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EAN : 9782070344321
416 pages
Gallimard (21/01/2010)
4.33/5   26 notes
Résumé :

Parce qu'il a choisi la révolte plus que la révolution, Albert Camus (1913-1960) nous a laissé une oeuvre toute de netteté et d'" affirmation visible ", éclairée par le soleil de son Algérie natale. Toujours à l'écoute des événements de son temps, il n'a jamais oublié de rappeler à l'homme ses vraies valeurs. Acteur de son époque, il n'a jamais cessé de raconter la beauté du m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En lisant pareil ouvrage, la biographie de Camus par Virgile Tanase, relatant en particulier comme il se doit son enfance en Algérie, une enfance sans père, tué dès les premiers combats de 1914, je n'ai pu m'empêcher d'y rechercher les sensations éprouvées à la lecture de Premier homme, ce récit autobiographique qui ne dit pas son nom, publié après la disparition de Camus.

Les faits y sont certes les mêmes, heureusement, mais l'émotion communiquée fait toute la différence. Les sentiments dévoilés par l'écrivain lui-même creusent l'écart entre le vécu et le rapporté. D'un côté la nostalgie d'une enfance pauvre et malgré tout heureuse, l'amour d'une mère silencieuse, d'un instituteur attentionné, père de substitution, que Camus fait sourdre entre les mots, entre les lignes, de l'autre la relation nécessairement fidèle mais dépourvue de ce même trouble d'un coeur qui se livre.

J'étais hier après-midi même à Lourmarin. Je me suis rendu à l'exposition consacrée à celui qui avait en ce lieu retrouvé un décor lui rappelant quelque peu celui de sa jeunesse en Algérie. Les couleurs et senteurs d'un pays aimé, la luminosité surtout. Il avait aussi notamment trouvé un havre de sérénité propice à le remettre au travail de l'écriture, alors que le goût l'en avait un temps abandonné dans la grisaille parisienne et la touffeur d'une société avide de tout sauf de fraternité. Pouvoir y lire quelques pages de sa main, fragments de cette foisonnante correspondance qui dévoilait son intimité mieux que ses propres ouvrages, est une fortune inestimable en prolongement de la lecture de cette biographie.

Comprendre l'homme au-delà de l'écrivain, au-delà de l'homme public. Comprendre l'homme dans les pleins et déliés d'une écriture résolue à ne rien concéder de ses convictions. Justice pour les sans grade, ceux qui comme lui sont nés dans le dénuement et n'ont pas eu a contrario la chance d'être soutenus par l'amour d'une mère, d'une grand-mère certes autoritaire mais bienveillante, d'un instituteur imprégné de son rôle quant au devenir de la jeunesse qui lui était confiée. Camus leur doit son ascension culturelle et sociale jusqu'au rang du Prix Nobel. Retrouver l'homme occulté par la célébrité, souvent contesté, jalousé, celui qui se dévoile sans faux semblant dans les centaines de lettres adressées à Jean Grenier, à André Malraux, à Roger Martin du Gard, à louis Guilloux, à Maria Casarès bien sûr, et tant d'autres encore. L'homme révolté. L'homme découragé de mener des combats inutiles, de prêcher dans le désert, l'homme meurtri dans son corps par la maladie. L'homme pétri de doute, convaincu de l'absurde de la vie, avec ses faiblesses qui font elles aussi que l'homme, fût-il Prix Nobel, reste un homme et n'est pas devenu une instance supérieure, surtout pas. La simplicité de la sépulture à Lourmarin nous le rappelle.

Virgile Tanase nous fait découvrir tout cela par le détail dans un ouvrage fort bien documenté. Il nous livre surtout, avec ce Camus, la preuve évidente qu'être seul contre tous ne donne pas tort.

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Nourri à la sève du courant existentialiste dont Jean Paul Sartre est l'un des défenseurs et avec qui il s'est brouillé vers la fin de sa vie, Albert Camus (1913-1960) est un écrivain aussi complexe qu'original. Il fut d'ailleurs prix Nobel de littérature en 1957 pour son oeuvre écrite, notamment L'Etranger, roman qui retrace la vie de Meursault, un personnage plus ému par l'indifférence du monde qui l'entoure que par le crime qu'il venait de commettre sur une plage d'Alger en plein jour…Camus l'humaniste est à la fois écrivain, dramaturge et philosophe français né prés de Constantine un certain 07 novembre 1913. Il essaye à travers l'écriture «de promouvoir un humanisme fort, têtu et pur, austère et sensuel», notait son ami Jean Paul Sartre.



