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Citations de Vassili Grossman (526)


La voie de Tchekhov, c’était la voie de la liberté. […] Essayez donc un peu de faire le tour de tous les personnages tchékhoviens. […] Tchekhov a fait entrer dans nos consciences toute la Russie dans son énormité ; des hommes de toutes les classes, de toutes les couches sociales, de tous les âges… Mais ce n’est pas tout ! Il a introduit ces millions de gens en démocrate, comprenez-vous, en démocrate russe. Il a dit, comme personne ne l’a fait avant lui, pas même Tolstoï, il a dit que nous sommes avant tout des êtres humains, comprenez-vous : des êtres humains ! Il a dit que l’essentiel, c’était que les hommes sont des hommes, et qu’ensuite seulement ils sont évêques, russes, boutiquiers, tatares, ouvriers. Vous comprenez ?

Les hommes sont bons ou mauvais non en tant que Tatares ou Ukrainiens, ouvriers ou évêques ; les hommes sont égaux parce qu’ils sont des hommes. […] D’Avvakoum à Lénine, notre conception de la liberté et de l’homme a toujours été partisane, fanatique : elle a toujours sacrifié l’homme concret à une conception abstraite de l’homme.

(Avvakoum était un archiprêtre de la cathédrale de Kazan qui mena l'opposition aux réformes de l'église orthodoxe du patriarche Nikon, il appartient au mouvement des vieux-croyants)
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Assis à l‘ombre d’un tilleul en fleurs, Krymov avait cette expression de béatitude que l’on voit sur les visages des hommes venus à la campagne après de longues heures passées dans des pièces surchauffées, enfumées, et à qui l’air pur imprégné de senteurs, l’eau de source fraiche, le vent qui bruit dans les branches des sapins procurent par leur simple présence une sensation de bonheur physique absolu.

Première partie, Chapitre 33
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- C'est terrible, la bureaucratie, approuva Darenski. [...]
- Ne plaisantez pas. Il n'y a pas de quoi rire. La bureaucratie, ce n'est pas drôle ; même en temps de paix, elle vous réduirait un homme à moins que rien. [...]
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L’Etat n’avait-il pas mis sa puissance à créer un nouveau passé, à faire mouvoir la cavalerie rouge selon ses propres conceptions, à désigner de nouveau auteurs à des exploits déjà anciens, à faire disparaître les héros véritables ? L’Etat avait assez de pouvoir pour rejouer ce qui avait déjà eu lieu une fois et à jamais, pour faire changer les figures de bronzes et de granit, pour transformer les discours depuis longtemps prononcés, pour changer la disposition des personnages sur une photo documentaire. En vérité, c’était une nouvelle histoire.

PREMIERE PARTIE, Chapitre 61
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S’opposer à ses chefs, disait-il à Berman, c’est comme pisser face au vent.

PREMIERE PARTIE, Chapitre 36.
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Le vieux Poukhov trouvait que la vie avait empiré. Il avait calculé le coût des céréales du temps du tsar, ce qu’on pouvait acheter au magasin, ce que valait une paire de bottes, comment était la soupe aux choux : il en résultait qu’autrefois, la vie était plus facile. Vavilov n’était pas d’accord, il considérait que plus le peuple aidait l’Etat, et plus l’Etat pouvait aider le peuple.
Les femmes âgées disaient : à présent, on nous considère comme des êtres humains, nos enfants deviennent des hommes importants ; tandis que du temps du tsar, les bottes coûtaient peut-être moins cher, mais nous autres, et nos enfants, on nous traitait comme des moins que rien.
Poukhov répondait : un Etat tient toujours grâce à ses paysans, et un Etat, c’est lourd à porter, et du temps du tsar, il y avait des famines, aujourd’hui aussi, il y en a, sous l’ancien régime on pillait le moujik, aujourd’hui aussi, on lui impose des taxes, il y en a toujours qui ont prospéré sur son dos, et il y en a encore…

Première partie, Chapitre 3
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Tous les hommes sont coupables devant une mère qui a perdu son fils à la guerre, et tous cherchent en vain à se justifier devant elle depuis que le monde est monde.
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Le temps s'était radouci, il neigeait à gros flocons qui venaient se poser sur le rouge des briques en morceaux, sur les croix des tombes, sur les tourelles des chars au repos, dans les oreilles des morts qu'on n'avait pas encore eu le temps d'enterrer.
La neige remplissait l'espace d'un doux brouillard aux reflets bleus et gris, faisant taire le vent et le feu des armes en un tout indistinct et gris, animé de molles ondulations.
La neige couvrait les épaules de Bach et tombait en flocons sur la Volga immobile, sur la ville morte, sur les squelettes des chevaux. Il neigeait partout, sur la Terre, sur les étoiles : l'univers entier était rempli de neige : les corps des tués, les armes, les pansements pleins de pus, la pierraille et le fer tordu.
Cette neige, c'était le temps lui-même, doux et blanc, qui s'amoncelait sur la ville détruite, tandis que le présent devenait le passé : mais l'avenir était absent de ce lent tournoiement floconneux.
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Mais une semaine plus tard, Krougliak revint la voir, il lui apportait quelques pommes de terre, de l'orge et un petit morceau de beurre. (...)
Je me représente une silhouette de soldat: tout est énorme, la vareuse, les moufles, les bottes, la chapska; le soldat, lui, est petit et tient dans sa main un filet à provisions avec au fond quelques pommes de terre et un petit peu de Kacha.Le petit soldat marche dans l'énorme Moscou, il passe à côté de milliers de personnes qu'accablent les soucis de la guerre, il a sollicité une permission auprès du commandant d'une batterie qui fait partie de l'artillerie soviétique, il a une tâche importante à remplir, il porte ce filet de pommes de terre à une petite vieille insignifiante.

