Taï-Marc Le Thanh

Depuis la veille, la colère ne m'a pas quitté, déclenchée par les derniers mots du médecin en sortant de son cabinet. Il a osé comparer mon âge à une maladie. Une sorte de malédiction impossible à éviter. Il avait l'air tellement satisfait de lui en prononçant cette terrible insulte.

Les chemins de la vie sont souvent tortueux. La progression sur ces sentiers peut s’avérer difficile sans équipement adéquat. Une bonne condition physique est préconisée. Et, si possible, des pieds qui fonctionnent.

C’est comme si mon énergie vitale s’écoulait par mes orteils. Ce sentiment est atroce. Je perds toujours plus de jour en jour. Et j’ai peur d’atteindre à un moment un point de non-retour.

Martha esquiva de justesse le filet incandescent de lumière bleue et la voiture mordit sur le bas-côté, longeant dangereusement le fossé qui bordait la route. La jeune conductrice avait l’impression qu’un sang glacé coulait dans ses veines. Elle sentait chaque pulsation de son cœur résonner dans sa tête. Son expérience de conductrice de rallye professionnelle lui faisait envisager la situation avec beaucoup de calme. ‘Après tout, se dit-elle, je suis juste poursuivie par la foudre qui cherche visiblement à détruire ma voiture, j’ai vu bien pire comme situation’.

Es-tu seulement prêt ? Tu as encore tellement de choses à apprendre.

Mais on raconte tant de choses.

Il n'y a qu'une seule façon de connaître la vérité.
Si vous ne souffrez pas de vertige,
si vous êtes agile et que vous aimez l'aventure...

Quand on a un gros nez,
c'est comme quand on a de grosses oreilles,
ou de gros pieds, ou de grosses joues, mais en pire.
Quand on a un gros nez, tout le monde se moque.

Verse appuie sur l'accélérateur et le percute de plein fouet.
- Oups, pardon, lâche-t-il d'un air malicieux.
Toth le regarde en fronçant les sourcils ; il vient quand même de renverser Charlemagne. Le corps du colosse est allongé sur la chaussée.

Nous possédons tous nos petites activités annexes. Mozart par exemple, penses tu qu'il ait pu arrêter la musique ? Il me harcèle pour que je fasse revenir Vivaldi, il voudrait monter un groupe. (…) Homère fait du jardinage (…) Verse étudie la poésie. Quant aux frères Grimm, leur passion c'est les jeux vidéo.

- Les zombies mangent des hommes parce que les hommes sont fait de la même matière qu'eux. Et comme les zombies sont en état de putréfaction, peut-être qu'ils pensent qu'en mangeant des hommes, leur cas va s'arranger.

- Pff... sont cons ces zombies...

Je me penche par la fenêtre ouverte et regarde Poisson-Pilote d'un œil noir.

- Oh... pas de gros mots devant ta sœur...

- En même temps, je ne vois pas ce qu'il aurait pu dire d'autre, argumente Double-Peine. Ils sont vraiment cons ces zombies.

- Bravo, sifflé-je à Poisson-Pilote.

Je me redresse et reprends mon observation.

- Mais si on leur donne du bœuf à manger, par exemple? demande soudain Double-Peine.

- Je n'en sais rien, il faudrait essayer un jour.

- Peut-être qu'ils trouveront ça super bon, murmure Double-Peine. Et ils arrêteront de nous poser des problèmes...

- Ouais et puis du poisson aussi, si ça se trouve, ils vont adorer le poisson pané...

Comment ai-je pu être aussi naïf? Ici, en Amérique, tout est bien plus gros, bien plus fort et bien plus impressionnant. Les dangers sont multiples et, à tout instant, peut sonner l'heure de notre trépas. Je suis parcouru d'un frisson à l'idée de ce que nous avons traversé en si peu de temps et à la liste de nos ennemis qui s'est allongée de façon conséquente...

