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Citations de Virgil Tanase (61)


J'aime les gens que le besoin de manger, de nourrir leurs enfants et d'atteindre le mois suivant sont lié de plus près avec la vie. Ils en savent plus long. Hier j'ai coudoyé sur la plate-forme de l'autobus une femme en cheveux flanquée de cinq gosses. Elle leur enseignait beaucoup de choses et à moi aussi. Les gens du monde ne m'ont rien enseigné. (Lettre à Rinette)

2057 - [Folio/biographies n° 100, p. 80]
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Il a le sentiment de se dissiper, de se perdre, de s'égarer dans une vie qui n'est pas la sienne : « Je me sens si loin de moi. » Certes, cela ne l'empêche pas de s'amuser, de fréquenter les cinémas et les bars, d'aller à la fête foraine avec les Guillaumet et de se faire photographier avec eux dans la carlingue d'un avion en carton, de faire la bringue avec des « amis délicieux » et avec ses camarades pilotes dont certains se laissent abuser : « C'est en Argentine que Saint-Exupéry a été le plus heureux » affirme, sûr de lui, le commandant Jean Dabry.

2121 - [Folio biographies n° 100, p. 127]
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« C'est curieux comme j'ai de plus en plus l'impression de n'être pas chez moi dans la vie. » (Lettre à Louise de Vilmorin)

2145 - [Folio/biographies n° 100, p. 167]
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Le train parti, les quelques voyageurs qui s'étaient attardés sur le quai disparurent ; ainsi, à perte de vue, personne. Loin seulement ou, plus exactement, floue, comme derrière une vitre dans le brouillard, cachée par la brume du petit matin, sur une sorte de socle en fer, une passerelle peut-être, aux allures de cage de verre jauni – la brume persistait encore parmi les oiseaux – placée dans l'obscurité la plus lointaine et moi, une silhouette, mais en ce cas légèrement étirée et, si l'on peut dire, penchée par la sphéricité du verre. Le personnage, homme ou femme, je ne saurais le préciser, portant un vêtement noir, une valise ou une serviette ou quelque autre objet analogue sous le bras, s'était arrêté et me regardait ou, tout au moins, regardait dans ma direction ; je me penchai et collai le front contre la vitre, lui de même, de l'autre côté, resté seul là-bas, sur le quai, arrêté devant la corbeille blanche entourée de chiffres, blanche sous la neige mais où l'été poussent, certes, des fleurs, rabougries et couvertes de suie comme dans toutes nos gares, fleurs cependant, plates-bandes disposées en cercle autour, juchés au sommet de longs piquets soigneusement polis au tesson, des globes de verre coloré.
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Il sent pourtant le danger qui pèse sur l'Europe, et il répond à sa façon:
Noces, son nouveau recueil publié comme le premier aux éditions Charlot
d'Alger en mars 1939, semble un manuel de bonheur pour une génération
qui ne peut pas compter sur le lendemain.
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« La civilisation du téléphone est intolérable. Une caricature de présence remplace la vraie présence. On passe de l'un à l'autre comme l'on passe en une seconde, en touchant le bouton du poste de radio, de Jean Sébastien Bach à « Viens, poupoule ». On ne s’enferme plus en rien, on n'est nulle part. Je hais cette humanité soluble ». Lettre à Nathalie Paley

2143 - [Folio/biographies n° 100, p. 416]
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Une jeune assistante, Françoise Giroud, tape les textes (du scénario de Courrier Sud) que lui remet Antoine de Saint-Exupéry. Après le travail, ils prennent un verre aux Deux Magots et dinent souvent ensemble. A en croire l’intéressée*, Saint-Exupéry lui écrit des poèmes en prose, dont aucun n'a été publié, lui fait des dessins et cherche à la séduire avec ses tours de cartes et ses histoires extraordinaires.
* Françoise Giroud, Leçons particulières

