Citations de Stephen McCauley (191)
Pareil à bien des gens qui ont conscience d'un vide dans leur existence sans pouvoir l'identifier, j'envisageais souvent de recourir à la Société Protectrice des Animaux pour me fournir un affectueux compagnon canin. Cela me paraissait beaucoup plus simple et faisable que d'essayer de trouver un amant ou l'épanouissement spirituel.
Il y a un âge où l'air affamé et négligé ne séduit que si l'on n'est ni l'un ni l'autre.
J’en étais arrivé à la conclusion que, chaque fois qu’on baisait ensemble, il pensait qu’en se laissant totalement aller, en explorant le moindre désir refoulé, il finirait par s’en débarrasser pour de bon, et n’aurait plus besoin de moi ni d’aucun homme. Ce que je considérais comme un acte érotique et sensuel, une expression d’affection, était pour lui un acte d’exorcisme. J’espérais que la satisfaction que je prenais soin de lui apporter me rendrait, à un certain niveau, indispensable. Il espérait me rendre superflu.
Il brandit une carotte ridiculement grosse.
"Je dois la couper en bâtonnets, en cubes ou en rondelles ?
- Comme pour une julienne."
Je ne savais pas exactement ce que cela signifiait, mais c'était suffisamment compliqué pour le tenir tranquille un moment.
"Le feu est vert, dit ma mère. Si tu prends la prochaine à gauche, je t'indiquerai un raccourci."
Je la remerciai et continuai tout droit.
Ma famille avait parfaitement raison. Je n'étais pas digne d'Arthur, pas une seconde. Ce n'était pas pour cela que je passais la moitié de ma vie éveillée à envisager de le quitter, mais je me disais que cela pourrait fournir une excellente excuse, le jour venu.
Il avait fermé les yeux, les mains derrières la tête.Les ombres projetées par la lampe de bureau et la clarté de la lune jouaient sur son visage.Il était allongé là, sur ce gros canapé, au dernier étage de la maison, loin de la foule des inconnus au rez-de-chaussée.....
..... Il ouvrit les yeux et vit que je l'observais. Il savait toujours ce que je pensais, et je me sentais totalement vulnérable.
Je savais que nous resterions en contact au fil des années, que nous nous écririons, que nous irions nous rendre visite. J'enverrais des cadeaux d'anniversaire à Emily et je suivrais la carrière de Nina. Il y aurait d'autres jours où, sur un coup de tête, je prendrais la route pour aller jusqu`à Brooklyn parce que j'aurais besoin de voir Nina, d'aller à la plage ou dans un parc, ou de rester chez elle, assis, à rire ; et pourtant, nous allions petit à petit nous éloigner l'un de l'autre, nous allions vieillir, nos visages allaient changer et, un jour, nous serions de parfaits étrangers l'un pour l'autre. Et nous n'y pouvions rien. 8
Je lui expliquais que, dans le Vermont, je vivais tranquillement et que j'avais pas à me plaindre. J'apprenais un peu d'espagnol, je m'initiais à la cuisine, je commençais à connaître les étoiles, j'aimais me réveiller à côté de Paul le matin et je regardais grandit Gabriel. L'été était presque derrière nous et l'automne allait arriver, frais et lumineux. Tout cela faisait-il le bonheur ? J
" Il y a toutes sortes de mariages ", dis-je, mais je n'eus pas l'impression qu'il savait de quoi je parlais et je n'étais pas certain de le savoir moi-même.
N'allez pas plus loin Melissa. Pour parler à ma femme, j'ai mon avocat. Pour parler de ma femme, j'ai mon analyste.
Où as-tu lu ça ? Elle est victime de la désinstitutionnalisation comme la plupart des fêlés qui parlent tout seuls dans le métro en s'imaginant avoir un message. Ça n'est pas parce que quelqu'un l'a plantée sur scène avec un micro qu'elle est une artiste. Elle a besoin d'aide. Elle a besoin de compassion.
" Non, je ne veux pas ", dis-je en réponse à sa question, parce que dès que quelqu'un vous dit qu'il tient à vous, votre responsabilité à son égard s'en trouve accrue.
Je n'avais jamais mis les pieds dans ce magasin et, dès la première minute, j'eus la sensation qu'on m'avait accroché dans le dos une pancarte demandant aux vendeurs de m'agresser.
J'adore rouler vite dans des voitures surchauffées en laissant brailler la radio. Et si j'ai vraiment de la chance, quelqu'un à l'arrière fume des cigarettes et boit de la bière.
Je n'avais jamais vu un enfant ingurgiter une telle quantité de médicaments et j'étais persuadé qu'il serait drogué ou pharmacien avant l'âge de vingt-cinq ans.
C'est toujours la même chose quand on présente des amis : comme ils n'ont pas de discussion commune à part vous, ils s'amusent à échanger des commentaires piquants sur vos défauts et finissent par faire équipe.
Asiatique, Timothy aurait été un maître du sushi, mais étant d'origine allemande, il était devenu architecte.
Je cuisine très mal et je ne connais qu'une seule façon de me décider à préparer un repas : je jette tout dans un plat, je le mets au four et je prie pour que tout se passe bien.
Je dois être hypocrite pour accepter l'argent de la famille alors que ne peut pas l'encadrer, mais bon, j'ai toute la vie devant moi pour avoir des principes. À vingt-deux ans, on peut être hypocrite.