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Critiques de Xiaolong Qiu (597)
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La bonne fortune de monsieur Ma

Monsieur Ma, modeste libraire d’un petit quartier de Shanghai, n’a jamais fait de mal à une mouche. Parce qu’il possède un livre non traduit en chinois, qui plus est à propos d'un médecin russe contre-révolutionnaire, le docteur Jivago, il est pourtant arrêté un soir de 1962 et condamné à trente ans d’emprisonnement pour subversion. Libéré au bout de vingt ans, il surprend tout le monde en se lançant dans une nouvelle activité…





En soixante pages, tout est dit sur le quotidien de ce petit quartier et de ses modestes habitants, dont la vie peut à tout instant basculer de la manière la plus inattendue et la plus arbitraire. Une simple parole d’apparence anodine, et la répression foudroie l’un d’eux sans qu’on l’ait vue venir, dans l’impuissance coupable des voisins. Soulagés d’y avoir encore échappé pour cette fois, tous se cramponnent à leurs efforts d’invisibilité, qui leur permettront, peut-être, de ne pas être les prochains sur la liste.





L’ironie n’est pas absente de cette narration qui fait écho aux persécutions subies par l’auteur et son père dans la Chine maoïste des années soixante. A malin, malin et demi. Même si les romans sont interdits pendant la Révolution culturelle, c’est bien un livre qui aura ici le dernier mot, l’ignorance et la bêtise des uns ne pouvant l’emporter définitivement sur l’appétit de connaissances des autres. A cette histoire, une morale : « Il n’est pas facile d’être ignorant » et « Lire des livres est toujours profitable ».


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

Désolée pour l'héroïne rouge, mais sa mort m'a fait passer un excellent moment de lecture... Je vous recommande donc cette enquête politico-policière très pittoresque, notamment si vous cherchez un polar original ou êtes curieux de découvrir la Chine moderne.



Le héros, l'inspecteur principal Chen, ne ressemble pas du tout à l'archétype du policier tel qu'on le retrouve dans les polars américains ou scandinaves d'aujourd'hui : il n'est pas alcoolique, ni divorcé, ni dépressif, ni violent, ni solitaire... C'est un érudit un peu mélancolique, poète à ses heures perdues et grand amateur de citations, qui a réussi à tracer son chemin dans les méandres de la police de Shangai (et du Parti Communiste) jusqu'au grade envié d'inspecteur principal. Toujours célibataire malgré ses 35 ans, décalé et attachant, il mène l'enquête avec sérieux, diplomatie et intuition, un peu comme pouvaient le faire les héros d'Agatha Christie et autres Conan Doyle...



... mais dans un univers complètement différent et extrêmement bien rendu, à savoir la Chine des Années 1990, tiraillée entre l'ouverture économique au capitalisme et le conservatisme politique, avec un Parti communiste omniprésent et omnipotent. Plus précisément Shangai. L'auteur évoque pas mal de sujets, graves ou légers, au travers des collègues et amis de Chen, plus loufoques et attachants les uns que les autres : la gastronomie souvent, le népotisme, les problèmes de logement et autres difficultés économiques, la répression et les dénonciations, les relations avec les étrangers, l'hypocrisie et la manipulation des médias, la vie quotidienne, la Révolution Culturelle et ses suites... C'est instructif et intéressant.



Aucun bémol pour moi donc, pas même le rythme, beaucoup moins languide et lent à mes yeux que dans 'Les courants fourbes du lac Taï' du même auteur. Je termine donc en disant : à bientôt, inspecteur principal Chen, je vous retrouverai avec plaisir !
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La bonne fortune de monsieur Ma



Découvert dans la boîte à livre de mon quartier," La bonne fortune de Monsieur Ma", un très court roman de Qiu Xiaolong, 64 pages, lu en peu de temps, une écriture simple, une histoire qui se déroule dans un quartier de Shanghai, la cité de la Poussière Rouge en 1962. Mr Ma vit simplement avec son épouse des revenus de leur librairie, ils sont loin de faire fortune, mais sont heureux. Jusqu'au jour où l'on vient l'arrêter. Tout le voisinage s'interroge sur cette arrestation. Il s'avère qu'il détenait dans sa librairie le livre Le Docteur Jivago en anglais, livre qui n'était pas traduit en chinois. Pour cette peccadille, il écope de 30 ans de prison. Il en sort 10 ans avant la fin de sa peine, meurtri, vieilli. Il retrouve sa femme et le quartier s'organise pour qu'il puisse rouvrir sa librairie, demande de licence .... tout dure des mois dans ce pays. Mais Mr Ma ne veut plus d'une librairie. En prison, il a eu le droit de lire un seul livre, un livre sur les herbes et leurs bienfaits, d'où lui vient l'idée de créer une herboristerie. Dans la République Populaire de Chine, on ne rigole pas. Ce tout petit livre nous parle d'une époque de ce pays, 1962-1982, période de la révolution culturelle, on est transporté dans un monde inimaginable pour nous. Un monde où l'on est bien peu de chose.

Une belle découverte de cet auteur que je ne connaissais pas.

