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Citations de Wladyslaw Szpilman (107)


Je ne vois qu'une image capable de donner une idée de notre existence pendant cette terrible période et c'est celle d'une fourmilière qui s'affole.
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Postface de Wolf Biermann

Le tableau que ce livre nous donne de la vie quotidienne dans le ghetto de Varsovie est lui aussi plein d'enseignement. Grâce à la description de de Wladyslaw Szpilman, nous en arrivons à mieux saisir ce dont nous nous doutions déjà : la prison, le ghetto, le camp de concentration, leurs baraquements, leurs miradors, leurs chambres à gaz, ne sont pas conçus pour anoblir l'être humain ; la faim ne le rend pas plus sublime, au contraire. Ou, pour parler cru : même derrière les barbelés, une crapule restera une crapule. Mais ce genre de simplifications a aussi ses limites. Il y a eu des vauriens patentés, des escrocs notoires qui ont manifesté bien plus de courage et d'humanité dans ces lieux de souffrance que de respectables petits-bourgeois.

p.302
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Il m'a aperçu, a fait deux ou trois pas dans ma direction et s'est arrêté. Très pâle, il hésitait. Puis ses lèvres tremblantes ont formé un sourire navré, il a levé une main et m'a fait un signe d'adieu, comme si j'étais revenu dans le fleuve de la vie et qu'il prenait congé de moi de l'autre côté de la tombe. Il a tourné les talons.
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Des chiffres, encore des chiffres : sur les trois millions et demi de juifs qui vivaient jadis en Pologne, deux cent quarante mille ont survécu à l’occupation nazie.
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Je pense que la situation aurait été plus supportable sur le plan psychologique, si notre emprisonnement avait été plus patent – bouclés à double tour dans une cellule, par exemple. Une privation aussi radicale de la liberté a une influence directe, indubitable, sur les relations qu'un être humain entretient avec le monde réel. Aucune illusion n'est possible, dans ce cas : le cachot est un univers en soi, qui ne contient que de l'enfermement et n’entretient aucun contact avec cette planète lointaine où les hommes vont et viennent sans entrave. Si vous en avez le temps et l'envie, vous pouvez en rêver, de cet autre monde, mais si vous décidez de l'oublier il ne viendra pas s'imposer à vous de lui-même. Il ne sera pas toujours là, sous vos yeux, à vous tourmenter en vous rappelant l'existence d'être libre qui a jadis été la vôtre.
La vie dans le ghetto était d'autant plus atroce qu'elle gardait les apparences de la liberté, au contraire. Il suffisait de descendre dans la rue pour avoir l'impression trompeuse de se trouver au milieu d'une ville comme les autres. Nous ne prêtions même plus attention à nos brassards de Juifs, puisque nous en portions tous un. Après un certain temps, je me suis rendu compte que je m'y étais habitué au point de le voir sur mes amis « aryens » lorsque je rêvais d'eux, comme si cette bande de tissu blanc était devenue un accessoire vestimentaire aussi banal et universel que la cravate.
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Seulement, l’amour de la liberté est enraciné en chaque individu, en chaque nation. Elle peut être niée temporairement mais non à jamais. L’Histoire nous enseigne que les tyrannies ne durent pas. Et maintenant, nous avons un crime de sang sur notre conscience, l’assassinant affreusement injuste des habitants juifs de ce pays.
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Il ne voient pas que ce massacre insensé des juifs nous a déjà fait perdre la guerre. Nous nous sommes couverts d'un opprobe ineffaçable. C'est une malédiction qui pèse à jamais sur nous.
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Demain, je devais entamer une nouvelle vie. Comment y arriver quand il n’y avait que de la mort derrière moi ? Quelle énergie vitale pouvais-je tirer de toute cette destruction ?
J’ai repris ma route. Un vent féroce secouait la ferraille dans les décombres, s’engouffrait en hurlant dans la bouche noire et béante des fenêtres calcinées. Le crépuscule est arrivé. La neige s’est mise à tomber du ciel assombri, plombé.
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Le mal, la férocité sont toujours tapis dans le cœur humain et il suffit qu'on les laisse se développer librement pour qu'il se mettent à croître, à développer d'obscènes rameaux, à engendrer les idées monstrueuses qui finissent par rendre possible qu'on assassine Juifs et Polonais de cette manière.
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Quand il avait refusé d’entrer dans les forces policières juives, soutenant que c’était un repaire de bandits, Henryk avait eu entièrement raison. Les jeunes recrues étaient pour la plupart issues des milieux les plus aisés et plusieurs de nos relations en faisaient partie. Le choc n’en a donc été que plus grand lorsque nous avons vu ces hommes dont nous serrions jadis la main, que nous avions traités en amis et qui hier encore jouissaient d’une bonne réputation, se conduire désormais de façon aussi méprisable. On aurait dit que la mentalité gestapistes était devenue une seconde nature chez eux. Il suffisait qu’ils endossent leur uniforme et empoignent leur matraque en caoutchouc pour changer du tout au tout.
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Demain, je devais entamer une nouvelle vie. Comment y arriver quand il n'y avait que de la mort derrière moi ? Quelle énergie vitale pouvais-je tirer de toute cette destruction ?
J'ai repris ma route. Un vent féroce secouait la ferraille des décombres, s'engouffrait en hurlant dans la bouche noire et béante des fenêtres calcinées. Le crépuscule est arrivé. La neige s'est mise à tomber du ciel assombri, plombé.

