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Critiques de Thomas Day (495)
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Macbeth, roi d'Écosse, tome 1 : Le livre des..

Écosse, an 1040. Un arbre rabougri surplombe un abîme. "Sorties de nulle part, nées de la poussière", 3 soeurs, 3 sorcières, 3 viles créatures...

- "Que faites vous ici, dans ce lieu païen, sous ce temps de diable?"

Demande Macbeth.





"Tonnerre, pluie, éclairs.

Par bulles, la terre recrache de l'air. C'est le dernier souffle des morts, leurs murmures.

L'air crache de l'eau, par le dessus, par le dehors."





3 sorcières prédisent à Macbeth qu'il deviendra roi...

La différence est que c'est Lady Macbeth (plus effacée chez Shakespeare) qui poussera son époux, à assassiner le Roi Duncan, même si elle doit se salir les mains, elle-même...





Dans la tragédie de Shakespeare, je me demandais si Lady Macbeth n'était pas une des 3 sorcières (une envie de fantastique...), avec cette BD, où Lady Macbeth apparaît les bras ensanglantés, et du sang sur sa robe (je me dis que ce n'est pas une extrapolation idiote...)





"J'ose tout ce qui sied à un homme, qui ose plus n'en est pas un." murmure Lady Macbeth.

C'est une femme dévorée par l'ambition, elle n'invoque plus l'acte de trahison, elle devient celle qui l'accomplit!

La prophétie des 3 sorcières peut s'accomplir...

"Macbeth sera Roi d'Écosse."





Chez Shakespeare, le fait d'être un femme empêche Lady Macbeth (assoiffée de pouvoir) d'accéder au trône. Elle va influencer et manipuler son mari.

"Venez, venez esprits qui excitez les pensées homicides ; changez à l'instant mon sexe"

Macbeth de Shakespeare....





Des dessins somptueux : les bannières rouges flottant dans le ciel bleu, landes, cercle de pierre, châteaux et scènes de banquet avec abondance de détails.
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L'automate de Nuremberg

Je découvre Thomas Day avec cette courte histoire estampillée steampunk.

Dans une uchronie qui voit Napoléon Bonaparte régner sur l'Europe, Melchior Hauser, le célèbre automate joueur d'échecs recouvre sa liberté et entreprend une quête existentielle qui doit répondre à la question de savoir s'il possède une âme.

Pour cela il doit retrouver son créateur, voici posée la trame de cette histoire.

J'ai bien aimé le style et le rythme du récit que je vais qualifier d'immersif, l'ambiance est un peu mystérieuse et l'on suit l'évolution de l'histoire avec intérêt.

Cela dit, j'ai eu le sentiment que toutes les promesses n'étaient pas tenues avec un dernier tiers du récit qui semble s'égarer et une fin un peu frustrante.

A l'arrivée c'est quand même une bonne lecture qui m'incite à en découvrir plus sur cet auteur.
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Sept secondes pour devenir un aigle

En découvrant sa bibliographie, nous voilà d’ores et déjà saisis par la prolixité de Thomas Day, auteur spécialisé dans la littérature de l’imaginaire et la science-fiction. Des romans, des nouvelles, des anthologies, des recueils… un répertoire pour le moins impressionnant pour cet écrivain, né à Paris en 1971, qui enchaîne depuis vingt ans titres et récompenses et affiche à ce jour plus d’une dizaine de romans et une bonne cinquantaine de nouvelles.



Force est de constater que « Sept secondes pour devenir un aigle » est une belle preuve de la riche et fervente imagination de cet auteur inspiré, qui réussit à nous balader d’un bout à l’autre de la planète en se renouvelant sans cesse dans le fond et la forme, dans le style, la tournure, les lieux et les atmosphères, l’espace et le temps.



Gravitant autour d’un thème central, l’écologie et le rapport de l’homme à la nature, chaque histoire s’habille d’un climat qui lui est propre, d’un décor particulier, d’un caractère personnel, offrant ainsi le sentiment d’une lecture qui prend alors des allures d’aventure.

Une histoire, une équipée. De l’Asie à l’Amérique, du continent australien aux côtes japonaises, des forêts du Cambodge aux déserts de glace du Grand Nord, les six nouvelles qui composent le recueil sont un voyage :

- « Mariposa », nous transporte sur une île du Pacifique peuplée d’étranges arbres à papillons…

- Avec la nouvelle qui donne son titre au recueil, « Sept secondes pour devenir un aigle », l’on suit le parcours atypique d’un vieil indien sioux aux opinions radicales…

- Dans « Éthologie du tigre », véritable chant d’amour à la beauté sauvage du félin, l’on partage l’admirable détermination d’un homme à protéger cette espèce animale en voie de disparition…

- « Shikata ga nai » nous entraîne dans le Fukushima d’après la catastrophe, au côté de trois jeunes Japonais qui tentent de survivre en pillant la zone irradiée…

- « Tjukurpa » est une recherche des origines que vont entreprendre de jeunes Aborigènes en se servant des potentialités virtuelles…

- Quant à « Lumière noire », l’intelligence artificielle d’un ordinateur prenant le contrôle absolu de la planète propose une autre alternative à l’existence de Dieu…

Un recueil comme un voyage donc, qui, au-delà des sensations d’évasion qu’il procure, ouvre des pistes de réflexion sur l’état et l’évolution de notre monde.



Chacune des nouvelles de Thomas Day participent avant tout d’une volonté de questionnement sur les problèmes de la planète. On ne peut pas dire qu’elles relèvent à proprement parler de la science-fiction ; elles naviguent plutôt entre ses marges, empruntant ici et là au genre fantastique, à la fable, au conte, à l’uchronie et même à la poésie, pour semer par petites touches, comme de petits cailloux subtilement déposés, des questions d’ordre écologique.



L’œuvre de l’écrivain, à la fois fantaisiste et raisonnée, intelligente et accessible, très documentée et détaillée, va au-delà des notions de genres, sapant habilement l’éternel clivage entre catégories littéraires, pour ne laisser place qu’à la dimension universelle de la littérature, celle qui permet, et de s’évader, et de penser le monde, à travers les subtilités de la fiction.



Ce que l’auteur apporte d’observations, d’interprétations personnelles, ce qu’il soulève d’interrogations sur le devenir d’une espèce dont la violence intrinsèque à sa nature est la cause majeure de sa propre déperdition, devient la matière première d’un ouvrage mettant en perspective les agissements intempestifs de l’homme sur une Terre qu’il n’a cessé d’irriter et d’exciter comme des tiques dans le pelage d’un chien, et les conséquences dramatiques, irrémédiables, que cela peut entraîner dans un futur pas si lointain.



Remercions l’opération Masse Critique et les éditions du Bélial pour cet ouvrage de qualité qui nous a fait découvrir un auteur diablement intéressant mais aussi un dessinateur de grand talent, Aurélien Police, dont les superbes illustrations en tâches d’encre et en coulures, offrent à l’ensemble du recueil une belle homogénéité visuelle.

