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Citations de Xavier Grall (139)


Ci-gît Robin
Aux poètes de Bretagne


Extrait 2

Robin
Robin des ruisseaux et des genêts
Maudits soient qui t'écrouèrent
Fresnes, Santé, Conciergerie, Bastille
c'est fou comme on aime les geôles à Paris
et c'est là qu'ils ont voulu que tu meures
toi, l'homme des steppes et des collines
et des libres espaces sous le vent
là, au Dépôt, entre leurs mains pourries
Dis, Robin, en quel caveau t'ont-ils enseveli
qui a signé la levée d'écrou de ta dépouille
quelle fripouille de leur République de nantis
faut-il désigner aux partisans de colère ?

Robin, poète des longs silences fiers
vagabond des pluvieuses nuits, où dors-tu
la bouche scellée sur l'indicible poème ?
Dis, Robin
en quel village danses-tu avec Ben Barka
le jabadao des suppliciés
si loin, si loin de Rostrenen et Langonnet ?
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J’ai tout aimé de ce qu’il est possible d’aimer. Et si de secrètes larmes ont buriné mes joues, je les bénis tout de même puisqu’il est dit que ceux-là qui ont pleuré recevront la grâce de la consolation.
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- Jean, nous nous dissoudrons dans l’amour et à la fin des temps, nous ressusciterons avec notre corps de jeunesse. Etrange sensualité du christianisme : ces noces éternelles, cette éternité de mai.
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Sur ces dalles, vous mettrez vos pas dans les miens et vous verrez comme il est doux d’y murmurer quelques paroles de grâce quand souffle dehors le grand vent fou du Finistère.
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Mais, mes filles, j’aimerais que dans nos cités, ces lieux de consolation et de joie que sont les églises chrétiennes, s’élèvent crânement, sans honte, et qu’elles soient belles à regarder et que leurs portes soient ouvertes au passant. Une église fermée, c’est une cœur qui se refuse.
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Mes Divines, permettez-moi de vous parler des grands pardons de Bretagne. Nous allions régulièrement en pèlerinage au Folgoët et à Rumengol. C’était des ces grands temps obscurs où il n’y avait pas de prolétariat, mais seulement des pauvres. Comment, mes Divines, vous dire cela ? On marchait longtemps dans le Bretagne d’été. L’on partait tôt le matin. L’on croisait de ces hommes splendides, noir et blanc vêtus, et qui allaient vers les chapelles comme l’on va au paradis. […] Et tout cette nature, avec le bruit des arbres et la rumeur de la mer. Et les saints touchés par toutes ces paysannes mains, et les fontaines aux vertus magiques où avec plus de ferveur qu’à Lourdes venaient boire l’eau, des troupeaux de femme. Quelle allégresse ! Quelle confiance ! Ô Celtes, pour qui la croyance est aussi naturelle que le vent, et qui, sans façon, aviez tenté d’instaurer la démocratie dans une église trop romaine en élisant vous-même et vos pasteurs et vos saints. Ô Moyen-Âge heureux de mon pays ! Mais aujourd’hui les lampes dans les sanctuaires se sont éteintes et c’est tout juste si quelque vénérable chrétienne vient balayer les fientes des oiseaux sur le granit des autels. Ô trésor perdu ! Ô innocence perdue !
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La liturgie est expression. Le rite vaut ce que vaut la foi. Il me semble que l’on a chassé des églises et le mystère et la poésie. Le clergé a voulu être moderne. Et compréhensible. A croire que naguère les temples ne furent fréquentés que par le gratin des sots et des imbéciles ! A présent, tout est clair. L’officiant s’offre en spectacle avec une impudeur dont il n’a même pas conscience.
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Cette allégresse, cette assurance impériale, cette jouissance, il vous suffira de lire l’Ecriture sainte pour les découvrir. Lisez la Genèse. Elle est le livre de l’établissement de notre royauté. Les esprits forts diront que tout là n’est que symboles. Et après ? Pauvres hommes, ils n’accordent valeur aux symboles que lorsqu’ils sont chimiques.
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Mes filles, mes Divines, c’est une révélation. J’ai eu ma préhistoire, mes millénaires de cavernes. Et puis mon temps de poèmes et de bibles. Et voici venue mon ère chrétienne et les lacs de Samarie comment pourrai-je vous les donner à voir ? Et la douceur de Christ quand il a touché Lazare de ses humaines mains ? Et les larmes qui coulaient de ses yeux quand il avait appris que son ami s’était abîmé dans la mort. Vous aurez vous ténèbres et vous posséderez votre matin. Chaque être recommence pour son propre compte le cycle de l’humanité. En raccourci.
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J’ai tout aimé. C’est mon honneur. Vous ne me retirerez pas cela. Non pas cela. Pas cette faim en moi des autres jusqu’à m’enivrer, pas cette gourmandise-là. Tous les chemins courent entre les haies d’été vers la rencontre heureuse d’Emmaüs. Et nous sommes sauvés et nous ne le dirions pas ?
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J’aimerais partir
À la mémoire de Georges de Braux



extrait 2

J’aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
Sur ma tombe, non pas la sculpture des gémissements
mais le ruissellement des harpes caressantes
non pas l’obsession des glas au bronze triste
mais le triomphe des sonneurs en bretonne parure
et la jubilation verte du houx sur ma croix dressée


