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Expert classiques

Cet insigne distingue les lecteurs incollables sur la littérature des siècles passés.
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La femme au collier de velours

La Femme au collier de velours par Alexandre Dumas, lu par François Nuyttens, VOolume 2024 (1ère publication en 1849)



Ce court roman commence en 1793 à Mannheim, en Allemagne. Hoffmann, un jeune homme de 18 ans, passionné et idéaliste, un peu musicien, peintre et poète, tombe follement amoureux d’Antonia, la fille du chef d’orchestre maître Gottlieb. Mais il ne peut se résoudre à renoncer à la promesse qu’il a faite à son ami Zacharias Werner : celle d’aller le rejoindre à Paris.

Sa fiancée l’encourage à accomplir son projet et accepte de l’attendre mais elle lui fait jurer de lui rester fidèle et de ne pas jouer, sans quoi elle mourrait. A son arrivée dans la capitale, Hoffmann assiste par hasard à l’exécution de Madame du Barry que l’on guillotine place de la Révolution. Hanté par cette scène, il se décide à aller à l’Opéra où l’on joue un ballet pantomime, « Le jugement de Pâris ». Dans la salle comble, il entre en conversation avec un étrange médecin avant de découvrir sur scène une femme d’une admirable beauté, Arsène, qui est la maîtresse de Danton. Le jeune homme est aussitôt subjugué par la danseuse qui porte à son cou un collier de velours dont le fermoir est une guillotine en argent…



Un contexte historique troublé, celui de la Terreur, des Tribunaux révolutionnaires, de la répression, de la justice expéditive… Par le biais de la fiction, Alexandre. Dumas dénonce les abominations et les lâchetés commises pendant cette période très sombre.

Une ambiance de conte fantastique avec une promesse non tenue et ses conséquences funestes, des personnages à l’aura surnaturelle, mais aussi des personnages référentiels tels que Danton et très certainement Hoffman qui fait beaucoup penser à E.T.A Hoffman.



Une entrée pas forcément évidente dans l’intrigue car le roman commence par une longue évocation de Charles Nodier, écrivain et ami proche de Dumas, qui lui aurait raconté l’histoire qui va suivre.

Ensuite une narration en jeu d’opposition et de miroir : amour pur VS désir sexuel, réalité VS hallucinations, liberté VS addictions, serment VS tentation…



Une belle découverte, toujours grâce à mon partenariat avec les éditions VOolume qui rééditent des œuvres du XIXème siècle.



#LaFemmeaucollierdevelours #NetGalleyFrance#lesglosesdelapiratedespal




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Le dictionnaire des idées reçues - Catalogue de..

Pour combattre le philistinus influenzae de type b, bactérie ô combien résistante qui se tapit dans votre cervelle en attendant son heure, rien ne vaut une bonne consultation de l'ouvrage du Pr Gustave, qui y a consacré sa vie.



Nous rappellerons aux plus jeunes d'entre vous que le philistinus influenzae n'est pas une maladie préhistorique affectant les gros bourgeois bedonnants à favoris du XIX ème siècle mais un état d'esprit malheureusement intemporel, incrusté dans l'humanité comme le tétanos dans l'humus. Cette odieuse bactérie s'infiltre dans les cellules neuronales et paralyse l'ensemble du système critique. Aujourd'hui elle se transmet à la vitesse de la fibre optique (soit 500MégaBêtes par seconde).



Les symptômes sont :

-l'usage du cliché, du stéréotype, des poncifs esthétiques , de l'aphorisme recuit, autrement dit des expressions convenues portant sur des idées reçues et agissant comme moyen de reconnaissance entre pairs.

-Et par contamination fibreuse orale ou écrite, l'adhésion totale de la population à cette opinion.



Le Pr Gustave a donc créé une définition universelle du bourgeois, individuelle et individualiste tout à fait remarquable, en le détachant de toutes connotations financières et sociales, pour faire de ce terme à l'origine certes sociologique, un nom embrassant toute la « bêtise conformiste » imaginable à laquelle peut être confronté l'utilisateur de ce terme.



