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Critiques de Thierry Jonquet (871)
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La Bête et la Belle

Ah ah ah je me suis bien faite avoir !

Et j'ai adoré ça !

Après coup, j'ai même l'impression que j'ai tout fait pour me laisser embobiner, ignorant volontairement les indices habilement semés pour ouvrir les yeux aux lecteurs. Juste pour le plaisir de l'enfumage et de m'éclater à découvrir le génial twist final et l'incroyable dénouement qui en découle.



Faut dire que Jonquet, on le sait, c'est un virtuose de l'écriture qui claque et de la construction minutieuse - à coup de flash backs intelligemment balancés. Il a talent fou pour nourrir un récit basique ( des morts louches dans un petit bled, un enquêteur, un témoin clef en garde à vue , un coupable donné comme tel dès le départ ) de personnages étonnants, de dialogues truculents à l'humour noir assumé.

Il a l'art de gratter sous les apparences respectables en nous plongeant dans le quasi huis clos d'un appartement où tout vire au sordide, où la folie explose une fois la porte fermée.



Et comment oublier Léon, «  la vieillesse de Léon, ses traits décharnés, son mutisme borné d'ancêtre hostile et déjà détaché de la vie ( ... ), Léon n'était que l'ambassadeur du temps passé, venu relever le compteur des années écoulées, avant que le rideau tombe... Flétri, décrépit, rouillé, délavé par l'usure, Léon avait la patience fière des vieux qui, assis sur leur banc, regardent le sablier se vider, en guettant le dernier grain. »

Léon qui sait tout ce qu'il s'est passé, Léon la clef de ce court roman noir plus que réussi. Léon qui donne tout son sens au titre. Ultra récréatif !



Merci à Morganex et Jmlyr qui m'ont conseillé cette lecture.
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Mygale

Faut-il lire un livre avant son adaptation cinématographique ou pas ? Eternel débat que je n'ai toujours pas tranché, un peu comme le capitaine Haddock qui ne s ait toujours pas s'il doit dormir la barbe sous la couverture ou par-dessus, ah ah !



Dans ce cas précis, j'ai vu le film d'Almodovar, La Piel que habito, avant Mygale dont il est très librement adapté, en fait plutôt une réécriture encore plus transgressive et troublante.



Sûr que je connaissais du coup le ressort de la relation haine - attirance unissant Richard, le chirurgien démiurge omnipotent à Eve qu'il séquestre. Mais qu'importe, le roman est tellement réussi que je n'ai jamais eu le sentiment de perdre quelque chose.



Tout pourrait être grandiloquent et grotesque dans cette intrigue et pourtant, elle est juste génialement démente jusqu'à sa réjouissante fin moralement incorrecte. L'art du récit de Jonquet est tel qu'il instille un malaise permanent qui dévérouille nos sens, le lecteur devient attentif aux moindres détails, développant une hypersensibilité de peur de perdre une miette de ces fascinantes pages où tout n'est qu'ambiguïté.
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La Bête et la Belle

Oh la claque phénoménale que je me suis prise à la fin !! Alors ça, je ne m'y attendais pas ! Mais alors pas du tout !

Comme beaucoup, moi aussi je me suis littéralement fait avoir !

C'est très fort de la part de l'auteur ! Ça, c'est ce qu'on appelle être mené par le bout du nez !



Au début, j'avoue avoir eu du mal à rentrer dans l'histoire. Je lisais sans conviction car je peinais à situer tout ce beau monde : entre le Coupable, le Gamin, le Commis, la Vieille, l'Emmerdeur, le Visiteur... qui sont tous ces gens cités par notre bon commissaire Gabelou ? Au fil de l'enquête, tout s'éclaircit et se met en place.

Et ce sacré Vieux Léon alors ! Lui je m'en souviendrai !



C'est assez drôle, après avoir terminé le livre, d'avoir ces espèces de flash-backs où on comprend certains détails qui paraissaient anodins en cours de lecture.

J'ai trouvé cette histoire complètement dingue, et c'est le mot qui convient ! Bizarrement, j'ai eu l'impression de regarder un film totalement déjanté du genre C'est arrivé près de chez vous !

La relation spéciale qui lie les deux copains, le contexte immonde et nauséabond dans lequel ils vivent, les événements insensés qui s'enchaînent dans cette cité HLM... on est embarqué dans un délire complet !

