AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Valère Novarina (21)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Devant la parole

Le livre que j'aurai le plus emprunté, rendu, re-réemprunté à la bibli : il est touffu et il nous emmène loin.





L'auteur est un glouton des mots, il les bichonne, il les guilise pour leur faire rendre leurs derniers petits rires et soupirs ; il est, plus largement, fasciné par le langage, ce que le langage fait à l'homme et comment celui-ci s'en sert pour faire apparaître le monde.





Sans préambule, l'auteur nous pousse dans le grand bain pour une plongée dans les abysses du langage. Il ne lésine pas sur les moyens : foisonnement de jeux de langue, ribambelle de mots-hameçons, distorsions, néologismes inventés sur le feu.



Pour lui, la fibre du langage, c'est le verbe. Les substantifs n'en sont que les socles refroidis, des moules qui nous tiennent à l'étroit. La substance même du langage c'est son mouvement, celui du verbe. L'homme est un verbe, à sa propre recherche.



Le langage n'est pas la description de la matière mais son révélateur ; pas un catalogue d'articles référencés, des couples signifiant-signifié, mais déploiement de l'espace.

La vue nous vient des mots. « C'est un autre monde que nous verrions de nos yeux avec d'autres mots. Notre vue est parlée. »



Si l'esprit de l'homme se résumait en un point, ce serait celui du point de perspective, celui qui étire l'espace à l'infini et lui donne son sens.

Image du kaléidoscope : l'embrouillamini des choses s'éclaire dans la mise à distance ; Les relations de l'univers prennent leur sens sous l'effet de perspective.





Avouons que par moments l'auteur paraît se chauffer quand même un peu, on a l'impression qu'il se fait un poil mousser le cerveau, emporté par son propre élan dans les rapides du grand fleuve des mots qu'il a auparavant mis sur puissance 10.



Non, parce que quand je demande à ma voisine par-dessus la haie c'est quand déjà le jour des poubelles de verre, je peine à y retrouver la magnificence exubérante et itérative que nous décrit abondamment notre tourbillonnant auteur. Mon prosaïsme désespérant renvoie peut-être au fait que nous devrions plus souvent reprendre violemment conscience de cette valeur magique du langage.





Des réflexions sur l'acteur de théâtre aussi : un véritable acteur , c'est tout sauf un égo obèse, c'est celui qui parvient à dégager le plancher et à laisser la place à l'Homme universel en lui.



J'ai aussi été sciée par ses références incessantes à Louis de Funès ; çui-ci nous a bien roulés dans la farine, dis donc ! je ne connaissais que le personnage grotesque de ses films familiaux : aucun rapport avec le niveau de haut vol de ses réflexions métaphysiques. Ca en bouche un sacré coin ma foi.



En parlant de foi, j'ai un peu faussé compagnie à Novarina et de Funès sur ce sujet, qui sert manifestement d'arrière-plan à leurs diverses réflexions. Mais sacré et métaphysique ne sont pas incompatibles avec l'être humain dans son tête -à-tête avec un univers tout nu (oui moi c'est comme ça que je le préfère l'univers, tout nu).





Ce livre contient en tout cas de magnifiques départs de lièvres qui font courir la pensée. On le referme en se disant que l'être humain, c'est quand même un sacré ptit gars, qui en a là-dedans. Si seulement il ne s'acharnait pas à tomber à pieds joints dans tous les pièges avec cette constance remarquable.



Merci Monsieur Novarina pour cette plongée décoiffante dans le grand bain des mots!







Commenter  J’apprécie          344
Le Théâtre des paroles

Lu dans le cadre du prochain club-lecture auquel j'appartiens et qui sera consacré aux éditions P.O.L, cet ouvrage ne m'a vraiment pas captivé.



Divisé en neuf chapitres, tous distincts les uns les autres et ayant tous fait l'objets d'une parution antérieure dans divers journaux ou magazines, ils ont au moins un point en commun : le thème du théâtre et du rôle de l'acteur. Malgré quelques citations accrocheuses et percutantes, le reste n'est que trop souvent une accumulation de phrases décousues et en voulant sortir du langage classique, à savoir "sujet-verbe-complément", l'auteur m'a perdu en route.

