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Critiques de Vinciane Moeschler (44)
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A corps parfait

Coup de cœur pour ce roman à deux voix sur l'anorexie, à l'écriture addictive.

Audrey et Anton viennent de deux milieux opposés ("Nous ne sommes pas du même monde"). Elle a "une famille modèle", bons jobs, intérieur design, vie aisée; lui vit dans un quartier populaire et défavorisé. Pourtant c'est elle qui a des troubles alimentaires.



"Moche, grosse, boudinée", voilà comment se perçoit Audrey. Anton la considère au contraire comme une "fille parfaite, sublime", "la plus belle fille du lycée". Mais à force de picorer dans son assiette, de traquer les calories, de vomir après son frugal repas, de se dégoûter de la nourriture au point de ne plus rien pouvoir avaler, l'adolescente devient "squelettique", "décharnée" (39 kg pour 1m70!..). Anton et Manon, la meilleure amie d'Audrey, décident alors "d'agir ensemble".



"Et ses parents, qu'est-ce qu'ils foutent? Sont où, ces deux-là?". C'est bien là le problème: M. et Mme Lescault sont constamment absents, confiant Audrey et son frère à leur grand-mère -mais interdiction de fréquenter papy, ce que la jeune fille n'a jamais compris. "Jolie petite famille, jolie petite fortune, jolie petite fille sage. Que des mensonges". Audrey voudrait des parents comme ceux d'Anton: présents, attentionnés, même si, chez eux aussi, "il y a des failles". La mère d'Audrey, célèbre journaliste télé, lui manque, "comme à chaque fois quand elle part" sur le terrain. Et lorsqu'elle est à la maison, personne ne prend le temps de se parler ("Je l'aurais aimée plus câline"), "chacun est dans sa bulle et s'ignore".



Accepter son corps, c'est également le problème de Moka, meilleur ami d'Anton. Depuis tout petit, Moka adore s'habiller en fille. Parfois au lycée, il porte des tenues excentriques et du maquillage (on pense au personnage d'Eric dans la série "Sex education"), ce qui lui vaut remarques et moqueries. Il faut dire qu'avec sa "carrure de basketteur", le résultat détonne! Avec le soutien d'Anton, il osera enfin l'assumer. De même, Audrey devra affronter sa mère, lui parler, enfin, de cette distance qu'elle maintient entre elles, de ces mots qui ne sont jamais prononcés ("J'ai dû aller te chercher là où ça fait mal"). Une fois le secret de famille révélé, et grâce à ceux·celles qui l'aiment ("Maman est à mes côtés"), Audrey trouvera la force d'avancer ("Guérir, c'est accepter de perdre quelque chose et de grandir").
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Accordez-moi la parole

L’histoire de deux femmes qu’apparemment rien ne prédestinait à se rencontrer.

Une romancière à succès suite à un premier livre ,mariée ayant un petit garçon;et une mère de deux enfants et un bébé, abandonnée par son mari ,sans travail,qui sombre et va jusqu’à l’inconcevable,l’abandon de son bébé sur la plage à marée montante.

La romancière va accepter de raconter la vie de cette femme qui souhaite être écoutée mais qui aussi reconnaît sa culpabilité.

Des rencontres dans l’univers de la prison.

C’est un livre à la fois glaçant et plein d’humanité

À lire absolument
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Caraïbes amères

Caraïbes amères



« Caraïbes amères » a pour héros un jeune garçon d’une quinzaine d’années qui va suivre ses parents dans les Caraïbes, le père y ayant été muté. Pour tous ses amis, c’est une destination de rêve avec dépaysement garanti. Tout semble idyllique mais si on gratte un peu le vernis, on découvre une réalité tout autre. C’est deux salles, deux ambiances donc : les plages de sable fin et le tourisme florissant d’un côté, le travail et l’enfer des bateys de l’autre.

Sacha ne va pas rester les bras croisés. Il a promis à son prof d’histoire-géo un article pour le journal de l’école. Par conséquent, il est bien décidé à mener l’enquête.