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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

Nom d'un petit canard laqué ! Cela se peut-il que ce  corps retrouvé sans vie soit celui de la camarade Hongying , Travailleuse Modele de la Nation ? Quel immonde porc au caramel a-t-il bien pu s'en prendre à ce modele de vertu , à cette icône féminine pronant haut et fort un productivisme épanouissant et libérateur ? L'inspecteur Gadget étant retenu au contrôle technique , l'inspecteur Harry en RTT , le choix se porta tout naturellement sur les deux éminents poulets au curry que sont l'inspecteur Chen – eu égard à sa cadence de travail – et son adjoint Yu .

Bienvenue au pays de la pensée unique...



Qiu Xiaolong , grand amateur de T.S. Eliot devant l'éternel , fait dans le polar gastronomique , poétique et sociétal ! Rien que ça ! A mille lieues des codes Américains , l'auteur instaure , au travers d'une enquete somme toute classique , un rythme tranquille - sorte de petite musique paisible que rien ne vient jamais troubler – et pourtant parfaitement légitime malgré le genre ! Et si Xiaolong venait d'inventer le polar zen ?

L'histoire déboule à la vitesse d'un pousse-pousse en pause déj' ce qui ne nous empeche pas d'adherer totalement aux sereines investigations de notre inspecteur poete et de son acolyte ! L'auteur a pris le parti - et il a plutot interet vu le modele ambiant - de se baser sur un triste fait divers afin d'éduquer le lecteur - dans une moindre mesure que des millions de Chinois le furent dans les laogai , période Mao - , lui décrivant ainsi une Chine post révolution culturelle , mélange délicat d'ultra libéralisme assumé et de modele soviétique toujours fortement ancré dans les mentalités ! Nous sommes à Shangai , en 1990 , sous l'ere Deng Xiaoping . Le comité central , véritable pieuvre tentaculaire , contrôle actes et pensées de ce bon peuple chinois nouvellement émancipé ! Difficile , dans ces conditions , de vouloir faire éclater la vérité , surtout lorsque celle-ci semble pouvoir éclabousser un membre éminent du parti !

Un premier roman érudit qui fait la part belle à l'ambiance . Xiolong immerge le lecteur en un monde apre ou l'oligocratie , voire l'autocratie semblent avoir encore de beaux jours...

Chen a la justice chevillée au corps mais aura-t-il le courage d'aller à l'encontre du parti au risque de tout perdre ? Tantot poetique , tantot tristement réaliste , Xiaolong assoit un récit savant en décortiquant magistralement les rouages politiques et sociaux d'une Chine à deux vitesse ! Confucius a dit : il vaut mieux etre un gros panda bien portant qu'un petit scarabée anémique ! Preuve qu'il ne disait pas que des conneries l'Raymond !

Reprise du challenge ABCTJD 2011 /2012 , yes i can – 5 !

On the road again !

Saperlipopette , je viens de me faire griller par Hahasiah , galanterie oblige;)



Mort d'une héroine rouge , naissance d'un écrivain en devenir !

Te voilà prévenu camarade lecteur..
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Les couran..

Retrouver régulièrement l’inspecteur Chen Cao à travers ses enquêtes est devenu un véritable rituel pour ma part… Donc, depuis plusieurs années, je lis une de ses aventures et plonge grâce à son auteur dans la Chine moderne et plus principalement dans le coin de Shanghai.

Cependant, dans « Les courants fourbes du lac Tai », Chen va partir en congés sur la proposition de son « protecteur » et se retrouve dans un coin fort prisé des touristes : Wuxi, ville qui compte actuellement près de 6 millions d’habitants au bord du lac Tai. Ce lac est le troisième plus grand lac d’eau douce de Chine…

C’est la pollution qui est au cœur de cette histoire et plus précisément la pollution de ce lac qui est victime des déversements des usines implantées dans son secteur…

Chen va rencontrer une jeune ingénieur, Shanshan, qui est aussi une écologiste engagée…Engagée au point d’être surveillée par la sécurité intérieure et d’être immédiatement soupçonnée quand le patron de l’usine ou elle travaille est assassiné…

La jeune femme ne va pas laisser notre inspecteur indifférent, mais je ne vous en dirais pas plus à ce sujet….

Cette fois ci, le gourmet éclairé qu’est l’inspecteur Chen ne va pas nous faire découvrir beaucoup de nouvelles spécialités culinaires même si Wuxi n’en manque pas…mais avec toutes les algues vertes qui envahissent le lac Taï, il a vite compris (et nous aussi d’ailleurs) qu’il vaut mieux se rabattre sur des denrées un peu plus sures…

Cette histoire est pour l’instant une de mes préférées, et pas seulement à cause de la thématique…L’équilibre entre la personnalité du personnage principal, poète toujours aussi doué et l’enquête montre que l’auteur, Xiaolong Qiu, est arrivé à un roman bien abouti.



Challenge Mauvais Genres 2021

Challenge ABC 2020/2021

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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

Première lecture de 2016 et premier coup de cœur. Je ne connaissais absolument pas l'auteur même si j'avais croisé quelques bonnes critiques et c'est en écoutant un podcast ou l'auteur parlait de ses romans que j'ai eu envie de découvrir Mort d'une héroïne rouge, premier enquête de l'inspecteur principal Chen.



L'intrigue est vraiment reussite et même si on soupçonne depuis un moment le coupable, on suit avec plaisir l'avancement de l’enquête et la recherche de preuves. Les personnages principaux sont attachants : Chen est un flic loyal, ainsi que Yu et je prendrais beaucoup de plaisir a les retrouver dans de futur enquêtes.