Je m'accroupis pour me mettre au niveau du visage de Double-Peine. Je lui caresse la joue. Sa peau est douce. L'espace d'un instant, j'ai l'impression que c'est la chose la plus douce qui puisse à présent exister dans notre monde...

Après Pierre et le Loup… et le Jazz, The Amazing Keystone Big Band fait son comeback en réinterprétant Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns en version Jazz ! La voix du délicieux Edouard Baer incarne le cruel grand méchant loup qui tente par mille façons de s’introduire dans le carnaval des animaux pour pouvoir croquer à volonté tous les animaux de la forêt. Le conte et la musique s’entremêlent et font entendre aux petits et grands toute la variété et les styles de l’histoire Jazz : du Blues au Free Jazz, du Swing aux fanfares de La Nouvelle-Orléans, de la Bossa Nova au Funk, sans oublier le Jazz Rock. Le tout porté par les magnifiques illustrations bigarrées de Rose Poupelain.

On raconte aussi qu'il devint roi.
Mais ce ne sont probablement que des histoires.

On raconte que dans ces marais, Elvis chassa un caïman et se fabriqua des bottes avec sa peau. Mais ce ne sont probablement que des histoires.

- Est-ce cela, l'Amour ? demanda Voix A.
[...]
- L'amour que je connais est un nid douillet, un refuge de coton qui enrobe les angoisses et les fait disparaître. L'amour que je connais est un souffle chaud qui brûle et consume la peine. Un souffle qui irradie de sa lumière les cœurs perdus. L'amour que je connais a la douceur d'un flocon de sucre flottant à travers des abîmes de ténèbres et glissant contre des vagues de souffrance. [...] Ce que je vois ici n'a rien à voir avec ce que je connais, continua-t-elle.
- Et que vois-tu ? demanda Voix B.
- Je vois un fil incandescent. Je vois deux corps qui s'unissent pour n'en former qu'un. Je vois une lumière si pure qu'elle réduit en cendre celui qui a eu la chance de poser son regard dessus. Je vois ces cendres tourbillonner avec fureur, brassant l'énergie cosmique un maelström chaotique. Je vois des éléments originels fusionner, soulevant de colossaux fragments de matière. Je vois les soleils s'éteindre puis se rallumer, inondant de leur puissance des paysages glacés. Je vois l'ordre. Je vois l'anarchie. Je vois de la neige envelopper un bloc de granit brûlant. Je vois des larmes de bonheur... [...] Je vois toutes ces choses et cela me plaît. Aussi, je me demandais : est-ce cela l'Amour ?
- Oui, répondit Voix B, je crois bien que oui.

Celui qui est fourbe n’est pas droit. Il se répand en courbettes mais, dans le dos, donne des coups de fourchette.

Je gonfle mon ventre et expulse l’air de façon régulière. Nouveau sourire d’approbation. Nous travaillons dans le petit salon (l’appartement de Claudia Wilmer est immense, jamais je n’aurais cru qu’une telle surface puisse exister dans mon quartier). Claudia s’est installée au piano (le grand piano à queue qui lui a été offert par ce célèbre chef d’orchestre avec qui je la soupçonne d’avoir eu une aventure). Ses doigts fins courent sur le clavier. Les gammes s’enchaînent, ma voix s’élève dans le sillage des notes, cherchant la précision du diapason.

Nous parlons de la même chose. Inutile de la mentionner. Elle ne porte pas de nom précis de toute façon. Voilà dix ans que je vis seul avec mon père, sa poésie est contagieuse. Toutes ces années de promiscuité nous ont permis de réussir à partager ce qu’il existe de plus précieux : les émotions. Il me suffit juste de lui dire que j’écoute pour qu’il comprenne mon état d’esprit. Et qu’il se hisse jusqu’à moi.

Sale journée.
Sur une échelle de 1 à 10, je lui mets 2. Et encore, je suis magnanime. C’est le genre de journée qui peut me plonger dans la détresse la plus crasse, malgré les encouragements permanents de la voix de la Sagessa.