Certes, s'y trouvent de belles pensées philosophiques sur la condition humaine et sur ce que doit faire un acteur lorsqu'il est sur scène, à savoir commencer par se débarrasser de son enveloppe corporelle pour ne créer que du vide (et c'est à cela, selon l'auteur, que l'on reconnaît un grand acteur) mais en dépit de cela, rien qui n'a attiré mon attention plus que cela.



Déçue donc... je pourrais dire cela mais en même temps, un ouvrage qui ne laisse pas indifférent puisqu'il invite le lecteur à réfléchir sur sa propre condition et sur son langage autant oral que corporel, car, oui, avant toute chose, c'est notre corps qui parle pour nous !

Une belle méditation à découvrir pour les plus curieux mais qui ne m'a pas touchée au pont d'en garder un souvenir inoubliable !
Commenter  J’apprécie          240
L'Acte inconnu

Je crois qu'il faut aimer le théâtre de Novarina avant d'essayer de le comprendre.

On ne lit pas Novarina on le regarde, on est emporté par la joie des acteurs, c'est jubilatoire!

Après, quand on revient dans la vrai vie (mais est bien vrai?) on peut essayer de comprendre ce que l'auteur a voulu nous dire, mais le sait-il lui même?? Pas toujours sans doute, il nous transmet des sentiments, il nous livre quelque chose, le public aime ou pas...

Moi j'ai eu un choc en voyant cette pièce la première fois et je ne peux l'oublier.

J'adore ce théâtre!
Commenter  J’apprécie          220
Une langue inconnue

Elle ne fait plus de roulé-boulé, la langue de Valère Novarina, dans ce bref recueil sur elle-même. Elle parle franc, et non pas hongrois, ce qu’elle pourrait être, «langue maternelle incompréhensible» qui laisse à penser à l’auteur qu’il aurait tout à la fois «pu être hongrois, être juif et ne pas être». Elle aurait voulu être chanteuse, comme celle de la mère : elle le deviendra. La langue de Novarina a des sœurs comme «l’ombre du latin, l’ombre du patois savoyard, l’ombre de l’italien». Le latin est presque aussi opaque que le hongrois. L’italien fait miroir au français. Enfin, le savoyard, la plus proche des langues dans lesquelles Novarina écrit : «Langue humiliée et victorieuse, langue qui se venge, qui invente et qui rit : langue idiote et idiome de la vengeance poétique qui renverse - qui se sort par la vie de toute situation.» C’est ce que l’auteur appelle «"la langue à un" : une langue propre à chacun».

Eric LORET



http://www.liberation.fr

Commenter  J’apprécie          140
L'Homme hors de lui

Je n'avais jamais lu des pages de M. Novarina,

je viens de lire L'homme hors de lui...

Hélas - pour moi -

pas un seul des mots qui remplissent ces pages

n'a retenu mon attention.



Suis-je un cas désespéré?

Ou est-ce totalement sans intérêt?

Je remercie d'avance les contributeurs à éclairer mon esprit obscurci par de trop nombreuses lectures heureuses.



© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          100
L'Acte inconnu

Voici une pièce de théâtre qui sent bon la folie lémanique – et Valère n’en est pas à sa première monture. On l’a déjà vu maintes fois s’amuser à contrefaire les vieux mécanismes théâtraux en pétant le quatrième mur, en soulevant le masque des acteurs, en mettant en abîme la parole théâtrale, en la réduisant à quelques maigres mots portés sur des pancartes, et en rappelant sans cesse l’existence du dramaturge comme on chuchoterait le nom du démiurge sur l’autre scène (celle de la vie).