Le langage est cru, imbibé d'humour noir.

Les personnages paraissent tous plus allumés les uns que les autres. Bref, malgré la ressemblance du titre, rien à voir avec le Disney que l'on connaît si bien ! Et c'est peu de le dire !



Rien que pour la fin, ce roman vaut vraiment le détour !

Amis lecteurs, si vous cherchez à être surpris, tentez cette lecture qui risque fort de faire son petit effet !
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Mygale

Après deux lectures en demi teinte, je suis heureux de pouvoir dire que le troisième titre aura été le bon !

Mygale est un livre étonnant au scénario brillant, bien sûr le thème de la séquestration n'est pas original en soi, mais le machiavélisme de cette intrigue est d'une belle inventivité.

J'aime être bousculé, et j'adore être surpris ce qui devient de moins en moins fréquent. Ici tous les ingrédients sont présents pour nous faire passer un bon moment de lecture jusqu'à la toute dernière ligne (ça aussi j'aime !).

Une histoire glauque, un enlèvement (pourquoi ?), une longue séquestration, des personnages ambigus et détestables, des motivations mystérieuses et de la méchanceté, l'auteur avec des thèmes classiques va pourtant nous jouer une belle improvisation en 150 pages (à peine 100 en numérique).

Il s'agit d'un roman chorale à quatre voix, Alex le truand en fuite après un braquage qui a mal tourné, Vincent, enlevé et séquestré par "Mygale", son geôlier et tortionnaire, et enfin Richard, chirurgien de renom qui entretien des relations toxiques avec Eve, sa maîtresse soumise et cloitrée.

J'ai apprécié le mystère et l'ambiguïté savamment distillés, mais j'ai surtout apprécié la maestria de l'ensemble, la cohérence ainsi que la crédibilité des personnages, sans oublier un suspense efficace et une fin digne de ce nom.

Il me reste à parler du style, très bon, et du rythme impeccable. Pour conclure il s'agit d'une très bonne pioche, prochain RDV : Le manoir des immortelles.
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Le Manoir des immortelles

Ce quatrième rendez-vous avec Thierry Jonquet est une vraie bonne pioche, un roman noir policier au scénario complexe et sombre comme je les apprécie.

Ce court roman (110 pages en numérique) prend pourtant son temps pour nous présenter les deux personnages principaux, un assassin au pseudo prédestiné (Hadès) et l'inspecteur qui enquête avec méthode et efficacité.

Notre enquêteur traverse une mauvaise passe, et cette histoire dans l'histoire apportera beaucoup à cette intrigue sobre et pourtant brillante, ici l'auteur va nous démontrer que suspense peut rimer avec simplicité, aucune outrance ou invraisemblance ne sera à déplorer dans cette enquête qui va se révéler passionnante.

Un suspense qui tient en grande partie à la personnalité de l'assassin, un personnage pour le moins bizarre et maniaque, mais surtout un meurtrier au mobile énigmatique, autant pour notre enquêteur que pour le lecteur, j'ai aimé cette incertitude tout au long de ma lecture.

En fait, ce que j'ai trouvé le plus remarquable est l'atmosphère qu'a su rendre l'auteur, un fond de tristesse permanente un peu troublant, un vrai roman noir sans aucun doute.

En refermant ce livre j'ai eu une sensation étrange, un drôle de goût dans la bouche pourrait-on dire de façon imagée, cela ne m'arrive pas souvent d'être troublé par une fin comme ce fut le cas ici, cette conclusion est pourtant parfaite, rien à redire.

Voilà, pour conclure, j'ai aimé cette lecture et je vais bien sûr continuer avec Mr Jonquet, le meilleur est paraît-il à venir, de bons moments en perspective.
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La Bête et la Belle

Je découvre grâce aux lecteurs de Babelio un nouvel auteur en la personne de Thierry Jonquet, vu les avis enthousiastes et les notes en rapport sur sa bibliographie j'avoue que j'étais assez impatient.

J'ai choisi de commencer par "La Bête et la Belle", un format plutôt court dont le résumé me parlait bien.

Bon, autant le dire tout de suite, cette histoire n'a pas répondu à mes attentes pour différentes raisons.

