Ce roman, perturbant, écrit comme le témoignage de Louise, rappelle les heures sombres de notre histoire à travers un sujet d’actualité.
Dans ce récit, on suit donc Louise, adolescente qui subit une mutation génétique : son corps se couvre de poils, ses sens s’aiguisent. Elle n’est pas la seule, de nombreuses jeunes femmes subissent le même changement. Pour Louise, cette mutation sonne presque comme une libération de ce corps mutilé depuis l’accident qui a coûté la vie à sa mère.
Dans le même temps, cette mutation effraie, une secte est créée, prétendant apporter les réponses et les solutions à cette situation : mettre à l’écart les jeunes femmes « mutantes » jusqu’à ce qu’un miracle médical soit trouvé.
Le rapprochement avec la Shoah est évident. Un homme, Savini, qui prétend détenir la vérité parvient au pouvoir et met à l’écart une partie entière de la population pour des raisons inacceptables. On pense immédiatement à Hitler. Savini se sert de la peur des gens, comme tout dictateur. Et le peuple, ignorant et effrayé face à cette situation, s’engouffre dans la voie tracée par le gourou. Heureusement, certains résistent pour sauver les Félines du sort funeste qui les attend.
Louise, tout au long du récit, fait preuve de modération, de force, d'une persévérance à toute épreuve. Même lorsqu’elle se retrouve enfermée, elle ne perd pas espoir, et apprend d’ailleurs qu’elle a une bonne raison pour ça.
Tom, son amoureux, est un exemple de tolérance. D’abord envers lui-même, il décide d’aimer qui il veut. Il ne se pose pas de question et suit ce qu’il ressent. Malgré sa mutation, Louise reste la femme qu’il aime et cela ne change rien pour lui. De même que pour le père de Louise qui accepte sa fille telle qu’elle est et se bat pour la faire libérer, elle et les autres Félines internées.
Les personnages secondaires sont très riches également et prennent de l’ampleur au fur et à mesure de l’histoire. Toutes les femmes sont au final concernées par la Mutation et en sortent différentes.
Ce roman est effrayant de réalité, de « possible ». Cette situation pourrait arriver maintenant, demain, un jour, aussi bien côté génétique et que côté sociétal (on en a d’ailleurs eu un petit aperçu avec la crise du Covid). Stéphane Servant, dans son récit, n’apporte pas de solution mais laisse un espoir sous forme de résistance, de non-conformisme. Quelle que soit la situation, toute résistance, passive ou active finit par aboutir grâce à l’entraide et à la solidarité, la lumière de cette histoire.
Ce récit est aussi un hymne à la tolérance et à l’égalité entre les hommes et les femmes.
L’écriture de Stéphane Servant est fluide, rythmée, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Le fait que la narration se fasse sous forme de témoignage ajoute un degré de réalité, de véracité qui apporte encore plus d’originalité à l’histoire.
En bref, Félines restera l’un de mes coups de cœur de 2022 !
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