L'Etranger, roman paru en 1942, pour se limiter à cette oeuvre où le héros «préfère sa mère à la justice», illustre parfaitement l'absurdité de la vie. Récit à la première personne, le roman oblige le lecteur à tout voir à travers les yeux du héros et par extension à admettre toute sa subjectivité. Il partage ainsi, à son insu, les ignorances et surtout les points de vue de ce héros favorisant du coup l'arbitraire, tout l'arbitraire du narrateur et ses absurdités, telle que la préférence contestée de la mère à la justice, entre autres subjectivités. L'auteur dépeint alors, à travers cette technique, la condition humaine, sa fragile situation et sa précarité psychologique, autant de facteurs existentiels aléatoires. de ce point de vue, pour Sartre, «Camus représentait en ce siècle- le XXe – et contre l'histoire, l'héritier de cette longue lignée de moralistes dont les oeuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettres françaises.» Pourtant, quatorze ans plus, en 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme et à toute forme de doctrine sans pour autant s'épargner lui-même.

Pour rappel, «l'existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui postule que les individus créent le sens et l'essence de leur vie, par opposition à ce qu'elle soit créée pour eux par des doctrines théologique ou philosophique. L'existentialisme considère chaque personne comme un être unique qui est maître non seulement de ses actes et de son destin, mais également – pour le meilleur comme pour le pire – des valeurs qu'il décide d'adopter».



Un moraliste doublé d'humaniste qui ne l'empêche pas de prendre vis-à-vis de l'indépendance de l'Algérie des positions parfois ambiguës. «l'engagement de Camus en faveur de cette question restait celui d'un intellectuel. Il est vrai qu'un lien charnel l'attachait à l'Algérie, mais il tenait un peu de Meursault, plus ému par l'indifférence du monde que par le crime qu'il venait de commettre.»



Toujours est-il que sur le plan littéraire Camus demeure un de ces écrivains qu'il faut absolument lire… et relire.