Pour commencer la structure du récit ne nous fait entrer dans l'histoire que très lentement, raccrocher tous les wagons m'a demandé un certain temps, suspicions de meurtres, autopsies, un enquêteur qui rame (Gabelou le bien nommé), des personnages dont on peine un peu à comprendre l'utilité (l'emmerdeur), un suspect désigné qui est nommé "le coupable" tout au long du récit.

La structure narrative est pour beaucoup constituée de flashbacks, le tout raconté par Léon, l'ami du coupable, le fait est que très vite je me suis demandé où nous emmenait l'auteur, pour le comment c'était plutôt par des chemins de traverse, pas ennuyeux mais côté visibilité le plus souvent très flou...

Bon, j'évite toujours soigneusement de divulgâcher et là pour le coup ça revient à ne pas dire ce qui m'a finalement déçu. Je vais donc me contenter de dire que le fait d'avoir rencontré Romain Puértolas et sa "Police des fleurs, des arbres et des forêts" qui m'avait beaucoup plu fait que je ne me suis pas fait balader comme j'aurais pu ou dû l'être.

Je vais ajouter que cette "imposture" quand elle est employée se doit d'être "honnête" pour susciter l'adhésion, ici j'estime que ce n'est pas le cas, d'où ma relative déception.

Il me reste à dire que j'ai apprécié le style et le rythme du récit. Je compte continuer avec d'autres titres et prendre ma revanche ;)
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Mygale

Richard Lafargue est un brillant chirurgien. Il aime se montrer en public au bras de la jeune et jolie Eve. Mais, celle-ci n'est pas celle que l'on croit. Celle que l'on pense être sa femme n'est finalement que son objet, qu'il séquestre depuis plusieurs années dans son manoir et pour qui il éprouve autant d'attirance que de d'aversion. Il s'occupe bien d'elle, mais pour autant la drogue à l'opium, et la fait se prostituer. Entre ces deux êtres, un lien très fort est tissé.

Alex, lui, est un malfrat. Braqueur de banque et petite frappe, il a les flics à ses trousses depuis qu'il a tué un gendarme lors d'un cambriolage.

Quant à Vincent, il nous raconte son histoire, enfermé entre quatre murs, menotté et enchainé. Il y a quatre ans, il s'est fait pourchassé et traqué par un homme. Depuis, celui-ci le retient prisonnier. Surnommé La mygale par ce dernier, cet homme le maintient malgré tout en vie.

Quatre destins qui vont inévitablement finir par se croiser....dans bien d'étranges circonstances...



Totalement ingénieux et diabolique, Jonquet tient son lecteur en haleine jusqu'aux toutes dernières pages. Judicieusement construit, ce roman en trois parties fait la part belle au suspense et dévoile une intrigue des plus machiavéliques. Jonquet jongle parfaitement entre les différents narrateurs et les scènes de flash-back s'intègrent pertinemment. Ecrites à la deuxième personne du singulier, celles-ci impliquent d'autant plus le lecteur dans le sentiment de soumission et de captivité.

Un huis clos oppressant dont on ne ressort pas indemne.



La mygale m'a prise dans ses filets...
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Mygale

J'ai toujours été intriguée par le film de Pedro Almodovar " la piel que habito " ce film sur le thème de la vengeance me fascine, elle y est implacable, effroyable et particulièrement perverse. ...je me suis toujours demandée de quel esprit tordu cette histoire était sortie. ...j'ai trouvé récemment le coupable : Thierry Jonquet !!!!

En effet, quelle surprise, quand au milieu de ce livre, je me suis rendue compte que c'était de lui qu'était adapté le film.

Autant le film insiste plus sur les aspects techniques de la vengeance, autant le livre met plus l'accent sur la personnalité

des trois personnages.

Amateurs de récits troublants , dérangeants, étranges. ..vous allez être comblés.

J'en suis encore épatée , de voir qu'en si peu de pages ( environ 150 ) l'auteur arrive à mettre en place une histoire aussi complexe et diabolique !

Pour ceux qui ont vu le film , pas de soucis , les deux histoires évoluent en parallèle , jusqu'à la fin on arrive encore à être surpris.