AVIS



J’ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir. J’ai apprécié le personnage de Sacha qui parvient à se faire entendre dans ce monde d’adultes, tout en conservant son côté naïf et spontané. Il est très attachant. On pourrait même croire qu’il ne s’agit pas d’un personnage fictif.



Le deuxième point que j’ai aimé, c’est le sujet traité : les bateys. J’ignorais tout à leur sujet. Grâce à cette histoire, j’ai ressenti le besoin d’en apprendre davantage. J’espère que les jeunes qui liront ce roman seront eux aussi touchés par la situation des coupeurs de canne à sucre haïtiens pour qui la vie est loin d’être facile dans les bateys.






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Alice et les autres

L’histoire présentée par l’auteur de ce livre “ Alice et les autres “, peut rapidement attirer l’attention du lecteur parce que différentes situations traitées, comme les violences envers les plus jeunes, sont tendances nos jours. Le personnage de Betty a souffert d’abus dans son enfance en raison d viol de son grand pére, si les lecteurs s’inquiètent , ils peuvent sympathiser avec ses personnages et leur permettront de continuer à lire.

Ensuite, la chronologie n ‘était pas facile à suivre vu que dans ce roman, on passe de l’histoire d’un personnage à un autre. Comme l’histoire de Betty, Émilie et Jessica faisant partie d’un même personnage mais piégé dans un seul corps, la confusion de ce livre ne m’a pas permis de bien suivre l’histoire depuis le début.

De plus, grâce à ce roman : j’ai pu me crée un univers dans lequel j’étais plongée durant
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Alice et les autres

Les protagonistes sont bien décrits.

Ils occupent tous la même personne.Mais au départ, je me perdais car l’auteur n’explique pas le rôle de chacun. Je pouvais m’identifier aux différentes personnalités d’Alice.

L’ouvrage a l’air crédible puisque la vie des personnes concordant à la réalité.

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A corps parfait

Cette lecture m’a beaucoup touchée. Je l’ai trouvé un peu lente à démarrer, mais elle est assez bouleversante. Le thème de l’anorexie est très bien développé et brutal. On se sent pris au piège, comme Audrey (même si mon ventre a gargouillé tout au long de ma lecture parce que j’avais faim). Anton est touchant à sa manière, et très bienveillant.



J’ai beaucoup aimé le développement, les messages qui passent. Un autre sujet très sensible (TW : inceste) arrive à la fin de l’histoire. Je l’avais vu arriver dès le départ, dès que la mère de Audrey intervenait. Je l’avais senti venir et pourtant, j’ai été une fois de plus bouleversée. C’est une histoire très dure et très réaliste, mais qui a son importance car elle relate des faits qui existent et dont il faut parler. C’est d’autant plus important que ce livre est destiné à un public plus jeune qui doit savoir qu’il peut être écouté et entendu.



Personnellement, c’est une lecture que j’ai trouvé poignante mais importante. Trop peu de livres font l’état de ces choses pour en parler aux ados afin de les prévenir et de les aider. Du coup, je trouve ça très chouette de l’aborder ainsi, même si je pense que parler du TW avec un peu plus de profondeur aurait été intéressant également. Quoi qu’il en soit, c’était une lecture très émouvante !
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Trois incendies

Chère lectrice, Cher lecteur,



En avril, pour le défi 2020 de Madame lit, le prix Victor-Rossel est à l’honneur. J’ai décidé de lire Trois incendies de Vinciane Moeschler. Ce roman a été publié en 2019 et il a gagné le prix la même année.



Que raconte ce roman?



Ce livre présente le destin de trois femmes de guerre. Elles sont flamboyantes, passionnées, brûlantes. Ainsi, l’incendie brûle tout autour d’elles. Cet incendie, c’est la guerre. Celle qui brûle tout, qui détruit tout, qui s’attaque à tout. Tout d’abord, il y a Léa, adolescente belge durant la bataille des Ardennes pendant la Deuxième guerre mondiale. Cette dernière est marquée par des drames épouvantables comme le viol ou encore le meurtre de son jeune frère. Ensuite, sa fille Alexandra s’avère incapable de dire non à l’appel de la guerre. Elle se retrouve au Liban durant le massacre de Chatila. Cette dernière est photographe de guerre. Elle réussit à capter par le biais de sa lentille, l’innommable. Puis, Maryam, la fille d’Alexandra, la petite-fille de Léa, porte le poids de ces guerres qu’elle rejette. Elle découvre que son père s’est donné la mort en devenant un kamikaze. Elle choisira de se consacrer aux animaux plutôt qu’aux humains.



