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Critiques de Thomas Geha (210)
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Alone - Intégrale

Très divertissant.





Dans une France post apocalyptique, Pépé est un Alone. Seul, il (sur)vie et il est plutôt doué pour cela. Ce qui ne l'empêche pas de faire des rencontres, amicales ou pas. D'autres groupes de personnes tentent de survivre en se rassemblant (les rasses) et ce n'est pas toujours pour le meilleur.





Intégrale composée des deux romans A comme Alone et Alone contre Alone paru initialement aux éditions Rivière Blanche, le roman est de l'aveu même de l'auteur un hommage à l'univers de Julia Verlanger alias Gilles Thomas : L'autoroute sauvage. Je n'ai pas lu, donc, simple information pour moi.



Une survie divertissante, dans un style simple, un poil édulcoré au niveau des descriptions. Un univers aux reflets fantastiques ou mutants et pouvoirs psy se côtoient allégrement.



J'ai réellement apprécié ma lecture pour son côté très accessible. Les personnages principaux sont agréables. C'est de la lecture un peu old school (bien que paru en 2005), c'est là qu'on sent l'hommage à Fleuve noir.



Entre deux bouquins pour intellectuels (pour mémoire, il me fallait bien ça après chroniques des années noires), cette intégrale remplie parfaitement son rôle et on en demande pas plus.
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Des sorciers et des hommes

Un bon billet d'Alfaric (euphémisme) et une bonne pioche "made in Babélio" pour un bon moment de lecture.

J'avais lu et bien aimé "Alone" de Thomas Geha et je le découvre dans le genre fantasy avec plaisir.

J'ai trouvé le parti pris narratif original dans la mesure où il se compose de petites nouvelles ayant toutes un fil rouge en commun, à savoir les deux personnages principaux, Hent Guer et Pic Caram, un guerrier et un sorcier peu recommandables.

Les cinq premiers récits vont nous présenter deux escrocs parfaitement amoraux et sans empathie, violents et sans pitié, semant la mort et la désolation à la recherche du meilleur profit.

Nous sommes ici dans le genre dark fantasy parfaitement assumé.

Cinq récits qui seront le prélude nécessaire à la deuxième partie qui pourrait être illustrée par le proverbe qui dit que "qui sème le vent récolte la tempête", nos deux crapules sont redoutables et sûrs de leur force, ils ne se soucient donc pas de se faire des ennemis implacables...

La deuxième partie appelée "Épisode final : Impitoyables" pourrait leur donner tort, qui sait ?

J'ai apprécié le style et le rythme, le contexte, les dialogues ciselés et les personnages bien dessinés, car il faut évoquer aussi Drao Druber ou Iasi qui se révèleront bien plus que des seconds rôles.

Une trame plutôt intelligente, une progression logique et une conclusion à ma convenance, c'est à dire pas trop prévisible et parfaitement cohérente et réussie.
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Des sorciers et des hommes

Dans "Rubans de soie rouge", on suit Hent Guer le mercenaire barbare homme à tout faire remuer ciel et terre pour retrouver son client / gagne-pain / coéquipier Pic Caram. de fil en aiguille, ses investigations l'emmènent à infiltrer un rassemblement d'homme-chats maudits...

Dans "Les Sortilèges de la Mer d'Os", dans la Cité-État d'Isamir Hent Guer et Pic Caram sont missionnés par l'Étouffeur du peuple Arimiar pour assassiner Bikkir la Protectrice du peuple... Bon an mal an nos antihéros se retrouvent du mauvais côté d'une lutte classe contenant un petit arrière-plan lovecraftien...

Dans "Drao Druber", on suit un Vidocq médiéval fantastique amant de la strong independant woman Mirnie Skavoc qui prend comme une affaire personnelle l'enlèvement du dénommé Haber San-San... On se demande comment ce récit policier écrit à la première personne est relié à nos antihéros jusqu'au moment où SPOILERS !

Dans "Comment le Grandsang Forn Velveille fut évincé", l'occasion faisant le larron Hent Guer et Pic Caram prennent la place d'Elctor Smopel et Viore Erette avant de se présenter à l'aristocrate botaniste Forn Velveille persuadé que l'acquisition d'un soirisier peut lui assurer l'immortalité... Nous sommes dans un Agatha Christie fantasy où chacun est persuadé de remporter le gros lot !

Dans "Nés de la boue", après avoir travaillé pour l'affameur du peuple van Jalmoa le Petitsang nos deux compères travaillent pour ledit peuple à la recherche de ses enfants perdus... Et c'est tout naturellement que leurs recherchent les mènent vers un laboratoire clandestin se servant des enfants perdus comme incubateurs humains. Ils se font d'autant plus une joie de tout casser que tout cela appartient à leur précédent employeur !

Dans l'épisode final qui est intitulé "Impitoyables" et qui représente la moitié des pages de l'ensemble, nous ne suivons plus les heurs et malheurs de Hent Guer et Pic Caram mais ceux de leurs précédentes victimes alliées pour les châtier ! Nous suivons ainsi Joanni la guerrière-sorcière de Scalèpe promise à un grand avenir, son frère jumeau Aleo qui tient tout du super-héros, l'espionne Asté / Yasi qui après son calvaire est désormais protégée par la Sorcière des Écumes et des Sels, Imatec Kar le révolutionnaire populares en quête de vengeance de Bikkir, Drao Druber le Fouillevie en quête de vengeance de Mirnie Skavoc, ainsi que Forn Velveille qui consacre ses derniers instants d'humanité à se venger de Hent Guer et de Pic Caram...



Thomas Geha / Xavier Dollo connaît parfaitement les vibes de la Sword & Sorcery, cette fantasy d'avant JRR Tolkien dénommée par Sprague de Camp et définie par Michael Moorcock (tous les deux ayant R.E. Howard dans le rétroviseur ^^) à une époque où il n'y avait guère de différence entre une Fantasy appelée « Sword & Sorcery » et une Science-Fiction appelée « Sword & Planet »... J'ai reconnu ici l'auteur du "Sabre de Sang" : cela fait toujours plaisir de voir un auteur développer sa personnalité, et tout cela m'a donné matière à réfléchir !

Le très bon youtuber JPDepotte explique que dans l'alchimie d'un roman interviennent les ingrédients que sont le style, le milieu, la fiction et le message. Il a parfaitement raison, mais il faut moduler pour les littératures de l'imaginaire. Il faut doser les niveaux de difficulté du style et de complexité de l'intrigue, chapeautés par le choix déterminant Populares / Optimates... Et après cela, il y a les curseurs propres à la Fantasy :

- Noirceur / Candeur

- Gravité / Légèreté

- le dosage du réalisme

- le dosage du merveilleux

- le dosage entre action et aventure d'un côté, et intrigues et complots d'une autre côté

Et c'est là le seul et principal reproche que je puisse faire à l'auteur car après un serial plutôt humoristique empruntant à Fritz Leiber et à Jack Vance on a un feuilleton plutôt tragique empruntant à Michael Moorcock et Karl Edward Wagner...