Pour terminer, la postface de Yannick Rumpala sur la science-fiction à l’ère de « l’antropocène » clôt l’ouvrage de manière très édifiante en soulignant le rôle représentatif, éthique, imaginatif, d’un genre littéraire qui permet de responsabiliser l’humain sur son environnement et sur ce qui assurera (ou pas)son devenir.

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Women in chains

Dans sa critique, Boudicca vous prévient d'emblée : "âmes sensibles s'abstenir". Je m'apprêtais à écrire la même chose...mais que vous soyez sensibles...ou pas ; ces cinq nouvelles sur la violence faite aux (ou subie par les) femmes demandent à être lues. Munissez vous plutôt d'une solide carapace et gardez la porte de votre coeur entrouverte. Ainsi armée (d'avertissements et de protection), attendez-vous à recevoir la brutalité de certains textes de Thomas Day comme un poing en pleine figure !



Ce sont des fictions, basées sur la malheureuse réalité toute crue, qui parlent des femmes "enchaînées" avec violence par le destin et/ou par la sauvagerie calculée des hommes.

L'auteur est un écrivain de l'imaginaire et en tant que tel situe ses récits à la frontière du réel.

* Dans "La ville féminicide" (pour moi, un des textes majeurs), il fait e.a. référence à la mythologie aztèque pour tisser un lien vers et avec les disparues de Ciudad Juárez.

* Dans "Éros-center" qui se passe principalement en Afrique et en Allemagne, c'est l'ensorcellement par un sorcier proxénète qui change une jeune couturière en prostituée. (Cette nouvelle semble souffrir d'une construction "morcelée", sauf si vous la lisez en ordre chronologique, suivant la numérotation des chapitres, plutôt que l'ordre de pagination).

* "Tu ne laisseras point vivre" est l'histoire d'une jeune nymphomane qui pour fuir ses dons divinatoires et les tentations...s'installe sur les étendues enneigées de Groenland. (Ce récit détonne un peu parmi les autres).

* "Nous sommes les violeurs" est un texte plus politique : dans un futur proche et plausible, des historiens interrogent les survivants d'un commando, engagé pour éradiquer les champs de pavots en Afghanistan...des mercenaires survivants...et violeurs de femmes "pour la bonne cause"... écoeurant !

* "Poings de suture" est la plus courte nouvelle, parlant de se reconstruire après avoir subie la violence conjugale. Un récit plus "léger" pour clore le recueil...(mais qui m'a moins convaincu).



Des nouvelles qui racontent, dans le sexe et le sang, la misère de la condition féminine. Les propos de Th. Day sont souvent délibérément durs, incisifs et crus pour mieux nous rudoyer et nous secouer. Et il y réussit fort bien, puisque on se sent troublé, bouleversé et indigné.

En colère contre les hommes-bourreaux...inévitablement...

Solidaire avec ces femmes qu'on désire libérer de leurs chaînes.

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La voie du sabre, tome 3 : L'incendie de l'..

Dans ce troisième et dernier tome intitulé "L’Incendie de l’esprit", le voyage compte moins que la destination, le récit compte moins que sa conclusion, car chaque conte possède sa morale et ici la morale du conte dimensionne absolument tout…

Une conclusion de qualité pour une trilogie BD de haute qualité !
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L'automate de Nuremberg

Je suis débutant en Thomas Day. D’après ce premier livre de cours (et court) – L’automate de Nuremberg – c’est une matière qui s’annonce foisonnante, imaginative, assez érudite, très historique et un poil violente.



Impressionnant le nombre de thèmes entremêlés dans cette novella. Déjà c’est une uchronie, car ce petit ogre de Napoléon semble avoir réussi à repasser les plats en 1815 et à engloutir l’Europe jusqu’à la Russie (pour de bon) et plante derechef ses dents pointues en Afrique. Là-dessus on saupoudre d’un soupçon de steampunk avec cet automate à la pensée largement plus structurée que nos contemporains algorithmes de machine learning (il prétend ne pas sentir les émotions mais emploie un langage émotionnel à tout bout de champ), et d’un nuage de fantastique, thème de la création et de son créateur à la Mary Shelley oblige, mais pas que…

Sous le tapis se tapit une critique du colonialisme, de la volonté de conquête, du racisme, voire de l’extrémisme religieux (le dernier fiston Hauser fait froid dans le dos).



C’est la description historique qui m’a le plus emporté, en particulier les scènes du Sénégal, tellement chouettes que j’ai eu l’impression de lire du Jean-Christophe Rufin. Corollaire, ce sont les chapitres consacrés à l’automate Melchior qui m’ont le plus contenté, réhaussés par les commentaires décrivant son fonctionnement, ses rapports avec son garde du corps russe Ivan qui cherche une forme d’absolution et les dialogues avec la haute bourgeoisie pédante à la tête de Saint-Louis du Sénégal. Les premières aventures du chemin de fer anglais sont également palpitantes.



J‘ai reçu les chapitres consacrés au cadet Hauser un peu comme un cancer qui vient détériorer une beauté. Au-delà de ses étonnantes capacités, l’extrémisme religieux autoconfiguré qu’il déploie est véritablement malsain et finit par contaminer littéralement le reste. C’est loin d’être détestable à lire hein, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. C’est juste qu’on lit des choses qui sont désagréables à l’œil et aux neurones. Du coup la fin m’a laissé un goût amer.

Une exception : la « véritable » histoire de l’étonnant Kaspar Hauser, qui a bien existé, nous est proposée. C’est un remarquable exemple de l’imagination au travail pour combler les blancs des énigmes de l’Histoire.



Mais le véritable sujet du livre reste la recherche de la définition de ce qui fait véritablement un être humain. Une définition qui permet de voir l’humain chez un automate, et l’inhumanité chez l’homme fait de chair.



Une très bonne porte d’entrée à Thomas Day, donc. Il n’y a plus qu’à découvrir le reste de sa maison.

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Dragon

152 pages, top chrono ! "Dragon va vite, très vite. C'est à la fois sa force et sa faiblesse.



J'ai tendance à penser que la concision est une qualité pour un thriller. Le tout petit format de "Dragon" vient confirmer cette idée. Le récit est terriblement efficace, la tension permanente. En allant à l'essentiel, Thomas Day propose un roman à l'allure de thriller épuré qui s'avère très prenant.



La concision de "dragon" est aussi sa faiblesse. Trop court, les personnages ne sont qu'esquissés alors qu'ils étaient passionnants. L'intrigue va trop vite elle aussi, elle aurait mérité plus d'ampleur, certains aspects auraient pu donner lieu à des développements très intéressants. En fait, j'ai un peu eu l'impression de lire le condensé d'un super roman.