Ce que j’en pense?



Je ne connais rien à la guerre… Je n’ai pas grandi dans un pays où des bombes éclatent et détruisent tout. Je suis née du bon bord, en Amérique du Nord. Alors, comme le dit si bien la citation placée en haut : « Qu’est-ce que je connais de la guerre, me direz-vous? » (p. 23) Dans ce roman, il est question d’une lignée de femmes marquées par la guerre. Elles sont très différentes, mais elles cherchent toutes à lutter au nom d’une certaine vérité. Elles aiment leur famille et elles y sont attachées. Ce qui les retient dans cet incendie, c’est l’espoir malgré le désespoir. Quand tout flambe, quand le feu de la guerre se terre dans le cœur des hommes, que reste-t-il? Pour l’une, il s’avère difficile d’oublier le regard d’une fillette vêtue d’une robe bleue, pour une autre, c’est impossible d’effacer de sa mémoire cette robe bleue portée dans un temps difficile, et pour la dernière, comment accepter le deuil d’un père kamikaze? Puis-je m’identifier à elles? Non. Mais, j’ai apprécié leur courage, leur force, leur détermination. De plus, la plume de Vinciane Moeschler est très belle, poétique. C’est un roman introspectif qui fait réfléchir le lecteur. J’ai noté beaucoup de citations dans mon carnet de lecture. En voici deux tirées de la même page :



Cette guerre n’est pas la mienne, ce combat ne touche aucun de mes parents, personne n’y est menacé ni persécuté. Et pourtant je suis ici. Jamais aussi vivante qu’au cœur du conflit.



Des fragments d’histoire qui racontent la décadence du monde. Ces mêmes phrases d’une guerre à l’autre… Même cadavres jonchant les routes…Beyrouth ou Manoï… Des pillages pour clamer la faim, à moins que ce ne soit la haine… Beyrouth ou Alger… Des camps de réfugiés où s’entassent des demi-morts qui n’attendent plus rien… Gaza… Beyrouth… Phnom-Penh…De rupture en désolation.



Si vous avez envie de découvrir de beaux personnages en quête d’une certaine paix au cœur de l’incendie, vous pouvez plonger dans cette histoire. C’est bien écrit et cela se lit rapidement. C’est un roman sur la filiation et sur la mémoire.



https://madamelit.ca/2020/04/15/madame-lit-trois-incendies-de-vinciane-moeschler/
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Trois incendies

C’est l’histoire de trois femmes, trois générations, chacune suivant la précédente. La fillette qui deviendra mère puis grand-mère Léa, ainsi que sa fille Alexandra devenue maman et enfin la petite dernière Maryam. Trois vies, aux destins pourtant liés autrement que par le sang.



Chacune sa guerre, ses raisons de fuir ou de chercher le conflit. Léa, dix ans pendant la seconde guerre mondiale, doit fuir sa maison avec sa famille. Une belle et grande famille soudée d’une part avec ses frères et son père, mais en conflit permanent avec sa mère. À travers les bombardements allemands et l’horreur de la guerre en elle-même, d’autres combats se présentent à elle, la faisant grandir bien vite pour son âge.



Alexandra, à travers son Rolleiflex immortalise l’angoisse et les tragédies à travers le monde. Reporter de guerre, elle passe sa vie à fuir le confort douillet de sa maison New-yorkaise avec son mari pour courir les massacres. Jusqu’à celui de trop, Chatila, qui lui laissera un goût amer en bouche, des visions cauchemardesques, mais aussi une surprise aussi inattendue que révolutionnaire pour son existence. De quoi cesser de s’en aller sans cesse, rester en place, peut-être.