p.264
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Père a été le premier à reprendre la pratique de la musique. Il réussissait à s'abstraire de la réalité en jouant du violon pendant des heures, et si d'aventure on venait l'interrompre avec quelque mauvaise nouvelle il écoutait en fronçant les sourcils, ses traits s'altéraient un instant puis reprenaient une expression dégagée et il calait à nouveau son instrument sous son menton en répliquant chaque fois : "Ah ! peu importe... Dans un mois, les Alliés seront là, c'est certain..." Cette réponse immuable à toutes les incertitudes et difficultés de la période était pour lui une manière de refermer la porte qui protégeait son monde personnel, celui de la musique. Là où il était le plus heureux.

p.42
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Au bout de la rue obscure, j'ai aperçu une palissade en bois toute neuve dans la lumière des projecteurs: c'était la porte du ghetto.
Derrière elle vivaient des êtres libres de leurs mouvements, qui disposaient chacun d'un espace décent.
Ils résidaient à Varsovie, eux aussi.
Mais désormais plus un juif ne serait autorisé à passer par là.
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Les bulletins du front devenaient de plus en plus alarmants, et le 7 septembre, juste avant l’aube, nous avons été réveillés par des coups insistants à notre porte. Le voisin de l’appartement d’en face, un médecin, se tenait sur le seuil en hautes bottes militaires, veste de chasse et casquette, sac à dos sur les épaules. Malgré sa hâte, il avait estimé nécessaire de prendre le temps de nous prévenir que les Allemands marchaient sur Varsovie, que le gouvernement avait été évacué à Lublin et que tous les hommes valides avaient la consigne de quitter la ville pour se regrouper sur l’autre rive de la Vistule, où une nouvelle ligne de défense allait être constituée.
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Au début du printemps 1942, la chasse à l'homme qui avait été jusqu'alors systématiquement menée dans le ghetto s'est soudain arrêtée. Si cela ne s'était pas produit de la même manière deux années plus tôt, les gens en auraient été soulagés ; ils y auraient vu une raison de se réjouir, ils auraient caressé l'illusion que ce changement annonçait un avenir moins sombre.
Mais là, après vingt-quatre mois de pratique quotidienne des Allemands, personne ne pouvait encore s'abuser : ils mettaient fin aux rafles tout simplement parce qu'ils avaient trouvé un meilleur moyen de nous tourmenter.
La question était donc de savoir quelle nouvelle idée leur était venue.
Aussitôt, les hypothèses les plus échevelées ont commencé à circuler, et c'est une anxiété accrue, non un retour au calme, qui a prévalu
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Dix jours ont passé, puis douze, puis quinze. J'étais si affaibli que je n'arrivais même plus à me traîner jusqu'au robinet. Si la Gestapo m'avait surpris à ce stade, je n'aurais pas été capable de me prendre.
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Puis arrivait inévitablement le moment où l'une de vos connaissances laissait échapper une remarque anodine : ce petit groupe s'entendait si bien, prenait tant plaisir à bavarder de concert, qu'il serait certainement fort agréable de partir ensemble en excursion par un beau dimanche. A Otwock, disons ? C'est l'été, n'est-ce pas, le temps paraît vouloir se maintenir au beau fixe... Une envie simple, quel obstacle pourrait vous dissuader de la réaliser ? Et sur-le-champ, même : il suffit de se lever, de payer les consommations, de sortir dans la rue, de prendre la direction de la gare bras dessus bras dessous avec vos joyeux compagnons, d'acheter les billets et de sauter dans le train de banlieue... Oui, l'illusion était parfaite, tous les ingrédients étaient réunis pour vous permettre d'y croire, jusqu'au moment où vous vous retrouviez en face du mur.
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Les premiers décrets promettant la peine capitale aux récalcitrants ont commencé à être placardés sur les murs. Le plus important, qui concernait le commerce du pain, stipulait que toute personne surprise en train d'acheter ou de vendre cette denrée de base à un prix supérieur à ceux pratiqués avant guerre serait abattue sur-le-champ.
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C’est ici que j’allais perdre deux de mes grandes illusions : celle que nous étions tous solidaires face à l’adversité, et celle que tous les Juifs savaient apprécier la musique.
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Alors que nous avions reformé les rangs, il nous a lancé encore un autre ordre inattendu : « Chantez ! «  Nous l'avons observé, surpris. Il a manqué perdre l'équilibre, s'est rétabli en lâchant un rot sonore : « Chantez quelque chose de gai ! » Très amusé par sa plaisanterie, il a commencé à s’éloigner. Soudain, il s'est arrêté et il nous a invectivés, d'un ton menaçant : « Et chantez bien, et chantez fort ! »
Je ne sais pas qui a été le premier à entonner l'air, ni pourquoi c'est cette chanson de soldat qui lui est venue à l'esprit. En tout cas, nous avons joint notre voix à la sienne. Le principal était d'obéir.
C'est seulement aujourd'hui, en repensant à la scène, que je m'aperçois à quel point le cocasse se mêle souvent à la tragédie. Car en cette nuit de réveillon une poignée de Juifs exténués descendaient les rues d'une cité où les manifestations de patriotisme polonais étaient punies de mort depuis des années en chantant à pleins poumons, et en toute impunité, l'hymne si évocateur de la conscience nationale polonaise : « hej, strzelcy wraz ! », « Ohé, francs tireurs, debout ! »
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