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Citations de Tom Robbins (300)


À dire vrai, Priscilla ressentait un léger pincement de dépit de devoir rentrer à son petit studio. Sans aucun doute, il y avait suffisamment de place pour elle à la fondation Qui rira le dernier. Jésus-Christ et ses douze disciples auraient même pu résider à la fondation, sauf peut-être Judas qui aurait dû dormir sur la terrasse.
En marchant dans l’allée, elle avait le sentiment d’être les trois quarts de deux granulés antilimaces. Quand elle passa devant la boîte aux lettres, à l’entrée, elle eut envie de se coller un timbre sur le front et de s’expédier à l’Abominable Homme des Neiges.
Dans la rue, ce fut pire. La foule des aspirants immortalistes était agitée et revêche. Ils lui lançaient des regards furieux, comme si elle était une œuvre d’art moderne dans une foire de campagne. Un ricanement hostile ici, un rire perplexe là, mais pas de premier prix en vue.
Apparemment, il y avait eu une ruée sur la nourriture peu de temps auparavant, car beaucoup de ceux qui faisaient la queue étaient occupés à mâchonner des hamburgers achetés dans un fast-food. Ils étaient suffisamment âgés pour ne pas avoir d’excuse. Certains étaient même suffisamment âgés pour se souvenir du temps où le vieux McDonald avait une ferme.
Autrefois, c’étai les microbes qui faisaient mourir les gens. Maintenant, c’était les mauvaises habitudes. C’est ce que disait le docteur Dannyboy. Les maladies cardiaques étaient provoquées par de mauvaises habitudes personnelles, le cancer était provoqué par de mauvaises habitudes industrielles, et la guerre était provoquée par de mauvaises habitudes politiques. D’après Dannyboy, même la vieillesse était une mauvaise habitude. Et les habitudes ça se change. Priscilla eut envie de faire la leçon à tous ces gens sur leurs habitudes, avant de les renvoyer chez eux, mais naturellement elle ne le fit pas.
Vers la fin de la file, elle crut entendre un type aux cheveux blancs qui marchait avec des béquilles faire remarquer que c’était le 7 décembre, « le trente-cinquième anniversaire de l’attaque par les Japonais sur Pearl Bailey(*) ». Il se trompait. On était le 8 décembre

(*) actrice et chanteuse américaine (1918–1990).
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En relisant les paragraphes que j'avais écrits au milieu de la nuit, j'y détectai une aisance, une liberté d'expression, une syntaxe à la fois débridée et précise, un rare mélange d'abandon téméraire et de contrôle rigoureux ; et je me dis, Ouais, c'est ça. C'est cette tonalité-là que je veux. J'avais enfin surmonté l'obstacle, j'avais effectué la percée décisive.
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Dans Une bien étrange attraction, un personnage vole un babouin dans le Woodland Park Zoo de Seattle. Eh bien, trois semaines après la sortie du livre, un babouin fut réellement volé dans le Woodland Park Zoo. Je ne plaisante pas. Vous pouvez vérifier dans les archives du Seattle Times, l'évènement avait fait les gros titres. J'étais absolument convaincu que mon copain Darrell Bob Houston avait kidnappé le babouin dans le but d'attirer l'attention sur mon roman. Il était tout à fait capable, au nom de notre amitié, de monter un coup pareil. Mais l'animal fut retrouvé sain et sauf deux jours plus tard et il s'avéra que le voleur n'était pas du tout au courant que sa réalité avait imité ma fiction.
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En tout cas, je résolus de prendre ce silence pour une forme d'assentiment et, fort de cet encouragement, dans ma première critique d'opéra (j'ai oublié lequel), une quinzaine de jours plus tard, je laissai entendre que le spectacle aurait pu être plus captivant, plus pertinent si les choristes avaient porté des blousons en cuir noir, si la soprano avait été la nana d'un motard et la basse un membre des Hells Angels sous amphets. Impressionné par la musique, mais ennuyé par l'atmosphère guindée et vieux jeu de l'opéra, j'avais, si je me souviens bien, ouvertement regretté qu'il n'y ait pas eu de Harley-Davidson sur scène.
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Entre le tragique et le comique, la frontière est plus large, plus profonde, plus irrégulière, bien qu'elle ne soit ni aussi immuable ni aussi problématique que celle qui sépare la vie de la mort ; et ce sont ces oppositions plus flagrantes - au nombre desquelles on trouve le désir et le rejet, le succès et l'échec et surtout, le "bien" et le "mal" - qui attirent généralement ceux qui pratiquent les arts narratifs. Cependant, de mon point de vue, la plus fascinante et peut-être la plus significative de toutes les interfaces, c'est celle qui délimite, tout en les reliant, le ridicule et le sublime. La ligne de démarcation étonnamment étroite entre le sacré et le profane, la prière et le rire, un calice par Léonard de Vinci et une boîte de soupe par Warhol, la Lumière et la plaisanterie, offre un espace de signification qui est aussi exaltant qu'il est hérétique : un souffle de liberté psychique si intensément et étrangement révélateur qu'il pourrait tout simplement donner accès au mystère de l'être. Ou, tout au moins, nous aider à comprendre ce que ce bon vieux Nietzsche avait derrière la tête en écrivant Jenseits von Gut und Böse.
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Eh oui, j'avais épousé une inconnue, quitté mon emploi, laissé tombé l'université pour aller vivre à près de cinq mille kilomètres de ma région natale, et j'avais entamé tout à fait par hasard une carrière de critique d'art. Mais tous ces changements, que la plupart d'entre nous considéreraient comme importants, n'étaient que de la roupie de sansonnet comparés à la transformation, l'altération alchimique, la réorientation qui allaient s'imposer à moi alors que j'étais tranquillement assis dans un fauteuil, un après-midi de juillet, en 1964. Je n'exagère pas. En fait, il n'existe pas d'hyperbole suffisante pour en rendre compte de façon adéquate.