Maryam, jeune adolescente en pleine fleur de l’âge mène un conflit personnel. Il ne s’agit plus là de vivre la guerre ou de la photographier pour la montrer au monde, mais de se battre pour exister. Face à l’absence d’une mère, elle ne trouve aucun réconfort à s’attacher aux gens. Je ne vais pas vous mentir, ce personnage m’a été exécrable. Petite teigne insupportable, rebelle et égoïste …



Un très beau livre qu’il faut pouvoir encaisser à cause de ce qu’il raconte. Des combats sanglants, une vérité douloureuse, des histoires qui sans avoir été tirées de source sûre sont très certainement arrivées à de pauvres malheureux. La souffrance, la haine, la colère, mais aussi cette lueur d’espoir et d’amour qui force à aller de l’avant pour s’en sortir. Trois femmes, trois destins interconnectés où chacune porte sa croix sans connaître celle de sa prédécesseur qui viendra peut-être s’ajouter à la sienne tel un souvenir inconscient.
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Alice et les autres

Un magnifique roman d'amour où plane folie et romantisme, entremêlant leurs émotions respectives dans un bouleversant ballet. L'auteure émeut, dans un style particulier elle rythme la lecture de façon captivante. Alice et une blessure déclinée en de multiples rôles, pour survivre à l'anéantissement. Sa famille l'enrobe comme elle peut mais ses plaies sont trop profondes. Vinciane Moschler signe là un roman passionné, profondément humain et mystérieux. Un excellent roman qui nous conduit vers des questionnements bouleversants.
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Alice et les autres

J'ai beaucoup apprécié ce roman. Mettre en avant le TDI, qui n'est, selon moi, pas assez mis en avant est une très bonne chose. On comprend mieux ce trouble, et on est directement mis dans la peau de Alice, qui est elle -même atteinte du TDI. Fin totalement imprévisible, on est très vite pris dans l'histoire.
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Caraïbes amères

Le père de Sacha vient d'obtenir un poste de journaliste en République Dominicaine. Toute la famille quitte alors Paris pour une nouvelle vie dans les Caraïbes. Tout le monde pense qu'ils partent pour le paradis, la vérité est tout autre.



Sacha est un ado à part. Il se pose beaucoup de questions, est hyper responsable, aime la routine, est particulièrement angoissé... bref autant dire que l'annonce de ce déménagement ne l'enchante guère. L'arrivée sur place est loin de ce que lui avait vendu son père. Il commence le lycée avec une bande d'ado plutôt riches et ayant des préoccupations bien loin des siennes. Mais il va faire la connaissance de deux personnes qui vont lui permettre de trouver sa place malgré tout.



En voulant faire un article pour son ancien lycée, il va se retrouver confronté aux Bateys, des Haïtiens venus travailler dans les champs de cannes à sucre et qui sont traités tels des esclaves...



J'ai trouvé l'histoire hyper intéressante d'autant qu'on est très peu au courant de ce qui se passe là-bas. Cependant, j'aurais aimé que l'histoire des Bateys soient plus présente. Le roman est très court, la 1ere moitié est consacré au changement de vie de Sacha et à ses plaintes (j'ai vraiment eu du mal avec son personnage) et seulement dans la 2eme partie nous faisons connaissance avec les Bateys.

C'est un roman jeunesse donc on ne peut pas en attendre autant qu'un roman destiné aux adultes mais je reste malgré tout sur ma faim. Ceci dit, je pense que c'est un roman qui pousse à se poser des questions sur nos agissements et ceci qu'on soit adulte ou ado!
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Trois incendies

"Trois incendies", Vinciane Moeschler, 2019, Stock Arpège



Maryam, jeune femme passionnée par l'éthologie, raconte sa mère, Alexandra et sa grand-mère Léa, toutes deux touchées par les guerres.



Léa, c'est "tu". Elle n'était qu'une enfant quand l'Allemagne nazie envahit la Belgique et qu'elle se retrouve jetée sur les routes de l'exil, avec sa famille affamée et apeurée.



