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Léon de Wailly (Traducteur)Serge Soupel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080705594
442 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.6/5   114 notes
Résumé :
Rédigée sous la forme de mémoires, cette histoire est celle de l'ascension sociale et de la chute d'un homme arriviste et amoral. Suite à un duel au cours duquel il pense avoir tué son adversaire, le jeune Redmond Barry quitte son Irlande natale pour s'engager dans l'armée anglaise. C'est la première étape de sa vie aventureuse qui le conduira à participer à la guerre de sept ans puis à déserter, ne pouvant supporter la rudesse de la vie militaire.

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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un petit chef-d'oeuvre d'ironie et de perfidie ! Qu'il est dommage qu'en France Thackeray soit si loin de la notoriété d'une Jane Austeen ou des soeurs Brontë. Sa plume est un véritable rasoir, qui tranche avec précision dans les apparences et la superficialité pour mettre à nue l'âme humaine. Mais il est temps de présenter Barry Lyndon, du royaume d'Irlande.

Son père ayant mangé tout son bien, sa jeunesse ne fut guère aisée. Mais sa mère, qui l'aimait plus que le ciel et le soleil, a mis son point d'honneur à l'éduquer comme un jeune lord. Il vivait en compagnie de ses cousins ; l'un le battait par méchanceté, l'autre par amitié. Il n'avait pas quinze ans qu'il était amoureux d'une de ses cousines, et qu'il tua un rival plus fortuné en duel. Après avoir fui, il n'eut d'autres choix que les troupes de sa majesté. Le reste de sa vie se passa à gagner de l'argent par les moyens les moins avouables, et à le dépenser en fêtes et pourpoints dorés. Voici Barry Lyndon ! Truand, aventurier et nobliau désargenté, prêt à tout et dénué de toute forme de scrupule.

Tout l'art de Thackeray consiste à créer un abîme entre la bonhommie avec laquelle le héros raconte ses aventures, et la nature de celles-ci. Là-dessus, curieusement le texte a même gagné en force avec le temps. Le second degré raisonne encore mieux, et l'ingratitude et les mœurs du héros, à l'époque choquantes, paraissent aujourd'hui ahurissantes. Quand Barry Lyndon assure qu'on ne peut l'accuser d'être violent avec sa femme puisqu'il ne la bat que quand il est ivre, le lecteur du XIXème siècle avait une moue ironique. Aujourd'hui, il écarquille les yeux.

Et pourtant, impossible pour moi de le détester. Le gaillard a la peau dure. Il a subi l'armée de Frédéric II – pire que le bagne – et autres avanies sans se formaliser, et la seule qu'il n'a pas supportée est la mort de son fils. Pour lui, le monde est un champ de bataille d'intrigues où tous les coups sont permis. On berne les autres, on finit toujours par se faire berner par plus malin et c'est ainsi.

Thackeray entremêle tout ceci de méchantes petites piques à ses contemporains, dont il brocarde l'ingratitude et la servilité. Mais il va plus loin en critiquant le fanatisme anticatholique qui agitait alors l'Angleterre, et en dénonçant le sort infligé à l'Irlande. Un grand livre, et peut-être le seul que je connaisse écrit presque entièrement au second degré.
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Ainsi tourne la roue de la fortune et brûle le bûcher des vanités...

Considérant l'adaptation de Stanley Kubrick comme le produit le plus abouti de l'esthétisme cinématographique, j'ai voulu passer en coulisses et découvrir le roman qui inspira ce grand réalisateur. Ayant, d'autre part, adoré ma lecture de "La foire aux vanités" du même William Makepeace Thackeray, il me tardait de me plonger dans le récit "de l'audace, de la diablerie, de la perversité et de la chute de Barry Lyndon".

Je remercie à titre posthume Stanley Kubrick d'avoir pris quelques raccourcis et ménagé quelques recoupements dans son scénario car le présent roman, s'il brille des mille feux d'une plume brillante, souffre tout de même de vraies longueurs, notamment lorsque Redmond Barry se fait soldat puis joueur professionnel dans les principautés allemandes. Après un début sur les chapeaux de roue, le rythme ralentit pour s'enliser dans les intrigues de cours, pour ne reprendre du souffle qu'au dernier quart de l'oeuvre.