Au delà de ça, c'est une plongée dans la Chine qui est passionnante. On découvre un pays totalement différent, avec ses coutumes, ses croyances et surtout sa politique.

J'ai également salivé devant toutes les descriptions de nourriture qui semble toutes plus appétissantes les unes des autres :

"Son expérience des préparatifs d'une fête était limitée. Un livre de cuisine a la main, il se concentra sur les recettes indiquées comme faciles. Même celles-là prenaient un temps considérable, mais des plats colorés apparurent l'un après l'autre sur la table, ajoutant à la pièce un agréable mélange d'arômes.

A 6 heures moins 10, il avait fini. Il se frotta les mains, très satisfait du résultat de ses efforts. Comme plats principaux, il y avait de gros morceaux d'estomac de porc sur un lit vert de napa, de fines tranches de carpe fumée posées sur des feuilles fragiles de jicai et des crevettes à la vapeur décortiquées avec de la sauve tomate. Il y avait aussi des anguilles aux poireaux et au gingembre commandées dans un restaurant. Il ouvrit une boite de porc à la vapeur Meiling et ajouta des légumes verts. Il posa à côté un petit ravier de tomates en tranches et un de concombre. A l'arrivée des invités, il ferait une soupe avec le jus du porc et une boite de légumes au vinaigre.

Il était en train de choisir une casserole pour réchauffer l'alcool de riz de Shaoxing quand la sonnette retentit.

Wang Feng, jeune reporter au Wenhui, l'un des journaux les plus influents du pays, était la première arrivée. Jeune, séduisante et intelligente, elle avait tout de la journaliste qui a réussi. Mais ce soir-là, elle tenait a bout de bras un énorme gâteau aux pignons, et non son porte-documents de cuir noir.

- Félicitations, inspecteur principal Chen, dit-elle. Quel appartement spacieux !"
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

En mai 1990, le cadavre d’une jeune femme est retrouvé dans un sac en plastique au bord du canal Baili à une trentaine de kilomètres du centre de Shangaï. L’inspecteur Yu étant de permanence, c’est l’« équipe spéciale » qui va se saisir de l’affaire, avec à sa tête l’inspecteur principal Chen Cao, trente-cinq ans, qui est aussi un poète publié et reconnu. La victime, Guan Hongying, était une « travailleuse modèle de la nation » : l’affaire est donc très sensible. L’enquête se déroule avec pour arrière-plan les réformes économiques de Deng Xiaoping, qui n’empêchent pas le Parti d’être tout-puissant, même si son intérêt, objectif suprême, est parfois difficile à distinguer en ces temps de changements et tout de suite après la déflagration des événements de la place Tienanmen en 1989, ce qui peut donner lieu à des faux pas potentiellement très dangereux. Le camarade Chen doit être extrêmement prudent et diplomate. ● Il y a un meurtre et une enquête de police : c’est donc un roman policier. Mais le livre vaut surtout pour l’immersion qu’il propose dans la Chine du début des années quatre-vingt-dix et dans les commencements de la cohabitation entre un Parti communiste qui reste tout-puissant et omniprésent et l’enrichissement capitaliste de quelques-uns : c’est une période de transition très intéressante. ● On découvre aussi les « ECS », « Enfants de Cadres Supérieurs » du Parti, c’est-à-dire enfants des révolutionnaires de la première heure, qui sont extrêmement privilégiés simplement à cause de leur naissance : voici le paradis communiste. Grandes demeures, voitures luxueuses, nombreux domestiques, vie « décadente » à la manière de la « bourgeoisie occidentale »… tout leur semble permis. ● Parallèlement, on se rend compte de la pudibonderie de la Chine communiste, de l’aspect conventionnel des mœurs de ses habitants, ou du moins de ce qu’ils en montrent à autrui, et aussi de l’influence moralisatrice de Confucius, souvent cité. ● Les conditions de vie de la plupart des gens sont très difficiles ; avoir un appartement même minuscule est un rare privilège ; la norme est de vivre en collectivité, d’avoir une chambre par famille dans un immeuble où tout le reste est collectif. ● On a aussi de nombreuses descriptions de plats originaux et alléchants ; les personnages sont souvent en train de manger ! ● Ceux-ci sont complexes et intéressants, en particulier le « camarade inspecteur principal », qui cite de la poésie à tout bout de champ. ● Quant à l’enquête, elle est très lente et poussive, elle manque de rythme, et, en outre, elle est très simple, quasiment sans rebondissement, on comprend tout dès le début, et cela m’a déçu, même si j’ai bien compris que ce n’était pas l’intérêt principal du roman. Je n’apprécie guère ce genre de faux roman policier.
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La bonne fortune de monsieur Ma

Faut-il lire les auteurs exilés ou les auteurs habitant encore le pays pour bien comprendre la vie dans les régimes autoritaires ? Lire un auteur chinois exilé nous permet de nous assurer d'avoir un propos exempt d'auto-censure (quoique) mais nous ne pouvons nous empêcher de nous dire que le regard de ces expatriés est aussi faussé par la distance avec le quotidien qui s'installe après leur départ. Liberté ou authenticité, est-ce vraiment un choix ?