Même dans la démolition des traditions et des valeurs classiques, une certaine forme de routine finit par se mettre en place. Après quelques pièces de Novarina, la surprise s’épuise. On peut certes continuer de spéculer sur le fond théorique de ces actes antithéâtraux mais n’est-ce pas aller à l’encontre de sa démarche de destitution de l’idole du Nom ? Valère, c’est un peu comme de la psychanalyse lacanienne mise en scène. Dévoilement de la façade symbolique des mots, des gestes et des identités pour révéler notre néant ontologique.





Je me souviens de l’intense réjouissance qui accompagna mes premières lectures de Novarina. Un peu de lassitude à présent. Pour la défense de Novarina, je n’ai pas vu ses pièces jouées sur scène. Je ne suis qu’une critique incomplète qui brasse de l’air dans le petit univers clos de son imaginaire. Bye.

Commenter  J’apprécie          102
Pendant la matière

"Pendant la matière" est un cahier. Cahier de matière. Matière à entendre, toucher, ouvrir, sceller, déciller, écarquiller, à voir, à s'étonner. A entendre.

Surtout entendre à la bouche des mots.

A la vérité tête à travers, par l'envers de là où vous penserez passer.

ça vous bouge les limites du langage, ça vous étonne par la densité de la parole,

La matière devient dimension et ça ouvre large !

Première découverte de l'écriture de Valère Novarina. Et je ne le regrette pas !

Donc...à explorer !



Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          100
Pour Louis de Funès

«C’est peut-être le plus beau texte de Novarina, celui où tout est dit : que la langue et la bouche sont inséparables, que chaque mot prononcé doit être neuf, que toute phrase qui ne vise pas à réenchanter le monde n’a pas lieu d’être, qu’un discours qui n’est pas goûté, mâché, savouré, est non advenu ; et que tout cela est une grande folie. Volontiers obsessionnelle, l’écriture de Novarina n’est pas pour autant gagnée par l’esprit de sérieux : elle sait que le rire récompense la démesure, que les mots adorent se faire des croche-pieds, que le sens est aussi affaire de leurre. »

René Solis, Libération, 9 mars 1999
Commenter  J’apprécie          60
Vous qui habitez le temps

Magnifique pièce / morceau de littérature que voilà. Le Veilleur, La Femme aux Chiffres, Jean du Temps, Autrui nous amènent dans un univers fidèle au titre (magnifique, par ailleurs), où chaque phrase pèse et gravite.
Commenter  J’apprécie          30
L'Inquiétude

Seconde partie du "Discours aux animaux", créée au Festival d'Avignon en 1991 par André Marcon, repris depuis dont en 2012 au festival d'Avignon de nouveau, dans le cadre des sujets à vifs, par Stanislas Roquette.

cette inquiétude, qui est bien là, ne laisse pas d'être jubilatoire, depuis

"Or, des pensées, j'en avais justement une seule par an ; une seule par an seulement tout juste mais qui me partait de la tête toujours assez solennellement....." - et la liste de ces pensées, et les circonstances et moyens étranges et pas tellement gais en eux-mêmes de ces notations sont d'un rire fort et presque guerrier, s'il n'était détaché – jusqu'à la fin du monologue, quelques cinquante pages plus loin, après quelques événements, quelque sentences - comme "car pour l'homme – sachez ça ô enfants – l'enfance est une très mauvaise formation." - et la danse des mots et cette façon qu'ils ont de se mettre en listes rimant peu ou prou.
Commenter  J’apprécie          30
La chair de l'homme

Un gros bouquin qui présente une expérience unique sur le langage: cela évoque un Pérec doublé d'un Rabelais. Je vais prendre comme exemple la description de la Foire de Crête qui se déroule à Thonon (Haute-Savoie) début septembre, chaque année.

L'enfant savoyard (10 ans) assis sur la plus haute branche d'un platane observe la foire et aperçoit 1471 personnes, hommes, femmes, enfants. Il va décrire ce qu'il voit en utilisant pour chacun une phrase réduite à son minimum: sujet, verbe, complément.