N'allez pas croire pour autant que je n'ai pas aimé "dragon". Après tout, si je n'en ai pas eu assez, c'est bien que ce que je lisais me plaisait. De plus, ce n'est pas si souvent qu'un auteur s'attaque au sujet délicat de la prostitution des enfants. Et Thomas Day s'y attaque frontalement ; les adeptes du tourisme sexuel, les maquereaux, les flics trop peu actifs... tous en prennent pour leur grade. Quant à la façon dont est traité le tueur de pédophiles, il est particulièrement intelligent, l'auteur faisant preuve d'une finesse inattendue et évitant toute facilité. Bien sûr, le lecteur se range de son côté, prend même plaisir à le voir tuer des ordures, le récit faisant office de catharsis, mais pour autant Day nous rappelle que ce genre de croisade vengeresse ne résout rien grâce au très beau personnage de la présidente d'une ONG qui dira, en larmes, à Dragon : "vous n'êtes pas la solution".



En bref, un petit roman coup de poing qui, à mon goût, aurait mérité d'être plus étoffé mais qui a rempli son objectif, celui de me secouer à travers un récit riche en tension.



Challenge Petits plaisirs 2016 - 27

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La Voie du sabre, tome 1

Nakamura Oni Mikédi appartient à un clan puissant du Japon médiéval!

En trois rouleaux, qui sont fort agréables à dérouler, il nous relate son enfance terne dans l'ombre d'un père indifférent, son apprentissage brutalement interrompu auprès du rônin Miyamoto Musashi et enfin ce qui le conduira à se venger de son maître, une fois arrivé à l'âge adulte.

J'ai particulièrement été sensible au merveilleux et au fantastique dans ce roman initiatique, où le jeune héros reçoit une éducation chaotique.

Délaissé quelques années comme commis de cuisine par celui qui est censé lui enseigner la voie du sabre, puis remis entre les mains des prostituées de la Pagode du plaisir pour parfaire son éducation, il est tortueux, le chemin qui doit le mener auprès de l'Impératrice-Dragon.

Récits de combats, secrets d'alcôves, rien ne manque à cet ouvrage non dénué de cruauté ni d'érotisme.

La voie du sabre, de l'acier bien trempé au pays des samouraïs!
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Le Trône d'ébène : Naissance, vie et mort de Cha..

“Le trône d’ébène” est le premier livre que je lis de Thomas Day et je dois dire que j’ai bien accroché à l’histoire et à l’écriture.



J’aime beaucoup lire des livres en rapport avec l’histoire de l’Afrique (si possible pré-coloniale) et je n’avais pas encore “exploré” l’Afrique du Sud.



Ce roman revisite à la sauce fantasy l’histoire de Chaka Zoulou (1787-1828) le fondateur du Royaume Zoulou. L’univers mis en place autour des faits historiques est intéressant et crédible. J’ai trouvé l’histoire passionnante malgré quelques scènes d’une rare violence.



Le seul bémol est qu’il me reste une impression qu’il manque quelque chose à la fin. Elle aurait pu être un peu plus étayée.



Cela étant dit, dans l’ensemble, un très bon moment de lecture.







Challenge livre historique 2019
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Macbeth, roi d'Écosse, tome 1 : Le livre des..

Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day et l’inusable Guillaume Sorel se lancent dans l’adaptation du classique de la légende shakespearienne : entre le sexe et la violence du premier, et l’onirisme du second c’était du quitte double… Une fois n’est pas coutume il n’y a rien à redire sur les superbes graphismes de Guillaume Sorel dont le talent visuel plus qu’un superbe écrin offre un second souffle au classique universel du plus grand des auteurs anglais. C’est du bonbon pour les yeux, chaque planche est un pur délice et on se pourlèche les babines…

Non, le souci vient de Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day qui a décidé d’utiliser le texte de William Shakespeare traduit par Victor Hugo pour raconter sa propre version de l’histoire ce qui à un moment ou à un autre aboutit à un grand n’importe quoi : pourquoi et comment raconter une histoire différente avec le même texte ? Oui car quand on veut se faire mousser, pourquoi faire simple quand on peut faire résolument alambiqué donc plus ou moins compliqué ???



Le récit de William Shakespeare vaudra toujours mieux que les délires de grandeur de Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day, car ce dernier était résolument simple donc résolument universel : le mal n’est ni en Hécate, ni dans les sorcières, ni dans les créatures de la nuit, mais en chacun de nous… Lord MacBeth soumis à la tentation du pouvoir, qui comme chacun le sait corrompt et corrompt absolument quand il est absolu, tuait son cousin, prenait le pouvoir et régnait en tyran avec le soutien indéfectible de Lady MacBeth qui l’avait fait passer du Côté Obscur malgré la vigilance de son Jiminy Cricket Blanquo avant que son orgueil ne cause sa propre chute… Sic semper tyrannis !

Mais dans cette relecture c’est peu ou prou bordélique… Déjà le Jiminy Cricket Blanquo est remplacé par l’exécuteur des basses œuvres Cuilen qui moralement est encore pire que Lord et Lady MacBeth réunis : nous sommes dans le domaine du grimdark martinien qui comme chacun le sait ne mène à rien ! Dans le récit originel MacBeth récoltait la gloire et montait en grade en combattant contre les Vikings, mais ici c’est en châtiant les pilleurs du Château de Moray … J’ai envie de dire pourquoi pas, mais cela amène tellement d’interrogations pour ne pas dire tellement d’incohérences que je déclare haut et fort que Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day n’a fait cela que pour se placer au dessus de William Shakespeare ! Nous sommes dans le domaine de la boulardise to the max !!!



Je connais le bonhomme par cœur et il va expliquer qu’il fait cela pour la cause féministe en inversant les rôles entre Lord et Lady MacBeth : il veut faire de Lord MacBeth le soutien de Lady MacBeth là où William Shakespeare avait fait de Lady MacBeth le soutien de Lord MacBeth (car comme chacun le sait William Shakespeare est par rapport à Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day un tâcheron sans ambition, ironie inside). Contrairement à l’œuvre d’origine, MacBeth n’est pas encore marié et il épouse celle dont il fait assassiné le mari pour prendre sa place (donc MacBeth ne devient pas un salaud par ambition, il est dès le départ un un salopard ambitieux). La narration est tellement alambiquée qu’il est résolument impossible de savoir si MacBeth épouse celle par qui le malheur arrive parce qu’il a pitié de celle dont il a causé le malheur ou parce que cette dernière fait pression sur lui parce qu’elle connaît la vérité sur ses agissements… Toujours est-il qu’il est ridicule de voir ensuite MacBeth hésiter à tuer une seule personne après avoir causé la mort violente de de plusieurs dizaines de personnes. Et il est tout aussi ridicule de voir Lady MacBeth donner le sein à son enfant les bras ensanglantés après avoir zigouillé le Roi Duncan à coup hache dans le crâne (le thanato-érotisme de Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day a encore frappé)…

L’idée serait que ce n’est pas Lady MacBeth qui fait passer Lord MacBeth du Côté Obscur mais Lord MacBeth qui fait passer Lady MacBeth du Côté Obscur, mais là aussi il y a un os car elle ne devient pas folle car elle est folle dès le départ. Je le répète les modifications apportés au récit amène un paquet de bizarreries, la psychologie des personnages changeant du tout au tout en quelques planches voire quelques cases sans réelles explications : en faire la liste serait bien trop fastidieux, du coup je me contenterai d’un seul exemple avec MacBeth qui décide de rendre le corps de Duncan à sa famille avec tous les honneurs dus à son rang puis qui sur un coup de tête retourne sa veste et décide de l’enterrer comme un chien au milieu de nulle part… WTF ?!