Le binôme grand costaud / petit roublard est un archétype et un classique de la Fantasy mis en avant par le duo Fafhrd / Souricier Gris inventé par Fritz Leiber. Simon R. Green l'a repris en mode tragi-comédie, Terry Pratchett l'a repris en mode pastiche et burlesque, Scott Lynch l'a repris avant de dériver vers la romantic fantasy, Pierre Pevel l'a repris en mode cape & épée version Cartouche, Michael J. Sullivan a été voir du côté d'Alexandre Dumas avant de naviguer entre R.E. Howard et J.R.R. Tolkien, et Joe Abercrombie a adapté le duo à la sauce version Quentin Tarentino.... Je ne sais pas trop où Thomas Geha a voulu nous emmener, mais ses antihéros donnent matière à réflexion : Hent Guer se pose en parfait crevard avant de se déclarer révolutionnaire, et Pic Caram est perdu par les rares actes de charité dont il a pu témoigné... Malédiction du grimdark issue de GRR Martin ???





PS: et n'oublions l'illustration de couverture de Xavier Collette qui nous a permis d'éviter de la Dark Fantasy à fleurs ^^
Lien : http://www.portesdumultivers..
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La grande guerre contre les os

Le très imaginatif "Le Carnoplaste" a décidé de mettre en avant un jeu littéraire avec leur « collection aventure » : ils fournissent le titre et l'illustration de couverture, aux auteurs de fournir une histoire...



Avec "La Grande Guerre contre les Os" le sympathique Thomas Geha s'amuse à mélanger dans une nouvelle de 30 pages "Rahan" et "La Nuit des morts-vivants", et dans un survival préhistorique nous suivons la fuite et le combat / le combat et la fuite d'Ock le chef de la Falaise de l'Ours face à des cadavres humains et animaux aux yeux bleus fluorescents (héritage "GoT", et c'est con qu'on ne retrouve pas dans la série les animaux zombies du livre qui étaient bien flippants). Comme tout les héros d'apocalypse zombie, Ock a découvert qu'il faut viser la tête pour s'en débarrasser et après avoir échoué à prévenir et sauver plusieurs tribus il n'a plus d'autre choix que de rallier à sa cause le Clan de l'Est en défiant le Orik le puissant…



Pas fan de la fin qui met en scène un Grand Ancien lovecrafien, mais bon on avait déjà la météorite tombée du ciel comme élément déclencheur donc cela n'arrive pas spécialement comme un cheveu sur la soupe… Tout cela ferait d'ailleurs cela ferait une excellente Série B de 2e partie de soirée (ou une Série Z de 3e partie de soirée), donc il faudrait soumettre l'idée aux networks yankee)… Bien qu'on soit dans un récit horrifique, l'esprit et les références sont plutôt second degré et j'aimerais bien lire un récit présentant les mêmes ingrédients traités plus sérieusement. Je sais que le mélange entre Horreur et Histoire est un vénérable exercice de style dans la littérature anglo-saxonne, et peut-être qu'un jour on lira dans la langue de Molière le recueil "Zombies of Antiquity" de Scott Oden (ou qu'un jour vous lirez ma nouvelle dans laquelle un général chinois et un prince de la steppe font alliance contre une horde de morts-vivants )...
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Alone - Intégrale

A comme Alone est un excellent roman post-apocalyptique mais il est avant tout le résultat de la démarche de l’auteur de rendre un hommage réussi à Julia Verlanger , l’auteur de la trilogie de l’autoroute sauvage .

Le style y est bon et la caractérisation est très soignée et pour vous en convaincre lisez le premier chapitre en ligne chez Rivière Blanche .

L'auteur nous ballade sur ce qui reste des routes d'une Bretagne ravagée par l'apocalypse . Les dangers sont nombreux car le monde livré à lui-même a changé .

Le personnage principal est très attachant et le récit qui est très rythmé , reste avant tout un roman d'ambiances à la saveur post-apocalyptique inimitable .

Ce monde détruit mais qui possède encore un avenir est peuplé en partie de mutants , de fanatiques , de survivalistes , de machines folles et dangereusement menaçantes.

Le personnage principal est un solitaire aux compétences pointues et c'est un véritable coureur des bois .

Mais c’est aussi un bon vivant qui qui ne manque pas de profiter du bien-être que seul peut fournir la société des hommes ...

Ces deux romans et ces nouvelles sont intégrés à cet univers

Des règles de base de la terre sauvage sont reprises comme l’univers s’éparé en deux sortes d’êtres , les groupés qui vivent en société et les Alones qui vivent seuls de leur coté .

L’auteur est peut-être un peu moins trash que notre vénérée Julia qui n’avait pas peur de décrire des l’anthophages fins gourmets .

Les éléments fantastiques et fantaisistes sont intégrés selon des modalités très réalistes , avec un ronron très rationnel et souvent assez scientifique qui possède une saveur très caractéristique .

J'aime beaucoup ce roman ...

C’est ainsi que dans la Terre sauvage l'univers était parsemé entre autres , d'aspects fantasques et dans Alone contre Alone , l'auteur qui est dans une dynamique d'hommage introduit de façon délicieusement rationnelle de l'irrationnel dans la trame narrative .

Il y a un vocabulaire de charretier dans ces deux romans qui est très présent , mais délicieusement sous contrôle . Ce vocabulaire aide à scander par ailleurs , des dialogues soignés et réussis.

C'est un véritable road movie que ce texte évocateur qui génère , souvent des visualisations puissantes qui donnent au lecteur la conviction d'habiter ce roman et de parcourir cet univers post-apocalyptique tangible .

Un excellent moment de distraction sans prétentions , mais terriblement réussis .

Dommage qu'il n'y ai pas trois tomes comme dans la terre sauvage ...

Thomas Geha est un excellent conteur et ces textes sont un véritable plaisir et une ballade définitivement réelle dans un monde post apocalyptique qui ne l'est pas.

Bref: de la bonne science-fiction !

En conclusion une modeste recommandation : lisez La terre sauvage de Julia Verlanger car c'est un monument de la littérature populaire francophone et aussi parce que : C’EST TELLEMENT BON .

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Les tiges

Je découvre Thomas Geha avec cette excellente nouvelle. Sûrement si toute son oeuvre est de cet acabit, je vais devoir aller y fouiner un peu.



Incroyable que l'on puisse en si peu de pages immerger le lecteur dans un univers si riche et complexe. L'auteur vous y fait pénétrer par la voix des acteurs, sans explication. Je me suis pris une vague d'étrangeté et de curiosité dans les neurones que le récit rassasie peu à peu, jusqu'au moment où l'on se sent assez à l'aise pour ne plus se poser que les mêmes questions des personnages.