Quel bon moment passé à lire ce livre....bref , mais intense !!!!
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Les orpailleurs

Dans un immeuble délabré, voué à la démolition, un corps a été retrouvé. Les inspecteurs Rovère et Dimiglio se rendent aussitôt sur les lieux. À en juger par la silhouette, il s'agirait d'une jeune femme. Plutôt bien habillée. Non identifiable de par l'état de décomposition avancé. Selon le médecin légiste, Pluvinage, cela doit faire au moins trois semaines qu'elle est là. Ce dernier, examinant plus attentivement le corps, se rend compte que la main droite a été coupée. Aussitôt, le locataire du troisième étage apparaît comme un suspect. En effet, il n'a pas donné signe de vie depuis trois mois. Un autre détail chiffonne les inspecteurs : les marches conduisant au palier supérieur ont toutes été sciées. Une sombre histoire de squatters que le propriétaire de l'immeuble cherche à déloger. Mais deux pistes bien vite abandonnées dès lors qu'un deuxième cadavre, une femme avec une main coupée, est découvert...



Deux jeunes femmes retrouvées assassinées, à quelques jours d'intervalle. Presque rien d'anormal pour la police si ce n'est que toutes les deux ont un macabre point commun, celui d'avoir la main tranchée. Paris abriterait-t-elle un tueur en série ? L'inspecteur divisionnaire Rovère et son équipe, dont le bloc de granit Dimiglio, vont devoir se retrousser les manches, d'autant que l'enquête s'avère bien plus compliquée qu'elle ne semble l'être. Outre cette enquête passionnante qui nous emmène de Paris à la Pologne, Thierry Jonquet dépeint une galerie de personnages charismatiques et vraiment attachants, tous plus ou moins malmenés par la vie. Que ce soit Rovère, très inquiet pour son unique enfant, Nadia, la juge d'instruction qui a quitté Tours pour faire table rase du passé ou encore Izy Szalcman, le voisin de cette dernière qui semble cacher un lourd secret. Des personnages ciselés à merveille qui apportent matière et profondeur à ce roman policier tortueux, habilement mené et au dénouement surprenant.
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Mygale

Thierry Jonquet, telle une mygale tissant sa toile, construit un piège infernal et sans issue où s'empêtrent ses héros sous notre regard incrédule et ébahi.



Alex et Vincent, deux copains de classe, deux petits voyous, vont commettre un crime presque par distraction. Un crime qui est le début d'un enchaînement diabolique pour les deux jeunes gens qui trouvent sur leur chemin leur maître. Un être à l'autre bout de l'échelle sociale qui applique la loi du talion avec une terrible et grotesque perversité.



Absolument fascinant et addictif, ce petit roman a tout des grands romans noirs. En montrant l'ignoble vengeance d'un père, Thierry Jonquet illustre ce qu'est la haine à l'état pur, quand elle n'a plus aucune limite. Une belle découverte que je ne mettrais pas entre toutes les mains.
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Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crai..

Banlieue parisienne dans le 9-3, septembre 2005. Anna Doblinsky, fraîchement sortie de l'IUFM, fait sa première rentrée scolaire au collège de Certigny, emplie d'inquiétude. À la cité scolaire Pierre-de-Ronsard, infiniment triste, elle sait qu'elle devra faire face à tous ces adolescents pour la plupart livrés à eux-mêmes. Trafics de drogue, violence, racisme, antisémistisme, fanatisme seront son lot quotidien. Parmi eux, Lakdar Abdane, un jeune beur, plus calme et plus intelligent. Malheureusement, une stupide erreur médicale a rendu sa main droite infirme, brisant ses rêves de devenir dessinateur.

Le substitut Richard Verdier, lui, ne se fait pas d'illusions sur ces cités perdues et se demande bien à quoi il sert encore aujourd'hui.

Adrien Rochas, à peine 20 ans, passe ses journées enfermé chez lui. Il vit seul avec sa mère, son père ayant quitté le domicile conjugal avec sa secrétaire. Elle ne peut faire face seule aux délires de son fils, complètement obnubilé par La Chimère et ses cours d'anatomie.

Et l'islamisme germe un peu partout...



Thierry Jonquet nous dresse le portrait sans concession d'une France en perte de repère et d'une ville de banlieue en proie à la violence, à la délinquance, au racisme et à la montée de l'intégrisme. L'on suit alternativement le quotidien d'Anna, de Lakdar, du substitut et d'Adrien mais aussi celui des frères Lakdaoui, qui ont la mainmise sur le quartier ou de Slimane, l'ami de Lakdar, bien décidé à faire le Djihad. Ce roman, terriblement sombre et réaliste, dépeint avec force cette misère sociale et tous ces personnages, pour certains tristes spectateurs, pour d'autres victimes ou combatifs. L'auteur fait un constat bien amère de notre société dans laquelle la police, la justice, l'enseignement et les parents semblent avoir démissionné. L'écriture nerveuse et travaillée sied à cette ambiance particulièrement tendue, menaçante et ombreuse.