Je ne puis que recommander la consultation de cet ouvrage de salubrité publique.

Dr Dix-Sept.

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Le Domaine d'Arnheim

Je suis un amoureux des jardins , toutes sortes de jardins (japonais, à la française ,anglais...) ,aussi cette nouvelle de Poe( écrite en 1847 et traduite par Baudelaire en 1865)m'a particulièrement intéressé. Il présente un personnage à qui tout réussit , nanti d'une fortune extraordinaire et qui entreprend de réaliser le jardin idéal. Suit une longue description de cet Eden. C'est une veine poétique assez rare chez l'auteur .
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La Pitié dangereuse

Zweig décortique encore une fois la psychologie humaine avec une finesse et une intelligence incroyable.

Jusqu'à maintenant je n'avais que ses nouvelles sans savoir qun roman était à son actif, la pitié dangereuse ou l'impatience du cœur.

Un beau roman qui met en scène comme souvent très peu de personnages.

Nous retrouvons donc ici, un lieutenant, une jeune infirme, sa cousine empathique, son père prêt à tout et le médecin.



Par une maladresse, le lieutenant va rentrer dans des engrenages qui vont le mettre à mal. Pris de pitié pour la jeune infirme, il acceptera ses moindres caprices et surtout les supplications de son père.



Zweig entre en profondeur dans ce sentiment de pitié et tout ce qui entre en jeu: empathie, besoin de reconnaissance, orgueil, compassion, lâcheté,...



Encore une fois des magnifiques passages sur l'amour, le don de soi et la sincérité
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La Vérité sur le cas de M. Valdemar

Nouvelle publiée en 1845 traduite en 1854par Baudelaire. Elle a pour base la croyance au magnétisme animal mis à la mode au XVIIIème siècle et qui revient souvent dans les nouvelles de Poe.Elle se présente ,au départ, sous la forme d'une expérience "scientifique" consistant à "mesmériser" une personne à l'agonie. L'histoire bascule dans le fantastique après une description assez horrifique du patient mourant . Cette histoire fut prise au sérieux par certains lecteurs.
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Le Prince blessé et autres nouvelles

Le Prince blessé et autres nouvelles /René Barjavel

Ce recueil de contes, textes poétiques et nouvelles commence par un conte orientaliste plein d’humour.

Le Grand Khalife Haroun al Raschid a un fils Ali, qui à l’âge de seize ans est toujours innocent et vierge du cœur et de la chair. Il délègue alors son serviteur le plus fidèle, Omar, afin qu’il trouve une solution, un endroit, pour l’aguerrir. C’est vers la France que le choix d’Omar se porte et le Khalife achète carrément l’hôtel Crillon pour y installer son fils, un endroit où il pourra recevoir à sa guise la haute société locale. La suite n’est pas triste, loin de là…mais tout ne se passe pas comme Omar le prévoyait. Car Ali tombe éperdument amoureux de Pauline au lieu de profiter des belles qui se bousculent pour être auprès de lui… Un conte burlesque et fantastique qui voit l’amour comme une maladie. Michel Sardou la chantait déjà La Maladie d’amour ! Est-ce que les pouvoirs d’Omar parviendront à tempérer les sentiments d’Ali ? Toute la question est là !

Suivent une série de petites nouvelles. M. Lery est envoyé par sa femme pour acheter un moulin à légumes, mais chemin faisant il est distrait par divers événements et son errance va le conduire à en oublier le but de sa sortie. Son cousin comptable, M. Charton a vécu toute sa vie avec les chiffres et de ce fait est un homme très méticuleux. Il vient de prendre une retraite bien méritée mais de mauvaises surprises l’attendent en cette période de guerre, avant qu’il puisse enfin s’installer dans un petit pavillon avec jardin en bord de mer. Sa passion irrépressible pour le jardinage va l’embarquer dans des aventures saugrenues et un labeur constant jusqu’au jour où Madame Nature, incarnée d’abord dans des petits animaux puis dans un mimosa, va lui rappeler qu’elle est la plus forte.