Thomas Geha articule dans un superbe tableau de nombreux éléments qui me fascinent. La désillusion associée à la perte de l'idée que l'Homme est la perle de l'univers, ravalé au mieux au rang de symbiote servile, au pire de simple instrument pour des espèces extraterrestres plus futées (voilà qui me rappelle les Chroniques de Durdane de Jack Vance). La description intrigante d'une espèce végétale qui rendrait des point à celle, ouverte, de Sémiosis de Sue Burke ou celle, plus violente et muette, des Racines de l'Oubli de Christian Léourier. La difficulté de communication entre espèces intelligentes, pour peu que les espèces veuillent communiquer.

L'auteur habille en plus son récit de technologies imaginaires appuyées sur les termes modernes de la physique : matière noire, énergie du vide et le décore avec un reste de culture humaine comme les tambours garifuna que je ne connaissais pas.



C'est typiquement le genre de texte qui me procure un énorme plaisir. Et même si je suis fan des textes courts, je me suis pris à penser que – comme le gamin de la pub avec ces biscuits – j'aurais bien voulu qu'il fut un petit peu plus long.

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A comme Alone

Un excellent roman post-apocalyptique

A comme alone est un excellent roman post-apocalyptique mais il est avant tout un hommage réussi à Julia Verlanger.



Le style est parfait et la caractérisation est très soignée ...

Pour vous en convaincre lisez le premier chapitre chez rivière blanche ....

L'auteur nous ballade sur ce qui reste des routes d'une Bretagne ravagée par l'apocalypse ..Les dangers sont nombreux et le monde a changé .



Le personnage principal est très attachant et le récit qui est très rythmé reste avant tout un roman d'ambiances à la saveur post-apocalyptique inimitable .

Ce monde détruit qui possède encore un avenir est peuplé de mutants ,de fanatiques ,de survivalistes ,de machines folles et dangereusement menaçantes.



Le personnage principal est aussi un solitaire aux compétences pointues et c'est un véritable coureur des bois qui ne manque pas de profiter du bien-être que seul peut fournir la société des hommes quand il en a l'occasion .

Un hommage subtil à la terre sauvage de Julia Verlanger qui n'est pas pour autant un plagiat où une pâle copie de l'original ..

J'aime beaucoup ce roman ..



A comme alone est un pur délice du genre SF ,: et pi sé tout !.



La suite : Alone contre Alone
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A comme Alone

C’est un récit post-apocalyptique. Pepe est un Alone, il vit seul, à l’écart des groupes, se déplace régulièrement à travers le territoire de la France dévastée. Pour ceux qui connaissent l’Autoroute sauvage de Julia Verlanger (ou Gilles Thomas selon les éditions), Thomas Geha re-exploite cet univers pour une aventure qui aurait pu être un quatrième volet de “La Terre Sauvage”. L’ambiance est parfaitement réussie : un personnage adroit au couteaux, débrouillard, intelligent, un vrai personnage de western spaghetti, sympathique mais sans pitié pour autant, des décors savamment imaginés, des adversaires coriaces, de belles ordures, et de l’action, beaucoup d’action, de mouvements et de rebondissements, tout ce qu’il faut pour rendre le récit palpitant, d’ailleurs, je n’en ai fait qu’une bouchée, littéralement dévoré.

J’y mettrais tout de même un petit bémol : le récit à la première personne, ce n’est pas ce que je préfère et certaines façons que le héros a de s’exprimer sont parfois un peu lourdes aussi bien dans les termes que dans les tournures, en particulier quand il parle de lui à la troisième personne du singulier en concluant ses phrase par un “Le Pépé”.

Autre regret, concernant les intentions de Thomas Géha : il ne renie pas son admiration pour Julia Verlanger, mais j’aurais aimé qu’il ose s’émanciper un peu plus de son mentor, c’est un premier roman, alors cela peut se comprendre. Je suis curieux de savoir comment il a évolué par la suite.

En tout cas, voilà une lecture très distrayante et bien ficelée, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
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Alone - Intégrale

Simple et efficace.

C'est un bon récit, rapide et agréable, écrit à la première personne. J'ai bien aimé l'histoire, racontée par le héros, Pépé, dans un langage familier, avec des touches d'humour.

Le monde a changé après une catastrophe. Les survivants s'organisent ou restent seuls, alones.

Il est question de survie, aventure, entraide (ou non !) et amour.

L'intégrale regroupe les deux romans "A comme alone" et Alone contre alone". si j'ai mieux aimé le premier, j'ai aussi apprécié le second, qui donne des explications sur les mutants, parle un peu de magie bizarre avec l'arbre, mais surtout aventure et survie.

Une lecture bien sympathique.
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Le sabre de sang, tome 1 : Histoire de Tiri..

Dans le premier tome du diptyque du Sabre de sang, Thomas Geha s’attache à nous conter l’Histoire de Tiric Sherna. L’auteur (également sous son vrai nom, Xavier Dollo) a déjà conquis son public chez Critic et Rivière Blanche (Black Coat Press) avec notamment la saga d’Alone, de nombreuses nouvelles (dont celle qui ouvre l’anthologie Riposte Apo d’ImaJn’ère 2013) et le récent American Fays avec sa camarade Anne Fakhouri.



Si vous connaissez Thomas Geha davantage pour ses récits post-apocalyptiques, il est clair que l’univers du Sabre de sang va vous changer quelque peu, tout en conservant la fraîcheur de l’écriture de l’auteur. À l’inverse, si les univers de fantasy vous sont bien connus, celui du Sabre de sang devrait vous convenir également. Nous suivons ainsi Tiric Sherna, cartar (un comte local pourrait-on dire) d’une contrée shao, peuple fier mais en proie à une invasion dévastatrice par les Qivhviens, peuple reptilien particulièrement bien organisé. Ceux-ci sont redoutables sur le champ de bataille comme en dehors, et surtout les Qivhviennes qui dominent la politique de cet empire expansionniste.

L’Histoire de Tiric Sherna débute plus que mal, elle empire par la suite et peine à s’améliorer vers la fin. Pour autant, en simples lecteurs de fantasy, nous devons assurément nous réjouir du malheur des autres, car cela fait de belles histoires bien prenantes. Thomas Geha nous crée un héros caractérisé de manière raisonnable, pas de qualité fabuleuse ni d’élément facilitateur gratuit ; au contraire, nous le suivons alors qu’il est au plus bas et qu’il découvre un monde hostile mais recélant quelques relents de magie ponctuels et intéressants. Les bas-fonds de la capitale qivhvienne, Ferza, composent le décor des remous engluant Tiric dans un complot improbable ; par la suite, une échappée belle lui permet de davantage voir sa vie sous le coup de la revanche tant espérée, et ce Sabre qui compose la deuxième partie du récit fait alors figure de but et d’exutoire.