Alors que Jonquet écrit ce roman, un mois plus tard, la France connaissait une période de troubles suite à la mort de deux adolescents à moto : émeutes, révoltes et feu de joie. Visionnaire, le romancier assiste, impuissant et étonné, au scénario qu'il avait imaginé.

Un roman noir qui, dix ans après sa parution, est plus que jamais d'actualité.
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Le Bal des débris

Après la relative déception de ma première rencontre avec Thierry Jonquet, il me fallait retenter ma chance pour enfin, peut-être, être d'accord avec l'ensemble des lecteurs.

En choisissant encore une fois l'un des premiers titres de l'auteur plutôt que ceux qui m'étaient conseillés par les fans, je n'étais bien sûr pas assuré de faire la meilleure pioche possible, et de fait, ce n'est pas encore avec ce titre que je vais m'enflammer pour la biblio de l'auteur.

Pour commencer, j'ai trouvé l'entame et le scénario plutôt poussifs, sans divulgâcher, imaginez un "Ocean's Eleven" dans le service gériatrie d'un hôpital, imaginez aussi l'humour très moyen et quelquefois vulgaire des employés dudit hôpital tout au long de la lecture, décidément nos "vieux" ne sont pas gâtés (sans jeu de mot), et puis, il y a l'exercice délicat à vouloir naviguer entre comédie/parodie et intrigue sérieuse, quand ce n'est pas maîtrisé à la perfection cela peut se révéler un peu laborieux.

Et enfin, il y a les personnages de ce roman qui sont tous ou presque des caricatures, je me demande si des employés de santé se reconnaîtraient dans ce quotidien à l'hosto, tous les stéréotypes sont là, même l'infirmière nymphomane.

Je me suis franchement ennuyé dans la première moitié du récit, un peu moins dans la deuxième qui rattrape un peu la sauce heureusement.

Comme je suis sûr qu'il n'y a pas de fumée sans feu, je vais persévérer et lire au moins les deux ou trois titres plébiscités, mon prochain sera "Mygale", je croise les doigts.
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La Bête et la Belle

Comment je me suis trop fait avoir encore !

C'est juste pas croyable...

Pourtant, je m'y attendais à un dénouement à m'en décrocher la mâchoire, puisque c'est Beatson (que je remercie au passage) qui m'a conseillé de lire cette histoire, suite à ma critique concernant Mygale.

Donc, évidemment, que je devais m'attendre à un final à la hauteur du choc que j'avais eu à la lecture de ce dernier.

Eh ben non ! Thierry Jonquet a réussi à me mener en bateau, jusqu'à ces quelques mots qui ont tout fait basculer et m'ont laissé bouche bée, sur le cul, même, carrément... du genre, tu ne sais plus où tu es, où t'habites, quelle langue tu parles et surtout si tu as encore bien toute ta tête !

C'est vraiment trop fort, quoi !

Mais quelle maîtrise...

Ils doivent quand même bien se marrer les auteurs quand ils réussissent à berner autant leurs lecteurs.

Le pied que ça doit être...

Quel plaisir aussi pour moi d'être tombée autant dans le panneau.

C'est franchement jubilatoire ! Et j'en redemande encore et encore des sensations comme celles là.

Je suis bien consciente que j'en dis sûrement trop sur cette révélation hallucinante, mais non ! Je ne pouvais pas vous faire part de mon ressenti sans parler de ce que je vais retenir le plus de cette sordide histoire. Parce que la claque que je me suis prise résonne encore comme jamais. Je ne suis pas prête de l'oublier celle là. Oh ça non...

Pour le reste, j'ai vraiment eu la sensation de vivre avec nos 2 comparses.

En réelle immersion dans leur appartement, théâtre d'abominations olfactives absolument répugnantes, à donner des hauts de coeur...

En prenant, tout de même, garde de bien me cacher pour ne pas risquer de me mettre en travers de leur chemin... Fait pas bon les déranger, du tout, du tout. Gloups.



