J’ai découvert ce livre grâce à au Challenge Riquiqui, en regardant le fichier de suivi à la recherche d’un métier dans le titre qui pourrait bien m’inspirer. D’emblée, celui-ci me plaît: on entre dedans, j'allais dire comme dans un moulin, et on y est, c'est parti les premiers tâtonnements, avec d’autres étudiants, certains timides, d’autres plus farfelus, la jeune artiste je la sens plutôt normale, un peu anxieuse sur ses premiers pas dans le monde des études artistiques.Vers la fin, elle expliquera les raisons qui l'ont poussée à choisir cette voie, plutôt qu'une autre. Les personnages qu’elle rencontre, les expériences qu’elle fait, tout se bouscule un peu dans sa tête et l’auteure nous entraîne à sa suite. Les phrases sont plutôt minimalistes, rien de superflu, parfois cela me fait penser à des esquisses, mais alors beaucoup d’esquisses, tellement nombreuses qu’elles en forment une oeuvre d’art à part entière. Certes, si on a des expériences similaires, ça nous fait parfois sourire, mais je ne pense pas qu’il faille avoir passé par-là pour prendre plaisir à découvrir cet univers qui ne ressemble pas aux autres études, ou peut-être que si, ou peut-être que si, je ne saurais le dire .
Il ne faut pas s’attendre à un récit linéaire, c’est un texte assez bref, et parfois il faut comprendre entre les lignes, ou par quelques paroles glissées entre les autres qu’on a sauté un pas, ou que quelque chose a changé. Mais tout y est, il n’en faut pas plus.
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Comment exprimer tout le bonheur que j'ai ressenti à la lecture de ce livre ?
Je ne connaissais pas l'autrice, jamais entendu parler d'elle. Je n'ai pas été attirée par la couverture, chez P.O.L elles sont sobres. La quatrième de couverture annonce : la jeune artiste (celle du titre), c'est moi. Point.
Alors pourquoi ?
J'ai l'impression qu'il y a des textes qui ne sont là rien que pour nous, qui entrent parfaitement en résonnance avec ce que l'on vit, ce que l'on ressent, notre état d'esprit du moment.
Le texte, de 185 pages se divise en 3 grands chapitres sans que cela soit clairement indiqué.
Il s'agit d'une introspection sur le parcourt d'artiste de l'autrice, 30 ans depuis le jour où elle a pris le RER pour se rendre la première fois dans cette école d'art réputée, située à l'extérieur de Paris. Bien que ce ne soit absolument pas la destinée que lui préparait sa naissance dans une famille bourgeoise plutôt à droite, elle décide malgré tout de tenter le coup.
Durant les premières 40 pages, elle nous décrit l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait le jour où, il y a environ 30 ans, elle a prit le RER pour aller présenter ses travaux, pour tenter de décrocher une invitation à présenter un concours d'entrée. Elle décrit avec grande minutie chaque instant du trajet, se remémore ses pensées, ses observations, ses craintes, ses doutes. Je me suis revue il y a 10 ans prenant le chemin pour Louvain-la-Neuve, UCL, allant passer un examen d'entrée pour tenter l'inscription à la FOPES. Tout est resté gravé dans ma mémoire, évidemment je n'y pense jamais, mais lire Valérie Mréjen a ravivé tous ces moments de plaisirs mêlés d'inquiétude, de stress, de découvertes, de sentiment d'importance et aussi d'illégitimité. Qui étais-je pour envisager entrer à l'université à presque 50 ans ?
Vient le temps de l'entretien, les phrases que l'on voudrait dire mais qui ne viennent pas, la sensation d'en dire trop ou pas assez, comment faire pour être convaincante sans être arrogante, ne pas être trop timide, mais suffisamment assurée …
Une fois que l'on sera admis, tout sera plus facile croit-on.
Le deuxième chapitre nous relate les années d'études, et même si l'on pensait que l'admission était le cap le plus difficile à passer, on se rend vite compte qu'il n'en est rien.
Arriver à être créatif, original, tout en étant accessible. Oser montrer ses oeuvres sans se prendre pour un vrai artiste mais tout en étant un petit peu reconnue … Les affres de la création, les doutes, les embûches, les moyens financiers dont on a besoin, les soutiens que l'on attend, qui sont promis mais qui n'arrivent pas. du vécu que l'on vit avec elle.
Quant à dernier chapitre, il relate la vie de l'artiste des années plus tard, elle participe à des expositions, elle reçoit des commandes pour certaines installations, elle a « réussi » … Elle observe avec un oeil acéré et une plume non dénuée d'humour les microcosmes que forment les vernissages d'exposition, tout cela est savoureux, magnifiquement bien écrit.
