même si l'écriture est parfois un peu pesante, on se laisse embarquer dans le tumulte de cette période assez facilement.
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Une ascension

Le narrateur décide d'acheter une maison à Gand, Belgique flamande, en 1979. Il apprend que cette demeure a appartenu à un SS, Willem Verhulst, belge et nationaliste flamand qui a fait allégeance au parti nazi. Alternant les chapitres qui décrivent la visite immobilière et les chapitres historiques, Stefan Hertmans montre comment un homme ordinaire peut devenir un nazi.

Dès son plus jeune âge, Willem perd un œil. Il se marie avec la femme du boulanger qui part avec lui, mais qui meurt prématurément. Son deuxième mariage, avec une femme de la campagne, lui donne trois enfants. Témoins des exactions de leur père, ils donneront plus tard des entretiens et laisseront des écrits intimes.

Willem est un personnage antipathique, très tourné sur lui-même. On sent de la lâcheté en lui, et le petit pouvoir qu'on lui assigne (celui de dresser des listes pour le Parti) semble compenser ses blessures et sa personnalité fragile. Au moment de la défaite, il n'hésite pas à partir sans sa famille et à s'enfuir avec sa maîtresse.

Le nationalisme flamand a été un terrain propice à la montée du nazisme. Ce roman est une enquête historique, qui fait ressurgir le passé, une part de l'histoire qu'on connaît moins, celle de la 2ème guerre mondiale sur le front belge et néerlandais.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Le coeur converti

J'avais adoré "Une ascension" de cet auteur relatif à ... l'ascension - tout à fait véridique - d'un rexiste gantois et ses méfaits horribles et lamentables. Je me réjouissais donc de le retrouver pour une histoire - tout aussi véridique - d'un amour fou et de la fuite d'un jeune couple "mixte" juif et chrétien au 11e siècle, amour impossible à la Roméo et Juliette. Pourtant j'ai abandonné ce texte à sa moitié. A force de relater cette fuite dans les moindres détails, les lieux et recoins par lesquels ils étaient passés, je n'y ai plus trouvé d'intérêt sinon sans doute pour un historien soucieux de retrouver leurs traces, ce que je ne suis pas ! Dommage ( pour moi) . J'espère sincèrement que d'autres y auront goûté avec davantage de plaisir car Stefan Hertmans est vraiment un auteur - historien belge qui mérite qu'on s'y intéresse.
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Guerre et Térébenthine

Guerre et térébenthine est un livre puissant qui nous attire comme un aimant sur le spectre du Temps.

Le titre du roman est un peu un clin d'œil à Guere et paix auquel on ne peut pas ne pas songer.

Stefan Hertmans par une écriture pleine de réminiscences nous plonge dans la vie de son grand-père, aimé et respecté de ses jeunes années.

A la fin de sa vie, son grand-père lui confie son journal qu'il a commencé à l'âge de 50 ans.

Pendant longtemps, ce journal est enfermé dans un tiroir, Stefan Hertmans n'a pas envie de s'y plonger ou n'est pas prêt à rendre le devoir de mémoire que son grand-père lui propose avec ses feuillets.

Toute la vie de son grand-père se résume dans un paradoxe qui fut une constante dans sa vie.

" Ce ballotement entre le militaire qu'il avait été et l'artiste qu'il aurait voulu être"

Ainsi, le titre du roman assez inédit prend toute sa dimension : la Guerre et la peinture ont été les maîtres mots de sa vie.

Le roman se présente comme un triptyque et cette évocation à la religion n'est pas anodine puisque son grand-père était un homme pieux .

La première partie évoque l'enfance et la jeunesse de son grand-père, à Gand, en pays flamand. Une vie pauvre, laborieuse où un enfant accumule des humiliations, un labeur hors de sa portée comme la fonderie où il y travaille durement.

C'est une dure jeunesse mais c'est un enfant aimé par sa mère et un père , peintre d'église auquel il s'identifie et sera certainement le fil rouge de son goût pour la peinture et l'art de peindre.

Le deuxième volet du roman est déchirant puisqu'il évoque la Grande Guerre, la guerre de 14 avec toutes les horreurs et abominations des tranchées.