J’aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
Non pas sur mon corps les chrysanthèmes corruptibles
mais le déploiement du genêt en sa durable verdeur
Non pas le caveau muet souillé de ténèbres
mais pour mon âme errante la granitique ferveur des
     chapelles
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J’aimerais partir
À la mémoire de Georges de Braux



extrait 1

J’aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
quand cinglent vers l’Amérique les oiseaux chanteurs
la gorge pleine de sônes et de musiques

Car il reviendra le temps des vivants
dans la divine enfance des grèves et des îles


J’aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
quand les soleils neufs nient les ossuaires humides
Mains, mains défuntes, emplissez-vous de lumière
     jonquille
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Tu lis ton ascendance
À Marguerite David
ma mère



extrait 3

Sur les toits crevés, l’empire sépulcral du hibou
la houe ne crisse plus dans la gorge des hectares
Où sont les colombes qu’émouvaient les greniers
engorgés de jeunes semences ?

Toi, fils des rois, fils de rien

C’est pourtant là que subsiste ton royaume
la mort peut chanter victoire de ses gencives de chienne
glapir ses jaunes triomphes dans le chancre des façades
la mort elle aussi est mortelle
puisque ton sang gicle au cœur de l’aubier
sa sève fabuleuse

Toi, fils des rois, fils de rien
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Tu lis ton ascendance
À Marguerite David
ma mère



extrait 2

Tu peux rêver ta marche et ta complainte
les merles frileux te disent de filer
et les fous emmurés dans leurs solitudes
proclament de te taire
Non pas le royaume des morts
mais l’asile – et la plainte verte du genêt
dans les crânes qui chavirent

Toi, fils des rois, fils de rien

Le Bréou, Leintan, Lannéanou
Nul sortilège, nul rire aux lieux des parentages
mais la boue sur la boue
Et le houx gèle aux feux des murets

Toi, fils des rois, fils de rien
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Tu lis ton ascendance
À Marguerite David
ma mère



extrait 1

Tu peux marcher sur la tourmente des brumes
quérir ta paysanne genèse dans les hameaux déserts
la chair est d’argile de ton clan dévasté
et le vent du Cragou dans les sapins résignés
craque un requiem aux marnes lascives
Quel néant hurlant d’ahan !

Toi, fils des rois, fils de rien

Tu lis ton ascendance sur le livre des brandes
mais sur les tombes de roc le cri du corbeau Brann
et les portes branlantes au couchant des masures
te clament des morts d’ambre dans le fond des brisures

Toi, fils des rois, fils de rien
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 29

Mais moi je te chante mon pays
avec tes morts et tes vivants
et tes coques de pins et tes cargos de fer
je te chante, moi, Grall Xavier Marie
je te chante pour ta folie
pour tes bagages de rêves
pour tes Chouans, ô ma Celtie.

Il faut chaque jour gagner sa légende
il faut chaque jour célébrer la messe de l’univers.
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 25

Notre-Dame des printemps
quand dans l’aubier descendent les grives
et les ramiers dans les aulnes
des oiseaux du Levant et des Antilles
heureux,
s’en viennent aimer dans la rédemption
de tes îles.

Sous le vent
les marins parlent des Canaries
sous le vent
les terriens rêvent de Bali
les barques souquent leurs chaînes
et les cargos ont de gros yeux de buffle affamé
à l’écubier.
On va partir
good bye, kénavo.
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 19

Cet aujourd’hui ne sait plus rêver
cet aujourd’hui ne sait pas ce que veut dire le mot île
et le mot Feroë.
Mon îlienne,
en ce siècle mathématique
technique
atomique
chimique
dis-leur le poème de la mer
le prodige du matin
et le miracle du vent.
Et dis-leur la jubilation des capitaines
qui s’en venaient de Madère
dans l’assomption d’une misaine.
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 17

Je te salue ma mère
dans les puissantes nefs
qu’érigèrent mes pères
marins de Cornouaille
et paysans des paluds
mes pères qui chantaient dans la mousson des brumes
la nostalgie des soleil et des Valparaisos perdus.

Garde en toi, préserve, ma mère
la religion de l’univers
et que de ta bouche de houle
jaillisse la rogation de toutes terres
ah, refuse ces messes modernes
où des militants tristes et navrés
ne savent plus chanter ni tressaillir
ô les vaincus !

Je te salue, toi l’ancienne
presqu’île d’archanges et de cormorans
toi dont la géographie
est une religion
et le rivage, une antienne.
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 16

Enfant tu me gavas de mélancolies
les lièvres déchirés
agonisaient dans les glaïeuls
et dans les monts d’Arrée
je m’en allais, manant en deuil
ô Vendredi saint des bêtes crucifiées
ô sang des gibiers innocents
ô croix des Christs en allés
ô glas de Bretagne
ô Léon, ô Trégor baptisés.

Garde la foi au tréfonds de ton âme
garde le blé et le raisin des croyants
et la noblesse de Compostelle
toi qui chaque soir sur la mer
relis la bible et le rituel
toi qui n’a jamais pu voir se lever le soleil
sans que jaillissent de ta gorge de Mai
les bannières des cerisiers.
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