( p.41)
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À la cantine, on mangeait mal, nous étions en 1930, c'était l'austérité, la collectivisation battait son plein, le pays entamait le premier quinquennal.
De grands évènements étaient en train de se produire et je ne voyais autour de moi que petits bourgeois à l'esprit étriqué, qu'il s'agisse des chefs de secteur, des maîtres- porions ou même directeur de la mine.(..)
Ce n'étaient que ragots sur les chefs, que considérations mesquines sur qui avait pris ou allait prendre la place du voisin et voici que d'une façon aussi incompréhensible qu'étonnante venait se fondre à ce bourbier un travail plein de poésie et de romantisme, un travail dur et dangereux au coeur de la mine la plus profonde de l'Union soviétique, la sinistre Smolianka 11. (*** dans le Donbass)
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Le monde sera noyé dans son sang lorsque le fascisme sera parfaitement sûr de sa victoire. Si le fascisme n’a plus d’adversaires armés sur terre, ses bourreaux ne connaîtront plus de limites. Car c’est l’homme qui est le principal ennemi du fascisme.
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— Dans trois semaines, il sera au front. Alors, question philosophie, c’est simple : aujourd’hui en vie, mort demain.
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En ces heures d'amertume où l'on brisait sa vie, il comprit la valeur de l'amour d'une femme. Une épouse! La seule qui puisse chérir un homme piétiné par des bottes de fonte!
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L'antisémitisme est l'expression du manque de talent, de l'incapacité de vaincre dans une lutte à armes égales, cela joue dans tous les domaines, dans les sciences comme dans le commerce, dans l'artisanat comme en peinture. L'antisémitisme est la mesure du manque de talent dans l'homme. Les États cherchent des explications à leurs échecs dans les menées de la juiverie internationale. Mais ce n'est là qu'un des aspects de l'antisémitisme.
L'antisémitisme est aussi une manifestation de l'absence de culture dans les masses populaires, incapables d'analyser les cause de leurs souffrances. Les hommes incultes voient les causes de leurs malheurs dans les Juifs et non dans l'ordre social et étatique. Mais cet antisémitisme des masses n'est qu'un de ses aspects.
L'antisémitisme est la mesure des préjugés religieux qui couvent dans les bas-fonds de la société. Mais cela aussi n'est qu'un des aspects de l'antisémitisme.
[...]
L'antisémitisme tient une place à part parmi les persécutions que subissent les minorités nationales. C'est un phénomène particulier parce que la destinée historique des Juifs a été particulière.
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Par moments, la surface ridée de la Volga paraissait immobile aux hommes qui la contemplaient, et la terre, blottie tout contre elle, palpitait.

PREMIERE PARTIE, Chapitre 7
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- J’ai décidé de commencer à faire nos malles. […]
- Il n’est pas raisonnable de se presser, fit Maroussia. D’autant qu’après-demain, c’est dimanche, ajouta-t-elle comme si la guerre se reposait le dimanche.

Deuxième partie, Chapitre 18
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Un bolchevick doit faire ce dont le Parti, et donc le peuple a besoin. S’il vit avec son siècle et s’il comprend les intérêts du Parti, alors sa ligne est juste.

Deuxième partie, Chapitre 17
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Dans l’atelier, il régnait une chaleur sèche. […] Une poussière piquante soulevée par un courant d’air brutal qui soufflait de la Volga frappait les ouvriers au visage. L’acier coulait dans les moules, et l’air sombre se remplissait soudain d’un nuage d’étincelles rapides qui, pendant la brève seconde de leur belle et inutile existence, s’apparentaient à des moucherons blancs pris de folie, à des pétales de fleurs de cerisiers en train de tomber. Parfois, des étincelles se posaient sur les épaules et les bras des ouvriers : on eût dit alors qu’elles étaient nées sur ces hommes échauffés par le travail et non qu’elles étaient venues vers eux pour s’éteindre.

Deuxième partie, Chapitre 7
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Comment faire pour vivre quand une mémoire impitoyable te rappelle qu’à l’instant des adieux silencieux tes yeux se sont, pendant une fraction de seconde, détournés pour dissimuler la joie grossière d’avoir sauvé ton existence ?
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Ainsi le ghetto est l'endroit au monde où il y a le plus d'espérance. Le monde est rempli d’événements qui n'ont qu'un sens, qu'une cause : le salut des Juifs. L'espoir est indéracinable ! Et la source de cette espoir est une : l'instinct de vie, qui résiste sans aucune logique à l'idée effroyable que nous sommes tous condamnés à périr sans laisser de traces.
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