Petite introduction thématique pour ce très très court roman (60 pages)... disons donc une nouvelle. Qiu Xialong, dont la famille était ciblée par le régime, a pu profiter d'études aux États-Unis en 1988... pour y rester suite aux évènements de Tian an Men. Il continue à écrire sur son pays depuis les années 2000, via une série de romans avec un angle policier, mais aussi quelques nouvelles, le tout publié en France par Llana Levi, une éditrice que j'apprends à aimer depuis que je l'ai rencontré à la Comédie du Livre de cette année, par l'entremise de mon attirance pour les livres de Kim Thuy.



Ce livre contourne la difficulté précédemment évoquée puisque l'histoire se déroule en deux temps (1962 et 1982), avec pour point de départ l'arrestation d'un libraire sans histoire. En peu de pages, l'auteur parvient à nous faire ressentir toute l'injustice ressentie par un quartier, toute la crainte et les compromissions que suppose un régime tel que la Chine de Mao. La puissance de la littérature et toute la crainte qu'elle amène dans ce genre de système politique est également particulièrement bien retranscrite, avec une économie de moyens rendue possible par ce destin en deux époques dont je ne révèlerais pas ici le secret. L'introduction des deux époques par un bulletin sommaire d'informations du moment permet de plonger très facilement dans le contexte sans avoir besoin d'être un spécialiste en histoire chinoise contemporaine.



Cette lecture est en tout cas une belle introduction à l’œuvre d'un auteur qui présente l'avantage non négligeable d'une initiale originale (merci la retranscription occidentale de la langue chinoise pour ça !) qui ne pourra que plaire aux adeptes d'un certain challenge ABC !
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Dragon ble..

Plus je lis Qiu Xiaolong, plus je l'apprécie. Au début, je m'ennuyais un peu dans ses intrigues languides, ses interminables déjeuners et ses nombreuses citations poétiques... maintenant je les déguste avec bonheur !



La recette n'a pourtant pas changé : l'inspecteur principal Chen Cao, qui n'est d'ailleurs maintenant plus inspecteur principal mais directeur, suite à une promotion en forme de mise au placard, la Chine d'aujourd'hui avec son parti encore tout-puissant et ses Gros-Sous souvent corrompus, des meurtres sordides, des amis courageux, des plats de nouilles et d'anguilles, les poètes classiques chinois et TS Eliot.



La recette n'a pas changé, donc, et pourtant j'ai trouvé le plat bien plus réussi que d'habitude, peut-être mieux assaisonné ou plus épicé... L'histoire m'a semblé intéressante et bien menée, les personnages attachants à souhait, avec une mention spéciale au Vieux Chasseur et au Tigre Blanc, les coutumes chinoises bien rendues, du culte des ancêtres à l'opéra de Suzhou, de même que l'hypocrisie du système actuel, fait de collusion, de corruption et d'arbitraire, et parfois aussi de libertinage avec les ernaïs ou dans les clubs de massage...



Merci donc à Babelio et aux éditions Points pour ce livre reçu dans le cadre de Masse critique.
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

L'inspecteur principal Chen, qui est aussi poète, est à la tête de la brigade spéciale de Shanghai. Une jeune femme inconnue a été retrouvée morte, dans un sac en plastique, dans un endroit égaré. L'autopsie montre qu'elle a eu un rapport sexuel pas forcément non consenti avant sa mort, et qu'elle a été étranglée. L'identification de la victime indique que la morte est une certaine Giang Lu, travailleuse modèle nationale. Les débuts de l'enquête montrent qu'elle fréquentait un homme marié, un "ECS" (un enfant de cadre supérieur), une sorte de caste d'intouchables, dont les mœurs n'ont rien d'irréprochables.

Dans la Chine de l'après Tian'anmen, l'inspecteur Chen va très vite se rendre compte qu'il n'est pas toujours bon de rechercher la vérité quand la cause politique, et la stabilité du Parti, sont en jeu !







Qu'il est sympathique, cet inspecteur principal Chen, dont l'ascension professionnelle, marquée par son inscription au Parti, n'a pas fait que des amis. Poète et policier, après des débuts pas faciles, il finit par bien s'entendre avec son adjoint Yu, plus âgé et expérimenté que lui.



Mort d'une héroïne rouge est un roman policier qui prend son temps. Le rythme n'est pas trépidant, ni le suspense haletant, puisque l'on sait relativement rapidement qui est le coupable. Ce qui interroge le plus le lecteur, au final, au-delà des découvertes qui ponctuent l'enquête, sans horreur ni hémoglobine superflues, c'est bien de savoir si Chen et son adjoint pourront mener l'enquête à son terme et arrêter le coupable de façon à ce qu'il soit puni !

J'ai trouvé ce roman particulièrement réaliste, aussi bien dans l'avancée de l'histoire que dans l'omniprésence du Parti dans la société chinoise. Les personnages principaux aussi bien que secondaires sont bien fouillés, et les dialogues bien ciselés, exprimant comme tant d'autres choses l'importance et l'impact du Parti dans la "nouvelle" Chine.

Au-delà donc de cette enquête sympathique servie par une jolie écriture parfois parsemée de poèmes chinois, Mort d'une héroïne rouge vaut par l'excellence de son évocation de la Chine socialiste actuelle : la vie dans la rue, la gastronomie (qui ne donne pas très envie !), la pollution, les maisons dont les familles se partagent les pièces, Canton et son néo-capitalisme, la "rééducation" des intellectuels, la pauvreté des retraités, l'intouchabilité des "ECS"...



