Voici un livre étonnant qui va vous demander quelques efforts mais quel livre !
C’est pour moi une totale découverte et j’avoue que je n’avais pas compris que j’allais passer plus que quelques jours en sa compagnie ; en effet le livre fait 960 pages et on espère toujours que cela va nous plaire. En même temps, le nombre de pages ne me gène pas plus que cela mais c’est toujours mieux quand le livre nous plaît !
Thackeray est un auteur du XIXème siècle alors oui les phrases sont longues, le vocabulaire est riche, les références historiques assez complètes, et les personnages assez complexes. Ce n’est pas un auteur de la littérature contemporaine, donc il faudra un peu de concentration et peut-être si vous êtes comme moi un peu de calme autour de vous. C’est un livre qui m’a réappris à prendre mon temps et à déguster chaque ligne de ma lecture. C’est une sensation très agréable et qui rappelle que la lecture est avant tout un plaisir et pas une course. Il faut se laisser guider par l’auteur.
Thackeray est un auteur de l’époque victorienne qui cache bien son jeu ! Malgré l’époque, malgré le fait qu’il est quand même « très anglais », Thackeray est un auteur atypique qui s’autorise des écarts incroyables. Il joue sans cesse avec son lecteur, il le fait participer, l’interpelle et lui demande quelques fois son avis ! Il se moque de ses personnages, des femmes certes mais notons aussi que les hommes en prennent pour leur grade, il se moque des Anglais et des Français (c’est très incisif - !-) et … il se moque de Napoléon. L’humour est présent à chaque page pour qui sait décoder l’écriture de Thackeray. C’est riche, drôle, décalé, cynique, ironique et très original.
Mais derrière cet humour, ce livre dénonce malgré tout beaucoup de travers de la haute société anglaise de cette époque : la hiérarchie dans les familles, l’étiquette, l’argent, l’héritage, les mariages arrangés, les amis qui n’en sont pas, l’éducation des femmes, la notion de réussite dans les hautes classes, le clergé, l’éducation et la place des enfants, l’armée et j’en oublie certainement.
Les personnages sont vraiment intéressants : ils sont complexes, ils ont beaucoup de relief et pour ne rien gâcher ils sont très caricaturaux de la haute société anglaise. Ils maîtrisent la rhétorique de manière prodigieuse. Ils n’ont pas peur de se ridiculiser pour l’étiquette qui est pour certains le seul et unique but dans la vie.
Arrêtons-nous quelques instants sur le singulier personnage de Becky Sharp. Elle est sans un sou et enfant d’un artiste peintre et d’une danseuse. Autant dire qu’elle est plutôt mal partie dans la vie. Mais elle est aussi belle, actrice, débrouillarde, audacieuse, attirante, calculatrice, séduisante, indiscrète, sans complexe et dépourvue de tout sentiment maternel. Elle arrive toujours à ses fins et utilise tous les moyens légaux ou non pour y arriver. Elle va déployer tout au long de l’histoire une énergie incroyable pour se hisser dans les plus hautes sphères de la société et son parcours est tout juste étonnant !
Donc, oui je vous conseille ce classique qui sort de l’ordinaire car c’est drôle et rythmé. Je n’ai pas vu le temps passé avec ce livre. Le plaisir de lecture que j’ai eu a largement compensé les efforts que j’ai dû faire à certains moments ! Bonne lecture !
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