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Citations de Yves Bonnefoy (459)


Il se peut que la poésie, nous engageant tout entiers dans la quête de l’unité, dans un rapport aussi absolu que possible avec la présence même de l’être, ne fasse ainsi que nous séparer des autres êtres, rétablissant la dualité que nous pouvions penser disparue. Il se peut que la poésie ne soit jamais qu’une impasse. Qu’elle ne trouve sa vérité que dans l’aveu de l’échec.
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Est-ce que la beauté
  
  
  
  
Est-ce que la beauté
N’a été qu’un rêve,
Le visage aux yeux clos
De la lumière ?
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Le Peu d’Eau
  
  
  
  
À ce flocon
Qui sur ma main se pose, j’ai désir
D’assurer l’éternel
En faisant de ma vie, de ma chaleur,
De mon passé, de ces jours d’à présent,
Un instant simplement: cet instant-ci, sans bornes.

Mais déjà il n’est plus
Qu’un peu d’eau, qui se perd
Dans la brume des corps qui vont dans la neige.
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Yves Bonnefoy
La traduction est un encouragement à être poète à son tour – poète, c’est-à-dire hardi autant qu’impatient, et subjectif […]. Le traducteur se doit d’être un esprit libre, disais-je : mais la traduction, c’est une école de liberté. Et ne serait-il pas déjà ce que l’on appelle un poète, préoccupé de l’indéfait dans la chose, […] ce témoin d’un autre poète serait incité à en devenir un et puissamment aidé à y parvenir, les difficultés de sa tâche ne pouvant que l’ancrer toujours plus dans ce grand projet.
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Le chant de sauvegarde
  
  
  
  
L’oiseau m’a appelé, je suis venu,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai cédé au bruit mort qui remuait en moi.

Puis j’ai lutté, j’ai fait que des mots qui m’obsèdent
Paraissent en clarté sur la vitre où j’eux froid.
L’oiseau chantait toujours de voix noire et cruelle,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Plus tard j’ai entendu l’autre chant, qui s’éveille
Au fond morne du chant de l’oiseau qui s’est tu.
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Yves Bonnefoy
Et si demeure
Autre chose qu’un vent, un récif, une mer,
Je sais que tu seras, même de nuit,
L’ancre jetée, les pas titubants sur le sable,
Et le bois qu’on rassemble, et l’étincelle
Sous les branches mouillées, et, dans l’inquiète
Attente de la flamme qui hésite,
La première parole après le long silence,
Le premier feu à prendre au bas du monde mort.
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J’appelle mélancolie cette union de la lucidité, de l’espoir.
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Je sors.
Je rêve que je sors dans la nuit de neige.
Je rêve que j'emporte
Avec moi, loin, dehors, c'est sans retour,
Le miroir de la chambre d'en haut, celui des étés
D'autrefois, la barque à la proue de laquelle, simples,
Nous allions, nous interrogions, dans le sommeil
D'étés qui furent brefs comme est la vie.

En ce temps-là
C'est par le ciel qui brillait dans son eau
Que les mages de nos sommeils, se retirant,
Répandaient leurs trésors dans la chambre obscure.
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Je déplace du pied
Entre d'autres pierres
Cette large, qui couvre
Des vies, peut-être.

Et c'est vrai : de nombreuses
Sont là, qui courent
De toutes parts, aveugles
Par soudain trop de jour.

Mais vite les voici
Rédimées par l'herbe.
Je n'ai troublé qu'un peu
La vie sans mémoire.

Comme il fait beau, ce soir !
A peine si
Je sais, sur ce chemin,
Que j'existe encore.

2842 - [Poésie/Gallimard n° 384, p. 36]
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Afin que si mon nom…


Je te donne ces vers, non parce que ton nom
Pourra jamais fleurir, dans ce sol pauvre,
Mais parce que tenter de se souvenir,
Ce sont des fleurs coupées, ce qui a du sens.

D’aucuns disent, perdus dans leur rêve,
   « une fleur »,
Mais c’est ne pas savoir que les mots tranchent,
S’ils croient le désigner, dans ce qu’ils nomment,
Transmutant toute fleur en idée de fleur.

Cisaillée la vraie fleur se fait métaphore,
Cette sève qui coule, c’est le temps
Qui achève de se déprendre de son rêve.

Qui veut avoir, parfois, la visite, se doit
D’aimer dans un bouquet qu’il n’ait qu’une heure.
La beauté n’est offrande qu’à ce prix.

p.16
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Une photographie


Quelle misère, cette photographie !
Une couleur grossière défigure
Cette bouche, ces yeux. Moquer la vie
Par la couleur, c’était alors l’usage.