Lady MacBeth veut être mère et être reine (Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day a -t-il voulu en faire une nouvelle Cersei ?), autrement dit fonder sa propre dynastie avec le fils de son précédent mari assassiné, mais dans le récit originel c’est Lord MacBeth qui voulait fonder sa propre dynastie avec leurs enfants légitimes… La deuxième partie du récit risque d’être bien compliquée à mener : Lady MacBeth ne peut pas devenir folle car elle l’est déjà, elle ne va pas se suicider car elle trop ambitieuse pour cela, et Lord MacBeth ne peut pas pécher par orgueil car il n’est que l’instrument des ambitions de son épouse. J’imagine qu’on peut rattraper le coup en faisant du « genderswap » avec Lord MacBeth sombrant dans la folie avant de se suicider et Lady MacBeth régnant en tyran avant que son orgueil ne cause sa chute.

Why not ? Mais le « genderswap » opéré par des auteurs autoproclamés « Social Justice Warriors » cela a surtout donné de la merde ces dernières années (ben oui, on ne peut pas jouer impunément avec des récits et des symboles universels pour coller au politiquement correct du moment)… Évidemment je surnote car le travail graphique est extraordinaire, mais avec un dessinateur lambda la note aurait été divisé par deux : Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure, et j’espère que Guillaume Sorel qui est un artiste à forte personnalité saura raisonner son compère peu ou prou schizophrène !



PS: Évidemment les critiques presse seront unanimement élogieuses, car Dr Gilles Dumay / Mr Thomas Day qui a occupé de hautes fonctions chez plusieurs éditeurs a toujours disposé d’un impressionnant entregent.
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L'Instinct de l'équarrisseur : Vie et mort de..

Conan Doyle, Holmes et Watson, Jack l’éventreur, un monde parallèle, le Sundance Kid, des extra-terrestres, Oscar Wilde, le Machu Picchu, Jack London, le secret de l’immortalité et même des . Il y a tout ça, et plus encore, dans « l’instinct de l’équarrisseur ». Autant dire qu’on ne s’ennuie pas. « L’instinct de l’équarrisseur » offre un moment de lecture absolument jouissif.



Le roman de Day est un véritable roller coaster, il n’y a aucun temps mort, le rythme est complètement fou. Il y a un peu un esprit serial dans cet enchaînement de péripéties à 100 à l’heure qui rappelle les feuilletons d’aventure. L’action est tellement ininterrompue que même les personnages semblent toujours en mouvement, ils ne se posent jamais. C’est à mon sens une vraie prouesse que réussit là l’auteur. En effet, en général pour renforcer l’impact des séquences d’action des moments plus calmes viennent apporter un changement de rythme. Après tout dans des montagnes russes, il y a des creux et des bosses et les uns sont nécessaires pour apprécier les autres. A ne pas changer de rythme, à mener son récit toujours à la même fréquence de dingue, Day prenait le risque que plus rien n’ait d’impact, que le lecteur, blasé, ne se détache de l’action. Il n’en est rien. Une fois embarqué, et ça arrive dès les toutes premières pages, le lecteur est fait comme un rat, il ne peut plus lâcher le bouquin. Jamais on ne se lasse du rythme ébouriffant. On sort de là lessivé, épuisé, exténué, à bout de souffle mais heureux.

On sent que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire et son plaisir est vraiment communicatif. Day s’amuse à mélanger les genres, steampunk, enquête policière, aventure, comédie, western, horreur… On ne sait jamais où l’auteur va emmener son récit, l’inattendu est ici la règle, on est très souvent surpris. Les références littéraires ou cinématographiques sont nombreuses. Je pense que beaucoup m’ont sans doute échappé mais sans jamais que ça ne soit excluant.



J’ai été tout autant séduite par l’écriture. De Thomas Day j’avais déjà lu, et apprécié, « Dragon » et « Women in chains ». Mais, si j’avais trouvé à l’auteur d’évidents qualités narratives, un talent indéniable pour raconter une histoire, je n’avais pas été marquée plus que ça par son style que j’avais trouvé efficace mais pas spécialement séduisant. Avec « l’instinct de l’équarrisseur » fait preuve d’un grand talent stylistique. Une langue imagée, drôle, haute en couleur, souvent même élégante… C’est vraiment bien écrit. Il n’y a guère que les, rares, scènes de sexe qui ne m’aient pas convaincue. Un tout petit bémol que je pardonne totalement tant le reste est emballant.



Enthousiasmant, jouissif, jubilatoire, « l’instinct de l’équarrisseur » est un vrai bonheur de lecture. Si j’ai aimé les récits sombres et graves de Day, j’avoue que je le trouve encore bien meilleur dans ce registre de divertissement déjanté. « L’instinct de l’équarrisseur » est le genre de bouquin qui rend heureux. Quel super moment de lecture !

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Sept secondes pour devenir un aigle

Je ne le répéterai jamais assez : Thomas Day compte sans aucun doute aujourd'hui parmi les meilleurs auteurs français, tout genre confondu. Fantasy, science-fiction, fantastique, uchronie, rien de l'effraie, tout lui réussit et « Sept secondes pour devenir un aigle » en est encore une fois la preuve. Si, plus de dix ans après le percutant et choquant « Stairways to hell », l'auteur ne semble en aucun cas avoir perdu de sa sincérité ni de sa noirceur, ses derniers écrits témoignent indéniablement depuis quelque temps d'une plus grande acuité, voire même de davantage de maturité selon Olivier Girard, auteur de l'avant-propos précédant le recueil. Moins d'excès, davantage de maîtrise et de profondeur. Autant de qualités que le lecteur avait déjà pu apprécier dans les derniers recueils en date de l'auteur, qu'il s'agisse de « Sympathies for the devil » ou encore de « Women in chains ». Après la violence faite aux femmes, voilà donc que Thomas Day se consacre à l'écologie, ou plutôt aux rapports entretenus entre l'homme et la nature. Comment vivre avec le fait que notre planète risque fort de devenir de moins en moins habitable? Quelle attitude adopter à l'égard de la nature alors que l'on sait désormais que l'espèce humaine menace le fonctionnement écologique même de la Terre et qu'elle est capable d'altérer l'ensemble du système de la planète?