Cette première enquête de l'inspecteur Chen est une réussite (même si je mettrais un bémol lié au deus ex-machina de la fin), et j'en lirais surement d'autres !
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Un dîner chez Min

L'inspecteur Chen Cao n'est plus policier, il a été mis au placard par sa hiérarchie, car il essaie toujours de faire la lumière sur des affaires étroitement liées à la politique et cela donne une mauvaise image du Parti.

Désormais directeur d'un service plus ou moins fictif, il va profiter de son temps libre pour aider une vieille connaissance à résoudre un affaire épineuse, tout en envisageant de se mettre à l'écriture d'un roman.

En effet, Min, une sorte de courtisane moderne recevant chez elle des hôtes de marque pour des diners d'exception est accusée du meurtre de sa jeune cuisinière.

Et au fur et à mesure que Chen Cao approche de la vérité, les meurtres s'accumulent.

Encore une fois, l'enquête sera semée d'embuches, surtout qu'il n'est plus autorisé à enquêter légalement, il devra donc travailler dans l'ombre.

La corruption et les magouilles de Parti sont encore une fois au centre de cette intrigue.

J'aime vraiment beaucoup cette série qui montre bien la réalité quotidienne des chinois, et dans ce volume la littérature et la poésie sont une fois encore au cœur des préoccupations de Chen Cao.



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Un dîner chez Min

A force de déranger le parti au pouvoir, Chen a été mis au placard et relégué à un poste de directeur judiciaire; présentée comme une promotion , c'est une mise au placard déguisée.

Ses anciens collègues ont pourtant besoin de lui : Un meurtre a été commis lors d'un repas privé organisé par la très belle Min. Un commanditaire est prêt à payer très cher pour que Chen Cao fasse la lumière sur ce meurtre .



Si vous aimez les policiers tendus, à suspens, engendrant un vague frisson sur l'épiderme à la tournée d'une page...passez votre chemin.

Les enquêtes de Chen peuvent se résumer à 50 pages écrites bien gros , dénuées de subtilité et pas bien denses en suspens.

L'intérêt est donc ailleurs . L'inspecteur Chen nous balade "gastronomiquement "tout le long de ses enquêtes, et c'est un vrai plaisir d'imaginer l'odeur du tofu mariné, de la perche aux bambous ou autres mets exotiques.



Mais ce qui fait la force des romans de cette série est la vision que l'auteur donne de sa ville, Shanghai, de son évolution inéluctable, de la spéculation à tout va quand le coté historique de la ville tente de résister..

Ici, on se balade au marché du mariage, où les parents viennent déposer une annonce sur un parapluie pour vanter les mérites de la progéniture , injustement célibataire à ce jour.

Et à travers Sghanghai, c'est toute la Chine contemporaine qui est analysée, de l'omnipotence du parti aux contournements sur internet de la censure.

Le seul souci, c'est que les dialogues , très clairs pour les non initiés tombent parfois un peu à plat ou tout au moins semble un peu improbables entre deux locaux. Mais bon , culturellement c'est intéressant.

Enfin , comme souvent Chen nous amène chez les Tang où la poésie faisait fureur.Ici, le célèbre juge Ti est omniprésent, et c'est une bouffée culturelle supplémentaire pour le même prix.

Livre policier sans intérêt, au style "moyennasse" mais très instructif sur la société chinoise du passé et du présent.

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Une enquête de l'inspecteur Chen : Il était une..

Fraîchement diplômé de l'université de langues étrangères de Pékin, Chen Cao est affecté par l'Etat dans un commissariat de Shanghai. Amoureux de la langue anglaise et poète à ses heures, le jeune homme ne s'imaginait pas policier et d'ailleurs le commissariat n'a pas vraiment besoin d'un universitaire dans ses rangs. Sans expérience, sans réelles compétences, il est relégué dans la salle de lecture où on lui confie la traduction d'un manuel de procédures policières américain. Mais entre ses traductions et la lecture assidue de romans policiers, Chen s'intéresse à une affaire, celle d'un vieil homme assassiné à la sortie d'un restaurant. Pour faire la lumière sur ce crime, le policier novice s'introduit dans la cité de la poussière rouge. Là, les voisins lui racontent l'histoire du mort, une histoire qu'il connaît bien, celle d'un homme brisé par la révolution culturelle.



On avait quitté Chen en mauvaise posture, visé par un complot mené par les plus hautes sphères du Parti. Son avenir au sein de la police reste encore incertain pour le lecteur car Xiaolong Qiu nous propose ici une préquelle à sa série de polars. On retrouve Chen Cao à différentes époques de sa vie, de l'enfant ostracisé car fils d'un ''monstre noir'' au jeune diplômé devenu policier malgré lui. Sous forme de nouvelles, l'auteur dessine les grands traits de son personnage fétiche, son enfance marquée par la révolution culturelle, sa rencontre avec Ling, fille d'un haut dignitaire, ses escapades gourmandes dans Shanghai, son intérêt croissant pour une profession qu'il n'a pas choisi. On en apprend plus sur l'inspecteur et, à travers lui, sur Qiu lui-même qui en préambule et en conclusion, se raconte et dévoile tout ce qu'il a mis de lui dans Chen. Des parcours identiques, une famille jugée ennemie du régime, le même amour de la poésie, un goût prononcé pour la cuisine chinoise. Mais quand Chen reste en Chine et parvient à se faire une place dans la société, Qiu s'installe aux Etats-Unis (suite aux évènements de Tiananmen) et laisse derrière lui son ami Fu, le ''chinois d'outre-mer'' de ses romans.