Conçu comme un roman d'aventures trépidantes associé à une peinture pittoresque des moeurs aristocratiques du XVIIIème siècle, les "Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande" satisferont tout amoureux de roman historique et tout amateur de destins hors du commun. Cependant, il est difficile de s'attacher durablement à un personnage aussi imbu de lui-même et dont l'ambition et la vanité n'ont d'égales que sa misogynie et sa violence. Comme ses proches, on se prend à vouloir s'éloigner de sa fatale attraction et c'est avec un sentiment de soulagement qu'on arrive au dénouement.


Challenge XIXème siècle 2018
Challenge ABC 2018 - 2019
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Titre complet Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande. C'est donc le récit de la vie d'un gentilhomme irlandais, remontant même à ces « illustres » ancêtres et interrompues par la mort.
Première phrase « Depuis Adam, il n'y guère eu de méfaits en ce monde où une femme ne soit entrée pour quelque chose. » Cela donne le ton. Car les femmes, Redmond Barry va beaucoup chercher à s'en servir pour réussir. Il faut dire que le sort est toujours contre lui. Déjà, sa famille a été spoliée de ses richesses et de son rang, car les Barry descendent des premiers rois d'Irlande. « Je présume qu'il n'est pas un gentilhomme en Europe qui n'ait entendu parler de la maison de Barry de Barryogue, du royaume d'Irlande car on ne trouverait pas un nom plus fameux dans Gwillim ou D'Hozier* ; et bien que, comme homme du monde, j'ai appris à mépriser les prétentions à une haute naissance qu'affichent certaines gens qui n'ont pas plus de généalogie que le laquais qui nettoie mes bottes et quoique je ris de pitié de la gloriole d'un bon nombre de mes compatriotes, qui tous à les en croire, descendent des rois d'Irlande, et vous parlent d'un domaine qui ne suffirait pas à nourrir un cochon comme si c'était une principauté ; cependant la vérité m'oblige à déclarer que ma famille était la plus noble de l'ile, et peut-être de l'univers entier, … » Voilà vous avez l'essentiel de la personnalité de Redmond Barry. Ajouter y le gout pour les jeux, l'alcool, les femmes, vous aurez un portrait assez ressemblant.
Obligé par un duel à quitter la demeure familiale, il s'engage ensuite dans l'armée où il combattra avec beaucoup de talent et de panache (c'est lui qui le dit) dans divers pays, d'abord du côté anglais puis prussien lorsqu'il se fait piéger par un recruteur, pendant la Guerre de Sept ans (1756-1763). Il deviendra ensuite joueur professionnel et connaitra des années de prospérité avant de revenir en Angleterre et d'épouser une riche veuve Lady Lyndon dont il dilapide les biens et qu'il maltraite.
Barry ne semble avoir d'affection que pour lui-même. Lorsqu'il rentre en Irlande il ne se précipite pas auprès de sa mère qu'il n'a pourtant pas vue depuis de nombreuses années et qui lui est indéfectiblement et très aveuglément fidèle. Même l'amour pour son fils ne semble pas exempt d'intérêt, les questions d'héritage se mêlant à ses sentiments.
La préface indique que Thackeray s'est inspiré d'un personnage réel Andrew Robinson Stoney.
C'est mon premier Thackeray, choisit de préférence à La foire aux vanités parce qu'il fait partie de la sélection Bibliothèque idéale pour les 50 ans de la collection GF. J'ai beaucoup aimé la première moitié environ puis ai trouvé certains passages un peu lassants. Les menteurs mélangeant généralement un fonds de vérité à leurs broderies, je me suis presque toujours demandé qu'elle était la part sincère et laquelle inventée. Et dans quelle mesure Redmond Barry s'abuse lui-même.
Un bon roman mais que je n'ai pas dévoré, il m'a fallu presque une semaine de lectures vespérales.

