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EAN : 9782867442162
135 pages
P.O.L. (01/05/1991)
5/5   1 notes
Résumé :
Valère Novarina a consigné dans ces pages remarques et réflexions sur l’art, l’écriture, le théâtre, venant d’un ‘ Cahier noir ª. Il l’a fait à sa manière lapidaire et violente, non pas sur le terrain de l’analyse spéculative mais sur celui de la littérature, de la poésie.

‘ Penser n’est pas avoir des idées, se composer une opinion ; penser, c’est attendre en pensée, avoir corps et esprit en accueil. De même parler, ça n’est pas traduire quelque chose... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Pendant la matière" est un cahier. Cahier de matière. Matière à entendre, toucher, ouvrir, sceller, déciller, écarquiller, à voir, à s'étonner. A entendre.
Surtout entendre à la bouche des mots.
A la vérité tête à travers, par l'envers de là où vous penserez passer.
ça vous bouge les limites du langage, ça vous étonne par la densité de la parole,
La matière devient dimension et ça ouvre large !
Première découverte de l'écriture de Valère Novarina. Et je ne le regrette pas !
Donc...à explorer !

Astrid Shriqui Garain
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'espace est un point de départ

La lumière est pensée. Si nous pouvons penser la lumière, c'est que la lumière est pensée.

Mettre le temps au travail. Tirer toute la bouche par la lumière.

Nous devons nous dépouiller des mots en parlant pour entendre la parole comme une écriture en nous.

Ne montre pas ce que tu vois, tu ne vois rien ; peins ce qui nous regarde.

Les rythmes restent : ce sont des marques sur le sol qu'on ne voit qu'après. Le rythme est tracé : il est la marque de notre lutte pour sortir d'ici.

La peinture frappe sur le mur ce que nous avons entendu.

L'espace n'est à l'intérieur de rien.


Il n'y a que lorsque nous sommes fendus, ouverts et en deux, que nous avons deux yeux dans l'espace et nos oreilles pour entendre.Quelqu'un parle en nous.en nous quelqu'un chante : non pas à notre place, ni à l'intérieur, ni dedans, mais entre nous : entre les deux rochers ouverts du cerveau, entre les deux crânes et notre tête qui en descend, entre les deux parois ouvertes du crâne de la tête. Celui qui chante est comme une voix descendue dedans se placer entre nous.


Nous ne sommes pas des sujets qui s'expriment, mais des animaux parlés, c'est à dire des êtres animés que leur parole parle ; non des animaux ayant reçu par la parole la possibilité en plus d'exprimer leur condition animale, mais des animaux que la parole porte ailleurs.

Rien de se qui s'est dit de la figure humaine ne m'a jamais convenu ; toute pensée entendue sur ce sujet, je l'ai toujours trouvée beaucoup plus juste inversée : comme si nous vivions dans un miroir à l'envers du monde.Je me suis toujours figuré la vérité tête en bas, pendue à l'envers de nos paroles, la vraie pensée sens contraire, et le bon poète, le bon philosophe, comme un enfant – c'est à dire comme un renverseur profond.

Aller sacrifier nos yeux à ce qu'ils ont vu.

Je ne cherche jamais, j'entends.Tout vient d'oreille, comme de mémoire. La musique est en avant de la pensée et les mots sont comme des dés qui roulent et qui trouvent ; les mots sont ouverts, les sons jetés, lancés, et c'est la pensée qui revient en écho. Le rythme et la rime sont des techniques divinatoires. Pas des ornements. Il y a en nous un esprit joueur, un enfant qui mime, une pensée qui trouve la parole en se souvenant d'un air perdu. La pensée trouve en dansant?ça n'est jamais moi qui parle : il y a un animal au-delà.

Nous sommes des gens du temps, des animaux malades du temps mais à qui par la parole tous les percements sont permis.Par la parole, la délivrance. Tous les humains le savent bien.

Entendre poiein dans poésie et que la poésie est le passage à l'acte.L'acteur, poète en action.

Les mots sont en nous bien plus profond que notre chair peu profonde.Celui qui écrit touche aux lois de la formation du réel dans l'esprit.Il entend en lui même le monde tout entier se tisser en paroles.

La pensée est notre présence dans la parole.

Voir par les échos ; sonder par le son ; lancer les mots pour voir : le livre est une aventure d'oreille,un labyrinthe des yeux, une construction de musiques invisibles , n un puits où on jette des cailloux.


Exercer l’intelligence à ne pas perdre le goût de sa poussière.