Autant de questions essentielles que se sont appropriés depuis quelques années de nombreux auteurs des littératures de l'imaginaire, à commencer par ceux de science-fiction. A travers ce recueil de six nouvelles, dont trois inédites (certaines ayant déjà été publiées dans des revues ou anthologies telles que « Angle mort », « L'O10ssée » ou « Retour sur l'horizon »), Thomas Day offre à son tour quelques pistes de réflexion, sans jamais porter de jugement ou tomber dans le travers de la moralisation. De l'Amérique à l'Australie en passant par le Japon, le Pacifique et bien sur l'Asie, continent cher à l'auteur, les six textes du recueil nous plongent dans des décors tour à tour sublimes (la jungle cambodgienne, les vastes étendues désertiques australiennes) ou terribles (le monde mort de « Lumière noire »), mais toujours exotiques et prompts à enflammer l'imagination. Les magnifiques illustrations en noir et blanc réalisées par Aurélien Police et qui marquent le commencement de chaque nouvelle constituent également un bonus appréciable et participent très certainement au dépaysement du lecteur (on lui doit d'ailleurs également la sublime couverture de l'ouvrage). Mentionnons enfin la présence à la fin du recueil d'une postface très complète et fort instructive intitulée « Et la science fiction entra elle aussi dans l'antropocène », réalisée par Yannick Rumpala, docteur en sciences politiques.



Attardons nous à présent plus en détail sur les différentes nouvelles du recueil qui, en ce qui me concerne, sont toutes sans exception d'une qualité et d'une profondeur remarquables. Un style directe et cru mais infiniment poétique, des personnages tout en nuance, des décors dépaysant, et surtout des idées toujours originales : voilà ce que recèlent chacun des textes de Thomas Day. Parmi mes favoris figure sans aucun doute ici « Mariposa », nouvelle qui ouvre le recueil et relate l'expérience inoubliable vécue dans les années 1940 par deux soldats, l'un américain, l'autre japonnais, sur une petite île du Pacifique peuplée d'arbres à papillons aux étranges vertus thérapeutiques. Avec « Sept secondes pour devenir un aigle », direction l'Amérique où l'auteur aborde cette fois le thème du terrorisme écologique à travers l'histoire d'un vieil Indien bien décidé à se battre pour sauvegarder les derniers vestiges de son monde. Récit court mais intense qui ne manque pas de susciter chez le lecteur une foule d'interrogations. « Éthologie du tigre », consacrée à la lutte d'un homme pour protéger les tigres d'Asie, et « Shikata ga nai », mettant en scène un groupe de jeunes Japonnais gagnant leur vie en pillant la zone irradiée de Fukushima, sont également de belles réussites. Je serai un tout petit peu plus nuancée sur « Tjukurpa », histoire de quatre jeunes Aborigènes cherchant dans la réalité virtuelle à se reconnecter avec leurs racines, et « Lumière noire », récit post-apocalyptique, même si leur lecture fut également très plaisante.



Quoi de mieux, pour finir, que les mots d'Olivier Girard qui résume parfaitement toute la force et la subtilité de ce recueil dans les toutes dernières phrases de son avant-propos : « Thomas Day a longtemps hurlé. Désormais il suggère, montre et démontre en mille nuance. Sa voix n'en a que davantage de poids. »
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Du sel sous les paupières

Avec « Du sel sous les paupières », le moins que l'on puisse dire c'est que Thomas Day nous propose un roman bien éloigné de ceux auxquels il nous avait jusque là habitué, plein de fureur, de sexe et de sang. L'auteur semble en effet s'être assagi et nous offre une belle histoire pleine de romantisme et de féerie, récompensée il y a peu par le Grand Prix de l'Imaginaire 2013. De Saint-Malo à l'Irlande, en passant par Guernesey ou encore le barrage de la Rance, on y découvre un monde bien éprouvé au sortir de la Première Guerre Mondiale qui s'achève tout juste en l'année 1921, guerre qui a laissé sa marque sur la célèbre ville des corsaires sous la forme d'une oppressante brume accentuant la grisaille et la morosité du lieu. C'est dans ce triste paysage que deux destins vont se rencontrer, celui de Judicaël, orphelin plein de colère et livré à lui-même mais sacrément débrouillard, et Mädchen, tout aussi esseulée et déterminée que son jeune compagnon. Ensemble, les deux adolescents nous entraînent dans une succession d'aventures qui quittent peu à peu le « réel » pour basculer complètement dans le fantastique.



Thomas Day rend ici un bel hommage à la ville de Saint-Malo qu'il est agréable de redécouvrir sous sa plume mettant en avant avec subtilité le passé historique et l'importance de la mer pour la ville (guère surprenant que le roman ait séduit le jury du Grand Prix de l'Imaginaire qui, depuis quelques années, est justement décerné à Saint Malo, lors du festival des Étonnants Voyageurs). De même, les quelques passages en Irlande ou à Guernesey dans la seconde partie du roman se révèlent tout aussi réussis, donnant la part belle aux légendes celtiques les plus connues ici revisitées avec talent. Les personnages quant à eux sont parfaitement convaincants et très attachants, qu'il s'agisse de l'émouvant jeune couple, de l'automate Hans ou des elfes des bois dissidents. On peut également saluer un certain nombre d'idées intéressantes exploitées par l'auteur comme celle de la ville-bibliothèque de Guernesey gardée par un érudit devenu Ogre à force d'accumuler trop de savoirs, ou encore celle de mêler les passés mythologique et historique de l'Irlande en faisant intervenir l'IRA, le Dagda et toute les légendes et la magie que cela implique.



Au final, « Du sel sous les paupières » se révèle être un roman atypique dans lequel Thomas Day a pour une fois fait le choix de remplacer la violence par l'action et le sexe par l'amour et l'amitié. Le résultat est fort louable, bien que ma préférence aille aux ouvrages plus incisifs et plus durs de l'auteur. Une jolie découverte, cela dit.
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Anthologie des Imaginales 2009 : Rois & Cap..

Je m’attaque enfin aux anthologies des Imaginales d’Épinal, régulières occasions de découvrir ou d’approfondir, par des nouvelles, les univers fantastiques imaginés par quelques-uns des meilleurs auteurs francophones en la matière. Stéphanie lance cette initiative pour les Imaginales 2009 avec le thème « Rois et capitaines », deux figures caractéristiques des récits de fantasy. Le but est ici de mettre en balance deux figures d’autorité et de commandement hiérarchique, les rois et les capitaines, et de considérer leurs interactions dans des univers de fantasy particulièrement divers au vu du sommaire proposé. La majorité des auteurs ont alors opté pour de la fantasy historique, soit comme grande inspiration soit comme véritable toile de fond pour leur nouvelle.



