Un très chouette essai que son auteur désire « ouvert », du fait des évènements toujours en cours du mouvement du Hirak.
Dans ce petit bouquin,
Jean-Pierre Filiu rappelle la confiscation de l'indépendance algérienne par une oligarchie méprisante, qui pousse l'outrage en 2019 en voulant faire accepter aux Algériens un énième mandat d'un président sénile : de là naît le mouvement non violent et les manifestations massives demandant le départ du gouvernement et d'importantes réformes.
Parmi les thèmes abordés par l'auteur, on retrouve un rapide exposé de la colonisation et les grandes dates qui conduisent au soulèvement, la violence considérée comme endémique dès la fondation de l'Algérie et la guerre civile concomitante, le féminisme algérien peu revendiqué afin d'éviter des accusations d'influence trop occidentale (en rappelant au passage le caractère arriéré du code de la famille algérien), le « brain push » (fuite des cerveaux où le pays d'origine fait office de repoussoir, au contraire du « brain drain » où le pays d'accueil attire), la hantise du complot et d'une manipulation sous-jacente de puissances étrangères, les revendications de séparation entre religion et Etat, ou encore le rôle des ultras du football algérien dans l'organisation et la sécurisation des cortèges de manifestations du Hirak.
Entre rappels historiques et analyses du mouvement du Hirak, on en apprend plus sur l'Algérie actuelle et les débats qui l'agitent, et l'on s'attriste que l'espoir suscité par les manifestations ait été bien vite douché par les restrictions imposées durant la pandémie de Covid-19. J'ai également trouvé intéressant les nombreux parallèles fait entre autres avec l'histoire politique égyptienne.
Une lecture aisée et courte, parfaite en guise d'introduction au Hirak.