2200 - [Folio/biographies n° 100, p. 246]
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Au retour d'Argentine, il lui a suffi de quelques semaines pour comprendre à quel point la vie parisienne est décevante : « Morand fait du Morand, ce qui est odieux. Giraudoux fait du Giraudoux (ce qui a d'ailleurs plus d'arrière-plan). Et on est certain, absolument certain, désespérément certain en ouvrant un Henry Bordeaux de lire quelque chose d'idiot. Cela fait l'effet d'une pharmacie dont on connaît déjà les étiquettes. On connaît déjà ce que l'on va boire. On n'a plus soif. Et on est injuste. Cela n'eût pas choqué si l'on était resté sur place. Ainsi, pour s'en être une fois évadé, on ne peut plus encaisser le vieil opéra traditionnel à cause du « Marchons ! Marchons ! Des figurants qui piétinent sans avancé ».

2132 - [Folio/biographies n° 100, p. 156]
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La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il faudra choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
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Rassurez-vous, l'expérience m'ayant contraint de reconnaître les avantages de la sagesse, je procéderai avec circonspection : ni mon nom ni celui de mon héros – ou de quiconque ! – n'apparaîtront dans ce recueil. Il n'est pas sain, il n'est pas profitable de provoquer chez le lecteur ce malaise déplaisant qui nous prend dès que, sur les lieux de l'accident, nous sommes confrontés à une victime imprécise ; si nous la connaissons, nous voilà incommodés par une compassion souvent pernicieuse pour nos systèmes nerveux et digestif ; si, au contraire, le malheureux gisant là, dans une flaque de sang, est un étranger, le sentiment d'indifférence surgissant dans nos cœurs nous donne des remords non moins gênants puisqu'ils nous ôtent l'appétit et, plus spécialement, le goût de vivre.
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L'autorité littéraire de l'entre-deux-guerres est celle des grands romans symphoniques. (…) … ces fresques sociales réunissent dans des intrigues compliquées des centaines de personnages qui portent le destin d'une époque. Le prix Nobel récompense les grands romanciers réalistes, Ivan Bounine et Sinclair Lewis, et, dans le même esprit, les auteurs de sagas : Thomas Mann pour « Les Buddenbrook », Galsworthy pour « Les Forsyte », Romain Rolland pour « Jean-Christophe », Roger Martin du Gard pour « Les Thibault ». En France, où la mode est née avec « Les Rougon-Macquart », auxquels répondent d'une manière différente les sept tomes d’ « À la recherche du temps perdu », Georges Duhamel suit la même voie en publiant le cycle « Vie et aventures de Salavin ». De moindres dimensions,, mais tout aussi ambitieux et touffus, quelques autres romans viennent renforcer cette image d'une littérature complexe qui surprend les mouvements profonds de l'Histoire par l'intermédiaire d'une narration. Aragon publie « Les Cloches de Bâle » et « Les Beaux quartiers », Malraux « La Condition humaine », Mauriac « Le Nœud de vipères », Bernanos, le « Journal d'un curé de campagne ».

2188 - [Folio biographies n° 100, p. 202]
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Curieusement, vu le succès de Vol de de nuit et ce que les ventes lui ont tout de même rapporté, Saint-Exupéry n'envisage pas d’arrondir ses fins de mois en publiant un nouveau livre, que les éditions Gallimard attendent. Les écrivains « professionnels » ne finissent un livre que pour en commencer un autre. Saint-Exupéry ne le fait pas, et ce n'est certainement pas parce que les avances de l'éditeur sont modiques par rapport à ses besoins – et à ceux de Consuelo aussi. Par ailleurs, il n'est pas homme à se laisser décourager par l'hostilité que lui a value Vol de nuit, au contraire. Il faut chercher ailleurs les raisons de cet abandon, qui est définitif : Terre des hommes naît d'une initiative qui n'est pas celle de son auteur et Pilote de guerre est sans doute, dans l'esprit de celui-ci, un livre de circonstance – pour ne pas dire « de propagande » -, exigé par les événements.