Depuis toujours je fréquente les expositions, les galeries, en amatrice lambda. J'ai pris énormément de plaisir à lire sa galerie de personnages qui fréquente ce genre d'endroits. Je m'y suis reconnue évidemment, celle qui y va par curiosité et intérêt pour « l'art » mais qui n'y connait pas grand-chose, qui ne connait personne, et qui reste là un peu en retrait, observant, analysant, détaillant, appréciant ou pas, parfois. En faisant attention de ne pas bousculer quelqu'un, de ne pas faire tomber une précieuse statuette, en essayant parfois une parole, un mot, une question, que l'on veut intelligente mais qui tombe à plat parce que l'artiste ne l'a pas entendu, ou parce que c'est la vingtième fois que la question lui est posée … Oui, mais nous on vient juste d'arriver …
Un texte tout à fait atypique, presque désincarné si elle n'avait pas précisé en quatrième de couverture que la jeune artiste c'est elle. Et c'est justement cet emplois du "on" ou du "vous" qui rend ce texte tellement impersonnel et par conséquent universel. Parce que quand elle écrit : « plus vous y pensez, moins vous osez », il peut tout aussi bien s'agir de la jeune artiste qui n'ose pas envoyer un exemplaire d'une oeuvre à proposer pour une exposition, que moi qui n'ose pas envoyer un travail d'analyse ou un début de texte de mémoire à mon promoteur, tant je me sens peu intéressante par rapport à cet érudit, universitaire, professeur.
J'ai aussi beaucoup pensé à mes amies artistes et lectrices. Je suis certaine qu'elles prendraient beaucoup de plaisir à lire cette description de la visite d'une papeterie, spécialisée dans la vente de matériel de dessin. le bonheur de toucher un grain de papier, d'observer les couleurs des crayons pastel, la difficulté de faire un choix tant tout est beau, tout est tentant, et tout est cher aussi. Et enfin, la crainte une fois le choix fait de ne pas arriver à sublimer les matériaux avec nos gribouillages si décevants.
En conclusion, une découverte enthousiasmante d'un texte tout à fait atypique mais diablement bien écrit, dont j'aurais envie de noter des passages entiers pour les relire à l'occasion, comme je prends plaisir à relire des scènes de vie minuscules à la Delerm. Les crayons de couleur de Valérie Mréjen sont les pivoines ou les artichauts de Delerm. Des petits rien qui sont si révélateurs quand on prend le temps de les observer, d'entrer en dialogue avec eux.
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C'est un récit qui a une certaine originalité dans sa façon de dépeindre une trajectoire d'artiste, et plus particulièrement en tant qu'étudiant aux Beaux arts. C'est fin, c'est agréable à lire. C'est un livre qui n'a rien de sensationnel dans la démarche littéraire, et c'est en ça, je crois, que l'authenticité se ressent. Moi, ça me plaît.
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J’avais été séduite par la couverture sobre et l’extrait prometteur de la quatrième de couverture. Les éditions Allia sont très fortes au niveau présentation, et souvent, leurs livres sont un peu iconoclastes, hors cadre. Ça m’avait convaincue.
Je n’ai pas été si convaincue que ça au final… On a entre les mains un (joli) recueil d’anecdotes qui se raccrochent plus ou moins les unes aux autres sans toutefois former un récit. Elles nous permettent certes de saisir le genre d’enfance qui a pu être celle de l’autrice (il me semble être ici face à une autobiographie) mais elles ne nous accrochent pas plus que ça. D’ailleurs, ai-je bien fait de tout lire d’une traite ou aurais-je dû picorer ?
Je ne nie pas avoir souri plusieurs fois car ces souvenirs sont un peu ceux de toute personne née dans les années 70 (mobilier orange et brun, expressions de cette époque…) mais je ne me replongerai certainement pas dans cette lecture qui poursuivra sa vie en circulant via la boîte à livres.
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J’avais lu ce livre à sa sortie. Je lis Valérie Mréjen depuis ses débuts je crois..
Je me souvenais d’avoir aimé ce livre et le relire des années après n’a pas était une déception , bien au contraire.
Comme je compatis avec cette amoureuse qui espère toujours le meilleur sans trop y croire.
L’agrume c’est le surnom derrière lequel se cache un piètre amoureux bien trop occupé par sa personne.
J’aime ce livre, le regard qu’il pose sans commentaire sur le sentiment amoureux et le temps qui fait son travail .
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Valérie raconte son ami. Ses tics, sa froideur, son manque de tact mais aussi son originalité infinie et ses enthousiasmes communicatifs. Mais l'Agrume a aussi une autre amie et n'est visiblement pas aussi amoureux de Valérie qu'elle l'est de lui. Et au fil d'innombrables petits faits et anecdotes se dessine l'histoire de leur relation compliquée et surtout vouée à l'échec. En fait, les deux protagonistes vont rompre d'un commun accord, sans bruit et sans regret.
Un petit bouquin sympa, court mais sans doute vite oublié.
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Portrait du grand-père mais aussi du père et de la mère de l’auteur sous forme de fragments.
C’est un petit livre de la même veine que « Eau sauvage » mais ici à la place des brides de dialogues du père, Valérie Mréjen nous livre des fragments de souvenir .
J’ai adoré…j’aimerai écrire sur la famille comme elle le fait.