La nouvelle suivante, « Les enfants de l’ombre », situe l’action en Auvergne dans un village où sourd une délicieuse eau minérale. Durant l’été, le monde de la ville afflue mais le reste de l’année, les habitants s’ennuient mortellement. Le seul adulte de la ville qui ne connait l’ennui se prénomme Paul. C’est un artiste, il dessine et grave sur le bois. Il comprend que l’ennui rend les gens cruels… Un conte au parfum fantastique.

Dans la nouvelle suivante, on fait connaissance d’Anicette, une fillette toujours souriante dont les mains détiennent un pouvoir miraculeux lorsqu’elles passent sous l’eau : chacun y voit ce qui l’obsède ou l’objet de ses désirs ! À terme, le miracle n’est pas toujours celui qu’on attend !

Ensuite c’est un garçon aux pieds démesurés, surnommé Péniche, qui entre scène. Il habite au fin fond de la campagne et n’a que peu de contact avec la civilisation. Appelé au service militaire, il ne parvient à marcher au pas ni saluer. Quant à se servir d’une arme, n'en parlons pas. Il est réformé après avoir quand même, grâce à ses compagnons, découvert une fille en rose dans une maison de passe. La guerre venue, il est rappelé et est relégué aux travaux de voierie. C’est alors que la bonne fée met à sa disposition la possibilité de trois souhaits… Un conte empreint de fantastique lié aux croyances et superstitions campagnardes.

Le conte suivant, La Fée et le Soldat, mettant en scène Dieu qui se plaint en qualifiant l’humanité de sinistre engeance et qui délègue la fée Pivette pour remettre un peu d’ordre, traduit une imagination délirante de la part de l’auteur.

Dans « L’Homme fort », Georges est un marchand de vin qui a décidé de contribuer à l’amélioration de la condition humaine par des mesures radicales. Mais comme souvent, les inventeurs de solutions radicales n’imaginent pas toutes les conséquences de leur désir de lutter contre ce qu’ils considèrent comme un fléau, en l’occurrence ici les microbes. Toujours dans le burlesque et le fantasque, Barjavel nous offre ici une parabole édifiante avec un clin d’œil à la principauté d’Andorre. La moralité dit qu’il ne suffit pas de disposer de la puissance, encore faut-il savoir s’en servir !

Dans « Béni soit l’atome », on plonge dans un futur lointain où les travailleurs parisiens rentrent le soir chez eux à New York en stratobus en trente minutes : l’Amérique, c’est plus confortable ! On fait alors connaissance de Valentin, pilote de stratobus français. Les stratobus américains ont depuis longtemps automatisé et supprimé les pilotes. Et la suite montre que les Français avait bien fait de conserver un pilote quand une troisième guerre mondiale menace toujours…

5946 ans plus tard ! l’ère de la paix totale ! l’énergie atomique a conquis tous les secteurs et les Hommes n’ont plus rien à faire. On est alors sur le point de transformer l’énergie en matière…Mais mille ans plus tard, la colonie de Pluton regarde en arrière et en a assez du « progrès ». Elle veut comme jadis semer du blé et transpirer dans les champs. La tension monte entre les différentes colonies du système solaire et la guerre paraît inévitable …Comme toujours !

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Le voyage dans le passé

Petite nouvelle d'amour, pas forcément la meilleure, mais pleine de sentiments retenus. On se sent emportés par la fièvre du personnage principal, par la fièvre de la passion qui ronge et puis qui emporte. L'amour ne résiste pas au temps qui passe. Cela donne une belle fin avec les vers de Verlaine :



Dans le vieux parc solitaire et glacé,

Deux formes ont tout à l’heure passé.
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Marie-Claire

« Lisez Marie-Claire... Et quand vous l'aurez lue, sans vouloir blesser personne, vous vous demanderez quel est parmi nos écrivains - et je parle des plus glorieux - celui qui eût pu écrire un tel livre, avec cette mesure impeccable, cette pureté et cette grandeur rayonnantes. » Octave Mirbeau - Préface



Prix Fémina en 1910, ce roman est d'une beauté époustouflante. C'est écrit avec toute la poésie contenue dans les yeux d'une enfant, par une autodidacte passionnée de lecture, qui raconte sa rude vie jusqu'à ses dix-huit ans.