* Personnes ayant publié des ouvrages d'héraldique.
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Ce sont les mémoires d'un homme sans morale qui raconte sa folle ascension sociale puis sa chute vertigineuse. ● Bien décevant par rapport à La Foire aux vanités. On n'y retrouve pas cette ample critique embrassant toute la société, cette largeur de vue, cet humour dévastateur. La forme de l'autobiographie fictive resserre le champ à la vision d'un homme, et même si l'on peut sourire de l'ironie découlant de la collusion entre la bonhomie de la narration et la noirceur de l'histoire racontée, on se sent à l'étroit dans cette conscience. L'adaptation cinématographique de Kubrick en 1975 est bien meilleure que le roman (pour une fois !).
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Enthousiasmée par la lecture des Mémoires d'un valet de pied, une chronique drôle et légère, j'ai entamé avec confiance ma lecture des
Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande .........et grande fût ma déception...Les aventures picaresques du jeune Barry se succèdent mais j'y ai trouvé beaucoup de confusion, énormément de personnages qui déboulent d'un peu partout, et surtout un humour que j'attendais et qui n'a jamais pointé le bout du nez. le héros est antipathique à souhait - roublard, fat, imbu de sa personne, et souvent naïf au point de se faire berner par le premier venu.......les aventures qui se succèdent ne sont pas drôles et souvent narrées de façon très brouillonne. le seul avantage que j'y ai trouvé est la peinture des moeurs et des conditions des jeunes recrutés de force dans les armées...
Mon rythme de lecture a été poussif, j'ai quelquefois lu en diagonale et j'ai eu plus d'une fois l'envie d'abandonner.... Je suis parvenue au bout sans réel plaisir de lecture, une lecture donc que je ne recommande pas...........
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Les gens crient haro maintenant sur les hommes qui jouent ; mais je voudrais savoir si leurs moyens d’existence sont beaucoup plus honorables que les nôtres. L’agent de change qui joue la hausse et la baisse, et vend, et achète, et tripote avec les valeurs en dépôt, et trafique des secrets d’État, qu’est-il, sinon un joueur ? Le marchand qui fait le commerce du thé et de la chandelle, est-il quelque chose de mieux ? Ses balles de sale indigo sont ses dés ; ses cartes lui arrivent chaque année au lieu de toutes les dix minutes, et la mer est son tapis vert. Vous appelez la robe une profession honorable, où un homme ment pour quiconque le paye, écrase la pauvreté pour toucher des honoraires de la richesse, écrase le juste parce que l’injuste est son client. Vous appelez honorable un médecin, un escroc de charlatan, qui ne croit point aux élixirs qu’il prescrit, et vous prend votre guinée pour vous avoir dit à l’oreille qu’il fait beau ce matin ; tandis qu’un galant homme qui s’assoit devant un tapis vert et provoque tous les arrivants, son argent contre le leur, sa fortune contre leur fortune, est proscrit par votre monde moral d’à présent.
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Milady et moi, au bout de quelque temps, ne vécûmes guère ensemble à Londres. Elle préférait le repos, ou, pour dire la vérité, je le préférais pour elle, étant grand ami d’une conduite modeste et tranquille chez une femme, et d’un goût pour les plaisirs domestiques. Aussi je l’encourageais à dîner chez elle avec ses dames de compagnie, son chapelain et quelques-unes de ses amies ; j’admettais trois ou quatre personnes décentes et discrètes pour l’accompagner à l’Opéra ou à la Comédie, dans des occasions convenables ; et, ma foi, je refusais pour elle les trop fréquentes visites de ses amis et de sa famille, préférant les avoir seulement deux ou trois fois par saison, dans nos grands jours de réception. D’ailleurs, elle était mère, et c’était une grande ressource pour elle que d’habiller, d’élever et de dorloter notre petit Bryan, pour qui il était bon qu’elle renonçât aux plaisirs et aux frivolités du monde ; en sorte qu’elle laissait à ma charge cette partie des devoirs de toute famille de distinction.
À parler franchement, la tournure et l’apparence de lady Lyndon n’étaient nullement propres à briller dans le monde fashionable. Elle avait beaucoup engraissé, avait la vue basse, le teint pâle, négligeait sa toilette, avait l’air maussade ; ses conversations avec moi étaient empreintes d’un stupide désespoir, entremêlé de sottes et gauches tentatives de gaieté forcée, encore plus désagréables ; aussi nos rapports étaient fort peu fréquents, et mes tentations de l’emmener dans le monde ou de lui tenir compagnie étaient nécessairement on ne peut plus faibles. Elle mettait aussi à la maison mon humeur à l’épreuve de mille manières. Lorsqu’elle était requise par moi (souvent assez rudement, je l’avoue) d’amuser la compagnie soit par sa conversation, son esprit et ses connaissances, dont elle ne manquait pas, soit en faisant de la musique, où elle était passée maîtresse, une fois sur deux elle se mettait à pleurer, et quittait la chambre. Les assistants, comme de raison, étaient disposés à en conclure que je la tyrannisais, tandis que j’étais simplement le mentor sévère et vigilant d’une sotte personne, faible d’esprit et d’un mauvais caractère.
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J’étais souvent dans les vignes du Seigneur ; et, dans cet état, quel gentilhomme est maître de lui ? Peut-être, étant ainsi, ai-je pu traiter milady un peu rudement, lui jeter un verre ou deux à la tête, et l’appeler de noms peu complimenteurs. Je peux l’avoir menacée de la tuer (ce qu’évidemment il n’aurait pas été de mon intérêt de faire), et l’avoir, en un mot, effrayée considérablement.