Alexandra, c'est "elle". Photographe de guerre, elle est traumatisée après sa visite du camp de Chatila au lendemain du massacre de milliers de réfugiés palestiniens, par les phalangistes missionnés par les Israéliens.



Maryam, c'est "je". Les guerres et les massacres hantent sa famille, lui ont volé sa mère toute son enfance, et l'incitent à se tenir loin des hommes, leur préférant les animaux.

Pourtant, elle a besoin de connaitre les secrets et les non-dits qui pèsent sur Léa, Alexandra et elle, et qui les relient comme un fil rouge ou plutôt comme une "robe bleue".



Les trois voix, "je", "tu", "elle" s'alternent avec des chapitres courts, de manière parfois un peu déroutante, exigeant toute l'attention du lecteur, promenés tour à tour dans les années 40, 80 et 2000.

Mais l'écriture est élégante, évocatrice et l'histoire se tricote comme un pull rayé tricolore parfaitement réalisé, enveloppant le lecteur dans d'agréables heures de lecture. Je recommande.
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Trois incendies

Le roman se découpe tel un triptyque : 3 femmes, 3 voix, 3 générations liés par le sang. Le récit s’ouvre par Alexandra, grand reporter de guerre. Le lecteur est immergé dans un décors apocalyptique et suit aveuglément les traces d’Alexandra, au cœur de l’éclosion. Elle n’est plus que l’ombre d’elle même cessant de donner un sens à sa vie, elle a comme un besoin vital de voir sa mère Léa.

Léa, seconde voix du récit vit dans les Ardennes. Sa voix est essoufflée, rayée par la maladie d’Alzheimer. Elle a qui survécut aux nazis perd la mémoire quand soudain rejaillit telle une flamme, le souvenir celui de la fuite, un moment tragique qu’elle doit transmettre à tout prix pour ne pas qu’il tombe en décrépitude comme sa tête. Enfin Maryam, dernière voix qui supporte malgré elle le poids de la guerre laissé par sa mère et sa grand mère, un héritage lourd à porter et difficile de le vivre au quotidien.Malgré tout, Maryam rejaillis telle une étincelle remplie d’espoir.

Trois incendies m’a bouleversé, Vinciane Moescher mène avec brio l’alternance des voix, des chapitres courts qui frappent à chaque fois comme une bombe. On ne peut être que toucher par Trois incendies qui irradient les âmes des protagonistes. Des âmes qui s’embrasent au rythme de la guerre et qui font écho tout au long de l’histoire: Alexandra qui ne cesse de saisir l’instant, les images de la guerre au cœur de l’éclosion avec son appareil photo. Léa qui allume les étincelles de son passé pour ne pas oublier et transmette sa mémoire. Maryam, qui subit indirectement et qui essaye de garder espoir tel une flamme qui rejaillit. J’ai été émue face à ces 3 destins brisés et ravagés pas l’homme, la guerre. Trois incendies, c’est quelque part notre histoire, la quête du sens de notre vie, savoir donner un souffle à notre identité et perpétuer notre mémoire. Vous l’aurez compris les moustaches, je vous recommande chaudement Trois incendies.
Lien : https://www.les-miscellanees..
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Trois incendies

L’héritage parental, la vision de soi au travers des regards des autres, ne pas exprimer ses sentiments, ses échecs, ne pas décevoir... chacun vit sa propre guerre au milieu des guerres faisant partie de l’Histoire.
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Trois incendies

Trois incendies est un roman sur le destin de trois femmes à trois époques différentes :

• Léa est une jeune préadolescente qui a fait l’expérience de l’exode puis de l’occupation allemande dans les Ardennes belges pendant la seconde guerre mondiale ;

• Alexandra, sa fille, travaille comme photographe de guerre dans les années 1980 ;

• Maryam, la fille d’Alexandra (et donc la petite-fille de Léa), étudie à Bruxelles dans les années 2000.