Mélange de fiction et d'autobiographie, ces nouvelles au ton doux-amer, dénoncent, comme à chaque fois, les dérives de Mao, la brutalité de la révolution culturelle, les décisions arbitraires d'un Parti omnipotent.

Une intéressante incursion dans le passé, à réserver peut-être aux fans de l'inspecteur Chen.
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Les couran..

C'est à Wuxi, au bord du lac Tai, que l'inspecteur principal Chen Cao est convié à venir se reposer dans le centre de villégiature réservé aux cadres du Parti. Son rang ne lui donne pas accès à ce privilège, mais son protecteur à Pékin, le secrétaire général du Comité de discipline du Parti à la retraite Zhao, pris par ses obligations, lui a cédé sa réservation. Officiellement en vacances, le policier en profite pour explorer la ville et les abords du lac qu'il fréquentait, enfant, avec ses parents. L'endroit a perdu de son charme, essentiellement à cause des nombreuses usines qui se sont installés sur ses rives. Entraînant une pollution des eaux, comme le lui explique la belle Shanshan, ingénieur à l'usine de produits chimiques Numéro Un et militante écologiste, rencontrée par hasard à la terrasse d'une gargotte. Sous le charme de la jeune activiste, Chen lui cache sa véritable profession, passant pour un professeur de lettres prompt à déclamer des vers. Mais, même en vacances, l'inspecteur ne peut échapper au crime. Quand sa belle est accusée du meurtre de Liu, directeur de l'usine où elle travaille, Chen vole à son secours, se mêlant discrètement de l'enquête par l'intermédiaire de Huang, un policier local qui lui voue un véritable culte.



Petite parenthèse romantique pour le camarade Chen Cao qu'on savait poète mais qui, sous le charme de la belle Shanshan, se lâche carrément, abreuvant sa conquête des plus beaux vers de la poésie chinoise augmentée de ses propres productions. Inspiré par la jeune fille et sa lutte, il flirte et couche ses émois sur le papier. Mais son destin est bel et bien d'être policier. Quand un meurtre est commis, il ne peut s'empêcher de s'en mêler, d'autant que Shanshan est suspectée...

Xiaolong Qiu s'intéresse ici à la croissance économique chinoise qui se fait aux dépends de la protection de l'environnement. Économie contre écologie, profits et rentabilité contre préservation de la nature. Le Parti n'ignore pas les problèmes mais, soucieux de ne surtout pas freiner l'élan économique du pays, préfère fermer les yeux et les quelques mesures décidées à Pékin, ne sont pas respectées par les industriels. Et tant pis pour la qualité de l'air et de l'eau. Bien sûr des voix s'élèvent mais il n'est jamais bon de protester dans la Chine communiste.

Chen reste spectateur de tout cela même si la ferveur de Shanshan ne le laisse pas indifférent. Pragmatique, il sait que l'essor économique de son pays et la légitimité du Parti ne peuvent s'embarrasser d'un idéal écologique. Or, Chen est en pleine ascension...Alors il compatit, il se désole, mais il peut difficilement agir sans compromettre sa position.

Le lac Tai lentement se détériore, ses eaux polluées nuisent à la santé de ses riverains, la Chine poursuit sa course effrénée sur la route du capitalisme...
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

Challenge ABC 2016-2017



Avis aux amateurs de cuisine et de poésie chinoises, ce roman policier devrait vous mettre l'eau à la bouche et l'esprit en joie.

« Policier » ? Oui oui, vous avez bien lu. Car, outre la gastronomie et les lettres classiques, l'autre fil (forcément) rouge de ce roman est bien une enquête policière, en l'occurrence la première de la série mettant en scène l'inspecteur Chen, 35 ans, célibataire, intègre et loyal, fervent admirateur de T.S. Eliot et lui-même poète à ses heures. le voilà aux prises avec une mystérieuse et délicate affaire : une jeune inconnue est retrouvée morte, nue dans un sac en plastique jeté dans un lac non loin de Shanghai. Après quelques piétinements, la victime est enfin identifiée, et il s'avère qu'elle était une « travailleuse modèle de la nation », figure respectée de tous, sans défauts ni vie privée, dévouée corps et âme au Parti et au Peuple. Mais pourquoi donc aurait-on assassiné une telle icône? En raison du statut de la jeune femme et du présumé coupable (qu'on devine très vite), l'affaire, qui aurait pu n'être qu'une histoire de moeurs, prend un tour politique. Non content de devoir réunir des preuves incriminant le suspect, Chen doit alors se coltiner (avec des trésors de diplomatie) les pontes du Parti, qui s'inquiètent du scandale si les pratiques décadentes de certains de ses ECS (« enfants de cadres supérieurs ») devaient être révélées au grand jour. Car, comprenez bien, nous sommes en 1990, quelques mois à peine après Tian'anmen, dans une Chine communiste qui commence frileusement à s'ouvrir au grand vent du capitalisme, et le choc entre traditions millénaires et modernité à l'occidentale est rude.