Ce ne fut pas un seul, mais toute une succession de lapins blancs, surgissant d'abord ici, puis là, qui allaient me mener jusque dans le trou du pays des Merveilles.
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La grossesse ne dispensait pas une paysanne de travailler, pas même dans les dernières heures. Habituée à la douceur des zibelines et des coussins parfumés du harem, Frol perdit connaissance deux jours de suite alors qu’elle battait la filasse avec une lourde espadole. Par la suite, elle fut envoyée chez le seigneur, chaque jour, dès l’aube, pour servir les dames. Toujours pleine de cran, Frol fit la servante sans se plaindre, et les dames apprirent bien vite à ne pas lui confier d’objets fragiles.
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Après tout, si on laissait le roi devenir sénile et malade, sa faiblesse ne risquait-elle pas d’infecter son territoire, et par conséquent de nuire à la reproduction du bétail, de faire pourrir les betteraves dans les champs, de handicaper les hommes au combat, et plus généralement d’entretenir la maladie, le délire et l’infertilité parmi ceux qui étaient sous son autorité ?
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Les rois ne pouvaient régner qu’aussi longtemps qu’ils gardaient leur force et leur vigueur. Considérant ses seigneurs comme semi-divins – des hommes-dieux dont dépendait le cours de la nature –, le clan croyait que de terribles catastrophes résulteraient de l’affaiblissement progressif du chef et de l’extinction finale de ses pouvoirs avec sa mort. Le seul moyen d’éviter de telles calamités était de tuer le roi dès que des symptômes de déclin apparaissaient, de façon que son âme puisse être transférée dans le corps d’un jeune et vigoureux successeur avant qu’elle ne soit détériorée.
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La lune se leva.
L'horloge sonna.
Une grue caqueta.
Elle comprit.
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Bonanza Jellybean monta Lucas pour aller voir si les échassiers étaient toujours au lac Siwash. Oui ! Elle fêta la chose en se plantant une plume dans le chapeau, et pour rien au monde elle n'y aurait mis un macaroni !
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Ce jour-là, la Bourse tombe de son lit et se brise la colonne vertébrale : c'est le pire jour de ta vie.
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Il se chuchotait que le personnel de l'équipe du soir et de celle du bar était aussi nerveux que la queue d'un Q au cours d'une bousculade dans l'alphabet. (page 171)
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La politique est pour les gens qui ont la passion de changer la vie, mais qui manquent de passion pour la vivve.
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La réalité est une notion subjective, et cette culture se caractérise par une tendance stupide à considérer que quelque chose est important seulement si c'est sérieux et sévère.(...) Quand on est malheureux, on en vient à s' préoccuper énormément de soi-même. Et on en vient à s'prendre tellement au sérieux ! Les gens véritablement heureux, c'est-à-dire les gens qui s'aiment véritablement, eux n'pensent pas beaucoup à eux-mêmes. Vous prenez une personne malheureuse, elle ne supporte pas que vous essayiez d'lui remonter le moral, parce que ça veut dire qu'elle doit arrêter de s'appesantir sur elle-même et reporter l'attention sur l'univers. Se sentir malheureux, c'est la forme ultime de l'autocomplaisance.
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Les toilettes dans chaque appartement faisaient le même bruit qu'un ténor italien qui se gargarise avec du Lavoris, et la nuit les réfrigérateurs faisaient penser à des bisons en train de brouter.
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On dit que lorsqu'un homme est dans l'attente de relations sexuelles imminentes, sa barbe pousse à un rythme accéléré. Il n'est pas impossible qu'Alobar doive s'arrêter pour aller se raser avant la fin de ce paragraphe.
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Franchement, l'auteur ne sait pas. L'auteur n'est pas très fixé quant à l'existence ou non de ce qu'on appelle exagération. Notre cerveau ne permet d'utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu'en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction.
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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