Dans ce roman, Thomas Geha fait preuve d’une sobriété touchante, je trouve. La souffrance est présente, bien sûr, mais elle fait partie intégrante du récit, sans jamais tomber dans l’action à outrance. De même, la sexualité est abordée à plusieurs reprises, mais les moments où des scènes auraient pu être développées longuement pour satisfaire notre voyeurisme (coutumier ?), il réussit à clore chaque situation concernée par une vision mignonne et complice qui suffit largement. À Tiric Sherna, il adjoint quelques personnages secondaires que nous aurions plaisir à découvrir davantage, mais sur lesquels il laisse planer de nombreux doutes astucieux : tant sur Zua Lazpoa, une grande dignitaire qivhvienne, que sur Kardelj Abaskar (dont nous apprenons heureusement bien l’origine en cours de route), un soldat servant un peu de mentor au héros, le roman ne se suffit pas à elle-même, et en même temps, c’est logique puisque nous n’avons là que l’Histoire de Tiric Sherna.



Avec ce premier volume du Sabre de sang, Thomas Geha nous emmène souvent sobrement, mais toujours efficacement, dans un monde crédible et digne d’intérêt. Suivant avec avidité un héros qui se construit par étapes, le lecteur ne pourra n’être qu’avide de découvrir la suite (dans l’Histoire de Kardelj Abaskar, le deuxième volet) après une conclusion aussi déchirante et insoutenable que potentiellement inattendue.



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Alone contre Alone

La suite de : A comme Alone .



Dans la Terre sauvage l'univers était parsemé ( occasionnellement ) d'aspect fantasques ( de Julia Verlanger ) .

Ici , l'auteur qui est dans une dynamique d'hommage ( extrêmement réussie ) à son grand prédécesseur (Julia Verlanger ) introduit de façon délicieusement rationnelle de l'irrationnel dans la trame narrative , avec un vocabulaire de charretier très présent et délicieusement sous contrôle qui scande par ailleurs des dialogues soignés et très réussis .



C'est un véritable « road movie « dans un monde dangereux que ce texte évocateur , qui génère le plus souvent des visualisations puissantes , qui donnent au lecteur la conviction d'habiter ce roman et de parcourir cet univers post-apocalyptique tangible .



Un excellent moment de distraction sans prétentions mais terriblement réussis .



Dommage qu'il n'y a pas trois tomes comme dans la terre sauvage ...



Thomas Geha est un excellent conteur et ce texte est un véritable plaisir et une ballade définitivement réelle dans un monde qui ne l'est pas.



Bref: de la très bonne science-fiction en somme .



En conclusion , une modeste recommandation : lisez de Julia Verlanger , La terre sauvage , car c'est un monument de la littérature populaire francophone .



Et pi c'est tout !



Ce tome est épuisé chez l’éditeur , pour information ce texte est actuellement disponible dans une intégrale qui comprend les deux romans et des nouvelles , intitulée : Alone : L’intégrale .

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A comme Alone

C'est un bon récit, écrit à la première personne , raconté par le héros, Pépé, dans un langage familier, avec des touches d'humour.

Le monde a changé après une catastrophe. Les survivants s'organisent ou restent seuls, alones.

Il est question de survie, aventure, entraide et amour.

J'ai bien aimé l'histoire, rapide et agréable à lire, ainsi que le ton de l'auteur.
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Le sabre de sang, tome 2 : Histoire de Kard..

Le Sabre de sang a été libéré et sa fureur nous enveloppera tous ! Après un premier tome presque introductif voire gentillet (à côté de ce que nous attend maintenant, je précise), Thomas Geha passe la seconde pour nous narrer l’Histoire de Kardelj Abaskar. D’ores et déjà, prenez garde, car le synopsis de ce deuxième volet du Sabre de sang dévoile très gravement la fin du premier.



Après avoir tout perdu et subi une étrange transformation, Kardelj Abaskar a pris la mer auprès de ceux qui l’ont recueilli et s’est fait pirate pour un temps. Et justement, pendant ce temps, Tiric Sherna est devenu empereur des Shaos ainsi que de nombreux peuples soumis à son autorité grâce au pouvoir maléfique du Sabre de sang. Dès les premières lignes, leur affrontement, leur duel vraisemblablement prévu pour les derniers chapitres, semble inéluctable. Cette attente change quand même franchement la donne, puisque l’appréhension de chaque hésitation du personnage principal est un peu biaisée.

Pour autant, avant tout cela, il y a encore du chemin à faire pour Kardelj ! Regagner un semblant de vie sociale, élever un fils non voulu mais largement chéri, tâcher de tomber amoureux malgré tout : ce cher Abaskar aura encore bien des péripéties à traverser avant d’organiser son implacable vengeance envers celui qui a tué sa chère et tendre. Plusieurs ellipses sont nécessaires pour avancer dans l’histoire et faire tenir les différents rebondissements de l’intrigue. Ce n’est pas ce qui est le plus gênant ici : avec, tout du long, une certaine idée de la fin du volume, puisqu’on anticipe les décisions de Kardelj autant que lui se posent des questions, la sensation d’inéluctabilité de la destinée des personnages est particulièrement forte, et c’est très dur de s’en défaire. Les passages conséquents sur des peuplades alors inconnues ou bien seulement évoqués jusqu’à maintenant sont autant de bouffées d’air frais pour sortir du sentier battu par le premier tome, car au vu des événements narrés dans cette suite (beaucoup indépendante, de par le fait), il y a une impression certaine de déconstruction systématique des sentiments acquis dans l’opus prédécesseur.

Au fond, les deux tomes du Sabre de sang sont tout bonnement construits en miroir (ce qui montre une cohérence d’ensemble, évidemment) : autant le premier s’ouvrait parfaitement vers de nouvelles aventures qu’il n’était pas forcément nécessaire de connaître pour l’apprécier, autant celui-ci fait totalement l’inverse en clôturant les aventures de Kardelj. Doit-on y pourtant voir là un aspect moins abouti ? Pas du tout, car le style de Thomas Geha et la lecture de ce roman restent bien sûr agréables, mais il est notable de faire remarquer que la destinée de la famille de Kardelj demeure un bien vaste mystère une fois ce volume refermé définitivement. Thomas Geha glisse, à la toute fin, un petit texte, « La Dette » qui aurait pu enrichir davantage le propos (est-ce Folio SF qui a opté pour cette manière ?) en le plaçant en transition des deux tomes. Est-ce une intégrale, comme pour la saga Alone chez Critic, pourrait permettre une meilleure refonte de tout cela ? À voir.