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Pour mieux connaitre Albert Camus j'avais d'abord envie de lire L'Ordre Libertaire, le livre que lui consacre Michel Onfray. Et puis, par hasard, je suis tombé sur celui-ci ... Dans la collection Folio Biographie, Virgil Tanase retrace la courte vie de Camus (mort à 46 ans), en survolant par la même occasion l'histoire du 20ème siècle (2 guerres mondiales, guerre froide, d'Espagne, de Corée, d'Algérie).
Virgil Tanase est d'abord dramaturge mais dans ce texte, on ne le ressent pas trop ; pas d'emphase, ni d'effet de manche, mais un classique travail de rapport des faits. Il y a aussi beaucoup de citations, d'extraits des Carnets de Camus, ce qui ancre le témoignage à la réalité du sujet. J'y ai découvert un Camus plus « poète » que celui de L'Étranger. J'y ai vu aussi un homme qui eut raison avant les autres et contre « l'air du temps », celui de J-P Sartre notamment. Un homme qui, sans faire de compromis, fut souvent dans le doute, mais qui réfuta tous les dogmatismes et qui prôna la solidarité avec les plus humbles ; bref un humaniste libertaire. Un artiste plus attiré par l'aspect « politique » du monde, il fut journaliste et essayiste. Plus dramaturge que romancier, car plus enclin à « toucher » directement les spectateurs par le théâtre. Cette biographie fait aussi l'inventaire des hommes et aussi des nombreuses femmes qui influencèrent Camus dans son existence ; Son instituteur Louis Germain, un professeur Jean Grenier, le poète René Char, les Gallimard, sa mère et les autres femmes de sa vie ...
Citation page 219, qui résume bien la « pensée » de Camus : « La seule solution pour se sauver dans une société totalitaire mais aussi tout simplement dans l'existence, c'est de se révolter contre l'absurde, de lui opposer la dignité de la raison, la générosité de l'âme, d'aimer tout en sachant que nos sentiments sont éphémères, de vivre comme si nous étions immortels ».
Si je suis passé à côté de L'Étranger, le roman, j'ai apprécié cette biographie et sans doute qu'elle m'a donné envie de lire d'autres textes d'Albert Camus, peut-être ses essais ou ses carnets.
Allez, salut.
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Ce livre a été édité 50 ans après la disparition de Camus, en janvier 2010 .
Virgil Tanase était, peu de temps avant cette parution, venu à Lourmarin à l'occasion des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus. Sa communication avait été particulièrement appréciée.
Dans ce livre, il évoque, de façon précise, les différents lieux (peut être pas tous , de façon exhaustive) où Camus habita à Paris. Et c'est ainsi que , au printemps suivant, je suis partie en"pélérinage" : rue Séguier, de Chanaleilles, Vanau, de la Chaise, Sébastien Bottin, Vaugirard n° 148, rue Chalgrin, 29, rue Madame, que je me suis attablée aux terrasses qu'il fréquentait que j'ai logé au "Madison", hôtel où il logea ...
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Virgil Tanase est un fabuleux raconteur d'histoires. Cette biographie d'Albert Camus est une mine d'informations sur l'enfance et l'adolescence d'Albert Camus en Algérie. A travers les évènements historiques, l'auteur dégage les crises et les circonstances qui ont enfantées ses essais, romans, pièces de théâtre. Il retrace le parcours de l'écrivain français à travers ses rencontres, ses amours, son engagement politique et au sein de la résistance durant la seconde guerre mondiale. Nous découvrons sa relations particulière avec sa mère – il n'a pas connu son père qui est mort dans les premiers mois de la première guerre mondiale. Virgil Tanase confère une épaisseur saisissante à la petite et la grande histoire. Il rejoint Pascal Pia à Paris en 1940 où il rencontre son éditeur Gallimard mais aussi Jean-Paul Sartre, Malraux, Gide et la faune branchée parisienne. Son amitié avec René Char est solide. Nous faisons la connaissance de deux hommes qui ont influencés Albert Camus dès son plus jeune âge : son instituteur, Louis Germain et Jean Grenier, professeur au lycée Burgeaud d'Alger. Albert Camus nait fin 1913 ; en 1930, la tuberculose s'invite dans sa vie. Son temps et compté. Virgil Tanase rend compte de ce temps raccourci par la maladie. Cette menace permanente plane sur son évolution littéraire, sociale et politique – Albert Camus adhère au Parti Communisme mais y est exclu quelques années plus tard. Il est déchiré par le conflit qui se profile entre la France et l'Algérie. Sa vie personnelle et son rapport aux femmes sont commenté tout comme son profond intérêt pour le théâtre et sa mise en scène. Il voyage beaucoup (donne des conférences en Amériques) et retourne souvent voir sa mère en Algérie. J'ai appris avec plaisir qu'il avait achevé « La Peste » hébergé dans une commune vendéenne, à une vingtaine de kilomètres de la Roche sur Yon !
Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1957. Malgré ce prix qui couronne une oeuvre resserrée, Albert Camus a l'impression d'être un imposteur. Albert Camus est un idéaliste, un écrivain talentueux engagé. C'est un homme avec qui j'aurais pris plaisir à rencontrer lors d'un salon du livre ou d'un festival de théâtre.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Albert Camus est un enfant heureux. Son père ne lui manque pas car, ne l'ayant jamais connu, il n'imagine pas ce qu'il a perdu. La pauvreté ne le gêne pas parce que autour de lui tout le monde est logé à la même enseigne. Lorsque sa mère lui explique que pour le nouvel an il va recevoir des cadeaux "utiles", cela lui semble naturel : à la maison, il n'y a rien de superflu. Chez eux, les choses n'ont que des noms communs parce que les assiettes sont celles dans lesquelles on mange et il n'y en a pas d'autres, il y a une armoire pour ranger les vêtements et on ne voit pas à quoi pourrait servir une deuxième, dans le salon il y a autant de chaises que de personnes à se mettre autour de la table pour déjeuner, et il n'y en a aucune dans la chambre à coucher, ce qui serait absurde puisqu'on ne s'y rend que pour se mettre au lit. Chez eux, on n'achète un pantalon que lorsque le précédent est devenu inutilisable, de même pour les souliers. C'est du bon sens.
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Camus fait la connaissance de Sartre, de sa compagne, Simone de Beauvoir, et de leurs admirateurs qui l'accueillent avec bienveillance et veulent bien croire à son talent s'il le reconnaît comme médiocre, sans commune mesure avec celui de leur gourou. Sartre vient de publier chez Gallimard un imposant traité philosophique, L'Etre et le Néant, que Paulhan juge utile : il pèse exactement un kilo et on peut s'en servir au marché noir pour peser des patates sans se faire repérer. Sinon, il est de bon ton de le louer, même si l'on y comprend rien.
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Il sent pourtant le danger qui pèse sur l'Europe, et il répond à sa façon:
Noces, son nouveau recueil publié comme le premier aux éditions Charlot
d'Alger en mars 1939, semble un manuel de bonheur pour une génération
qui ne peut pas compter sur le lendemain.
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La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il faudra choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
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Lettre de Camus à Jean Grenier:

"A longue échéance, tous les continents (jaune,noir et bistre) basculeront sur la vieille Europe. Ils sont des centaines et des centaines de millions. Ils ont faim et ils n'ont pas peur de la mourir. Nous, nous ne savons plus ni mourir ni tuer. Il faudrait prêcher, mais l'Europe ne croit en rien. Alors il faut attendre l'an mille ou un miracle."p.336
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Video de Virgil Tanase (1) Voir plusAjouter une vidéo
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