Pfiouuuuuu...Mais quelle histoire ! Je peux vous le garantir.

Choquée...

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Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crai..

Une jeune prof pour sont premier poste se retrouve dans les fameuses cités balieusardes de Paris. Le melting-pot y est présent et la diversité à parfois du mal a bien s'entendre. A tel point que tous les conflits se trouvent être les centres d'intérêts des lycéens. Pas facile de commencer une carrière comme ça.



J'ai trouvé que ce livre sonnait très juste, peut être même trop pour ma tranquillité d'esprit. je ne vis certes pas dans la banlieue Parisienne, mais déjà en province certains quartiers chauds ressemblent étrangement à ça. Le racisme primaire y est présent et parfois déjà inculqué par les parents dès la naissance. Mais pas seulement, la société actuelle fait que cette jeune génération ne sait plus d'ou elle vient et sa quête identitaire, et la faiblesse de l'adolescence en font une proie facile.

Un livre prenant, qui fait mal par sa réalité et qui met un avant l'échec cuisant de l'éducation aussi bien parentale que scolaire. L'auteur a aussi démontré d'une main de maître comment la propagande religieuse pouvait faire basculer d'une pichenette un être humain avec une facilité effarante du côté obscur.



Un livre qui m'a touché et qu'il est bon de garder à l'esprit
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Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crai..

La banlieue , c'est pas rose ,

La banlieue , c'est morose , yo , yo , ouaich , ouaich !



Et elle va le découvrir Anna Doblinsky , jeune prof nouvellement promue au Collège de Certigny , Seine-Saint-Denis , enfin l'9-3 comme il est désormais coutume de l'évoquer .

Un département gangréné par la drogue , la prostitution , le prosélytisme intégriste...

Au pays ♪

D'Certigny ♫♪

C'est pas joli , joli ♪♪♫

A toi Candy !



Anna devra gérer de jeunes terreurs , purs produits d'un environnement hostile qui semble déjà les avoir condamnés de par leur triste localisation géographique , latitude 48.856614 , longitude 3.1415926 à vol de kswagen , pour les plus pointilleux...

Son lot quotidien ? Insultes , crachats , provocations...De quoi éprouver la solidité d'une vocation héréditaire ! Ajouter à cela un contexte de guerre civile étant sur le point d'éclater et vous obtenez le portrait sans concession d'une ville de banlieue fictive , véritable terreau fertile au pourrissement des corps et des âmes...



Jonquet fait habituellement dans le polar fictif .

Il décide , dans le cas présent , d'allier fiction et faits avérés pour étayer un propos d'une rare noirceur . Si Moloch m'avait véritablement scotché , ce récit possède comme un p'tit arrière goût de frustration . Rien à redire sur l'évocation d'une poudrière ne demandant qu'à exploser , non , là où le bât blesse , c'est ce sentiment d'avoir le cul entre deux chaises au sortir de ce docu-fiction .

J'ai accroché à ces destins croisés de jeunes totalement en perdition , en manque de repères fondateurs et qui se construisent alors dans la violence et la haine de l'autre .

J'ai apprécié ces quelques piqures de rappel à l'évocation des émeutes ayant fait la une de l'actualité fin 2005 .

J'ai éprouvé amèrement la faillite des institutions que sont l'enseignement , la justice , la politique au profit d'un obscurantisme religieux essaimant à tout va et d'une violence quotidienne semblant inscrite dans les gênes d'une génération délibérément sacrifiée...

Cependant , le sentiment final qui prévaut au sortir d'un tel roman est bel et bien celui d'un engouement moindre comparé aux précédentes moutures d'un auteur toujours aussi précis et alerte dans son écriture .

Jonquet dépeint la misère intellectuelle et sociale d'une banlieue sans manichéisme aucun sans pour autant apporter de nouvelles pierres à l'édifice d'où ce méchant sentiment d'avoir lu un bon roman sans pour autant en ressortir beaucoup plus intelligent...ce qui , habituellement , est pourtant chose aisée...



Ils Sont Votre Épouvante Et Vous Êtes Leur Crainte ( Victor Hugo ) : jusqu'ici , tout va bien...
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Mygale

Pour ma première lecture de 2019, j'ai été servi! J'ai pioché ce petit noir bien corsé de Jonquet, dans ma caisse de Gallimard-Série Noire, Carré Noir, Poche Noire et Folio Policier.