Si l'intrigue policière, sans grands rebondissements, n'est pas vraiment trépidante, le roman est bien plus intéressant par son côté documentaire. Il nous dévoile un pays en pleine transition politique, culturelle et économique, sous l'emprise d'un parti unique paranoïaque qui a la mainmise sur tout et tout le monde, un système politique et administratif ultra-hiérarchisé et codifié, la crise du logement dans les grandes villes, la vie quotidienne des Chinois ordinaires qui se débattent avec les difficultés financières et les embouteillages, et surtout une absence effarante de liberté, qui les empêche d'exprimer leurs opinions et de vivre leurs amours et leur vie privée comme ils l'entendent. Déroutant et dépaysant.
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Une enquête de l'inspecteur Chen : Mort d'une..

Premier volume d'une série qui en compte treize pour le moment, j'ai beaucoup aimé cette enquête qui met en scène un inspecteur chinois, Chen Cao, qui est également poète.

L'intrigue débute à une trentaine de kilomètres de Shanghai, en 1990, où le corps d'une jeune femme va être découvert dans un canal, par deux pécheurs.

On découvre qu'il s'agissait d'une jeune travailleuse de Parti, une jeune femme exemplaire, travaillant dans un grand magasin d’État.

Cette série policière est très ancrée dans la vie quotidienne des habitants, que l'on parle de la pénurie de logements, de la difficulté à se faire soigner, de la corruption, du manque d'informations concernant tout ce qui est occidental, des séquelles de la Révolution culturelle, des secrets d’État...

L’inspecteur Chen est un homme intègre qui essaie de faire son travail correctement, malgré les pressions de sa hiérarchie qui ne veut pas que l'on puisse croire que le système communiste puisse générer des tueurs ou n'importe quoi qui serait négatif et jetterait une ombre sur la politique en vigueur.

Il y a de nombreuses références à des poèmes ou à des textes littéraires classiques, car l'inspecteur Chen est féru de littérature.

Un roman qui donne très envie de découvrir davantage cette série policière.
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Une enquête de l'inspecteur Chen : La danseus..

Outre le voyage, comment mieux socialement découvrir un pays si ce n'est à travers des polars imprégnés de culture indigène ?

Donc un départ pour la Chine par un auteur exilé et profondément chinois.

Mais la "danseuse de Mao" offre un tour de piste plutôt décevant. Le but est bien sûr d'évoquer le "grand timonier", sacralisé par la propagande officielle et dont l'image reste protégée par le pouvoir car semble-t-il toujours populaire, en mettant largement et l'accent sur ses frasques et pulsions sexuelles et en exergue sa plume poétique.

Le sens de la poésie maoistique reste toutefois assez hermétique pour qui ne connaît guère que l'européenne, tout comme la vie intime du papillonant Mao peut le laisser dubitatif en vieil habitué de celles bien plus scabreuses de ses dirigeants occidentaux.

Tout ceci n'enlève rien à la gigantesque culture de son pays de l'auteur, tant litteraire qu'historique ; mais quand la partie enquêtrice est aussi ténue, aussi capillo-tractée et somme toute aussi peu raccord à la narration du roman qu'il faut sans cesse la rappeler , l'on fini par se sentir moins concerné, bref l'on s'y ennuie quelquefois.

Mais bon en y réfléchissant à posteriori, le roman, même sous couvert de polar, reste profondement chinois, retranscrivant le poids de sa complexité sociétale ancestrale et maoiste.

Une enquête toute en suggestions et faux semblants, fataliste, sans demonstrations tapageuses, explorant finement la société chinoise ; mais sa construction est frustrante car mal raccordée au sujet principal, Mao, sa vie son oeuvre.



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Un dîner chez Min

La table de Min, c'est l'endroit où il faut être vu à Shangai. Gros sous et huiles du Parti y ripaillent ou aimeraient le faire, car la dame est sélective et choisit avec soin ses clients. Les élus ne sont qu'éloges à son égard, les recalés répandent les pires rumeurs à son sujet.

Quand son aide-cuisinière est assassinée, Min est immédiatement arrêtée et, si certains s'en réjouissent, d'autres sont très inquiets. Leur hôtesse pourrait divulguer certains secrets sous la pression de la Sécurité intérieure.

Chargé de disculper la cuisinière par un riche homme d'affaires, Vieux Chasseur demande à Chen Cao de lui prêter main forte. Mais l'ex-inspecteur principal a les mains liées. Mis sur la touche par le Parti, il est désormais directeur du Bureau de la réforme judiciaire en convalescence forcée et doit faire profil bas pour ne pas envenimer sa situation déjà précaire. Pour s'occuper, il se plonge dans une enquête du juge Ti du hollandais Robert van Gulik. Toujours prompt aux comparaisons poétiques, il établit un parallèle entre l'héroïne du roman et la malheureuse Min. Aussi, sans avoir l'air d'y toucher, et épaulé par sa nouvelle assistante, la dynamique, jeune et jolie Jin, le directeur Chen se mêle dans l'enquête.