Après une de ces disputes, dans laquelle elle s’enfuit en criant dans les corridors, et moi, gris comme un lord, je courus en trébuchant après elle, il paraît que Bullingdon fut attiré hors de sa chambre par ce bruit. Comme je l’avais rejointe, l’audacieux gredin profita de ce que je n’étais pas très-solide pour me donner un croc-en-jambe ; et, saisissant dans ses bras sa mère, qui se pâmait, il l’emporta chez lui, où, sur ses instances, il lui promit de ne jamais quitter la maison tant qu’elle vivrait avec moi. Je ne savais rien de ce vœu, ni même de la facétie d’homme ivre qui y avait donné lieu ; je fus emporté /glorieux/, comme nous disons, par mes domestiques, et me mis au lit, et le lendemain matin je n’avais pas plus de souvenir de ce qui était arrivé que de ce qui avait pu se passer quand j’étais à la mamelle. Lady Lyndon me raconta le fait des années après ; et je le cite ici, parce qu’il me permet de me justifier honorablement d’une des plus absurdes imputations de cruauté soulevées contre moi au sujet de mon beau-fils. Que mes détracteurs excusent, s’ils l’osent, la conduite d’un abominable brigand qui donne un croc-en-jambe à son tuteur naturel et beau-père après dîner.
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Les grands et les riches sont accueillis avec un sourire sur le grand escalier du monde ; celui qui est pauvre, mais ambitieux, doit grimper par-dessus le mur, ou se frayer des pieds et des mains un passage par l’escalier de derrière, ou, pardi, se hisser par quelque conduit de la maison, si sale et si étroit qu’il puisse être, pourvu qu’il mène en haut. Le paresseux sans ambition prétend que la chose n’en vaut pas la peine, se refuse entièrement à la lutte, et se décerne le nom de philosophe. Je dis que c’est un poltron sans énergie. À quoi est bonne la vie sans l’honneur ? et l’honneur est si indispensable, que nous devons l’acquérir n’importe comment.
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- [...] Quel ami ai-je ? pas un dans l’univers. Les hommes du monde, tels que vous et moi, ne font pas d’amis, et nous sommes bien sots. Ayez un ami, monsieur, et que cet ami soit une femme, un bon cheval de bât qui vous aime. C’est la plus précieuse sorte d’amitié, car tout ce qui s’en dépense est du côté de la femme. L’homme n’a besoin d’y contribuer en rien. Si c’est un vaurien, elle jurera qu’il est un ange ; si c’est un brutal, elle ne l’en aimera que mieux pour ses mauvais traitements. Elles aiment cela, monsieur, les femmes. Elles sont nées pour notre plus grande consolation, pour notre plus grande commodité ; elles sont… elles sont, moralement parlant, nos tire-bottes ; et pour des hommes de notre genre de vie, croyez-moi, une personne de cette espèce serait inappréciable. Je ne parle que pour votre bien-être physique et moral, remarquez.
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Vous connaissez, bien sûr, cette expression : la foire aux vanités. Mais savez-vous quel roman l'a popularisée, au 19ème siècle ?
« La foire aux vanités » de William Thackeray, c'est à lire en poche chez Folio.
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