Chacune à sa manière est marquée par l’expérience de la guerre. Alors que sa famille sort meurtrie de la seconde guerre mondiale, Léa a la chance de se faire parrainer par une famille suisse. Elle part pour Genève en 1945 et y commence une nouvelle vie. Mais elle ne peut pas s’empêcher de transmettre son traumatisme à sa fille Alexandra, à laquelle elle fait regarder de nombreux documentaires sur la guerre. Pour « ne pas oublier ».



Alexandra développe par la suite une sorte fascination pour les conflits armés et devient photographe de guerre. Sa mission lors de la guerre civile au Liban en 1982 marque toutefois un tournant. C’est le moment où les Phalangistes, une milice chrétienne, massacrent plusieurs centaines de civils (de 460 à 3 500 victimes, selon les estimations) dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Un épisode sanglant de l’histoire du XXe siècle au cœur du film historique d’animation Valse avec Bachir (2008). Après avoir été témoin de cette boucherie, la santé mentale d’Alexandra se dégrade et elle met du temps à se remettre de sa dépression.



Maryam quant à elle souffre des absences prolongées de sa mère, régulièrement envoyée prendre des photos dans les zones de conflit à travers le monde. Elle refuse de partager cette obsession familiale pour les conflits violents et fait le choix de s’intéresser aux animaux.



Comme dans Les Vaches de Staline, le lien familial fort entre les trois femmes renforce l’intérêt du lecteur pour chacun des récits parallèles. Le mode de narration interroge d’ailleurs directement leurs relations l’une à l’autre. Alors que Maryam s’exprime à la première personne, l’histoire d’Alexandra est racontée à la troisième personne, et celle de Léa à la deuxième personne. Ce « tu » inhabituel semble d’ailleurs faire écho à la perte de mémoire de Léa, atteinte de la maladie d’Alzheimer à la fin de sa vie. On comprend petit à petit que c’est sa petite-fille qui lui parle. Maryam lui remémore son passé, grâce aux souvenirs collectés par Alexandra. Une façon de « boucler la boucle » et de souligner le destin à la fois si différent et si semblable de ces trois femmes en quête d’indépendance.



J’ai aimé…



• faire l’expérience de la seconde guerre mondiale à travers les yeux d’une petite fille habitant avec sa famille dans les Ardennes belges. L’exode, les pillages, l’occupation, la résistance, la libération… sont évoqués du point de vue de leur impact sur les individus, au-delà des clichés habituels (notamment à travers l’expérience du maquis du grand-frère de Léa).

• la réflexion sur le métier de photographe de guerre. Jusqu’où peut-on aller pour transmettre les images d’un conflit ? Comment concilier vie familiale et vie professionnelle quand on peut être appeler à partir à l’étranger à tout moment ? Comment se reconstruire après avoir été témoin d’un massacre d’une incroyable violence ?



J’ai moins aimé…

• le registre de langage utilisé pour le récit de Léa. C’est peut-être parce que je ne suis pas habituée aux récits à la deuxième personne, mais le style m’a paru moins cohérent que dans les chapitres consacrés à Alexandra et à Maryam. J’ai par exemple relevé des phrases à la construction un peu bizarre (« Depuis la séparation d’avec sa mère, ta tante Emma, comme anesthésiée par ce qui se passe autour d’elle, s’accroupit face à toi. »), et d’autres qui m’ont semblé un peu trop littéraires pour correspondre au point de vue d’une jeune fille de douze ans (« Souhaite-t-il déposer ainsi ses fractures et la beauté de ses indécisions dans la lumière de son temps »).

• le parallèle un peu trop explicite entre les deux petites filles à la robe bleue, qui donne un côté un peu artificiel à la fin du roman.



Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m’avoir permis de lire ce livre peu après sa publication officielle le 2 mai 2019.
Lien : https://histfict.fr/trois-in..
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Trois incendies

Trois incendies de Vinciane Moeschler, évoque, les blessures et traumatismes transmis entre génération. L’impact qu’ils produisent sur les suivants malgré eux. Toujours l’horreur, dont seul l’humain, aliéné, se rend coupable. Les atrocités, le pillage des corps et des âmes et la reproduction inconsciente mais vengeresse sur l’autre de ce qu’il ne peut maitriser chez lui.



