Citations de Victoria Hislop (500)
"Si nous ne voulons pas laisser le monde sombrer dans le chaos, nous devons libérer l'amour qu'abrite le coeur de tout homme."
[Nikos Kazantzakis reçut le Prix international de la paix, ces mots font partie de son discours de remerciement.]
Avec le printemps, vint la pire journée de toutes. Les nationalistes étaient entrés dans Madrid. L'inévitable s'était produit. Le 1er avril 1939, Franco proclama sa victoire. Il reçut un télégramme de félicitation du pape.
En songeant qu'elle était seule sur Spinalonga, Alexis se sentit gagnée par une vague de peur.(...)
Elle n'avait jamais connu un tel isolement, se retrouvant rarement à plus de quelques mètres d'un autre être humain et, à l'exception des moments où elle dormait, n'étant jamais privée de tout contact extérieur pendant plus d'une heure. Son absence d'indépendance lui apparut soudain comme une chaîne, et elle se secoua. (p.38)
- La solitude ne signifiait pas nécessairement être seul. On pouvait se sentir seul au milieu d'une foule
L'histoire de ta mère est aussi celle de ta grand-mère et de ton arrière-grand-mère. Ainsi que de ta grand-tante. Leur destin était entrecroisé... Elles illustrent à la perfection ce que nous appelons la fatalité, en Grèce. Celle-ci est bien souvent le fait de nos ancêtres, et non des étoiles. Lorsque nous évoquons l'Antiquité, nous nous reférons toujours au destin, mais nous ne parlons pas réellement d'une force incontrôlable. Bien sûr, certains évènements capitaux semblent se produire sans raison et bouleverser le cours d'une vie, mais,en vérité, notre destinée est déterminée par les actions de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous ont précédés. (p.57)
Bien qu'à une centaine de kilomètres du cœur de l'action, les citoyens de Plaka s'appuyaient sur les rumeurs et les bribes d'information, apportées par le vent d'ouest tels des pétales de chardon.
Arcadie. Ce nom évoque aussitôt des images utopiques. Jusqu'à cet instant, j'ignorais que notre version du paradis terrestres s'inspirait d'un lieu réel. cette région a été si idéalisée que je n'avais jamais envisagé qu'elle pourrait figurer sur une carte.
Et soudain j'y étais. En Arcadie. (p. 50)
Manolis leva les yeux vers le navire. Il travaillait dans un chantier naval depuis des années, mais il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas pris la mer pour aller où que ce soit. En proie à une sensation des plus étranges, les paumes moites, il ramassa son sac et posa le pied sur la passerelle. Il y voyait un pont entre deux pages de son existence. Les immenses aussières qui maintenaient le bateau en place furent détachées, l’ancre remonta, et ils se dirigèrent lentement vers la sortie du port.
Le vieil homme avait pris le soin de diviser la terre avec une grande précision, au demi-hectare près, ce qui n’empêcha pas ses deux gendres d’entreprendre aussitôt de contester les délimitations, et les sœurs eurent chacune le sentiment que l’autre avait hérité des vignes les plus fertiles, des oliveraies les plus productives, de la partie du terrain la plus à même d’accueillir le développement de l’activité qui constituait la nouvelle ruée vers l’or : le tourisme. Depuis peu, les terres les plus proches de la mer, incultivables, constituaient des sites potentiels pour construire des hôtels.
Sophia s'était toujours montrée très secrète sur son passé, et au fil des ans sa discrétion s'était dressée comme une barrière entre elle et sa fille. Alexis voyait une forme d'ironie à ce que l'étude du passé fût à ce point encouragée dans sa famille et qu'on l'empêche d'examiner sa propre histoire à la loupe ; cette impression que Sophia dissimulait quelque chose à ses enfants teintait leurs relations de défiance. Sophia Fielding avait non seulement enterré ses racines mais aussi piétiné la terre qui les recouvrait.
Octobre 2015
La beauté du Péloponnèse, où mon voyage a commencé pour de bon, n'a pas apaisé ma douleur. Elle n'a même servi qu'à l'accroître. Je me suis senti tout petit devant sa richesse et sa luxuriance, tant la nature semblait éclatante de vie et de santé. (...)
