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Citations de Xavier Grall (139)


Xavier Grall
Je voudrais te transmettre le frisson des départs dans l'allégresse des matins silencieux.
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Je vous salue mes grands oiseaux
qui couvez dans mon cœur des
élans maritimes
je vous salue brousse de houles
je vous célèbre forbans et paladins
je vous salue conquistadores
des Vahinés et des butins.

J'ai vu, Amer,
des eaux pareilles au lait
des chamelles rieuses
féconder les vallées chérifiennes
ô vie, ô séguias, ô glèbe femelle!
A Témara, prés de Salé
j'ai pleuré sur la splendeur
des mers sarrazines désertées.
Et j'ai rêvé de toi, gardienne
de l'extrême Ouest.
Ah quand allierai-je à tes noroîts
le miel des aurores africaines?
Ah quand allierai-je la vigueur de tes chênes
à la sensualité des figuiers ?
....................................................................

Et ceci sera mon testament
à mes Berbères je lègue
les oiseaux des Glénan
et le sourire de Concarneau
à mes Berbères je lègue
l'allégresse des fontaines
et les printemps du pays Gallo.
Et ceci sera mon testament
à mes amis je lègue
l'alliance de l'Ouest et du Sud
le mariage des dolmens
et des mosquées
et les fiançailles des roses
d'avec les oliviers.
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Mais moi je te chante, mon pays
avec tes morts et tes vivants
et tes coques de pins et tes cargos de fer
je te chante, moi, Grall Xavier Marie
je te chante pour ta folie
pour tes bagages de rêves
pour tes Chouans, ô ma Celtie.

Il faut chaque jour gagner sa légende
il faut chaque jour célébrer la messe de l'univers.

Je te chante avec ma bouche dans la bouche de tes vents
je te chante avec mes mains dans la main de tes landes
je te chante, moi, Grall Xavier Marie
pour la liturgie de tes focs et la charité de tes misaines
pour tes marins perdus pour tes grèves de laine
et tes puissantes houles et tes doux paradis.

Notre-Dame des îles et Notre-Dame des goémons
Notre-Dame des navires et Notre-Dame des houes
Notre-Dame des marins et Notre-Dame des forbans
priez pour moi, l'Infidèle, pèlerin de tous les océans
et priez pour moi dans vos pardons au centre de vos étés
Notre-Dame des mimosas et Notre-Dame des genêts
priez pour moi à Raz, Molène
et Douarnenez.

Ah quand je mourrai
enterrez-moi à Ouessant
avec mes épagneuls
et mes goélands
ah quand je mourrai
mettez-moi en ce jardin de gravier.
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La pitié est, en définitive, la merveille de l'Univers. Il n'est pas une oeuvre littéraire ou artistique qui ne s'en trouve inspirée. Pensez à Dostoïevski, à Tolstoï, à Rembrandt, à Cézanne, à Rouault. Il n'y a pas de création sans Miséricorde. Tous les hommes de génie ont été des âmes de Pitié. Et cette houle intérieure est, en définitive, la semence admirable de la musique et du poème.
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On ne devrait jamais fermer la porte d'une église. Et même si les hommes légers n'y viennent jamais, encore faudrait-il la laisser ouverte afin qu'y rentrent le soleil, l'oiseau blessé, le chien perdu, le fugitif et l'âme errante...
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C’est toujours le même port. Les mêmes oiseaux du matin criant de joie sur les vagues de la mer. Ce sont les mêmes maisons de pêcheurs, propres et nettes, enfantines au bord de la route. Et comme la morte-eau, tranquille sur le sable, abandonne l’arc de la grève au soleil, le jour neuf délivre mille douceurs. C’est Trévignon, autrement dit la Pointe…


Ici aussi, les migrations estivales ont amené des êtres étranges. Ils sont rouges, tout cuits ! Ils portent des petites boîtes noires qui transistorisent des chansons idiotes. Ils ne doivent pas aimer le silence de la mer. Ils amènent avec eux les bruits de la ville. Et la poitrine sur le zinc, d’avantageuses créatures, fardées et faubouriennes, commandent sans façon le pastis rituel. C’est vrai : il existe une certaine vulgarité touristique. Elle souille nos rives et nos paysages. Je me réjouis d’être d’ici, sauvage, autochtone.


Les commerçants de Concarneau ont sorti leur camelote. La bretonnerie atroce fait recette : faïences mièvres, bricoles vaguement celtiques, poupées de Cornouaille. On ne vend pas encore la tête de Jakez Hélias sous un chapeau breton. Ca viendra, vive les Bretons !