Je termine ce deuxième tome du Sabre de sang avec un goût de mitigé, bien moins perceptible à la fin du premier opus bizarrement (au vu des événements, j’entends), ce qui n’enlève rien à l’ensemble de ce diptyque qui se révèle être un très bon moment de lecture m’encourageant encore davantage à poursuivre dans les œuvres de Thomas Geha, alias Xavier Dollo. Qui sait peut-être Alone bientôt ? En tout cas, des nouvelles m’attendent d’ores et déjà, en numérique comme en anthologie...



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Riposte Apo

Chaque année, l’association ImaJn’ère organise un salon littéraire dans le centre d’Angers ainsi qu’un concours de nouvelles menant à une anthologie. 2013, année post-prévisions mayas de décembre 2012, fut l’occasion de publier deux volumes, l’un davantage polar (Total Chaos), l’autre plus centré sur l’aspect science-fictionnel des choses (Riposte Apo). C’est ce dernier opus qui voit des nouvelles de Thomas Geha, Arnaud Cuidet ou bien Patrice Verry composer son sommaire.



C’est Thomas Geha qui ouvre le bal dans le décor d’un « Ciel bleu d’un hiver à jamais » ; cet habitué des mondes post-apocalyptiques s’appuie sur une petite fratrie qui déambule sur un terrain hostile pour esquisser une histoire de fin du monde pourtant pas complètement dénuée d’une lueur d’espoir bienvenue.

Christian Vilà joue une carte déjà plus provocante avec « Pose ta peau, Calypso ! » : seule rescapée de trois épidémies dévastatrices, la jeune fille dénommée Calypso en vient à s’imaginer en nouvelle mère nourricière d’une Humanité en manque de chair.

« Un ciel parfait » est un doux euphémisme pour Romuald Herbreteau, puisqu’il prend place dans un monde en guerre particulièrement proche de notre situation. Si vous ne connaissez pas le Kazakhstan, il est toujours intéressant de le découvrir sous les tirs ennemis et en enjambant les cadavres de vos compagnons...

Dans « La fin des Puissants », Romain d’Huissier pose la question du renouvellement de l’espèce dominante dans un monde accaparé par l’espèce humaine depuis trop longtemps. Mystère et astuce font le sel de ce texte relativement court.

Sylvain Boïdo, l’un des lauréats du concours ImaJn’ère 2013, nous décrit « L’éclat des Ténèbres » au bout d’un suspense haletant entre amour et torture. Le monde post-apocalyptique qui sert de toile de fond n’est qu’esquissé, mais pose suffisamment de malaise pour s’y sentir happé.

Avec « Les Affamés », le spécialiste de jeux de rôle, Arnaud Cuidet, a tout compris du renouvellement du genre post-apocalyptique en revenant à l’essence même du terme : une révélation. Samuel, héros involontaire d’une évasion en règle d’une de ces Enclaves post-apocalyptiques, va subir/jouir/profiter d’une révélation personnelle salvatrice. Le fait e la rupture avec le monde précédent soit symptomatique de notre époque et que les affamés soient des zombies plus mystérieux qu’à l’accoutumée ne gâte évidemment rien.

Artikel Unbekannt tourne sa nouvelle « Caïn et la belle » avec roublardise et simplicité : un homme, un réveil, une femme, une rencontre. Si le déroulé est rapide, les éléments sous-jacents sont plus intéressants, autour notamment d’une religion teintée d’humour noir.

C’est avec ses « Songeries dans l’antichambre de la Mort par l’Horloger de l’Apocalypse » que Jean-Valéry Martineau fut également sélectionné en tant que lauréat d’un des concours ImaJn’ère 2013, c’est mérité tout d’abord par le fait qu’il ne regarde pas, comme habituellement, les conséquences de l’apocalypse, mais plutôt son déclenchement. Ensuite, il ne gâte rien avec la mise en action de deux personnages puissants : l’Horloger de l’Apocalypse qui voit notre monde toujours s’entredéchirer et chercher sa destruction, et la Mort, traditionnelle Faucheuse toujours prête à faire couler des rivières rouge sang.

Le duo Batista & Batistuta nous relate, quant à eux, un retour sur une Terre accaparée par un Satan volcanique. « Mike Mana contre Satan », c’est alors un peu de space opera, une histoire d’amour à la hauteur et quelques sirènes à sauver, le tout dans une atmosphère de fin du monde destructrice façon « Tapisserie de l’Apocalypse ». Si le titre sous-entend un affrontement final bateau, il n’en est rien, rassurez-vous.

Misez sur « La peine Capitale » de Christian Bergzoll pour suivre le chemin vers de nouvelles vies après des catastrophes météorologiques dévastatrices. La destinée des futures générations est alors en question : que faire si des nouveau-nés arrivent ? que faire s’ils n’arrivent pas ? Rien ne vaut mieux qu’une jeune fille qui se pose ce genre de questions pour être notre narrateur.

Comme souvent dans ses nouvelles, Jérôme Verschueren mise avec « Métabole » sur un récit percutant et quasi anatomique (descriptions des plus précises à l’appui). Pourtant, ce n’est pas l’attrait principal ici, puisque l’auteur lève le voile très progressivement sur un devenir possible de notre condition en parcourant d’innombrables galeries souterraines sans fin et surtout sans grand espoir, ambiance !

Tesha Garisaki, une des lauréates du concours de nouvelles ImaJn’ère 2013, lance « Seul » son héros à la recherche de survivants. Brest, Rennes, Nantes, Angers, l’Ouest de la France est parcouru à la vitesse de ce qui marche encore, et en l’occurrence les jambes de son héros.

Non sans une certaine ironie et une ironie certaine, Brice Tarvel déclare avec sa famille quasi parfaite, « Enfin l’apocalypse » ! Tout est parti en miettes et le quatuor composé de P’pa, M’man, Florentin et Miquette prépare la survie. Bons mots et coups du sort au programme !

À partir d’un article de Ciel & Espace, Patrice Verry compose, lui, un condensé de sept milliards d’années de l’histoire de l’humanité qui prend son origine dans « Une visite au Mont-Saint-Michel », attendez-vous donc à une visite-éclair et à des voyages dans le temps fulgurants !

Quant à lui, Xavier-Marc Fleury tente de sauver « Les derniers terriens » dans une opération militaire mêlant plusieurs espèces d’humanoïdes un peu déjantés contre des une attaque de la Terre par des êtres suprêmes répondant au nom d’Entité. La fin du monde est pour maintenant !

Comme à son habitude, et par exemple comme dans Rétro-Fictions (l’anthologie d’ImaJn’ère 2014), Robert Darvel tisse un récit bien construit où il préfère se mettre en scène dans Angers, ville où chats et tapisseries font bon ménage. « Sept pour un million » est alors une courte fuite en avant dans une ville en proie au démontage/dépliage en règle.

Guillaume Bergey, autre lauréat d’un des concours ImaJn’ère 2013, nous lance dans une quête pour « Le Sérum ». Dans une Angers post-apocalyptique divisée notamment entre Hospitants, Errants et Îlotiers, les armes lourdes sont de sortie au prix de ce qui vit et de ce qui peut donner de l’espoir, ou ce qu’il en reste.