"Médée la Quine ôte son béret; Tiénon pousse une charrette; Lucien à Pitaque examine une corde; Gouttière vise; Louis Lanlà sort son porte-monnaie; Marcelle à Grabé tartine des rillettes..." Cette litanie se continue sur 31 pages. On peut être soit agacé, lassé par ce procédé soit se dire qu'on subit une espèce d'envoûtement par lequel l'auteur tente de nous faire partager son appréhension exhaustive d'un moment de vie.
Commenter  J’apprécie          20
L'Acte inconnu

Il faut aimer le théâtre, il faut aimer l'absurde.. Sinon, passez votre chemin !

Il faut également aimer les mots et aimer le désordre, et ne pas chercher à toujours tout comprendre, aimer laisser planer le mystère et la poésie du chaos. C'est une pièce complètement dingue, mais aussi géniale quand on s'y plonge.

Découverte grâce à l'option théâtre de mon lycée, jamais regrettée.

Une dynamique incroyable, peut être plus à voir qu'à lire cependant.. (Mais les deux dans mon cas !)
Commenter  J’apprécie          20
Le Théâtre des paroles

L’auteur s’amuse et travaille la forme même de la langue. Il ne respecte pas volontairement la syntaxe et les règles grammaticales, et nous plonge ainsi dans un champ réflexif autour de la communication, surtout bien évidemment de la communication théâtrale, puisque le corps y tient une place primordiale. Il remet, pour ainsi dire, le texte à sa place, derrière le corps, derrière la personne qui le donne à entendre, et non pas devant l’acteur, comme si ce dernier devait se plier à ses exigences littéraires.
Commenter  J’apprécie          20
L'animal imaginaire

Je ne vais écrire que quelques maigres phrases concernant ce texte, car je n’ai pas réussi à y comprendre goutte. C’est un texte qui n’est pas si difficile à lire, parce que tout y est très compréhensible, dans un langage assez récent, mais en même temps il y a l’histoire d’un langage absolument criant de malaise, dans ce texte. Ici non le Roi d’Hugo, mais l’auteur s’amuse. Il s’invente un monde, avec près d’une centaine de personnages au sein de la même pièce, si bien qu’on ne pourrait vraiment les appeler « personnages » – plutôt des entités servant à donner des aphorismes et des conseils, des indications ou des énumérations. L’auteur s’amuse à néologismer son texte en y incorporant des termes inventés, sortant d’une imagination débordante, bien que maitrisée par la science des différents langages (afin de créer des mots avec des sens précis, et des formations concrètes). Il mêle ses néologismes aux mots existants pour créer une nouvelle réalité, libre, incorporant l’abstrait dans le concret, et pour colorer la mission, il s’accroche aux énumérations pour nous mettre en perdition. Sacré Valère Novarina, on ne saurait plus où donner de la tête en lisant son œuvre. La thèse intéressante à retenir est la macrologie de la mise en œuvre de l’univers humain – et ses frontières – par le personnage/entité/esprit/monde qu’est l’écrituriste. Il y a toute une reprise biblique qui parle de la création littéraire, et c’était tout de même assez intéressant à lire. Mais je pense que ce qui a prôné pour moi, en tant que lecteur, c’est le manque de clarté, le manque de compréhension que j’ai tiré du texte. Je pense que cela aurait pu être très intéressant à voir en représentation, mais je ne sais pas si j’aurais été intéressé, là est la frontière. Ce texte m’a laissé dans un sentiment particulièrement désagréable : celui de lire quelque chose qui n’a pas de sens, ou alors qui en a un mais qui ne se laisse pas discerner correctement.