« Les moutons ne trouvaient rien à manger ; ils couraient de tous côtés. Je ne les laissais pas s'écarter ; ils ressemblaient eux-mêmes à de la neige qui aurait bougé (...) Tout le bois était occupé à se débarrasser de la neige qui l'alourdissait : les grosses branches la rejetaient d'un seul coup, pendant que d'autres, plus faibles, se balançaient pour la faire glisser à terre. »



Petite, après le décès de sa mère, elle est confiée à des religieuses, puis ira travailler dans une ferme en Sologne, comme bergère puis lingère.

Dans la simplicité des termes, il ressort une une sincérité, une candeur qui donne force et profondeur aux sentiments ressentis par cet enfant.



On comprend au travers de son regard bien plus que ce que l'enfant comprend de la vie, de certaines situations qui lui sont étrangères de par son jeune âge. Quel tour de force en si peu de mots d'une innocence touchante.



« Je me glissai dans la chambre de mes parents et je fus bien étonnée de voir que ma mère avait une grande bougie allumée près de son lit. Mon père se penchait sur le pied du lit, pour regarder ma mère, qui dormait les mains croisées sur sa poitrine. »
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La Mouette

La Mouette d’Anton TCHEKHOV

Dans le parc de Sorine, plusieurs personnes attendent la représentation de la pièce de Treplev jouée par Nina. Il y a Macha et Medvedenko, amoureux sans espoir de cette dernière. Treplev, écrivain, amoureux de Nina, ( fascinée par Trigorine) qui est attirée par le lac près de la propriété Sorine « comme une mouette », son père et sa femme ont peur qu’elle devienne actrice. La représentation commence. Dès le début de la tirade de Nina, Arkadina, actrice elle même et sœur de Sorine, fait des remarques à son fils qui, excédé, blessé, fait baisser le rideau et disparaît. Néanmoins Dorn le docteur a bien aimé tout en conseillant à Treplev, de retour, d’avoir une pensée claire faute de quoi son talent se perdra. Treplev lui n’est préoccupé que par Nina qui est déjà rentrée chez son père, il est désespéré. Quant à Macha elle est amoureuse de Treplev et demande au docteur son aide alors que ce dernier est fasciné par Arkadina qui entretient une relation avec Trigorine, un écrivain de seconde zone( il pille les autres)qui n’a pas aimé la pièce de Treplev. Enfin la mère de Macha, Paulina, a un faible pour Dorn le docteur, lasse qu’elle est de son mari Chamraiev.

Ainsi se présente le premier acte de cette pièce qui en comporte quatre, tous les personnages sont là, d’une grande banalité vus de l’extérieur, un peu tristes, désabusés mais animés chacun d’un souffle ravageur. Tous ces trios amoureux vont donc évoluer dans les actes suivants avec un drame que préfigure l’offrande d’une mouette à Nina par Treplev à son retour de chasse sur le lac. A noter que TCHEKHOV a toujours dit avoir écrit une comédie, ( il est vrai qu’on est souvent proche d’un vaudeville)bien que les nombreuses mises en scène théâtrales n’en aient pas toujours tenu compte et que la pièce soit régulièrement étiquetée comme une tragédie.

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Crime et Châtiment

De Dostoïevski, je n'avais lu, jusqu'à présent, que Le joueur et les Carnets du sous-sol, des romans somme toute brefs, mais dont j'avais apprécié la capacité de l'auteur de rendre au plus détaillé et pertinent les tourments d'une âme humaine.



Avec Crime et châtiment, c'est puissance 1000 que nous entrons dans les profondeurs de l'âme de Raskolnikov, dans tous ses cas de conscience, du début du roman où il prendra une première décision qui changera radicalement son existence à sa fin, qui conclura sur une autre décision, conséquence de la première, finalement logique, donnant pleinement sens au titre de l'oeuvre.