2171 - [Folio biographies n° 100, p. 201]
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Mais à force d’atermoyer et de s’attarder auprès de sa jeune femme aux seins plus tendres que les vagues et aux flancs tempétueux, son bateau devient lui aussi un objet de verre, un bibelot du port, figé au milieu d’une eau en cristal, solide, infranchissable.
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Les grands écrivains de l'époque (1938) ont tous considéré de leur devoir d'intervenir dans le débat, de Roger Martin du Gard, terrifié à l'idée d'un nouveau massacre, à Romain Rolland, qui demande aux responsables politiques de s'opposer, fût-ce par la force, aux agressions d'Hitler ; d'Alain et Giono, qui veulent la paix à tout prix, à Montherlant qui les traite de nigauds et appelle les intellectuels à faire front commun contre l’ennemi, soutenu par François Mauriac, Jules Romain, Georges Bernanos, André Malraux et Louis Aragon.

2205 - [Folio/biographies n° 100, p. 286]
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... dans le désert les jours sont bien longs.
Entre deux courriers, Saint-Exupéry s'ennuie « comme une vierge ». Il lit beaucoup, des « Orientales » de Hugo et du « Zarathoustra » de Nietzsche aux derniers ouvrages d'Alain et d'Heinrich Mann, en passant par des traités de philosophie et scientifiques. Les caisses remplies de livres représentent l'essentiel de son mobilier. Il dort sur un lit fait d'une planche et d'une paillasse. Posée sur deux tonneaux à essence, une autre planche, c'est le bureau.

2082 - [Folio:biographies n° 100, p. 100]
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Saint-Exupéry récupère son bureau (dont on l'avait privé) et conclut que les normes générales ne s'appliquent pas aux esprits qui sortent de l'ordinaire. Persuadé que c'est son cas, il continue à prendre des libertés avec les recommandations du corps enseignant.

2045 - [Folio biographies n° 100, p. 31]

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Camus fait la connaissance de Sartre, de sa compagne, Simone de Beauvoir, et de leurs admirateurs qui l'accueillent avec bienveillance et veulent bien croire à son talent s'il le reconnaît comme médiocre, sans commune mesure avec celui de leur gourou. Sartre vient de publier chez Gallimard un imposant traité philosophique, L'Etre et le Néant, que Paulhan juge utile : il pèse exactement un kilo et on peut s'en servir au marché noir pour peser des patates sans se faire repérer. Sinon, il est de bon ton de le louer, même si l'on y comprend rien.
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Monsieur Z nous avait prévenus que, pour couvrir le crime, les services secrets roumains préparaient une opération de désinformation. En effet, deux jours après ma disparition, une dépêche AFP annonçait que j’étais un agent double travaillant, entre autres, pour la DST. Mon histoire devenait une affaire entre services secrets qui n’exigeaient pas de mobilisation… Plus tard, j’ai essayé de savoir d’où était venue cette information. J’appelais partout : les journalistes se sont couverts les uns les autres. Ce n’est qu’il y a un an que le rédacteur en chef de « La République de Tours », un ami, en apprenant cette histoire, me donna le nom (aussitôt oublié) de celui qui, ayant répercuté sans sourciller les fausses informations des services secrets roumains, s’était rendu coupable d’une belle « saloperie »… enfin c’est la vie !
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Lorsqu'il … voit (Sylvia Hamilton) pour la dernière fois, le 17 avril 1943, avant de quitter l'Amérique, Antoine de Saint-Exupéry lui lègue ce qu'il a de plus précieux … : son appareil photo, un Zeiss Ikon, et le manuscrit du « Petit Prince* ».
*Actuellement à la Morgan Library, à New-York.

2283 – [Folio n° 100, p. 372]
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Un jour où son mari était parti avec le courrier, Noëlle Guillaumet voit arriver Saint-Exupéry qui l'invite au cinéma, peu intéressé apparemment par le film puisqu'il grille cigarette sur cigarette et que toutes les dix minutes il quitte la salle : elle apprend dans la soirée que Guillaumet avait été pris dans une très violente tempête de sable et que son ami, qui téléphonait continuellement pour avoir des renseignements, ne voulait pas qu'elle fût seule dans le cas où de mauvaises nouvelles lui seraient parvenues de la base.

2128 - [Folio/biographies n° 100, p. 153]
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