La nouveauté d’approche de Novarina pour ma part n’aura pas été chose aisée. Plutôt chose impossible. Impossible pour moi d’entrer dans son univers, dans l’univers qu’il a créé, dans l’univers qu’a créé l’écrituriste. Je suis resté totalement en dehors de cet ensemble nébuleux de néologismes, d’accumulations sans sens, et de création artistique sur le même champ qu’une cosmogonie. Obscur. {11}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
L'organe du langage, c'est la main

Devant la parole

Première monographie documentée parue sur Valère Novarina, dramaturge insoumis, dont le verbe brûle les planches, l'espace, et anéantit la médiocrité humaine.
Commenter  J’apprécie          10
Le Théâtre des paroles

Un manifeste intempestif et jouissif, écrit avec la foi de Valère Novarina dans un précepte : la pensée se voit.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          10
L'opérette imaginaire

Une oeuvre magnifique, pleine de clarté et d'imagination, ou chacun ressent ce qu'il a à ressentir.
Commenter  J’apprécie          10
Le Théâtre des paroles

Neuf textes dits « théoriques » de Valère Novarina sur son théâtre et sur le théâtre, neuf étincelles d’intelligence littéraire et de souffle continu, neuf œuvres à part entière.



https://charybde2.wordpress.com/2021/06/28/note-de-lecture-le-theatre-des-paroles-valere-novarina/



Il n’est pas si fréquent de lire – d’entendre, de sentir le souffle – la théorie d’un magicien du langage, et de constater du même mouvement que cette séparation théorique / pratique s’affirme, en pareil cas, la plus ténue possible, et que la même écriture opératoire gigote, tremble, rigole et inquiète dans la prétendue glose explicative que dans les pièces fictionnelles déjà ou bientôt consacrées. Chez le Pierre Michon de « Le roi vient quand il veut », bien sûr, où une formidable économie de moyens formant résonance se déploie dans chaque phrase assignée à la critique littéraire. Bien davantage encore, chez le Christian Prigent de « La langue et ses monstres », en correspondance presque logique avec un ami qui partage très certainement une quête du « Trou(v)er sa langue », comme le rappelaient Bénédicte Gorrillot et Fabrice Thumerel dans leurs magnifiques actes du colloque de Cerisy encore récemment consacré au père de Chino – et qui nous font attendre à présent la lecture, avec une certaine ferveur impatiente, de ceux, récemment parus sous l’égide de Fabrice Thumerel, du colloque homologue (« Les tourbillons de l’écriture ») portant sur Valère Novarina, justement.



Avec ces neuf textes, partiellement publiés au fil du développement de son œuvre théâtrale, puis rassemblés presque finalement dans ce « Théâtre des paroles », réédité chez P.O.L. en 2007 à partir de la publication d’origine de 1989, Valère Novarina dévoile la puissance de son obsession première, délicate à caractériser sans doute, mais que l’on résumera commodément, après bien d’autres, en étonnement crucial face au miracle incompréhensible de la conjonction en l’homme (en l’actrice et en l’acteur) du langage et des corps, des mots et de la viande.



Dès le journal de bord rétrospectif (plutôt d’ailleurs journal de marche, ou journal de cri) de la création de « L’atelier volant », sa première pièce, en 1973, qui, sous le titre de « Le drame dans la langue française », il se joue ici une partition rétro-futuriste endiablée dans laquelle s’exprime au premier chef l’obsession presque pure, scandée, hachée, ressassée – on songera sans doute, comme une figure-miroir secrète du créateur de mots pour la scène, dans cette posture-là, à celle de l’entraîneur mythique du Liverpool F.C., Bill Shankly, telle que la transfigurait le David Peace de « Rouge ou mort », parallèle encore plus particulièrement frappant dans les quelques pages de « Carnets » de Valère Novarina figurant dans ce volume.