Va au théâtre pour te souvenir que tu as mangé de l'homme et traversé la mer Rouge.

Écrire est chanter aux muets ; le peintre dans pour personne ; l’acteur peint sans traces.

Écrire interroge l'alphabet.

Les Allemands pour dire poésie ont le mot Dichtung, qui vient de dicht, qui signifie épais, dense, comme une matière parlée plus intense- comme du H3 et non plus du H2, de l'eau lourde ; en allemand, le poète est un denseur.

L'occident sans orient : désorienté.

Parler, c'est d'abord ouvrir et attaquer le monde avec sa bouche, briser et renverser, savoir mordre.Le monde est par nous troué, ouvert et changé en parlant. La langue est le fouet de l'air.

Chaque fois redire aux yeux que les yeux nous ont été enlevés.

Rien ne nous est donné par nos yeux.Ce sont des chasseurs sans rien ; sans prise, ils pensent l'envers, entendent le vide, courent les contraires.

La vue ne voit pas, elle aperçoit.Nous n'avons vue sur rien, mais des aperçus. La vie creuse , se souvient, anticipe, tresse un drame, se renverse, s'empare de tout ce qui fuitn, court l'invisible, unit l'incompatible, aperçoit l'impossible. Elle va toujours par saut . Rien ne nous est donné par nos yeux, rien n'est jamais en la possession de nos yeux.

La pensée est une représentation muette.

Il y a un théâtre en personne dans la chair.

Ni couple, ni deux, ni double, le chiffre de l'amour est trois : deux vont vers le troisième présent. Don sans échange et mouvement vers le troisième présent. Deux se donnent sans echange au troisième présent. L'amour n'est pas deux.


La musique comme portée du silence.Elle le porte.Il l'apporte.


On écarquille toujours des yeux sur des bouches.

Le cri que le monde poussa en naissant, il s'entend encore quand on écoute à l'intérieur de nous.

Le mot en sait plus que l'image parce qu'il n'est pas la chose, ni le reflet de la chose, mais ce qui
l' appelle, ce qui désire qu'elle soit.Le mot dit à la chose qu'elle manque et il l'appelle, et en l'appelant il tient réunis dans un même souffle son être et sa disparition. Comme si chaque mot savait que c'est e mouvement amoureux de la parole qui a appelé le monde.

La parole nous a été donnée non pour parler mais pour entendre.

Vivant de l'un à l'autre, la parole passe entre nous et se transforme de nous avoir traversé.

Nous échangeons toujours des morceaux de nuit avec les mots.

Toute vraie parole garde pour nous une face cachée. C'est parce que la parole nous a été donnée de nuit. C'est dans la nuit et en l'absence du monde que nous avons répété des noms et commencé à parler ; c'est dans la nuit que nous avons pour la première fois entendu. Lorsque nous parlons , il y a le souvenir de cette nuit dans nos paroles.

Notre pensée se capture dans les mots qu'elle libère.

Le monde entier peut être appelé à l'intérieur d'un mot.

A plus profond de moi, la parole ne m'appartient pas ; elle est la trace du mystère d'autrui.

Alertez l'espace ! Et écoutez se taire les cailloux.

N'avance qu'en te retirant de l'espace.

Les phrases sont des passages ; c'est par le souffle, c'est en soufflant, c'est par la phrase, par le phrasé , que nous passons à travers les sans issue.
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Vidéo de Valère Novarina
Lecture par André Marcon, Dominique Reymond & l'auteur Musique : Anssi Karttunen (violoncelle)
Pour cette carte blanche, Valère Novarina a choisi de faire entendre des extraits de trois textes. La clef des langues paru cette année aux éditions POL : « roman nominaire » et large estuaire où se croisent les quatre fleuves de noms, de verbes, d'actions et de dessins. Dominique Reymond puisera dedans pour faire entendre la liste des définitions de Dieu.
Valère Novarina lira lui-même des extraits de Pour Louis de Funès, essai sur l'acteur qui pourrait être aussi un « Pour André Marcon » puisqu'il est né de l'observation quotidienne et presque chirurgicale du travail d'André Marcon dans le passage impensable du plateau à la salle lors de la création du Monologue d'Adramélech au théâtre de la Bastille en 1984.
Monologue d'Adramélech qui aura été préalablement lu ce soir par André Marcon accompagné de Anssi Karttunen au violoncelle.
À lire – L'oeuvre de Valère Novarina est éditée chez P.O.L.
Son : Lenny Szpira Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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