Entre les méandres de cette âme qui s'est perdue en chemin dans ses propres valeurs, dans sa propre morale, pas celles qui sont humainement acceptables, des incursions, très intéressantes, dans l'entourage de notre protagoniste, nous mènent, bien que subrepticement, dans la Russie de son temps.



En somme, un roman passionnant, mais très exigeant, en ce que rester surtout plongé dans les affres psychologiques d'un personnage pendant plus de 700 pages peut être éprouvant. J'ai donc pris mon temps pour savourer pleinement ce monument de la littérature russe, qui n'a fait que me confirmer tout le bien que je pensais déjà de son auteur.
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Pionniers

Pionniers de Willa CATHER

La famille Bergson a migré de Suède vers les États Unis et le Nebraska pour s’installer sur des terres difficiles, on appelle ce lieu la Ligne. Néanmoins après bien des années, la famille a survécu, les emprunts ont été remboursés et ils sont propriétaires de plusieurs centaines d’acres toujours aussi difficiles à cultiver. Le père décède laissant sa femme qui entretient un petit potager, Alexandra, l’aînée qui gère déjà la ferme et trois garçons, Lou, Oscar et Emil le plus jeune. Après trois années fertiles, les calamités s’abattent sur la région et de nombreux voisins repartent en ville retrouver leurs anciens métiers, mais Alexandra a promis à son père de garder la ferme à laquelle il a consacré sa vie et celle de sa famille. Leur plus proche voisin, grand ami d’Alexandra, Carl, s’en va également avec son père peu doué pour la culture. Lou et Oscar commencent à douter de vouloir rester au Nebraska mais Alexandra veut profiter de tous ces départs pour acheter des terrains à bas prix en empruntant, elle veut porter l’exploitation à 1600 acres et au bout de six ans rembourser l’emprunt en vendant une partie des terres dont le prix aura largement grimpé! Il y a désormais 16 ans que le père Bergson est mort, son épouse repose auprès de lui, et le pays est devenu méconnaissable tout comme Alexandra et ses frères. Emil fait des études à l’université, et, à force de travail et de persévérance, la famille Bergson a prospéré, mariages, enfants, seule Alexandra reste célibataire, l’amour semble absent de son univers. Un jour Carl revient sur la Ligne, il n’a pas réussi en ville, Alexandra est ravie de cette nouvelle compagnie, Lou et Oscar beaucoup moins…

Une saga pleine de charme, mais d’abord un portrait de femme flamboyant, Alexandra, intelligente et pragmatique, capable de comprendre l’économie tout comme d’écouter les conseils du vieil Ivar, un norvégien proche de la nature, parlant peu l’anglais, faisant peur à tous, qu’elle protègera toute sa vie. On suit avec plaisir cette famille et ses voisins originaires de l’est et du nord de l’Europe, des tchécoslovaques , des bohémiens arc-boutés sur une terre ingrate qu’ils n’avaient pas imaginés ainsi, eux issus du commerce et de l’artisanat, qui pensaient faire fortune facilement, on avait dû oublier de leur parler des hivers de la Ligne et des champs pentus qui les y attendaient.

Pour ceux qui aiment les sagas familiales et les pionniers aventureux.
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Le scarabée d'or - La lettre volée

"La lettre volée" écrite par Poe en 1844 et traduite par Baudelaire en 1865 appartient à une trilogie : celle des enquêtes policières menées par Dupin (Double assassinat dans la rue Morgue et Le mystère de Mary Roget ) .On y trouve un schéma qui fera flores plus tard (chez Sherlock Holmes par exemple ) : le détective amateur qui vole au secours de la police officielle , ainsi que les longs discours théorisant sa méthode . "Le scarabée d'or" écrit en 1856 se présente comme une histoire fantastique , avec un objet qui influence son porteur. Puis on passe à une histoire de trésor et de message à décrypter . Souvent repris mais au final assez ennuyeux.
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L'ange du bizarre