C'est toujours un plaisir de marcher dans les pas de Chen Cao dans les rues de Shangai. Mis au placard, l'ex-policier se languit, dans l'attente d'une décision du Parti. Son éviction est-elle définitive ou peut-il encore espérer une réhabilitation ? Désormais célèbre et reconnu comme le meilleur enquêteur de la ville, voire du pays, Chen jouit d'une notoriété sans précédent parmi la population et sur les réseaux sociaux. le Parti marche donc sur des oeufs, encombré de ce policier opiniâtre qui a souvent froissé la susceptibilité de messieurs haut placés. Et il en va de même pour Chen qui essaie de se faire discret même quand l'envie d'enquêter le titille. Par bonheur, sa nouvelle assistante est douée pour lire entre les lignes et se substitue à lui sur le terrain sans qu'il n'ait à le lui demander explicitement. Ensemble, ils partagent petits plats, phrases à double sens et révélations cryptées jusqu'à la résolution de l'enquête.

Promenade gastronomique et poétique pour ce dernier opus un peu longuet. Si Jin apporte une touche de modernité, adepte qu'elle est d'internet et des macha latte de chez Starbucks, Chen Cao semble épuisé comme si le Parti avait réussi à le persuader que son repos forcé n'était pas le fruit de manigances politiques mais véritablement nécessaire à sa santé. Il traîne un peu la patte mais reste le policier perspicace qu'il demeurera toujours. de plus la comparaison filée tout au long du récit entre l'affaire Min et les enquêtes du juge Ti paraît artificielle. On sent bien que c'est un prétexte pour l'auteur qui cherche déjà à vendre son prochain livre.

On aime parce qu'on est attaché à Chen mais il faudra se reprendre et lui proposer des aventures plus palpitantes à l'avenir.

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Une enquête du vénérable juge Ti

Qiu Xiaolong a repris le personnage du juge Ti cher à Robert van Gulik. Mais point n'est besoin d'avoir lu cette série pour comprendre et apprécier cette enquête. Elle se déroule sous la dynastie des Tang au IXème siècle et est inspirée d'un fait réel impliquant la belle et talentueuse poétesse Yu Xuanji (844-871).

Le vénérable Juge Ti est tombé en disgrâce. L'impératrice l'a éloigné de la cour parce qu'il a pris parti pour le prince Li dans la bataille de succession qui l'oppose au ministre Wu. Alors qu'il fait étape dans une auberge, un couteau se plante dans une colonne de sa chambre. Un mot énigmatique y est joint : "Le dragon qui vole trop haut se repentira " . Puis, un messager du puissant ministre Wu lui demande d'enquêter sur le meurtre commis par Xuanji. La poétesse et courtisane est accusée d'avoir tué sa servante et croupit en prison en attendant la sentence...

J'ai beaucoup aimé ce roman policier. Il est court, clair, fluide, bien construit, facile à suivre. le juge Ti est un enquêteur astucieux et un fin psychologue. Il fait preuve de beaucoup de délicatesse envers Xuanji qui vit une véritable tragédie. J'ai adoré visiter la boutique de l'imprimeur sur bois, les différents monastères pas toujours très taoïstes, faire connaissance avec les poétesses, nonnes, courtisanes et autres concubines. Il est question de lutte de pouvoir, de vérité, de loyauté, d'amour et de poésie. Les poèmes de la pauvre Xuanji sont toujours vivants.

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Une enquête de l'inspecteur Chen : Chine, ret..

Toujours en disgrâce, l'inspecteur Chen Cao n'est associé à l'enquête sur le tueur en série qui sévit à Shanghai qu'à titre de consultant. Il faut dire que les policiers chargés de l'affaire n'ont fait aucun progrès dans la recherche de cet assassin qui tue ses victimes au hasard et toujours au petit matin. Chen a donc été rappelé mais il n'aura guère le temps de se consacrer à l'enquête. de passage dans la ville, son mentor, le camarade Zhao, lui confie une mission de la plus haute importance. Il s'agit de la surveillance d'une influenceuse écologiste qui s'apprête à diffuser un documentaire sur la pollution qui sévit en Chine. En effet, à Pékin comme à Shanghai, les seuls à pouvoir respirer sont les nantis, bien pourvus en purificateurs d'air, quand le peuple, lui, suffoque sous un épais nuage mortifère. Pour Chen le choc est rude quand il découvre que celle qu'il doit surveiller n'est autre que la belle Shanshan avec qui il avait noué une tendre idylle lors de ses vacances au bord du lac Taï. Comme d'habitude, l'inspecteur principal va devoir ménager la chèvre et le chou, en laissant s'exprimer les écologistes sans desservir les intérêts du Parti.



Rien de nouveau sous le soleil, ou plutôt sous le ciel plombé de Shanghai. La Chine continue sa folle croissance et ne s'embarrasse pas de respect de l'écologie. Mais les temps changent et le peuple n'accepte plus béatement les diktats du Parti. Dans les hautes sphères, on truque les chiffres, on accuse les Etats-Unis de propagande anti-chinoise, mais les faits sont là, indéniables. On suffoque à Shanhai, les plus fragiles en meurent. Les activistes écologistes dénoncent les industriels et le Parti qui sacrifient la nature et la santé des chinois sur l'autel du profit et, malgré la censure, utilisent les réseaux sociaux pour lancer l'alerte. Pris entre son envie de protéger son ancienne conquête et sa loyauté au Parti, Chen louvoie mais saura tirer les marrons du feu, tout en dégustant la bonne cuisine shanghaienne et en déclamant des vers.

Encore une fois Xiaolong Qiu réussit un subtil mélange entre dénonciation des dérives du système chinois et évocations amoureuses des traditions et de la culture de son pays natal. Une lecture toujours aussi savoureuse.
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