Dans le dernier volet, Stefan Hertmans nous révèle le grand amour de son grand-père, comment cet amour l'a fait vivre tout au long d'une si longue vie.

Stefan Hertmans parcourt les lieux de la guerre aujourd'hui inconnus à l'histoire tragique de ce qu'ils ont vu. Il se réfère au concept du paysage coupable ? Où les bois trompeurs de Claude Lanzmann dans son film Shoah.

Les paysages ne retiennent rien de l'histoire, la boucle de l'Yser coule tranquillement et sans quelques plaques commémoratives, rien ne saurait dire ce qui fut.



Un livre fort qui m'a énormément touché.Si vous avez le temps, n'hésitez pas à aller écouter Stefan Hertmans parler de son livre lors d'une invitation à Montpellier.

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Le coeur converti

S. Hertmans a passé de nombreuses années au cœur de la Provence et il a entendu parler d’une femme qui a vécu ici mais qui semble avoir eu plusieurs vies. Son histoire va fasciner l’auteur et dans ce roman il va tente de reconstituer l’histoire et le parcours de cette femme.

Vigdis Adélaïs est issue d’une famille noble viking chrétienne et David est le fils du Grand Rabbin de Narbonne. Dès lors que leurs regards se croisent, plus rien n’existe autour d’eux. Seul moyen de vivre pleinement leur histoire, s’enfuir et trouver la protection de la communauté religieuse de David. Car Vigdis Adélaïs acceptera de changer de religion. Le départ de Vigdis va entraîner une véritable chasse à l’homme dans le contexte des premières croisades. Entre roman historique et d’aventures, on découvre un destin de femme que l’amour a poussé a beaucoup de sacrifices et de folies.
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Une ascension

Ce domaine n’est pas dans mon champ de prédilection, mais la plume de Hertmans fait mouche. Au départ d’une maison gantoise, on découvre l’histoire d’une famille, d’un père collaborateur trompant allègrement sa femme, femme qui récuse les idées de son mari, les enfants également. On se promène dans Gand, dans l’atmosphère collabo, résistante aussi. Et j’ai appris beaucoup de choses.
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Le coeur converti

Un récit admirable. A la fois roman, enquête et essai, Stefan Hertmans s'attaque à un thème très rare dans notre littérature contemporaine, la civilisation du moyen-âge et le début des Croisades.

A partir de l'histoire du pogrom de Monieux où il réside et s'appuyant sur l'étude réelle de deux manuscrits hébreux retrouvés dans la synagogue du Caire, Stefan Hertmans nous raconte comment la chrétienne Vigdis devient Hamoutal en se convertissant par amour pour David, un jeune étudiant juif. Le couple s'enfuit de Rouen et poursuivi par les chevaliers normands traverse la France pour finalement s'installer dans un village isolé des Alpilles. Renonçant au confort de son rang, Hamoutal a cependant déjà scellé son sort: au cri de "Dieu le veut!" les hordes de la première croisade ravage tout sur leur passage.

Le destin d'Hamoutal engendre sous la plume de Stefan Hertmans non seulement une histoire très prenante et un travail d'investigation haletant mais surtout un essai extrêmement bien documenté sur le Moyen-âge central de la France au Caire avec une attention particulière à la description méticuleuse de la vie sociale à cette époque. L'entrelacement de ces trois dimensions est exécuté à la perfection et cette lecture me marque par sa maîtrise narrative exceptionnelle.
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Une ascension

Un livre incontournable pour comprendre ce qui se passe en Flandre aujourd'hui.

A travers une enquête sur les anciens locataires de sa maison Gantoise, l'auteur nous promène dans le monde des nationalistes flamands d'avant et d'après-guerre. On y découvre chez les nationalistes la détestation de la Belgique et l'admiration pour l Allemagne qui a conduit à la collaboration.
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Comme au premier jour

Je me suis fait prendre à mon jeu de connaitre une œuvre dans son ensemble. Ici, l'auteur se cherche... en étant pompeux, à vouloir nous épater avec des phrases sophistiquées, compliquées à souhait au point d'y égarer son propos. De plus, il mélange des histoires pour les abandonner d'une page à l'autre. Mal m'en a pris de le lire jusqu'au bout, un vain effort ! Etonnement, quand il parle de sexe (et il y'a ici plusieurs passages), sa prose devient tout à fait compréhensible jusqu'à un fantasme final à mourir de rire... ou de tristesse !
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Une ascension

J’ai trouvé ce roman traduit du flamand dans une boîte à livres. C’était l’occasion de lire enfin cet auteur très réputé en Belgique et la lecture du sujet m’a intriguée.