Cette nouvelle (de la veine parodique de Poe) dont le titre français est souvent repris par des commentateurs, fut écrite en 1844 et traduite par Baudelaire en 1860 . Elle met en scène un narrateur fortement alcoolisé qui se met à dialoguer avec une entité "L'ange du bizarre" , Arcimboldo fait de bouteilles, à l'épouvantable accent allemand . Comme il semble douter de l'influence des évènements incongrus dans la vie , il est châtié par une kyrielle de catastrophes absurdes ,du genre de celles qui arrivent aux personnages de Tex Avery. C'est étonnant est assez marrant.
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L'Ève future

Je ne doute pas que cette oeuvre soit un chef-d'œuvre dans sa catégorie, je reconnais tout à fait son avant-gardisme et son originalité. Le thème est d'une modernité extraordinaire, le jargon littéraire et technique est omniprésent, rendant parfaitement compte de l'ambiance mystique et technologique qui se dégage de ce roman non identifié. Un homme aime une femme mais sous son enveloppe charnelle parfaite, c'est une idiote finie. Un inventeur lui propose alors de créer de toutes pièces une enveloppe charnelle identique mais dans laquelle il insufflerait une âme digne du jeune aristocrate. Sympa pour la dame. S'ensuivent des dizaines et des dizaines de chapitres, décortiquant toutes les étapes, justifiant tous les procédés, rendant le tout presque possible. C'est sans compter l'intervention divine dans les dernières lignes du roman qui remet tout à sa bonne place, y compris l'inventeur. J'ai détesté cette lecture, du début à la fin, la forme dialogue, la démonstration mathématique me donnait l'impression d'être en cours de SVT plutôt qu'en pleine lecture. J'ai détesté la décomposition méthodique du corps féminin et la misogynie ambiante. J'ai détesté le huis clos pesant et limitant. Une histoire perturbante donc mais cela ne suffira pas à me faire relire.
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L'Insurgé

L’insurgé /Jules Vallès

On retrouve dans ce roman Jacques Vingtras, le narrateur, dont on avait fait la connaissance dans « L’Enfant », puis « Le Bachelier ». Il est à présent pion dans un lycée de province depuis plusieurs semaines attendant la rentrée à la faculté de lettres. Il a trouvé dans ce lycée la tranquillité de l’asile et le pain du refuge.

Jusqu’au jour où lui est proposé de remplacer le professeur de rhétorique absent pour quelques temps. Au début du premier cours, il n’hésite pas un seul instant à expliquer à ses élèves qu’il ne faut rien apprendre de ce que l’université leur recommande. Évidemment, le soir même il recevait son congé.

Jacques le rebelle se retrouve sur le pavé de Paris, sans le sou, brouillé avec toutes les universités de France et de Navarre ! Finalement, grâce à quelques connaissances, il trouve un emploi d’auxiliaire dans une mairie d’arrondissement. Il est au bureau des naissances. Il n’était pas franchement préparé à vérifier le sexe des nouveau-nés avant de les inscrire de sa plus belle écriture faite de pleins et de déliés qu’il a dû réapprendre.!

Quand il rentre le soir, Jacques écrit, ou plutôt essaye d’écrire tant il fait froid dans sa mansarde. Il noircit des pages pour les journaux. Journaliste à ses heures, mais aussi homme politique en devenir, il harangue une assemblée de bourgeois venus l’écouter lors d’une conférence et veut être un jour le député de la misère.

« Ces imbéciles me laissent insulter leurs religions et leurs doctrines parce que je le fais dans un langage qui respecte leur rhétorique, et que prônent les maîtres du barreau et les professeurs d’humanités. »

Cela lui vaut d’être contraint de démissionner de son emploi à la mairie. Et les directeurs de journaux ne veulent pas de sa prose rebelle. Sa réputation naissante d’insurgé ne facilite pas les contacts.

Il vient de terminer son premier livre et cherche un éditeur. Après avoir été plusieurs fois prié de déguerpir, il trouve preneur. Il va pouvoir enfin manger à sa faim. Il en a des frissons !

Mais l’éclaircie ne dure qu’un temps et il se voit refusé par les journaux aussi bien bonapartistes que républicains. Il est carrément désigné à la calomnie. Il est hostile à la république de Thiers autant qu’à l’Empire. Il prône une révolution, un soulèvement populaire et l’avènement d’une démocratie sociale.