Léa la grand-mère malaimé par sa mère et abimé par la guerre et ces pertes.



Alexandra la mère n’arrivant pas à vivre loin de l’horreur et des conflits, y retournant sans cesse malgré l’amour des siens. Alexandra qui se noie dans les fractures du monde, vivante uniquement à travers le risque.



Maryam la fille, qui essaie de s’extraire de ce poids, cherchant la légèreté et le bonheur, appelant la sérénité pour conjurer la douleur des siens.



Ce roman balaye trois douleurs, trois vies, trois générations, trois réflexions sur le sens de la vie face à ses absurdités, ses atrocités, ses violences.

Trois destins de femmes fortes survivant à la douce mélancolie des années.



Autour de cette lecture :



A lire :

Suite francaise d’Irene Nemirowski

Le quatrième mur de Sorj Chalandon atrocitement sublime.

Le jour ou Nina Simone a cessé de chanter de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi

Sara et Simon d’ Erich Hackl qui retrace l’histoire de Sara Mendez militante uruguayenne arrêtée en Argentine avec son fils de trois semaine élevé par une famille pro régime faisant d’elle l’une des l'une des victimes emblématiques de ces années sombres.



A voir :

Valse avec Bachir d’Ari Folman film d’animation sur le massacre de Sabra et Chatila

Le quatrième mur, pièce de théatre adapté du roman de Sorj chalandon, adapté et magnifiquement mis en scène par Julien Bouffier.



Du côté de la jeunesse :

Otto : autobiographie d'un ours en peluche de Tomi Ungerer

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Alice et les autres

Après avoir eu un peu de peine à faire le tri dans les différentes pièces du puzzle, je suis entrée en trombe dans cette histoire. Passée du dehors au dedans.

Et devenue au fil des pages un "intrant". Un intrant oui, c'est le mot que je choisis et détourne...

Car l'auteure raconte l'indicible, l'impensable et l'inacceptable en imprimant un rythme qui essouffle. Elle creuse une tranchée dans laquelle elle séquestre son lecteur. Pour l'emmener dans les profondeurs et les mystères de la psyché.

L'exploration est raide et exigeante.

On manque d'air, on tremble, on souffre, mais finalement, on vibre, intensément.
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Caraïbes amères

Dans ce récit, on découvre la vie d'un expatrié riche à travers le regard de Sacha, 15 ans.



Suite à la mutation de son père, Sacha est obligé de quitter Paris qu'il affectionnait tant pour aller s'installer dans un pays chaud dévasté par un cyclone et envahi par les moustiques.



Plutôt que de vivre en autarcie avec d'autres jeunes expat, Sacha se frotte à l'âpreté de la réalité du monde en découvrant les injustices sociales dans les bidonvilles et le travail des mineurs dans l'industrie de la production du sucre.

Un roman d'initiation qui nous rappelle à quel point les voyages forment la jeunesse.

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Alice et les autres

Lorsque vous ouvrez ce livre vous arrivez face à plusieurs points de vues. Au abord, ils vous semblent bien différent et petit à petit des liens se forment entre eux. Les révélations se font crescendo, jusqu’aux révélations finale. Car oui vous apprenez des choses jusqu’à la dernière page.



J'ai trouvé l'intrigue touchante, par les différents sujets traités au travers de la thématique principale du trouble dissociatif de l’identité.

Le roman se lit très facilement et il est aisé de se retrouver dans les différents points de vue, ce qui est un gros point positif.



Ce fut une très bonne lecture qui m’a fait découvrir un peu plus profondément le trouble dissociatif de l’identité, à lire !
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Accordez-moi la parole

Le nouveau roman de Vinciane Moeschler est une approche prudente d’une femme par une autre. La première est une infanticide, crime que la société réprouve entre toutes les autres fautes. La seconde est une romancière qui s’intéresse à une situation pour le moins inconfortable afin d’en exprimer toutes les ambiguïtés dans le livre qu’elle veut écrire.
Lien : https://www.lesoir.be/502947..
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