L’auteur raconte dans ce roman comment il a découvert, au moment de la vendre, que la maison où il avait vécu vingt ans à Gand était celle d’un SS flamand, qui plus est père d’un de ses professeurs d’université. Cette maison abandonnée qui l’a séduit en 1979 malgré son piètre état, a abrité auparavant Willem Verhulst, son épouse néerlandaise Mientje et leurs trois enfants. À l’aide des entretiens qu’il a menés avec Aletta et Suzy, les deux filles de la famille, devenues octogénaires, et de nombreux textes, dont des journaux intimes et des documents d’archives, il a reconstitué le parcours autant personnel que politique de cet activiste flamand devenu soutien des plus fidèles de l’occupant nazi. Il s’est également penché sur le pacifisme de son épouse et a tenté de comprendre et parfois d’imaginer, avec l’aide des témoignages, comment ils avaient pu vivre cet antagonisme.



Quatre cent soixante-dix pages sur un personnage finalement peu intéressant, un pauvre type, lâche et sans qualités, permet de montrer combien le mal est une chose facile à embrasser pour certains esprits faibles, et de ce point de vue, l’exercice est réussi.

Mais, car il y a un « mais », si la construction rend bien compte de l’approche de l’auteur, j’ai trouvé le style un peu inégal, à moins qu’il ne s’agisse de la traduction, je n’ai pas réussi à trancher. De même, la position de Stefan Hertmans m’a parfois déconcertée, faisant dans une même page le grand écart entre des faits avérés directement tirés de documents et des pensées ou réactions des personnages qui ne peuvent être que dictées par son imagination, auxquelles s’ajoutent des remarques à la limite du jugement. Où est-on alors, dans un roman, un essai, un document ?

De plus, tout cela est un peu long. J’ai envie de dire : « N’est pas Daniel Mendelsohn qui veut… », mais si vous êtes tentés, ne vous arrêtez pas à mon avis, d’autres lecteurs sont bien plus enthousiastes,
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Une ascension

J’admire les gens qui font bien leur boulot. Ici, Stefan Hertmans, auteur belge, a fait du bon boulot.



Il a retracé la vie de Willem Verhulst, un flamingant collabo.

Un flamingant : pour ceux qui ne sont pas de notre pays, cela signifie que c’est un homme qui veut absolument la séparation de la Flandre et de la Wallonie. La Belgique, des foutaises ! Bart de Wever en est la quintessence, actuellement.

C’est vrai que les Flamands, depuis la 1e guerre mondiale (où les ordres étaient donnés en français dans les tranchées de la bataille de l’Yser), ont été obligés de faire leur scolarité en français. Une partie d’entre eux n’a plus pu supporter cela, et c’est comme ça que la séparation mentale s’est opérée : les Flamingants d’un côté, les Flamands belgicistes de l’autre, et les Wallons dehors (il va sans dire que je résume fortement la situation).

Et quand Hitler est arrivé au pouvoir, les Flamingants se sont reconnus dans ce peuple germain. Et ont donc collaboré, d’une manière ou d’une autre.

Notre homme, Verhulst, était bien vu par les nazis, au grand dam de sa deuxième femme, l’Hollandaise Hermina, ou Mientje. Celle-ci est une femme honnête, bonne, dévouée à sa famille, et très religieuse. Mais toujours, malgré l’uniforme nazi que son mari arborera, malgré le buste en plâtre d’Hitler trônant sur la cheminée, elle servira son mari, même si elle ne peut s’empêcher de le désapprouver continuellement. Quand celui-ci partira, une fois avec sa maitresse, une autre fois en prison, elle continuera à entretenir la maison et à veiller sur leurs enfants.



Parlons-en, de cette maison sise à Gand, dans un quartier lugubre digne du « Malpertuis » de Jean Ray… Stefan Hertmans l’a habitée à la suite du départ de cette famille, bien longtemps après la 2e guerre. Il y a vécu 20 ans, et franchement, je ne sais comment il a pu y séjourner, car elle était déjà, lors de son emménagement, en très mauvais état. La narration de ce livre se conjugue en deux temps : la visite de la maison par le notaire et la vie de ce Willem Verhulst.