Ce sont toujours les mêmes routes, fantaisistes, sous la bannière des châtaigniers, mes routes secrètes, cantonales et vicinales, les routes bergères, vachères, paysannes et odorantes qu’enchantent les tourterelles. C’est l’été surtout que je les emprunte, puisque les touristes, toujours empressés, les négligent. Et parfois je m’arrête pour écouter mon vrai pays, cette Bretagne qui moissonne ses blés et ses avoines, qui parle sa propre langue dans la cour de ses fermes et qui débouche son cidre rieur sur la longue table, par les après-midi lourds, pleins de mouches et d’abeilles. Et je retourne à Botzulan et puis voilà l’été…
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Les vies
     
Les pays, les mondes, les êtres que je n’aurais jamais connus, il m’arrive de les regretter. Et d’autant plus que nous passons souvent à côté des hommes et des femmes qui eussent pu nous être amis.
Choisir, n’est-ce pas parfois se couper une main, se fendre le coeur ?
Se sentir jeté hors de soi, vers l’autre. Et le mouvement inverse : se retrancher. Cette oscillation continuelle, tel le flux de la mer, et son reflux. Le coeur tantôt nomade, tantôt sédentaire. Je suis de ces êtres qui attendent toujours quelqu’un — ou autre chose. Il arrive que l’on m’en fasse reproche. Mais à notre demeure ne faut-il pas laisser une porte toujours ouverte ?
Face au ciel aigre de Botzulan où, dans la consommation de l’hiver, croisent les oiseaux marins et ceux de terres, je pense à toutes mes autres vies possibles. A défaut de les vivre, rêvons-les…
J’ai rêvé d’être nomade au Maroc, barde en Irlande, sculpteur au Pérou. J’aurais aimé marquer les routes, enchanter les tourbes, graver les pierres. Loin, vite, ailleurs…
Pourtant cette vie-ci n’est-elle pas la meilleure? Regardons-la en face.
A défaut des pistes du soleil, les chemins de la mer. A défaut de l’Irlande, la Bretagne — cette république sœur. A défaut des stèles, les écrits brefs, les poèmes. Et une liberté précieuse, voire princière. Et une femme, et cinq filles, tendrement, m’accompagnent dans la ronde des jours. Et sous le vent de deux chênes, ma demeure.
Allez-vous-en, mes autres vies ! Je vous crée, je vous imagine. Peut-être un jour vous raconterai-je.
Écrire, n’est-ce pas, c’est se donner…
     
12-II-75
     
(p.90)
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Ne me parlez pas de moi
Sur ma tête mettez une pierre
D'argile blanche
Et parlez-moi de la terre.
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 12

Le monde est si beau
que j’en deviens fou.
J’ai vu les genèses
loin de tes feux
tu mugissais ma Marinière
dans tes cornes de brume
quand la lumière du grand Midi
jetait son litham dans mes oasis
et mes saharas bleus.
Alors je fus ton Infidèle
là-bas au cœur du bordj et du ksar.

Mais j’aurais aimé que dans ton sein de roc
vinssent chanter les canaris
et croître les oliviers
j’aurais aimé resculpter ton visage
dans l’argile berbère
et dans le bronze Targui.
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Xavier Grall
À l’Ondine


Je te prendrai dans l’émotion des landes
muettement tu embrasseras ma terre
Je te prendrai dans la clarté des fontaines
avidement je te boirai
Tu portes mes amours mauves
dans la source des prunelles
écoute
les ajoncs et les plantes
vont chanter pour nous deux
la nuit fertile, la plage fraternelle
Nous referons cette Cornouaille mortelle
secrètement
dans le lit des hautes herbes
je te prendrai dans la grange verte
et ton corps aux semences mélangé
concevra tout un pays de fougères
et de genêts.
Ma belle amie sur la grève allongée
comme moi désire la mer
laisse-toi chavirer sous le vent des navires
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Seigneur me voici c'est moi
J'arrive de lointaine Bretagne
O ma barque belle
Parmi les bleuets et les dauphins
Les brumes y sont plus roses
Que les toits de l'Espagne
Je viens d'un pays de marins
Les rêves sur les vagues
Sont de jeunes rameurs
Qui vont aux îles bienheureuses
De la grande mer du Nord
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O femme, ma bourgade de gamines
Mon dimanche d’écolier, ma chaumine
Mon amour mauve, mon beau gilet
Brode des bleuets sur le lin des détresses
Et couvre-moi de la liesse des grands arbres
Afin que je t’aime encore, une prochaine fois.
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Roi des eaux et des mondes
Au revoir et kenavo
Saluez pour moi
François Villon Arthur Rimbaud
Les anciens et les nouveaux
Les voyous et les voyants
Les croyants et les fous
Max Jacob et Verlaine
Perros et Guillaume de Machaut
Je leur offre mon solo
Avec un brin de marjolaine
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Le rituel breton
– poème lyrique –
Pour Ulysse, s’il revient en Armorique



extrait 24

Je te salue cantate de pierre
et de haute marée
je te salue psaume du littoral
je te salue chorale des noyés millénaires
perdus dans les vaisseaux
couronnés de mystères
qui s’en venaient des Guadeloupes milliardaires
en creusant des prières
dans les entrailles des eaux.