C’est enfin Julien Heylbroeck qui clôt ce volume à grands coups d’« Absinthe » en une nouvelle courte mais intense, et surtout particulièrement noire sur les conséquences de catastrophes nucléaires comme Tchernobyl ou plus récemment Fukushima. La question de la mémoire est bien prégnante ici.

Rien que dans les choix relatifs à l’événement « apocalyptique », il y a de tout, donc, ici : que ce soit sur le déclenchement, la réalisation ou les conséquences bien après, nous pouvons découvrir dans Riposte Apo tantôt des récits intimistes, tantôt des univers plus approfondis, allant de la catastrophe écologique à l’extermination technologique, en passant par la damnation satanique et l’accident bête.

Notons, enfin, que l’environnement angevin et tout particulièrement la Tapisserie dite de l’Apocalypse de Saint-Jean, conservée au château d’Angers, ont inspiré bon nombre de contributeurs de cette anthologie. Qu’elle soit utilisée comme véritable toile de fond, comme simple accessoire du récit ou bien comme sorte de deus ex machina lui subodorant un pouvoir mystique et/ou destructeur, cette œuvre d’art médiévale mérite encore bien des égards. Elle aurait même pu constituer une section à part entière au sein de cette anthologie.



Riposte Apo est donc une anthologie en accord avec son sujet : particulièrement noire. N’y venez pas un soir d’orage, au cœur de l’hiver, alors que la déprime pointe et que votre vie amoureuse part à vau-l’eau ! Dans toute autre situation, il est toujours agréable de voir ce que des auteurs amateurs ou professionnels ont pu faire, en peu de pages chacun, d’un thème aussi rude que la catastrophe apocalyptique.

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Alone contre Alone

J'ai mieux aimé le premier tome, A comme alone, même si j'ai aussi apprécié celui-ci.

On retrouve avec plaisir les personnages, juste après la fin du tome précédent. On a quelques explications sur les mutants, parle un peu de magie bizarre avec l'arbre, mais surtout aventure et survie.

Une lecture sympathique.
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Lancelot

Lancelot du Lac est un de ces personnages de légende dont on connaît tous aujourd'hui et le nom et l'histoire. Fils du roi Ban élevé par la Dame du lac et appelé à devenir le meilleur chevalier de la Table ronde, proche compagnon d'Arthur qui échouera à s'emparer du Graal et s'éprendra de la reine, participant ainsi à la chute de Camelot, Lancelot est un personnage atypique, bourré de contradictions, sur lequel la littérature ne se lasse pas depuis des siècles de s'interroger. C'est à l'occasion du festival Zone Franche qui se déroule à Bagneux depuis maintenant cinq ans que les éditions ActuSF ont décidé de rendre hommage à ce personnage phare de la légende arthurienne par le biais d'une anthologie réunissant les textes d'auteurs français réputés dans le domaine des littératures de l'imaginaire, qu'il s'agisse de Fabien Clavel, Anne Fakhouri, Lionel Davoust ou encore Jeanne A. Debats. Des valeurs sûres, donc, qui nous font sans surprise don de nouvelles toutes plutôt sympathiques et qui feront passer aux lecteurs amateurs des littératures de l'imaginaire (et aux fans de la légende arthurienne en particulier) un bon moment de lecture.



Avant de m’attarder plus en détail sur quelques unes des nouvelles présentes au sommaire, je me permettais cela dit de soulever un léger bémol, notamment en ce qui concerne le contexte choisi par les différents auteurs qui, pour la plupart, situent l'action dans un royaume sur le déclin, pourrissant, voire déjà au-delà de toute salvation. Un choix compréhensible, même s'il aurait, à mon humble avis, pu être intéressant d'également découvrir le personnage à l'apogée de sa gloire, et non pas seulement au plus bas, rejeté et haï de tous. De même, j'ai souvent eu l'impression de toujours avoir plus ou moins à faire au même Lancelot : droit, voire parfois un peu trop rigide, preux, pieux, désespéré d'avoir échoué et trahi... Même si ce portrait est bien évidemment le reflet des nombreux écrits consacrés à la légende des chevaliers de la Table ronde de part les siècles, il aurait cela dit une fois encore été intéressant que certains des auteurs se détachent un peu plus du mythe d'origine pour donner vie à un Lancelot plus original, plus surprenant (je pense à titre d'exemple au Lancelot de « La saga du roi Arthur » de Bernard Cornwell qui dépeint le chevalier comme un véritable lâche, habile à tromper son monde et bien éloigné de la légende).



Parmi les nouvelles les plus réussies, quatre se distinguent particulièrement à mon goût : les deux premières mettent en scène Lancelot aux prises avec la légende et l'inéluctabilité de son destin, les deux suivantes prennent place dans un cadre plus contemporain et sont écrites dans un style beaucoup plus incisif et sur un ton volontiers humoristique. Avec « Le meilleur d'entre eux », Lionel Davoust amorce avec succès une véritable réflexion sur l'importance du personnage de Lancelot dans la légende. Légende dont il questionnait déjà l'essence même dans une autre nouvelle, « L'île close », dans laquelle les personnages du mythe ne cessaient de reproduire encore et encore les mêmes actes, sans pouvoir échapper au rôle que leur avait attribuée l'histoire. La nouvelle nous offre également un bel aperçu de l'amour unissant Lancelot et Guenièvre, tout en réussissant à ne pas laisser Arthur de côté. Pari tout aussi réussi pour Armand Cabasson et sa nouvelle « Le vœu d'oubli » dans laquelle on découvre un Lancelot amnésique car ayant fait le choix d'effacer sa mémoire afin de ne pas commettre l'irréparable et trahir son roi. L'auteur insiste là encore sur l'impossibilité pour le chevalier, et au-delà de tous les autres figures de la légende, d'échapper à son destin.



Les deux textes qui clôturent l'anthologie baignent dans une ambiance radicalement différente du reste de l'ouvrage et figurent à mon sens parmi les plus abouties. C'est notamment le cas du « Lance » de Jeanne A. Debats qui reprend ici le héros de son précédent roman « Métaphysique du vampire ». On retrouve donc Navarre, vampire au service du Vatican dans les années 1930, à qui on confie cette fois la mission d'aller tirer Lancelot de son sommeil éternel sur l'île d'Avalon afin de lui faire affronter une menace redoutable réveillée par un certain Hitler. Un texte bourré d'humour qui déconstruit le mythe du chevalier parfait et met en scène un protagoniste particulièrement attachant (je vous conseille d'ailleurs les autres nouvelles de l'auteur consacrée à Navarre et parue dans diverses autres anthologies, le personnage vaut le détours...). Toute aussi déjantée, la nouvelle de Karim Berrouka (« Pourquoi dans les grands bois, aimé-je à m'égarer ? ») met cette fois en cette une équipe de quatre policiers à qui l'on confie une enquête pour meurtre et qui vont finalement se retrouver en pleine forêt à assister à la lutte sans merci que se livrent depuis des siècles les chevaliers Lancelot et Gauvain.