Cette obsession souveraine et vitale, c’est celle que clame l’emblématique « Lettre aux acteurs », qui ouvre le volume, véritable exhortation, échevelée et nécessairement hors d’haleine, à entrer de plain pied dans la dimension physique de la production théâtrale. Poursuivi dans « Entrée dans le théâtre des oreilles », dans « Chaos » (en s’ébattant en pensée et en corps dans la langue de Rabelais) ou dans l’expérience hautement a contrario de la bouillie télévisuelle (« Notre parole »), cet objectif est bien le mélange instable de charnel et de matériel qui caractériserait par exemple les actrices et acteurs du Théâtre du Soleil construisant puis le jour venu maniant les incroyables plate-formes tournantes des « Éphémères » (2006) ou les décors devenant cinéma des « Naufragés du Fol Espoir » (2010), avec Ariane Mnouchkine – « Matériellement l’outillage excite. On ne sera plus à sa table, mais à son atelier, au milieu d’outils. Aménagement d’un ring. Armes. Athlétique. Musculaire. Offensif. » -, D’ de Kabal insufflant sa voix métallique et ses scansions volontaristes dans l’Alcibiade du « Timon d’Athènes » de Shakespeare, ou encore Denis Lavant s’emparant des soubresauts terrorisés de « L’Effrayable » d’Andréas Becker.



Si le neuvième et dernier texte du volume suggère avec force que « Ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire » et si le cinquième, « Impératifs », révèle bien, en deux cent quatre-vingt-huit injonctions, à l’unisson de la Maria Soudaïeva de « Slogans » et de l’Antoine Volodine de « Frères sorcières », la puissance purement physique, régnant aux carrefours, de la langue libérée et projetée, c’est certainement le sixième et plus long texte du volume qui en constitue le centre de gravité de facto peu secret.



Plusieurs fois porté à la scène avec un extrême brio (souvenons-nous par exemple des incarnations de Philippe Durand, de Éric Sanjou (avec Georges Gaillard et Frédéric Klein) ou de Dominique Pinon), le monologue apparent qu’est « Pour Louis de Funès » est bien plus qu’un hommage de Valère Novarina à un acteur dont l’engagement physique, sur les planches d’« Oscar », l’avait, de son aveu même, littéralement saisi. Au-delà bien entendu d’une authentique complicité possible dans le maniement sauvage et maïeutique de la farce (que ne renieraient certainement pas non plus Dario Fo ou Ascanio Celestini, Pierre Senges ou Vladimir Sorokine), c’est bien du côté de ce placement du trou vital au centre du métier d’acteur, de l’intercession suprême et quotidienne entre viande et langue, que se situe la vérité d’une reconstitution a posteriori dans laquelle l’auteur, redoutablement sérieux et fondamentalement malicieux, n’hésite pas à prêter à l’inoubliable interprète de l’épicier Jambier, de Léonard Monestier, de Ludovic Cruchot, de Léopold Saroyan, de Stanislas Lefort, de Don Salluste, de Victor Pivert ou de Charles Duchemin des dizaines de citations, en formes de méditations ou d’aphorismes, qu’après tout, Louis de Funès aurait peut-être bien pu prononcer, s’il s’était, lui, directement préoccupé de théorie au carrefour de l’intellectuel et du charnel. Et c’est ainsi que dans la joie pure et corporelle de l’invention langagière et du palimpseste audacieux se constitue l’un des textes littéraires théoriques les plus solides et stimulants qui soient – et que Valère Novarina est grand.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          00
Falstafe

Une merveille de jeux de langage ! Falstafe, le compagnon ventripotent du jeune prince Harry, est à l'honneur ici, le prince passe au second plan.

Falstafe, c'est la vie qui s'accroche, le jeu de dupes, c'est le plaisir des mots, c'est le théâtre en somme.

Autant Shakespearien qu'Ubuesque, Falstafe, de Valère Novarina, est le meilleur hommage qui puisse être rendu au théâtre.
Commenter  J’apprécie          00
La Lutte des morts (suivi de) Le Drame dans..

pièce de theatre illisible

peut être l'auteur n'a t'il d'ailleurs rien à dire

un parti pris d'hermétisme pour masquer le manque de talent
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Valère Novarina (198)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel auteur inventa ces mots ?

On dit qu'il a introduit le mot spleen dans la littérature française Indice : Trop Fastoche

François Rabelais
Louis-Ferdinand Céline
Eugène Ionesco
Hervé Bazin
Henri Michaux
Marguerite Yourcenar
Arthur Rimbaud
Henri Troyat
Charles Baudelaire
Boris Vian

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}