Puis un jour on vient le trouver pour qu’il se présente à la députation au nom de l’idée révolutionnaire. Il accepte et se prépare en lisant les œuvres de Proudhon, puis fait campagne.

Il déclare que « la vieille politique doit crever au pied du lit où la France en gésine agonise, elle ne peut nous donner ni soulagement, ni le salut. Il s’agit de ne pas se vautrer dans ce fumier humain, et, pour ne pas y laisser pourrir le berceau de la troisième République, de revenir au berceau de la première Révolution. »

Il a à présent son journal : « Le Cri du Peuple », que l’on s’arrache dans tout son entourage et dans le peuple.

Vingtras raconte ensuite sa participation à la commune de Paris de 1871. L’armée des versaillais organisée par Adolphe Thiers pénètre dans Paris aux mains des Communards depuis mars 1871. C’est la guerre des barricades. Vingtras est arrêté et accusé d’excitation à la guerre civile. Puis libéré. Il fait alors partie d’un gouvernement populaire. C’est plus tard la Semaine Sanglante avec incendies et massacres d’otages auxquels Vingtras parvient à échapper.

Un récit qui se présente comme un reportage de guerre et dont l’intérêt historique est relatif tant la place est laissée à l’émotion plutôt qu’à la rigueur et dont la construction semble un peu brouillonne et peu structurée. Même s’il ne s’agit pas d’une stricte autobiographie, il apparait clairement que Jules Vallès est reconnaissable sous les traits de Jacques Vingtras.

Historiquement, à la lecture de ce livre, on voit que l’absence de stratégie réelle des fédérés, la multitude de courants, l’absence de ligne directrice politique précise et le manque de compétences militaires, ne pouvaient que mener fatalement à l’échec. L’écrasement par les versaillais à la botte du pouvoir en place était inévitable..

Jules Vallès a dédié son livre à tous ceux qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre « un monde mal fait, et formèrent sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs. »

Du point de vue littéraire, on observe une écriture nerveuse et passionnée, des portraits au vitriol, un style journalistique engagé non dénué d’humour.

Bref rappel historique :

Le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan et les Prussiens envahissent la France. Pendant l’hiver, Paris, assiégé, connaît les bombardements et la famine mais refuse de s’avouer vaincu.

Paris rejette également la nouvelle Assemblée nationale issue des élections du 8 février 1871, majoritairement composée de monarchistes et de hobereaux campagnards, favorables à la paix, tandis que les élus de Paris sont des républicains.

Le Gouvernement de la République, dirigé par Thiers, se réunit d’abord à Bordeaux, puis à Versailles afin de ne pas prendre le risque d’être retenu en otage par les Parisiens. Thiers veut conclure un traité de paix alors que les élus parisiens refusent l’entrée des Prussiens dans Paris et de se laisser désarmer. Ils veulent également ouvrir une nouvelle ère politique et sociale.

Une guerre sans merci s'engage entre la Commune proclamée le 30 mars 1871, et le gouvernement de Thiers qui reçoit l'appui du chancelier Bismarck.

La Commune de Paris dure un peu plus de deux mois, du 19 mars au 28 mai 1871.

Elle est finalement vaincue durant la "semaine sanglante" qui débute avec l'entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 mai et s'achève par les derniers combats autour du cimetière du Père Lachaise le 28 mai.

La répression est impitoyable. Le nombre des fusillés sans procès varie entre 20 000 et 30 000 personnes. Le nombre de prisonniers est évalué à 38.000 individus environ "dont 5000 militaires, 850 femmes et 650 enfants de 16 ans et au-dessous. Sur les 10.137 jugements contradictoires, il y a eu 95 condamnations à la peine de mort (finalement seules 23 personnes furent fusillées); 251 aux travaux forcés ; 1.169 à la déportation dans une enceinte fortifiée ; 3.417 à la déportation en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie ; 4.692 à la réclusion ou à l'emprisonnement ; 332 bannissements ; 117 à la surveillance de la haute police ; 9 à l'amende et 55 enfants de moins de 16 ans furent envoyés dans une maison de correction.







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