Une anthologie divertissante rendant un bel hommage à ce personnage ambiguë de la légende arthurienne par le biais de certains des auteurs les plus en vogue au sein des littératures de l'imaginaire. A ceux qui seraient passionnés par le sujet je conseillerais également les excellents « De Brocéliande en Avalon » et d'« Avalon à Camelot », deux autres anthologies dirigées par Lucie Chenu a qui on doit d'ailleurs la postface de ce sympathique « Lancelot ».
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Lancelot

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Des sorciers et des hommes

Trois raisons m’ont incité à lire ce roman et bouleversé l’ordre de lecture de ma PAL gigantesque :

– La couverture absolument magnifique de Xavier Collette dont j’avais également beaucoup aimé les illustrations dans la bande dessinée Le Soufflevent d’Andoryss.

– Les avis dithyrambiques et unanimes sur la blogosphère (Le Bibliocosme, Blackwolf, Célindanae, Dup de Book en stock et Les lectures du monstre) et de mon libraire Mathieu.

– La venue de Thomas Géha le 27 Octobre prochain, à la librairie Décitre de Grenoble organisée dans le cadre du Mois de l’Imaginaire.

Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps mais cette lecture a été un véritable coup de coeur, au point d’en avoir lu avant-hier les deux derniers tiers tellement j’étais avide de connaître la suite.



Sur l’île de Cosme et plus précisément dans le Royaume d’Adimala, situé à l’est, sévissent deux joyeux lurons prénommés Hent Guer et Pic Caram : le premier est un redoutable guerrier originaire de l’île de Scalèpe chargé de protéger le second, un magicien aux rubans capable de manipuler les corps et les esprits des hommes. Si leur but est l’appât du gain, il faut bien avouer que leurs entreprises se soldent la plupart du temps par un beau désordre leur valant de profondes inimitiés et des rancœurs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux compagnons ne sont pas vraiment étouffés par le sens de l’empathie, ni par leurs scrupules. Mais, la donne risque de changer lorsque Pic s’évapore mystérieusement après une soirée bien arrosée…



Je suppose que vous l’avez deviné dès la lecture du titre mais Des Sorciers et des Hommes est bien une référence au fameux ouvrage de John Steinbeck intitulé Des Souris et des Hommes. Hent Guer serait ainsi l’homologue de Lenny Small, le géant un peu bébête qui ne contrôle pas toujours sa force (bien que Hent ne soit pas aussi décérébré que Lenny) et Pic Caram, celui de George Milton, plus intelligent et plus vif d’esprit. Comme dans le roman de John Steinbeck, les deux personnages sont souvent en vadrouille en quête d’aventure et d’emploi lucratif.



Ainsi, Des Sorciers et des Hommes se divise en deux parties distinctes. La première est formée de quatre nouvelles et d’une novelette correspondant aux périples des deux comparses au sein du Royaume d’Adimala. Chacune d’entre elles a une intrigue propre et se déroule dans un lieu différent ; elles peuvent donc se lire de manière indépendante. En revanche, la seconde partie plus homogène est une novella qui est la suite logique de tous les évènements disséminés dans les chapitres précédents et s’apparente à une conclusion. D’après Blackwolf, on appelle ce format un Fix up (plusieurs nouvelles dont les trames se rejoignent afin de former un tout cohérent).



En ce qui concerne la première partie, j’ai eu comme sensation de départ, un enchaînement de chapitres un peu disparate et décousu, ne sachant pas vraiment où voulait en venir l’auteur (exception faite du chapitre 3 dont j’ai trouvé le dénouement absolument remarquable). En réalité, elle s’inscrit dans la pure tradition du Sword and Sorcery des années 30. Hent ne fait-il pas référence à ces héros virils façon Conan le Barbare, aimant taper sur tout ce qui bouge, tuer sans vergogne, manger et boire à l’excès et trouver le réconfort dans la couche d’une femme? Excepté que dans Des Sorciers et des Hommes, ce modèle est mis à mal. Hent et Pic apparaissent alors comme des antihéros pour lequel le lecteur développe un sentiment ambivalent : à la fois, on a envie qu’ils réussissent dans leur entreprise et en même temps, on réprouve leurs actes (meurtre, vol, mensonge, comportement éhonté à l’égard des femmes, etc…).



Et c’est justement là qu’intervient la seconde partie menée de manière tout à fait brillante et remarquable. En effet, les éléments de l’intrigue développés précédemment s’imbriquent les uns dans les autres à la façon d’un puzzle, les personnages secondaires laissés au second plan dans les nouvelles, prennent le devant de la scène dans la novella (notamment, les femmes) et enfin, cette conclusion se veut une lutte (peut-être une parodie?) contre les valeurs traditionalistes mises en avant par la Sword and Sorcery (patriarcalisme, exacerbation des valeurs virils, misogynie, etc…). Ainsi, les personnages féminins comme Yasi, Joanni, Mirni et Imatec apparaissent comme des femmes de pouvoir, fortes, indépendantes, des guerrières qui luttent pour la justice ou pour leur propre revanche.



En conclusion, Des Sorciers et des Hommes est un roman remarquable à plus d’un titre : fluide, doté d’un brin d’humour, d’une intrigue haletante et de personnages hauts en couleur. Mais, il possède également un double niveau de lecture que ce soit au travers de ses références littéraires citées ci-dessus ou de l’adéquation du roman avec les valeurs actuelles de notre société (exit, les femmes belles mais stupides qui servaient de faire-valoir aux héros virils de la Sword and Sorcery). Il me tarde donc de rencontrer l’auteur, samedi.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Alone - Intégrale

L’intégrale Alone est un beau travail des éditions Critic et de l’auteur pour refonder deux romans consécutifs, parus chez Rivière Blanche, en une belle intégrale avec l’ajout de deux courts récits qui vont bien, le tout sublimé par une couverture de François Baranger qui claque méchamment son Pépé !





Pépé (il vaut mieux découvrir par soi-même d’où lui vient ce surnom) est un solitaire dans la plus pure tradition des Alones, ces aventuriers qui errent dans les immensités de la France post-apocalyptique, survivant à l’écart des communautés qui tentent de se reformer, voire de se réformer, au prix de nombreux fanatismes. En effet, les Alones ont un code d’honneur entre eux, envers aussi ceux qui pourraient parfois être dans le besoin, mais ne peuvent pas blairer du tout les Fanar et les Fanam (fanatiques religieux / fanatiques militaires). La France transcrite par l’auteur a subi ce qui ressemble à une apocalypse scientifique, puis une apocalypse sociale, car les machines ont détruit les villes et les communautés restantes périclitent vers un nouvel âge de la loi du plus fort (ce n’est pas très clair dans ce roman-ci).