Avec une phrase , un regard jeté en arrière elle nous plonge dans une époque, on y est, et nos propres souvenirs émergent dans un jeu de miroir.
J’aime son humour pince sans rire , comme un sourire de connivence très furtif à son lecteur .
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Pourquoi n’ai-je pas pu l’écrire moi ce petit livre ? J’ai aussi ressentis ce temps qui s’arrête à l’arrivée de mon bébé, j’ai admiré cet être en devenir, j’ai savouré chaque nouvel apprentissage qu’il a fait sous mes yeux. Maintenant, il est adolescent et commence à prendre gentiment son envol mais un jour il saura ce que j’ai vécu; en devenant père à son tour mais aussi peut-être en lisant ce livre.
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J’avais lu ce livre à sa sortie je pense ou dans ces eaux là, et je me souvenais d’un plaisir de lecture. Je ne me rappelais pas du sujet, mais le sentiment d’une sorte de connivence, de cela je m’en souvenais.
Je l’ai relu, redécouvert et aimé un peu plus je crois.
Valérie Mréjen trace le portrait de son père par touche disparates de conversations, d’anecdotes, de messages, une sorte d’inventaire choisit avec un sens aiguë du détail qui éclaire le tableau.
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« Troisième personne » est un petit livre (une centaine de pages environ) sans prétentions sur le bouleversement de vie lié à la parentalité.
Valérie Mréjen nous entraîne dans une multitude d’anecdotes liée à l’arrivée et aux premières années d’un enfant. Si on peut parfois rester indifférent, à d’autres moments, on sera immanquablement saisi par la similitude entre les situations narrées par l’auteur et sa propre expérience de parent et on se laissera emporter tant par la nostalgie que par la joie que ces quelques lignes font revivre. Une fois refermé, on se dit que la lecture de ce livre est passée trop vite… au fond, un peu comme les premières années de la vie de cette troisième personne...
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Petit roman drôle sur un amour pathétique, la narratrice tente d'aimer Bruno, un homme fuyant, impertinent et opportuniste. On admire son abnégation face à cet être que beaucoup aurait abandonné depuis longtemps après tant de rendez-vous manqués. On sourit en lisant ce texte qui nous amène à croire que nous sommes nombreux, comme ce personnage, à avoir donner du temps à un "Agrume", nous mentant à nous-même.
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Le bonheur de la pile de livre où l’on trouve ce que l’on cherchait sans le savoir...
Drôle de petit livre dont j’ai corné un grand nombre de pages tant les réflexions sur la rue, les gens, les relations me semblaient tout droit sorties de ma tête.
Ce livre tourne autour de la mort à travers des récits livrés comme des faits divers et un autre récit ressemblant à un rêve éveillé où une défunte revient après vingt ans d’absence dans les rues de Paris.
L’inventaire des courts récits de morts souvent violentes m’ont fait l’effet d’une conjuration contre la mort, tandis que perfide elle se glisse bien réelle dans le rêve de la narratrice.
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Éparpillées, déchirées, recollées, superposées, pliées, encadrées, retouchées, chevauchées, recopiées, tirées et retirées, rangées retournées, annotées, retrouvées, .
Des images.
Petits noms inventés, des visages , des odeurs, des gestes et du langage.
Des écorchures, des silences, des mots et des fêlures.
De sel et de poivre, de baisers et de rage.
Un album de famille, un cahier d'écolier, des lits superposées et des personnages.
Des maisons tombées dans le décor, et des corps jetées au bas des maisons.
L'enfance qui écoute et qui regarde. Qui n'oublie rien et entend bien.
L'enfance qui demande l'amour comme on demande un chemin.
Venir de là ou bien encore . Et puis partir comme on revient un jour.
Des papiers peints pleins les mots, et les yeux au fond d'une foret noire.
Un petit air de rien qui nous rassemble beaucoup.
Un livre -marguerite , des pétales de pages , du pollen de mots, et puis la première phrase.
Valérie Mréjen : un univers. On partage.
Astrid Shriqui Garain .
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une très jolie façon d'entrer en matière.
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« Les blancs en liquides commençaient à monter en neige ferme. »
Cette phrase notée en quatrième de couverture résume parfaitement de bouquin, mais oublie de dire que parfois ça retombe!
L’agrume c’est Bruno, un jeune homme dont tombe éperdument amoureuse l’autrice. Un homme qui ne semble pas l’aimer plus que ça, qui ne semble l’aimer que lorsqu’il en a besoin. Tandis qu’en face, c’est l’attente suspendue au-dessus du téléphone, à l’affût du moindre geste de tendresse publique.
Un amour en sens unique où Valérie Mréjen se met en scène à travers ce rassemblement de fragments. Des souvenirs anecdotiques délivrés par une plume très stylo-caméra (oui je l’ai emprunté un peu plus bas, car c’est TELLEMENT ça!)
Totale découverte de l’artiste Valérie Mréjen, grâce au hasard d’une couverture de livre.
Belle rencontre!
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