A vrai dire, je reconnais que cette partie de l’histoire de la Belgique intimement liée à celle de la Flandre, m’a éclairée sur bien des points, quoique ma lecture m’ait paru assez longue. Les biographies, je n’aime pas trop, à part celles de Stefan Zweig. Mais j’aime beaucoup Stefan Hertmans et je vais le dire encore une fois : bravo pour sa recherche et l’ambiance créée.



Avis donc à la population francophone autre que belge : si vous voulez faire la connaissance intime des Flamands, les extrémistes comme les autres, lisez ce livre belge, et vous vous rendrez compte combien peut être tendue, parfois, la relation entre Flamands et Wallons.



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Le coeur converti

n roman surprenant, découvert grâce au site web « la Carte des Argonautes », qui nous emmène au XIème siècle sur les traces d’une jeune femme prosélyte originaire de Rouen.



Force est de constater que le titre donné au roman en français est assez trompeur : « le Cœur Converti » évoque une romance historique. La couverture, une photo d’une jeune femme aux longs cheveux nattés en robe grise sur fond d’abbaye, ne fait rien pour arranger cette erreur, bien au contraire. Résultat : certains lecteurs, pensant à tort lire une romance historique, seront très déçus, alors que d’autres excluant d’office la possibilité d’acheter ou d’emprunter le roman pour cette même raison, se retrouveront privés du plaisir de découvrir ce roman hybride, qui vaut pourtant le détour. Seule l’édition Gallimard peut amener le lecteur à se douter qu’il s’agit d’autre chose que d’un roman à l’eau de rose.



Stefan Hertmans adopte un style à mi-chemin entre le récit historique et le roman de fiction, à la manière d’un carnet de voyage où il noterait ses impressions et sensations pendant ses diverses visites des villages au Sud de la France jusqu’au Caire. Ce mélange des genres littéraires, qui semble être la marque de fabrique de l’auteur -selon ce que j’ai pu lire par ailleurs sur ses autres ouvrages (« Guerre et Térébenthine », « Une ascension »)-, m’a d’abord rebutée, et a entravé ma lecture. Au bout de quelques chapitres, j’ai laissé le roman de côté. Et puis, quelques semaines plus tard, je l’ai repris, et je ne l’ai pas regretté. Si le début (c’est-à-dire le récit de l’enfance normande de Vigdis puis sa fuite avec David ) peut sembler long et ennuyant, la deuxième partie du roman, bien que terrible, est bien plus enlevée.



Vidgis Adélais est une noble normande, de sang viking et flamand, puisque son père est un Normand et sa mère issue d’une famille de la noblesse flamande. Lors de l’une de ses promenades, elle fait la rencontre d’un jeune juif, David, étudiant à la yeshiva de Rouen. C’est le coup de foudre et les deux amoureux décident rapidement de fuir pour rejoindre des terres plus clémentes (du moins le semblent-elles), à savoir le Sud de la France et la famille accueillante de David. Ils s’établissent un temps à Narbonne, puis dans le petit village de Monieux, où Vigdis se convertit à la religion juive. Mais un malheur vient bientôt frapper le village : les croisés, répondant à l’appel de Clermont-Ferrand du pape Urbain, s’élancent sur les routes de France, avec l’objectif de reprendre Jérusalem. Ils n’hésitent pas à piller, violer et détruire des villages au nom de Dieu. Monieux est un des villages victimes de leur passage.



Je n’ai pas beaucoup empathisé avec les personnages, sans doute car l’auteur a fait le choix de les présenter d’une manière historique, tenant ainsi le lecteur à distance. Difficile donc de se sentir proche des personnages dans de telles conditions. L’histoire d’amour entre David et Vidgis est présentée de manière très froide, alors que pour tout quitter sans regarder derrière elle, la jeune femme doit forcément être sous le coup d’une passion débordante. En lisant un commentaire sur Babelio, j’ai mis le doigt sur ce qui me gênait (et qui visiblement a gêné bon nombre de lecteurs) : l’absence de dialogues. Certes l’auteur nous fait part de certaines interrogations et questionnements de Vidgis, mais ce n’est pas assez pour que le lecteur se sente impliqué et lié aux personnages, et surtout Vigdis, en tant qu’héroine de cette histoire.