Au cours des mois qui ont suivi, j'ai appris une leçon: parfois, plus on s'efforce d'oublier et plus on se souvient. (p. 27)
— Et notre belle idole ici nous apprend une leçon encore plus importante. Elle nous apprend qu'il subsistera toujours une part de mystère. Elle nous apprend que depuis de nombreux millénaires nous vivons avec la notion du divin. Que nous avons toujours vénéré une entité qui nous dépasse. Et que, peut-être, le jour où nous cesserons de le faire, nous cesserons d'être humains.
Ses mots restent suspendus dans l'atmosphère, et Helena songe brièvement à son grand-père et à Ligakis, à Arsenis et à Nick Jones. Elle est persuadée qu'ils ne croyaient pas à l'existence d'un être ou d'une chose les dépassant. Et qu'ils ont, par là même, cessé d'être humains.
Sally, elle, était fin prête pour son poste de chargée de relations publiques. Elle avait hâte de démarrer sa carrière. Pendant ses trois années à Oxford, sa formation avait consisté à jouer la comédie et à faire la fête, elle était donc parfaitement préparée pour la vie active. Elle avait reçu une proposition d'emploi lors d'une journée portes ouvertes. Elle avait obtenu son diplôme en lettres à coups de bluff, persuadant ses enseignants qu'elle avait parfaitement digéré les œuvres de Dickens et de Shakespeare, quand elle s'était en réalité contentée de lire des fiches de révision pour lycéens. Le directeur des ressources humaines qui l’avait recrutée avait été convaincu sur-le-champ qu'elle possédait toutes les qualités requises pour un poste de chargée de clientèle débutante dans la boîte de relations publiques Bell and Bell.
Les deux jeunes femmes n'auraient pas pu être plus différentes. Sally occupait toujours le devant de la scène, quand Helena se satisfaisait des coulisses, et pourtant leur amitié était solide. Elles se quittaient à regret et avaient décidé de partager un appartement une fois qu'Helena serait, elle aussi, diplômée.
Maria n’était pas l’unique amour de sa vie. Il ne croyait pas à une telle chose. Son expérience lui avait appris que l’amour était une commodité. et il croyait que ceux qui en étaient largement pourvus à la naissance en aurait toujours à donner à une autre femme.
(Les Escales, p. 263)
La quête de sa mère devait commencer ici et maintenant, et elle n'avait qu'un seul moyen de la mener à bien: en posant des questions et en ouvrant les yeux. N'était-ce pas la devise maternelle, d'ailleurs? "Pour trouver, il faut chercher." Voilà ce qu'elle devait faire.
Ce bar semblait pourtant à des années-lumière de Plaka et de celui où ils s’étaient attablés si souvent ensemble, où le seul choix proposé est la bière ou le raki. Par instants, Antonis prenait conscience qu’il connaissait à peine Manolis. Il était ce genre d’homme qui s’intègre partout, avec n’importe quelle compagnie, comme ces reptiles qui changent de couleur. Antonis remarqua pour la première fois que son ami avait perdu son accent crétois. Oui, cet homme était un caméléon.
…le contact d’une orange à la peau rugueuse dans sa paume, le poids d’un filet d’olives, le spectacle inattendu d’un tapis de pousses saillies de sa terre noire et fertile justifiaient tous ses efforts. À ses yeux, de telles joies transcendaient les autres et aidaient à anesthésier la douleur.
(Les Escales, p. 112)
Un matin, Lidakis avait poussé le volume de la radio, pendant qu'il lavait les verres des clients de la veille. Comme toujours il procédait à la va-vite, les plongeant dans un baquet d'eau verdâtre avant de les essuyer avec un torchon qui avait déjà servi à éponger des flaques par terre.
Mais pour tout te dire, j’ai l’impression que le destin en avait après toi, mais là je suis sûre qu’il est à court de munitions.
Antonis raconta son dernier chantier de A à Z, un hôtel à proximité de la mer.
- C’est l’avenir, Manolis ! Des étrangers vont venir dépenser leur argent à Agios Nikolaos. Le soleil ne brille jamais dans le nord de l’Europe ! Ils en deviennent fous, une fois qu’ils sont venus chez nous ! Ils n’en reviennent pas de la couleur du ciel. Je te le dis, ils ne sont pas encore très nombreux mais dans dix ans, il y aura des milliers de touristes en Crète.