Citations de Tony Hillerman (247)
Les instructions du capitaine Largo portant sur la coopération avec le FBI étaient claires et énoncées avec emphase.
- Quand vous devez travailler avec un agent fédéral, vous prenez sa voiture, pas la nôtre.
(...) Nous n'enseignons pas dans nos écoles la façon dont nous avons testé la solution finale de Hitler contre vos peuples. Regrouper tout le monde, tuer tout ceux qui essayent de s'évader, chasser le bétail, laisser les indiens crever de faim. Nous devrions avoir un chapitre pour décrire ça, dans tous nos manuels.
- Pourquoi tuer quelqu'un comme Horseman ? Ce n'était qu'un pauvre gars parmi d'autres qui ne savait pas très bien comment être Navajo et ne parvenait pas à apprendre à se comporter en homme blanc. Totalement inadapté.
A ce qu'on m'a dit, vous les Navajos, vous dites que la façon de repérer les sorciers, les gens qui sont mauvais, consiste à chercher ceux qui possèdent plus que le nécessaire et dont les proches ont faim.
Dimanche 30 novembre, 17h18.
Shulawitsi, le Petit Dieu du Feu, membre du Conseil des Dieux et Représentant du Soleil, avait ajusté à ses pieds ses chaussures de sport à fermeture Velcro. Ainsi que l'Entraîneur le lui avait appris, il avait serré fort sur le coup de pied le ruban à crochets. Et maintenant, les pointes qui mordaient dans la terre compacte du chemin des moutons semblaient être une partie de lui-même. Il courait avec une grâce parfaitement acquise, son corps fonctionnant comme une machine, son esprit ailleurs, occupé à autre chose.
La journée du lendemain allait être désagréable. Kennedy lui avait dit qu'il serait là à huit heures du matin et l'agent du FBI n'était jamais en retard. Puis viendrait le long trajet à travers les Lukachukais pour trouver l'homme qui s'appelait Roosevelt Bistie et lui demander pourquoi il avait tué un vieil homme appelé Dugai Endocheney avec un couteau de boucher. Depuis sept ans maintenant (tout de suite après l'obtention de son diplôme de l'Université du Nouveau-Mexique), Chee faisait partie de la Police Tribale Navajo et il savait qu'il n'aimerait jamais cette partie de son travail qui consistait à s'occuper d'esprits malades d'une manière qui ne les ramènerait jamais dans l'harmonie. La manière fédérale pour guérir Bistie consisterait à le traîner devant un magistrat fédéral, à l'accuser d'homicide volontaire sur le territoire d'une réserve fédérale et à le mettre derrière les barreaux. (p. 17-18)
McGinnis versa le bourbon en faisant attention, s'arrêtant exactement au symbole du copyright sous la marque Coca Cola inscrite sur le verre. Cela une fois fait, il leva les yeux vers Leaphorn.
– Je me suis fait dire par un docteur que je devrais cesser de boire de ce truc-là parce que c'est mauvais pour mes tympans et je lui ai répondu que ce que je buvais était plus agréable que ce que j'entendais.
(p. 96)
C’était Nashibitti qui avait enseigné à Leaphorn les mots et les légendes de la Voie de la Bénédiction, qui lui avait raconté ce que le Peuple Sacré* avait dit au Peuple de la Surface de la terre sur la façon dont il fallait vivre, lui qui lui avait enseigné les leçons de Femme-qui-Change* : que le seul but de l’homme était la beauté, que ce n’était que dans l’harmonie que l’on pouvait trouver la beauté, et que cette harmonie de la nature était d’une incroyable complexité.
Chapitre 7
- Cinquante minutes, dit Chee. Ouais. Ça doit être à peu près ça.
Silence. Largo étudiait la carte. Johnson était assis sur une chaise qu’il avait inclinée en arrière contre le mur et, les mains croisées derrière la nuque, il gardait les yeux fixés sur Chee. Il bougea un peu, ce qui fit craquer la chaise.
- Cinquante minutes, c’est très long, remarqua-t-il.
Très long pour faire quoi ? pensa Chee. Mais il ne dit rien
Parfait pensa Pauling.
Il faut apprendre à faire confiance.
Et pendant la fraction de seconde où cette pensée lui venait à l'esprit, il vit que cette confiance était une effroyable erreur.
Dès qu'elle approcha de l'encadrement de la porte qui, du bureau de sa secrétaire, également chargée de l'accueil des visiteurs, permettait d'accéder au sien, Catherine Morris Perry remarqua la boîte posée sur sa table de travail. Elle était volumineuse : peut-être un mètre de long et presque aussi haute. Les lettres imprimées sur la boîte indiquaient qu'elle avait à l'origine contenu un four à micro-ondes fabriqué par la General Electric. Elle était entourée de bandes de papier adhésif marron qui avaient été posées à la va-vite. C'était une boîte grossière, incongrue parmi les objets d'art d'un goût irréprochable et les pastels délicats du bureau élégant de Catherine Perry (…)
“... Le seul but de l’homme était la beauté, que ce n’était que dans l’harmonie que l’on pouvait trouver la beauté, et que cette harmonie était d’une incroyable complexité.”
[Mary à Jim Chee] - J'ai remarqué que les Navajos construisent leur maison le plus loin possible des autres Navajos. Il y a une raison à cela ?
- Nous n'aimons pas les indiens.
Le masque gris-blanc de Dieu-qui-Parle, avec sa touffe frémissante de plumes d’aigle et sa collerette de fourrure d’animal, constituait la tête du mannequin. Chee n’avait fait que passer à côté de douzaines de silhouettes humaines comparables dans d’autres expositions de la Smithsonian… qui représentaient des Lapons occupés à réparer des harnais de rennes, des musiciens aztèques en train de jouer, un chasseur de la Nouvelle-Guinée traquant un cochon sauvage, une femme d’une tribu d’Amérique centrale qui achevait une poterie. Mais ce mannequin-là, ce porteur de masque de Yeibichai, semblait vivant. En fait, il semblait plus que vivant. Chee restait là, les yeux fixés sur lui.
Nous voulons manger, dormir, copuler et reproduire nos gènes, avoir chaud, être au sec et prémuni contre le lendemain.
La plupart des religions ont, comme nous, les Navajos, des règles qui interdisent l’inceste. On n’a pas de relations sexuelles entre membres d’une même famille. Si on le fait, les enfants nés de parents consanguins sont anormaux.
Beaucoup de religions ont des règles qui disent ce qu’il ne faut pas faire, ce qu’il ne faut pas manger, des choses comme ça. Le Coran ordonne aux musulmans de ne pas manger de porc. A l’époque où les sages ont écrit cela, beaucoup de maladies se répandaient lorsqu’on mangeait du porc. C’était une très bonne idée de s’en passer.
La mort n’avait pas eu de quoi prendre le vieil homme au dépourvu. La culture navajo n’était pas de celles qui cachent les gens dans des hôpitaux à l’heure de leur mort. On grandissait en côtoyant la mort des personnes âgées qui vous étaient proches, on était présent au moment de la mort, on la respectait.
Il faut laisser aux Blancs le soin d’enterrer les Blancs.
Le fantôme d'Eddie allait être avide, et convoiterait sans répit des possessions matérielles, ce qui, pour les Navajos, représentait le comble de la malfaisance contre nature.