Le sens unique n’existe pas seulement dans le code de la route. En amour, cela fonctionne très bien si l’on en croit Valérie Mrejen. Amoureuse ( ?) de Bruno, alias l’Agrume, espèce de mec lui aussi à sens unique, très imbu de sa petite personne, soit-disant esthète et amateur d’agrumes pourris. Dès le début, il a fixé les règles de leur histoire : c’est moi qui commande, c’est moi qui dit quand, où, pourquoi… Les rendez-vous où il ne vient pas, les absences, le téléphone silencieux, l’attente interminable…. Rien ne lui sera épargné, la narratrice accepte tout le lot avec en prime l’ex-petite amie.
Chose bizarre, alors qu’elle nous parle de l’homme qu’elle aime, il n’y a aucun mot d’amour, rien qu’un rapport de faits. La construction du livre est faite de petits paragraphes. Elle écrit par petites touches très précises comme pour mieux disséquer son amour à sens unique.
Dès le début, nous sommes fixés :
« Nous étions assis sur un banc près des Halles, sous une espèce de pergola en bois. Il faisait bon. Il m’a dit je ne t’aime pas »
La fin est assez inattendue :
« A la scène du vaudeville en peignoir, j‘ai propos » que nous rompions. Il a tout de suite été d’accord.
Je m’étais attendue à une apocalypse. Qu’allait-il se passer ?
Je ne vous pas voir ça.
En fait, il ne se passa rien : le téléphona n’a plus sonné. Ça n’a pas été trop brutal comme transition. »
Les deux antagonistes sont aussi agaçants l’un que l’autre. Lui, par sa suffisance, sa lâcheté, sa petitesse ; elle par sa soumission. La force de Valérie Mrejen, est de nous donner une succession de faits, non des états d’âme et la banalité devient un bon livre.
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