Cela étant, la trajectoire de vie tragique de Vigdis, du massacre du quartier juif de Monieux jusqu’à sa mort, en passant par sa démence, provoquée par les nombreux drames auxquels elle est confrontée, fait forcément réagir et réfléchir sur la place des femmes au Moyen-Age. Violée dès le début du roman par des vagabonds dans les bois, elle est de nouveau violentée lors de sa traversée en bateau sur le Nil. Victime collatérale des massacres religieux, Vigdis n’a personne vers qui se tourner : reniée et recherchée par sa famille pour avoir osé fuir et se convertir au judaïsme, elle est menacée d’être enfermée pour le restant de ses jours, ou, pire, brûlée sur le bûcher. Elle a pour seuls soutiens les juifs qui sont sa nouvelle communauté, mais son physique de Normande la trahit : si certains acceptent de l’aider, d’autres la voient comme une chrétienne, et ne sont pas très enclins à lui offrir un quelconque appui. L’auteur nous décrit un Moyen-Age particulièrement violent, où les ours et les serpents ne sont pas les dangers les plus graves à redouter. Ce sont les hommes, leur fanatisme (« Deus lo volt »), leur avidité et leur cupidité qui mettent en péril la vie de Vigdis.



Si la plupart des évènements et péripéties retravaillées par l’auteur sur la base des documents historiques très parcellaires retrouvés dans la genizah du Caire, je reste sceptique quant au fait que des chevaliers normands soient encore à sa recherche des années après son départ de Rouen…J’ai eu l’impression de me retrouver dans une sorte de western où la tête de Vigdis serait mise à prix.



Le roman aborde et développe plusieurs faits historiques dont le lecteur connaît forcément les grandes lignes, mais ignore les détails : les massacres des juifs, considérés comme infidèles, lors de la première croisade, l’incendie du Caire, au cours duquel énormément de manuscrits ont été perdus…Le côté archéologique et géographique du roman est indéniablement un de ses points forts.



La fin du livre m’a beaucoup plu, car l’auteur explique enfin la genèse du roman : un document trouvé par des chercheurs de l’université de Cambridge au Caire et qui date du XIème siècle, faisant référence à une femme prosélyte, dont on ne connaitra jamais le nom, et qui, toujours selon cette lettre, est forcée de fuir après un pogrom où son mari a été tué et deux de ses enfants enlevés. C’est le point de départ du « road-trip » de Stefan Hertmans, qui séjourne souvent à Monieux, où il a une maison de vacances. J’ai beaucoup apprécié d’en apprendre plus sur le débat entre deux historiens et la théorie de Monieux/ Muño. J’ai d’ailleurs retrouvé sur internet le papier du professeur Norman Golb à ce sujet.



La plume de l’auteur est agréable, son écriture fluide mais recherchée. J’ai ressenti cependant la mélancolie et quelques passages un brin moralisateurs (l’auteur est âgé de 70 ans environ, ce qui peut parfaitement expliquer cette tendance) dont je me serai bien passée en tant que jeune lectrice. Je reste admirative de son érudition et ses recherches, dont ce roman est l’aboutissement.



Après ma lecture, je me suis rendue sur Youtube où j’ai pu l’écouter présenter un autre de ses romans, « Guerre et Térébanthine ». C’est manifestement quelqu’un de très intéressant, féru d’histoire et de politique. Il donne une masterclass à la BNF au mois de mars 2023 et j’espère pouvoir y assister.
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Guerre et Térébenthine

Ce livre imprègne le lecteur. Le temps qu'il raconte est si lointain que les jeunes générations ont peine à imaginer que cela a pu être, une telle guerre, un homme touchant, serviable et si pieux, si pudique, tellement suranné avec le Borsalino et la lavallière. Né la même année que l'auteur (1951), j'ai un peu connu mes grands-parents, beaucoup grâce aux souvenirs de mes père et mère et tout ce que l'auteur raconte de son grand-père me paraît faire partie d'une période qui m'englobe.