Jean-Philippe Jaworski, l’écrivain lorrain auréolé cette année-là du titre de « coup de cœur des Imaginales » et vainqueur du Prix Imaginales du roman francophone pour son premier roman Gagner la guerre, ouvre cette anthologie de bien belle façon en nous délivrant une nouvelle se déroulant dans le même univers que ce roman-ci et qui aurait pu également se situer dans son recueil Janua Vera. « Montefellòne » est la proie d’un siège dévastateur où se joue sûrement un moment important de la Guerre des Six-Duchés. L’issue vient amèrement conclure notre vision de la relation entre un jeune roi inconsidéré et son fidèle capitaine.

Rachel Tanner, quant à elle, tient à nous narrer l’histoire de « La Damoiselle et le roitelet », où elle s’inspire largement de la destinée de notre Pucelle nationale, Jeanne d’Arc, et de son cher roi, Charles VII, pour raconter une courte épopée guerrière pour son héroïne Catherine. C’est l’occasion pour elle de puiser dans sa connaissance historique du XVe siècle français tout en incorporant la difficile relation entre un roi faible et une capitaine courageuse.

Nous retrouvons ensuite le couple d’écrivains Claire et Robert Belmas, plus habitués à la science-fiction, misent fortement sur des inspirations celtiques pour nous plonger dans une Bretagne féérique mais violente, alors que le roi Artus est mort et que son royaume en proie aux pires tourments, tant guerriers que magiques. Par des chapitres très courts, nous suivons Florée qui, à la fleur de l’âge, fut violemment déflorée, et qui veut devenir capitanea sous l’enseignement du seigneur Bohor. Sa destinée semble alors la porter « Dans la main de l’orage ».

Maïa Mazaurette préfère tourner en ridicule la relation roi-capitaine dans « Sacre » où le très jeune roi Louis est continuellement accompagné de son capitaine Jones, alors qu’Avignon, défendue par sa mère Blanche de Castille, est assiégée par les Albigeois. Dans ce récit largement tendancieux, l’auteur nous narre la découverte du corps adolescent avec juste ce qu’il faut de pensées douteuses et de désirs inavoués. Elle maîtrise parfaitement son sujet et ses sous-entendus.

La glace qui chante, le froid qui prend aux tripes et le désespoir qui envahit esprits, Lionel Davoust opte pour un environnement hostile pour « L’impassible Armada ». Nous suivons une flotte en perdition face à des pirates tout aussi mal en point. L’amour de l’océan et de ses dangers conduit à des dérives meurtrières, mais belles avant tout, autant que le récit de Lionel Davoust.

Avec son décalage habituel, Catherine Dufour nous présente « Le Prince aux pucelles ». Atypique mais chevaleresque de temps en temps, celui-ci porte l’histoire à bout de bras, tout comme ses convictions. Que vaut la fadeur des plus belles entreprises devant la cruauté du quotidien ? C’est un petit peu le paradoxe de ce personnage censé être stéréotypé.

Thomas Day nous livre avec « La Reine sans nom » un récit mortifère, sombre et plutôt triste. L’écriture charismatique de l’auteur de L’Instinct de l’équarisseur et de Sept secondes pour devenir un aigle vaut toujours le détour évidemment, d’autant qu’il opte ici pour du concis, du « court mais probant ». C’est à la fois beau et pesant dès les premiers mots, rythmé et ciselé comme peu de novellistes savent le faire.

Armand Cabasson nous enjoint à suivre un chemin plus tortueux dans les steppes médiévales des peuples russes et ukrainiens. Devant l’assaut des Mongols, Mikhail se retrouve à battre la campagne pour rameuter des alliés, mais aussi pour se recentrer sur ses propres croyances, mises à mal par la situation dantesque et l’émergence d’un « Serpent-Bélier » bien mystérieux. Les religions locales et l’art de la guerre au Moyen Âge sont à l’honneur ici, dans cette longue nouvelle empreinte d’une violence sèche qui réduit la chute à un moment particulièrement rude mais tout aussi marquant.

Pierre Bordage, lui, nous emmène plutôt « Dans le cœur de l’Aaran » (ou plutôt Aaran, au vu de l’orthographe utilisée dans la nouvelle elle-même) au court du récit d’un vieux loup de mer au sujet d’une expédition à la recherche de « l’esgasse », créature fantastique aux pouvoirs bien étranges. Contre vents et marées, la ruée finale se veut à la fois mystérieuse et lançant la place à notre imagination.

Suivre les aventures rocambolesques de Cyrano et d’Artagnan sur la Lune, ça vous dit ? Tant mieux, car c’est du fameux Johan Héliot que nous trouvons perché « Au plus élevé Trône du monde ». Avec ses nombreuses références littéraires et historiques, il nous emmène dans un solide monde rabelaisien à tendance rostandienne. Dans ce contexte qui fleure bon le « cape et d’épée », les forts liens entre la Terre et la Lune renvoient à tellement d’idées romanesques qu’on se laisse facilement porter par cette petite histoire bien conclue. Les habitués de Johan Héliot seront servis à coup sûr.

Seul « petit nouveau » à participer à cette anthologie, Julien d’Hem s’en sort plutôt bien avec « Le Crépuscule de l’Ours ». Par un onirisme fou, nous revivons les souvenirs de ce capitaine-mercenaire, l’Ours, ayant vécu quantité de batailles ardues. Arrivé à la fin de sa carrière, il en revoit quelques-unes alors qu’il aborde un duel sanglant avec un jeune guerrier défendant sa cité.

Nous terminons cette anthologie avec une autre nouvelle pleine d’onirisme. Laurent Kloetzer parcourt pendant « L’Orage » les rêveries, rarement solitaires, de son héros fétiche, Jaël de Kherdan, déjà largement aperçu dans Mémoire vagabonde. On se perd dans son esprit tourmenté de toutes parts par ses anciennes et prochaines conquêtes, par ses précédentes et futures hantises.



La première anthologie des Imaginales comprend donc un « casting all-star » au sein de l’imaginaire français et c’est ce qui fait sa force, puisqu’en explorant des univers très variés, nous ne restons pas toujours sur la même idée de relations entre les figures du roi et du capitaine. Certains auteurs comme Pierre Bordage ou bien Armand Cabasson, et même Laurent Kloetzer, passent quand même à quelques encablures du thème « Rois et Capitaines », mais c’est finalement leur univers qui charme l’imaginaire du lecteur.



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Dragon

Un livre que certains de mes potes Babelio et SC ont tellement bien noté que je l'avais mis dans mes tablettes sans même lire le résumé. Une lecture commune Babelio plus tard, bah, c'est un bouquin dont on ne sort pas indemne, quel que soit son passé, je pense.