Mais j’ai connu celui dont on a pris
Dans ces rets le visage. Je crois le voir
Descendre dans la barque. Avec déjà
L’obole dans sa main, comme quand on meurt.

Qu’un vent se lève dans l’image, que sa pluie
La détrempe, l’efface ! Que se découvrent
Sous la couleur les marches ruisselantes !

Qui fut-il ? Qu’aura-t-il espéré ? Je n’entends
Que son pas qui se risque dans la nuit,
Gauchement, vers en bas, sans main qui aide.

p.13
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Yves Bonnefoy
La chambre, le jardin

Cette chambre, fermée
Depuis avant le temps.
Les meubles, le sommeil
Se parlent à voix basse.
La lumière
Tend sa main à travers les vitres.
D'un bleu éteint
Le vase qui s'éveille sur la table.
("Poèmes pour Truphémus")
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Pourtant ce cri sur moi vient de moi,
Je suis muré dans mon extravagance.
Quelle divine ou quelle étrange voix
Eût consenti d'habiter mon silence.
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Tout cela, mon ami
Vivre, qui noue
Hier, notre illusion
A demain, nos ombres
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DANS LE LEURRE DES MOTS


[…]
Ô poésie,
Je ne puis m'empêcher de te nommer
Par ton nom que l'on n'aime plus parmi ceux qui
errent
Aujourd'hui dans les ruines de la parole.
Je prends le risque de m'adresser à toi, directement,
Comme dans l'éloquence des époques
Où l'on plaçait, la veille des jours de fête,
Au plus haut des colonnes des grandes salles,
Des guirlandes de feuilles et de fruits.

Je le fais, confiant que la mémoire,
Enseignant ses mots simples à ceux qui cherchent
À faire être le sens malgré l'énigme,
Leur fera déchiffrer, sur ses grandes pages,
Ton nom un et multiple, où brûleront
En silence, un feu clair,
Les sarments de leurs doutes et de leurs peurs.


p.78
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LA TERRE


[…] Retrouvons-nous
Si haut que la lumière comme déborde
De la coupe de l'heure et du cri mêlés,
Un ruissellement clair, où rien ne reste
Que l'abondance comme telle, désignée.
Retrouvons-nous, prenons
À poignées notre pure présence nue
Sur le lit du matin et le lit du soir,
Partout où le temps creuse son ornière,
Partout où l'eau précieuse s'évapore,
Portons-nous l'un vers l'autre comme enfin
Chacun toutes les bêtes et les choses,
Tous les chemins déserts, toutes les pierres.
Tous les ruissellements, tous les métaux.
...
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LA OU RETOMBE LA FLECHE
I

Perdu. A quelques pas de la maison, cependant, à guère plus que trois jets de pierre.

Là où retombe la flèche qui fût lancée au hasard.

Perdu, sans drame. On me retrouvera. Des voix se dresseront de toutes parts sur le ciel, dans la nuit qui tombe.

Et il n'est que quatre heures, il y a donc encore beaucoup de jour pour continuer à se perdre – allant, courant parfois, revenant – parmi ces pierres brisées et ces chênes gris dans le bois coupé de ravins qui cherche partout l'infini, sous l'horizon tumultueux, mais ici, devant le pas, se resserre.

Nécessairement, je vais rencontrer une route.
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Et quelle étrange chose que certains mots,
C'est sans bouche ni voix, c'est sans visage,
On les rencontre dans le noir, on leur prend la main,
On les guide mais il fait nuit partout sur terre.
C'est comme si les mots étaient un lépreux
Dont on entend de loin tinter la clochette.
Leur manteau est serré sur le corps du monde,
Mais il laisse filtrer la lumière
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Et je pourrais
Tout à l'heure, au sursaut du réveil brusque,
Dire ou tenter de dire le tumulte
Des gi;iffes el des rires qui se heurtent
Avec l'avidité sans joie des vies primaires
Au rebord disloqué de la parole.
Je pourrais m'écrier que partout sur terre
Injustice et malheur ravagent le sens
Que l'esprit a rêvé de donner au monde,
En somme, me souvenir de ce qui est,
N'être que la lucidité qui désespère
Et, bien que soit retorse
Aux branches du jardin d' Armide la chimère
Qui leurre autant la raison que le rêve,
,Aandonner les mots à qui rature,
Prose, par évidence de la matière,
I: offre de la beauté dans la vérité.
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Mais le plus cher mais non
Le moins cruel
De tous nos souvenirs, la pluie d'été
Soudaine, brève.

Nous allions, et c'était
Dans un autre monde,
Nos bouches s'enivraient
De l'odeur de l'herbe.

Terre,
L'étoffe de la pluie se plaquait sur toi.
C'était comme le sein
Qu'eût rêvé un peintre.
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