En commençant le bouquin, j'ai cru que l'imprimeur avait mélangé deux récits de deux auteurs... Et puis non. Thierry Jonquet défile un récit malin où le lecteur se gratte la tête avec ce plaisir d'être emmené dans trois fils différents. Trois tunnels de métro obscurs, dont on ne sait s'ils auront une station de correspondance.

J'étais sur mes gardes, avec le souvenir encore vivace de La Bête et la Belle.

Mais Jonquet m'a encore eu, dans le final époustouflant de sa glauque histoire. Une histoire de haine, de folie et de vengeance au-delà de l'entendement.... Et l'auteur s'y entend, dans la description détaillée de certaine opération chirurgicale!

Comme quoi, Thierry Jonquet fait bien partie de cette élite du roman noir français.



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Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crai..

J’ai choisi le titre d’une célèbre émission documentaire pour débuter ma chronique, tant ce livre m’a bouleversé.



Apocalypse « Cité années 2000 »



Anna Doblinsky est nommée pour son premier poste de professeur, dans un collège de banlieue du 9-3… La France Black, blanc, beur…



Effrayant, effarant, violent, mais tellement vrai.

Le constat est sans appel.

Échec de l’éducation parentale, échec de l’éducation nationale, échec de l’éducation religieuse.

Police et justice impuissantes.

Quartier de non droit, lieu de perdition, trafics en tous genres, drogues, prostitution. Une jeunesse aux origines multiraciales, née en France et qui, pourtant ne s’y sent pas chez elle, nourrie de la haine de l’autre, de ses différences de couleur ou de religion.

Une jeunesse livrée à elle-même que les éducateurs et autres professeurs n’arrivent plus à encadrer et à remettre dans le droit chemin, qui méprise toute forme d’autorité, qui met le feu aux cités et fait preuve d’une violence inouïe. Alimentée par les images de l’actualité quotidienne en Palestine, le racisme et l’antisémitisme sont le quotidien de ces adolescents en mal de vivre et sans repère. Une jeunesse si fragile que les recruteurs de l’islam extrémiste en font leurs cibles privilégiées.

Même les quelques exemples de réussite dans leur entourage ne leur laissent pas penser qu’ils peuvent s’en sortir et construire un monde meilleur.

Ce livre écrit il y a dix ans trouve une résonance particulière dans les évènements survenus dans notre pays récemment.

Vous voulez regarder la réalité en face ?

Ce livre est une gifle en pleine figure, sans optimisme, sans espoir.

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La Bête et la Belle

Non, ce n'est pas un conte de fées, pas vraiment un roman policier non plus, l'enquête, en l'absence du coupable que l'on connait tout de suite, est presque inexistante. Alors c'est quoi La Bête et la Belle ?



Je dirais une histoire d'amitié, de fidélité entre deux hommes marginalisés par les circonstances. L'un, rendu fou ou presque par l'infidélité chronique de sa femme, souffre du syndrome de Diogène (une accumulation compulsive conduisant à une vie insalubre). L'autre, un clochard que son grand âge a vulnérabilisé, a des comportements proches de ceux d'une bête. Deux hommes, devenus amis à la vie à la mort, qui se vautrent dans la fange la plus répugnante mais ne font pas peur, et pourtant...



Ces laissés pour compte d'une société qui préfèrent les ignorer font partie d'une population où la maladie mentale s'exprime plus facilement. Avec la critique sociale, un sujet récurrent —traité ici avec un réalisme propre à dégoûter pour éveiller les consciences — chez l'auteur qui a été infirmier dans un asile psychiatrique.

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La Bête et la Belle

Pour qui connaît Jonquet et son univers , l'on se doute bien que malgré un titre fleurant bon les studios de la petite souris aux grande oreilles , niveau ambiance avec de joyeux nains partout sifflotant en rentrant du boulot , ça va pas être ça ! Et c'est tant mieux ! Moi , les vilaines sorcières au nez crochu , ça m'a toujours foutu les foies...