Ayant alors, eux, des traditions, des codes, un vocabulaire en commun, ces Alones pourraient être vus comme une nouvelle communauté, mais non, ils préfèrent la solitude, ou en tout cas les groupes réduits. Ils prônent la libre-conscience, la maîtrise très tôt de l’art de la survie, y compris de certains arts martiaux, ainsi que l’habitude de savoir se débrouiller foncièrement seul et d’aimer cela. Puisqu’il faut bien avoir été entraîné, voire élevé par un mentor, le héros l’a été par Grise, à peine plus âgée que lui, qui a disparu lors d’une escarmouche. Pépé s’est résolu à tracer sa route sans elle et à constamment se fondre dans un environnement inhospitalier, même si l’attrait romantique et la fougue de la jeunesse ne sont jamais complètement oubliés. L’est comme ça, le Pépé !

A comme Alone permet alors de se familiariser très vite avec le personnage (notamment une scène introductive extrêmement immersive) grâce à un vocabulaire un peu châtié, à de l’humour grinçant et un rythme très soutenu. Ainsi, les cent cinquante pages de ce roman en font une aventure au long cours, car la montée en puissance de l’intrigue est quasiment un cas d’école : le héros débute mal, trébuche plusieurs fois, affronte ses peurs et rencontre surtout, au fil de ses pérégrinations, des communautés de plus en plus hostiles. L’auteur a opté avec raison pour un panel de personnages restreint mais bien utilisé : trois personnages secondaire gravitent autour du protagoniste et lui sont, tour à tour, d’une bonne aide, sans pour autant s’arroger sa place.

Ce « A comme Alone » m’a soufflé par son rythme, ses personnages et sa fraîcheur ! Ne connaissant pas l’œuvre de Gilles Thomas (alias Julia Verlanger) dont ce roman semble être un hommage, je ne peux pas décemment faire de parallèles, toutefois, si le but était de faire un exemple parfait de ce qui est appelé le « roman populaire », aventure-plaisir immersive, bien écrite et référencée (car les noms ne sont jamais un hasard), alors c’est réussi.



Une nouvelle a été insérée pour servir de transition entre les deux romans-miroirs : « L’ère du Tambalacoque » est un sympathique récit sur le destin d’un des derniers Arpenteurs et de son rôle dans la survie d’un arbre devenu conscient ; après avoir appris à se comprendre, à communiquer, les deux entités doivent s’assimiler pour viser plus haut dans leur impact sur un environnement hostile. C’est l’occasion de retrouver les combats pleins d’action façon Thomas Geha, même si cela manque d’une petite conséquence supplémentaire en toute fin de nouvelle pour bien comprendre l’impact de cette quête. Pour rester vraiment évasif, je dirais « Tambalacoque à l’eau, qu’à la fin il nous les brise », mais pour comprendre quelle influence majeure aura cet arbre majestueux, il faut poursuivre l’aventure des Alones.



Deuxième roman de cette intégrale, Alone contre Alone poursuit l’aventure. Pépé était bien heureux, ayant retrouvé son mentor et amour, étant entouré de ses amis, se reposant tranquillement sur la côte d’une vie d’aventure. C’était sans compter ses adversaires d’hier qui continuent de le traquer. C’était sans compter non plus sur le fait que son monde post-apocalyptique continue de produire des entités diablement dangereuses pour la survie de l’humanité. Après avoir combattu un commando désirant annihiler sa retraite tranquille, Pépé doit repartir en chasse à l’aide de ses comparses.

Un petit peu à l’image de ce que j’avais ressenti dans le diptyque du Sabre de Sang, ce diptyque d’Alone me fait préférer le parti-pris du premier tome et être légèrement déçu par sa suite directe, un peu comme si l’ouverture proposait plein de choix, mais que les deuxièmes tomes ne recelaient plus la même noirceur et reprenaient le schéma classique suivant un héros avec ses acolytes et ses antagonistes. Sans perdre l’aspect « aventure populaire », Alone contre Alone est un poil plus consensuel dans son déroulé avec des péripéties plus attendues. Cela n’enlève rien évidemment au côté agréable de ce Pépé dépassé par bien des événements mais qui tente de les régler avec ses petits bras musclés.

Une bonne poursuite de l’aventure lancée par A comme Alone, qui ne dépasse pas son prédécesseur mais construit globalement un monde cohérent et qui n’est pas figé.





Cette intégrale se clôt par une ultime nouvelle, « Le silence est d’or », qui, contrairement à sa consœur, ne nous informe pas de grand-chose, car elle reprend un événement fondateur pour le personnage principal, que nous avons déjà bien compris, mais ce coup-ci du point de vue opposé, afin de mieux comprendre leur psychologie. Il est évident qu’elle n’aurait de toute façon pas pu être mieux placée dans le présent volume : la placer avant le premier roman déflorait le tout, la placer au milieu n’aurait pas eu d’intérêt, alors la placer à la toute fin permet d’en faire un dernier baroud d’honneur, de retrouver une dernière fois deux personnages que nous avons aimé suivre.





Cette intégrale Alone est donc un sacré bel objet avec du contenu qui vaut le détour, un ensemble cohérent enrichi de deux nouvelles complémentaires qui éclairent le reste et une couverture de François Baranger qui envoie sec !



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La Guerre des Chiffonneurs

Trois étoiles en lecture jeunesse .

Deux étoiles en lectures adulte .

La guerre des chiffonneurs est nettement un roman de SF populaire .

Ce n’est pas un défaut ou bien un péché capital d’ailleurs ...

Mais pas tout à fait crédible et pas très immersif comme bouquin , dans le cadre d’une lecture adulte .

Le pitch : trois durs à cuire dont un gros chats extraterrestre , s’en vont à la conquête du cosmos , sur un mode relativement western .

De la bougonnerie , du big love , pan pan , dures à cuire , grosses ballades , pirates et autre hold-up ries et cuiteries ...

Le texte est bien structuré mais le style est nettement inférieur aux capacités de l’auteur des deux A , très nettement à mon humble avis ...

C’est je pense une très bonne lecture jeunesse du fait : d’un plan assez recherché et structuré de façons intéressantes , d’un vocabulaire accessible , de situations diverses pas trop édulcorées .

Celles du type « love affair « , du type violence et moralité par exemple ..

Dans le cadre d’une lecture adulte j’étais un peu déçu et pressé de passer à autre chose ( presque depuis les premières pages ) ..

Je ne pense pas explorer la suite car je crains que le style ne soit pas suffisamment convainquant pour une lecture adulte ...

L’auteur avait un style très solide dans « les deux A « , et donc je serais plus méfiant à l’avenir ...

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