Je vais reprendre un comm' que j'ai posté sur l'avis d'une amie Babelio et qui explique déjà l'essentiel :

" Tout ça me touche perso. J'ai vécu un truc dans le genre enfant. J'ai un dragon tatoué sur le bras. Et j'aurais été prête à tuer quiconque touche à un des miens, d'enfant. Autant dire que ce bouquin me prend au tripes."



Autrement dit, j'ai été "immergée" dans cette histoire de par la mienne. Et dans ce Bangkok glauquissime et noyé par la pourriture, qui dégoûte et fascine à la fois, d'où on a du mal à se tirer une fois plongé dedans. Vous vous doutez bien que je me suis gravement identifiée à "Dragon", forcément.



L'écriture de Day est brutale, sans concessions, sans fard. S'il s'est "adouci", c'est à se demander ce que c'est dans ses livres précédents (et si j'ai vraiment envie de les lire, du coup, lol).

On est dans l'horreur jusqu'au cou, et la préoccupation première de l'auteur n'est pas de nous épargner, mais d'en mettre plein la tronche au lecteur.

Finalement, la SF et le Fantastique ne sont pas du tout les sujets principaux de cette novella. Les sujets principaux, ce sont les enfants et ceux qui abusent d'eux. Et ça, c'est pas un sujet extraordinaire, c'est juste la vie de milliers d'enfants maintenant. Là de suite. Et des pourritures qui leur font les pires horreurs, là de suite. Et des pourritures qui en tirent du fric. Là. Maintenant.



Je savais déjà que certaines traditions impliquent l'exploitation sexuelle des enfants, ce qui sera sans doute une surprise pour certains. Les êtres humains sont très doués pour faire passer leurs vices pour des choses normales, voire "obligatoires". Traditions de merde, humains de merde. Je ne suis pas particulièrement violente (Je ne suis plus, c'est plus proche de la réalité). Mais comment ne pas détester le genre humain, quand on sait ça ? Comment ne pas se dire que tout ce qu'on mérite, c'est l'extinction. L'être humain est la seule race animale dont l'adulte est prêt à détruire et/ou exploiter sa propre progéniture... Alors je sais pas si un jour je pourrais échapper à ces pensées pas très gaies sur la race humaine. Je ne sais vraiment pas...



Je peux pas dire que ce livre soit un coup de cœur. Mais c'est un livre fabuleux.

Quant au côté fantastique et l'identification d'une victime à un dragon vengeur, mais surtout plus jamais victime, je ne peux en dire qu'une chose : c'est exactement ce que j'ai fait avec mon tatouage. Du coup, on en vient à se poser des questions sur tous les gens qui ont un dragon tatoué sur eux, hein ?! Et il y en a un paxon...



Quant au parallèle entre Tann et Dragon, ainsi que la fin tout à fait bien tournée et qui pose question, j'ai vraiment adoré.



Je n'ai pas compris les chiffres en début de chapitre, s'il faut reprendre à un moment le livre en les suivant. Apparemment non d'après ce que nous a dit Domi_V, c'est juste comme ça que T. Day a écrit le livre, façon puzzle... ! Oo
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Dragon

Après un recueil de nouvelles coup de poing consacré aux violences faites aux femmes de part le monde (« Women in chains »), Thomas Day s'attaque avec « Dragon » à un sujet tout aussi terrible : la prostitution des enfants en Asie du sud-est. Le continent asiatique avait déjà à plusieurs reprises servi de décor à l'auteur (« La voie du sabre » ; « La cité des crânes ») qui opte cette fois pour une Thaïlande en tous points fidèles à la notre si ce n'est que des dérèglements climatiques y ont provoqué une inondation partielle des terres. Pour circuler à Bangkok on emprunte désormais aussi bien pédalos et jet-ski que voitures et motos ! C'est dans cette capitale prisée des étrangers occidentaux en quête de toutes sortes d'expériences sexuelles (plus ou moins légales) qu'un certain Dragon entame une carrière de serial-killer. Ses cibles : des pédophiles profitants allégrement de la corruption locale et de la tolérance des autorités pour abuser de mineurs dans les bordels clandestins qui pullulent dans la capitale. Commence pour Tann Ruedpokanon, le policier en charge de l'enquête, une plongée éprouvante dans les bas-fonds de Bangkok et ses trafics les plus odieux pour tenter de comprendre les motivations de ce sanglant justicier.



Thomas Day a depuis longtemps habitué ses lecteurs à un style assez cru et « Dragon » ne fait pas exception à la règle. Aucun détail sordide ne nous est épargné et c'est justement grâce à cette brutalité parfois presque insoutenable que l'auteur parvient à communiquer au lecteur toute sa rage devant l'infâme trafic dont sont victimes aujourd'hui encore des milliers d'enfants en Asie du sud-est. Difficile en effet de ne pas bouillir d'indignation et de colère devant l'impunité dont jouissent ces riches touristes, protégés plus ou moins intentionnellement par les autorités locales qui manquent de moyens ou de volonté pour tenter d'endiguer le phénomène dans une ville bouffée par la corruption. « Le fric vient du trafic, et si y'a des vagues le trafic plonge, alors y'a pas de vague. » L'auteur met aussi l'accent sur des éléments d'ordre culturel qui permettraient d'expliquer en partie la prolifération impressionnante des réseaux de prostitution infantile dans cette partie du monde. L'image donnée ici de la capitale thaïlandaise n'est évidemment pas très flatteuse même si on reste quelques fois saisis par l'exotisme ou la magie qui se dégage de tel endroit ou de telle légende.



Un roman court mais marquant dans lequel Thomas Day s'attaque avec sa férocité habituelle au douloureux sujet de l'exploitation sexuelle des enfants sur le continent asiatique. A noter que « Dragon » inaugure avec « Le Nexus du Docteur Erdmann » de Nancy Kress la toute nouvelle collection « Une Heure Lumière » lancée par les éditions Le Bélial' qui entend ainsi mettre en avant des textes courts mais ambitieux faisant la part belle à l'émerveillement.
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Du sel sous les paupières

Judicaël a 16 ans et il est seul. Il vient de perdre son papé, le dernier membre de sa famille. Vendeur des rues, des illustrés à quelques centimes, il tente de survivre à Saint Malo, que la brume de la Grande Guerre rend triste et froide. Suite à l'incendie du dépôt de son patron, il se voit contraint de fuir. Il va alors rencontrer plusieurs personnages, d'une jolie jeune fille à un automate, en passant par des elfes, qui le guideront dans de nouvelles aventures...