Le succès du récit à partir des mémoires écrites de l'aïeul Urbain Martien est assuré par la narration bien distribuée de ses différentes facettes : la vie familiale de l'enfant pauvre à l'époux, le soldat en guerre blessé trois fois qui perd les illusions et l'auteur lui-même, le petit-fils pourvu des cahiers manuscrits, de quelques toiles peintes, photos et objets-souvenirs, sur les traces le plus souvent effacées de ce qui fût le paysage d'une vie. Bouleversante plongée dans un monde révolu exceptionnellement ravivé, qui imprègne de peinture à l'huile et de la boue des tranchées.
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Le coeur converti

L’auteur définit ainsi sa démarche : « Ce livre s’inspire d’une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d’une empathie créative ».



Pour appuyer son propos, il nous livre des éléments sur ces recherches. Il s’agit en somme de deux documents incontestables. Un premier, écrit par le rabbin du village du sud de la France où s’est installé l’auteur, et retrouvé en Egypte, demande de l’aide pour une veuve, une convertie, dont le mari a été tué avec d’autres Juifs dans la synagogue locale. Le couple s’était réfugié dans le village, car la jeune femme, issues d’une famille chrétienne prospère, est recherchée par ses proches, et ce village à l’écart, où vivait une communauté juive, paraissait une bonne cachette. Mais la communauté juive a été décimée, le mari tué et les enfants enlevés. La femme est à leur recherche, et le rabbin a donc rédigé ce document pour qu’elle puisse être aidée dans ses démarches.



Un deuxième document évoque une prosélyte dont le mari a été tué dans un pogrom, et qui évite de peu le bûcher dans un village espagnol. L’auteur fait l’hypothèse qu’il s’agit de la même personne.



L’auteur ne donne aucun autre élément précis sur ses recherches, on peut donc supposer que tous les éléments factuels concernant ses personnages sont donc inventés, même si bien évidemment, il a dû s’informer sur le contexte historique plus général pour écrire son livre.



Par ailleurs, il entrecroise le récit de celle qu’il va appeler Vigdis, puis Sarah ou Hamoutal, avec ses propres expériences. Celles de ses recherches, mais aussi de son installation au village.



Le récit de Stefan Hertmans est romanesque à souhait. Il imagine l’enfance de Vigdis, sa famille, sa rencontre avec David, qui deviendra son mari. Il dépeint leur fuite, l’arrivée au village, l’accouchement spectaculaire de son première enfant. Puis l’arrivée des croisées, le massacre, auquel elle échappe par miracle. Ensuite son voyage dramatique à la recherche de ses enfants jusqu’en Egypte, un deuxième mariage, son retour en France, toujours à la recherche de ses enfants. Enfin l’épisode où elle manque de peu de finir sur le bûcher. Je dois avouer que j’ai trouvé tout cela un peu chargé en événements dont le nombre et le caractère dramatique finissait par questionner la vraisemblance. D’autant plus que l’auteur joue beaucoup sur la corde sensible du lecteur (ou peut-être plus de la lectrice). Enfin, en opposition à l’histoire de son héroïne, les parties où il parle à la première personne, de son existence et de ses recherches, sont assez insipides, et un peu bavardes. Comme si, pour compenser une existence somme toute banale, comme celle de la plupart des gens, il s’est laissé entraîné à inventer une histoire à l’exact opposé de cette banalité.



Je ne suis sans doute pas la lectrice idéale pour des histoires très romanesques, pleines de sentiments, et je suis peut-être un peu injuste avec ce livre, qui semble avoir trouvé ses lecteurs. Mais j’avoue que j’ai eu un peu de mal à le terminer, une sorte de brouillage de frontières entre la vérité historique et l’imaginaire de l’auteur me gênant tout particulièrement.
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Le coeur converti

Quel livre dramatique 😢

L'auteur nous relate l'histoire d'une jeune chrétienne tombent amoureux d'un beau juif à la fin des années 1090... à l'Aube de la première croisade elle va se convertir et s'enfuir. Par amour elle va parcourir à pieds des milliers de kilomètres sans s'imaginer dans quels ténèbres elle va s'enfoncer ! Vraiment très dur mais aussi très intéressant de découvrir la France de l'époque et les atrocités perpétrées lors des croisades !
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