En trois parties d'égale intensité , Jonquet va dérouler son récit comme il sait si bien le faire pour , finalement , nous faire tomber de très très haut . Lecteur sujet au vertige , passe ton chemin . Le seul truc qui me soit venu en refermant le bouquin : ah ouais , d'accord , vicelard le gars . Ceci dit , si quelqu'un avait vu le coup venir , chapeau bas à son sens de la déduction frôlant de très près le mysticisme . Un coup à rendre jalouse Irma Tessier ça...



Gabelou est flic . Sinon , avec le même tirage , j'avais bélouga beaucoup moins crédible que douanier , il est vrai . Et s'il y a bien un truc qui l'énerve , le gars Gabelou , c'est la présence d'un tueur en série dans sa juridiction . Vieux , jeune , tout le monde y passe car l'assassin n'est pas sectaire . One point !

Le point positif de l'affaire , son arrestation et incarcération . Ça , c'est fait . Par contre , l'assassin s'avère peu prolixe quant à ses motifs et c'est là que l'ami Léon entre en scène . Unique ami de ce prof cumulant le double emploi de dézingueur à ses heures perdues , il semble être le seul susceptible d'expliciter le pourquoi du comment  à partir de cassettes maladivement enregistrées par le chouchou attitré de la CAMIF et des PFG .

Ambiance Garde à Vue au programme , la confrontation s'avère tendue...



Est-ce le meilleur Jonquet ? Sans ambiguïté aucune , certainement pas .

Le récit est plutôt linéaire . Léon se confie timidement puis le chapitre suivant se borne à corroborer ses dires .

L'intérêt principal d'un tel polar – à prendre avec de grosses pincettes l'étiquetage policier – c'est le quotidien de nos deux colocs célibataires endurcis et les motivations du tueur se faisant jour timidement . A noter que lorsque l'un des joyeux drilles est atteint du syndrome de Diogène , l'état de l'appart' ferait criser la plus volontaire des fées du logis !

Un roman honnête qui se lit vite et bien mais qui est à mille lieues d'égaler Moloch dans le genre .



La Bête et la Belle : manque de mordant !
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Jours tranquilles à Belleville

Il y eut, avec Henry Miller, des Jours tranquilles à Clichy. En 1999, Thierry Jonquet publie ses Jours tranquilles à Belleville, qui préfigurent l'excellent roman Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte , qui sortira dix ans plus tard.

Jonquet vit à Belleville avec sa famille. Derrière la carte postale de ce quartier mythique ancré dans l'imaginaire des Parisiens, de ce quartier ouvrier et populaire, depuis longtemps lieu d'accueil pour les immigrés, Jonquet observe les murs qui se lézardent, au propre comme au figuré, le paysage urbain de plus en plus contrasté, la ghettoisation, la délinquance, l'insécurité qui pourrit la vie quotidienne des habitants.



Jonquet est écrivain. Quand les habitants des banlieues où la situation est plus grave encore, subissent et ne peuvent se faire entendre, lui va raconter à travers ces chroniques, la lente déliquescence de Belleville, les pouvoirs publics qui se refilent la patate chaude, les architectes qui s'attellent aux problèmes engendrés par la pauvreté, le trafic de drogue, les agressions, en dynamitant le quartier -adieu les arrière-cours, les ruelles, les passages, le mobilier urbain - la fragmentation ethnique qui sépare dès la petite enfance les habitants, et ce à l'échelle modeste d'un quartier.



Jours tranquilles à Belleville est certes une vision subjective, celle d'un écrivain de gauche qui reproche à cette même gauche son silence assourdissant et à l'extrême-droite la récupération systématique de la question sécuritaire.

Car, si la violence est de nature économique et sociale elle se double aussi d'une visibilité ethnique, visibilité d'autant plus criante que depuis des décennies, Belleville accueillait des vagues successives d'immigrés qu'elle avait réussi à intégrer jusqu'à la fin des années 70.



Dans sa postface, Jonquet rend compte de la petite déflagration provoquée par la parution de son ouvrage, coincé entre le marteau et l'enclume, entre une certaine gauche pour laquelle l'immigré, vêtu de probité candide est par essence une victime, et une extrême-droite qui prospère et ramène systématiquement tous les maux de la société à l'immigration nord africaine et subsaharienne.

Vingt ans après la parution de ce court ouvrage, force est de constater que le phénomène a fait tache d'huile dans d'autres arrondissements de la ville, au détriment de tous ceux qui y vivent, laissant entrevoir un avenir « à l'américaine », un Paris labellisé « ville fractale ».

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