Je ne connais rien à la fantasy, la SF et tout ce qui s'y rapproche. Si ce roman de Thomas Day a atterri dans mes mains c'est grâce, on peut dire grâce parce que j'ai bien aimé, à Mladoria et son challenge Méli-mélo. Le début de l'histoire est ancré dans le réel et j'ai pu m'y installer en confiance. On bascule ensuite dans le fantastique, et même si j'y étais un peu moins à l'aise, j'avais eu le temps de m'attacher au personnage principal. Une jolie découverte donc ;-)
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La Voie du sabre, tome 1

« Mal et bien se sont mélangés, comme ils se mélangent depuis la nuit des temps. Dans ma vie prenant fin, il n’y a ni noir ni blanc, rien que du gris. »

Miyamoto Mushashi, samouraï errant, guerrier invincible, défenseur de la veuve et de l’orphelin, infatigable voyageur en quête de son graal, héraut de la voie du sabre, apprendra bien tard à ses dépens toute la justesse de cette phrase. Il n’aura pas réussi à enseigner au jeune Mikedi, rejeton de l’impitoyable chef de guerre Nakamura Ito, tout ce qu’il faut comme sagesse, bienveillance, amour et dénuement pour emprunter la voie du sabre. Son grand échec !

En passant, un sale gosse ce Mikedi ! Toujours à douter des propos de son Maître, toujours à le contredire, mais acceptant non sans fourberie son enseignement pour suivre une toute autre voie que celle du sabre. Une voie tortueuse et sombre où se côtoient le meurtre, les intrigues et la soif du Pouvoir.

Au final, les deux se rendront compte avec amertume qu’ils sont les deux faces d’une même pièce.

Figure légendaire au Japon, Miyamoto Musashi a véritablement existé au XVIème siècle. Il a écrit le « livre des cinq anneaux » où il décrit la philosophie de la voie du sabre. Eiji Yoshikawa, dans la « pierre et le sabre » et « la parfaite lumière » raconte sa vie.

Un bon livre de fantasy où les samouraïs ont la puissance des magiciens, où l’Empereur et sa fille sont des dragons shootés à l’encre de sho. Ce japon du XVIème siècle décrit par Thomas Day est coloré, primesautier et sensuel. Et cruel aussi. Très cruel.





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Du sel sous les paupières

« (...)

- On raconte des choses...

- Quelles choses ?

- La routine bretonne : fantômes, lutins, ogres. Certains disent même que l'Ankou a quitté la basse Bretagne pour Guernesey. »





Du pur bonheur !



« Du sel sous les paupières »... c'est le titre qui m'a attirée en tout premier lieu.

Un livre dont le simple nom recèle tant de poésie en seulement cinq mots ne pouvait être que sublime, non ?

Hé bien, puisque mon coeur a manqué quelques battements et que ma vue s'est parfois brouillée sous mes larmes, salées évidemment... Oui, je pense que ce bouquin est un sublime chef-d'oeuvre à lire absolument !





Je dois dire que j'étais tout de même sceptique, d'autant que j'avais un peu de mal au début. Je ne comprenais pas vraiment à quel genre de récit je me confrontais...

Je sortais à peine du fabuleux monde du Paris de Merveilles de Pierre Pevel, les sens encore un peu engourdis - comme souvent quand une histoire me fait de l'effet - , et je ne pensais pas retrouver aussi rapidement une lecture qui me transporterait à nouveau, et surtout, à ce point là...

Et pourtant !

Car si j'éprouvais quelques « difficultés », j'étais cependant bien incapable de lâcher ce livre, et il ne m'a pas fallu atteindre la deuxième partie (même si j'avoue l'avoir préféré à la première) pour être complètement convaincue - voire vaincue... ? - que j'étais bel et bien face à un énorme coup de coeur, alors même que c'était déjà le cas avec le Pevel lu juste précédemment.

Comme quoi, les lectures se suivent, ne se ressemblent pas forcément (quoique...) mais peuvent engendrer deux coups de coeur à la suite (ça n'arrive pas si souvent ^^).





Saint-Malo, 1922.

Judicaël, seize ans, d'avantage connu sous le nom de l'Apache à cause de son bandeau, vit seul avec son papé, depuis que la guerre a emporté son père, et la maladie, sa mère, alors qu'il était encore tout jeune enfant.

Notre héros ne tarde pas à tomber amoureux de Mädchen ; un seul regard de la jolie vendeuse de fleurs en papier lui a suffit pour cela. Mais quel regard ; les yeux de Mädchen sont de la couleur oubliée... Oubliée, parce que depuis la fin de la Grande Guerre, une brume grisâtre et opaque plombe le ciel et rend au paysage des couleurs fades, tristes, sales...

Malheureusement la jeune fille disparaît, à l'instar d'autres gamins des environs. L'Apache, qui soupçonne celui que tous les Malouins nomment le Rémouleur, n'aura alors plus de cesse de vouloir retrouver celle qu'il aime déjà au-delà des mots. À tout prix.





Donc oui, j'ai adoré.

Riche d'un vocabulaire vraiment agréable et plaisant, le récit s'écoule naturellement, tel le temps, qu'on ne voit guère passer en revanche en lisant ces lignes. Le rythme est soutenu, sans temps morts.

Amour, Amitié, féerie, poésie, sont les maîtres mots de cette fantastique fable, mais pas uniquement. Les enjeux et les risques qu'encourent nos protégés ne sont pas feints et on se retrouve vite au coeur de l'action, se demandant à chaque page tournée comment tout cela va finir...

Les héros sont hyper attachants, et si ce n'est l'ensemble, au moins un ou deux d'entre eux devrait ne pas vous laisser indifférent...



Une uchronie charmante où se mêlent savamment steampunk, fantasy (... décidément ^^) et mythologies qui, bien que sombre de part le contexte même, et les péripéties qu'auront à vivre tout ce petit monde, reste terriblement colorée grâce à la marée de sentiments qui nous noie, imperceptiblement.





Je découvre l'auteur en même temps que l'oeuvre, et si je comprends avec d'autres chroniques que Thomas Day semble avoir ici quelque peu « allégé » sa plume, j'ai quand même très envie de lire d'autres textes du romancier, tant celle-ci m'a donné du plaisir et permis de rêver.



J'en redemande !

Et je recommande, bien sûr !





« (...)

« Et maintenant ? » demanda Mädchen.

- Ne m'abandonne pas, car moi je n'aurai pas besoin de me glisser du sel sous les paupières pour te pleurer. »





Excellente lecture à vous ;-)

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Sept secondes pour devenir un aigle

Bon je fausse un peu la note du bouquin, je pense, car je n'ai lu que la nouvelle "titre" qui était dispo gratos chez le Bélial un temps (je ne sais pas si c'est toujours le cas).



Elle est courte (30 pages), mais percutante. C'est le second écrit de Thomas Day que je lis, vraiment j'adore son style, ses sujets, et comme j'avais écrit une histoire qui ressemblait à celle-là (avec beaucoup moins de talent, pour sûr, je ne suis pas écrivain), ça m'a fait plaisir de la lire écrite par un auteur "top" !



Je vais pas tarder à devenir fan. Non, que dis-je, je suis fan ! Je pense que le bouquin entier atterrira un jour ou l'autre dans ma pal, forcément...
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