Je te célèbre pavois des prince boucaniers
tannés au rhum brun des vents
je te célèbre Ouest, havre vert
des butins et des songes.
Il faut chaque jour gagner sa légende
il faut chaque jour célébrer la messe de l’univers.
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J'AIMERAIS PARTIR.



A la mémoire de Georges de Braux




J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
quand cinglent vers l'Amérique les oiseaux chanteurs
la gorge pleine de sônes et de musiques
Car il reviendra le temps des vivants
dans la divine enfance des grèves et des îles
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
quand les soleils neufs nient les ossuaires humides
Mains, mains défuntes, emplissez-vous de lumière jonquille
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
Sur ma tombe, non pas la sculpture des gémissements
mais le ruissellement des harpes caressantes
non pas l'obsession des glas au bronze triste
mais le triomphe des sonneurs en bretonne parure
et la jubilation verte du houx sur ma croix dressée
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
Non pas sur mon corps les chrysanthèmes corruptibles
mais le déploiement du genêt en sa durable verdeur
Non pas le caveau muet souillé de ténèbres
mais pour mon âme errante la granitique ferveur des chapelles
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
avec des amours non pas gisantes dans mon cœur bouleversé
mais des amours droites et miséricordieuses
Non pas nu, glacé, mais dans une vêture de tièdes bruyères
comme s'en va à la mer la radieuse Aven en son Armorique
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
J'aimerais partir a l'heure matutinale des tourterelles
les lèvres pressées sur les lèvres de mon pays fatal
Amant de ma terre, mon cœur au vent, ô mon navire
j'aimerais partir ivre et bon, chérissant l'ombelle et l'embellie
j'aimerais partir sur la mer paradis
scellant les pleurs et les chagrins
sous la pudeur du chaume et le grain des pierres rituelles
J'aimerais partir le jour premier du printemps
dans les doux plis de la mort primevère
car il reviendra le temps des vivants
dans la divine enfance des grèves et des îles
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Eh oui, il fut un temps où les harpeurs bretons émouvaient l'Europe dans un ruissellement de musique que l'aristocratie la plus raffinée ne détestait pas. Ils allaient, ils chantaient, ils enseignaient. Ils étaient les fils de ces grands rêveurs qui ne séparaient pas la marche de la vie et la vie de l'épopée. Ils étaient les bardes derniers du monde enchanté. Ils avaient débarqué au Ve siècle en Armorique, tenant la harpe au-dessus de la mer, et la faisant frémir pour le ravissement des clans qui allaient féconder ces terres et créer cette patrie qui allaient devenir la Bretagne historique. Ils purent pendant six cents ans se livrer à leur art, charmer les cours et les peuples. La poésie était leur royaume et le royaume de Bretagne s'affaissa dès lors qu'il fut contraint, en grande partie sur l'ordre du clergé, de cacher ses harpes et de mettre une sourdine à sa voix magique. Les druides avaient été tués. Ce n'étaient pas assez. Il fallait étouffer les bardes, comme si le métier de poésie poussé jusqu'à sa plénitude avait porté les tenants du pouvoir à le considérer comme factieux, voire hérétique. Les premiers poètes maudits d'Occident sont les poètes bretons. La harpe disparut des manoirs et des fêtes. Et ce fut aussi triste qu'un saule qui meurt de n'entendre plus le vent chanter dans ses feuilles.

Chapitre V, le chant du monde, p172-173.
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Son âme dans le couloir


Extrait 4

    Il a mis son âme dans le couloir, avec ses songes, ses
rires et ses amours crevés. Et dans la stagnation de l’hiver,
dans la dureté blanche de l’hiver, il se regarde comme un
épouvantail idiot, les bras en croix, de noires corneilles dans
les orbites défuntes, pieu fixé dans la roide terre tombale
et sédentaire.

    Il ne partira pas.
    Il ne partira plus.
    Il ne partira plus jamais.

     « Bah, c’était un poète » murmurait les paysans.
Avec pitié...
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Son âme dans le couloir


Extrait 3

    Il a mis son âme dans le couloir et il la laisse là, telle une
étrangère qui ne sait plus s’il est permis de pénétrer dans la
demeure aux fenêtres aveugles, aux bancs cassés.

    Son âme dans le couloir, brisée, sanglote une complainte
de la Chandeleur. Son âme en Février comme une lampe qui
vacille.

    Il a mis son âme dans le couloir, n’entendant plus l’appel
des collines, la chanson violette de l’Arrée, la verte objurgation
de la mer.

    Son âme dans le couloir, comme une chienne perdue, se
couche pour mourir entre l’horloge de Kemper et les photos
de famille.
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Xavier Grall
"...Et c’est en titubant
À Botmeur, Commana et Brasparts
Qu’ils arpentent les chemins du néant
Face à la haine des pierres et au cynisme des ifs
Nos déments, nos semblables, nos frères…"

Extrait : Les déments
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(P. 23)
Dans un lit de fougères et de néfliers
assise, agonise
amante navrée des terres navrantes
la chapelle de Korréguer
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