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EAN : 9782832112441
128 pages
Slatkine (20/10/2023)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Monsieur K. est ce qu’on pourrait appeler un écrivain du dimanche. Bibliothécaire dans une petite université de province, il consacre son temps libre à la lecture et à l’écriture de romans qui lui permettent de s’évader de son quotidien aliénant et de la vacuité de son existence.

Collectionnant les tentatives et cumulant les refus d’édition, il s’apprête à déclarer forfait. Or un tragique concours de circonstances lui donne l’occasion inespérée d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Désarroi est je crois le terme qui convient le mieux à mon ressenti en refermant Autoédition de Cédric Comtesse.

Monsieur K . est addict de chez addict. N'allez pas croire qu'il consomme des drogues illicites, non il se contente de remplir son estomac aimant particulièrement les sucres et l'alcool. A chacun son plaisir mais là n'est pas son addiction.

Bibliothécaire de métier, Monsieur K rêve de voir son talent d'écrivain enfin reconnu. Pourquoi aucun de ses romans n'a trouvé d'éditeur? Il enrage, il fulmine, il désespère. Alors lorsque par un concours de circonstances incroyable il a l'opportunité de réaliser son rêve...
Osera t'il ou n'osera t'il pas saisir l'opportunité?

Cedric Comtesse égratigne allègrement le monde de l'édition et celui des écrivains , un monde où il est de bon ton de surfer sur la vague, un monde où tout ce qui brille n'est pas d'or. Si le portrait de Monsieur K qu'il nous propose est à la limite de la caricature , la pirouette finale est un véritable feu d'artifice que chacun appréciera ou non.

Un grand merci aux éditions Slatkine pour ce partage

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Le narrateur, Monsieur K., occupe un poste dans la bibliothèque d'une université. de son propre aveu, sa vie est d'une monotonie affligeante et son travail plus que plan-plan. La petite cinquantaine, célibataire, sans enfants, ce vieux garçon a une vie réglée comme du papier à musique : tous les jours les mêmes tâches, les mêmes collègues, la même épicerie … Son seul plaisir dans la vie est l'écriture. Chaque soir, il endosse son costume d'écrivain. Sans relâche il écrit, relit, peaufine, pas même découragé par plus de vingt ans de cruelles désillusions à chaque envoi de manuscrit et ces lettres de refus, sèches, impersonnelles, définitives !

Dans cette ville de province, en plein mois de décembre, l'ambiance est neigeuse et plombée. Un mardi soir, dans le club de lecture dans lequel il s'investit beaucoup – en donnant notamment des coups de main à ses acolytes auteurs en herbe – son tour est venu de lire son dernier texte. Mais c'est sans compter une étudiante qui vient lui voler la vedette avec un récit futuriste, au style catastrophique. A la sortie de cette rencontre, un tragique évènement s'ajoute malencontreusement à cette soirée cauchemardesque qui achève de faire sombrer cet homme insignifiant du côté obscur. Ressort alors la vraie personnalité du bibliothécaire. Son rêve d'être enfin publié et d'être le prochain Goncourt lui fait perdre les pédales. Aveuglé par son désir impérieux de devenir un écrivain connu, Monsieur K. franchit alors des limites impardonnables.

Cédric Comtesse a imaginé un scénario poussant à son extrême les tendances récentes du wokisme et de la cancel culture, et laisse entrevoir une vision glaçante de l'avenir. Critique au vitriol de notre société et du microcosme littéraire, Autoédition est un roman concis, agréable à lire, soulevant des questions centrales et dérangeantes, notamment jusqu'où peut-on aller pour satisfaire son besoin de reconnaissance et atteindre son but. L'auteur lance également un pavé dans la mare, en évoquant la tangente inquiétante que prend le monde et présageant un futur sombre pour notre humanité…

En résumé : Passion dévorante et critique acerbe de notre société au programme de ce court roman !

Avis à retrouver aussi sur le blog :

Lien : https://tasouleslivres.com/a..
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Monsieur K, la petite cinquantaine, vieux garçon, bibliothécaire de son état, est un écrivain du dimanche. Coincé dans sa vie sans relief, il ne rêve que de devenir auteur à succès. Mais sur son bureau, s'empilent inexorablement les lettres de refus de ses manuscrits.
Alors quand dans une nuit froide de décembre il a l'opportunité de réaliser son rêve, il n'hésite pas un seul instant. Aigri et obnubilé par le prix Goncourt, il bascule du mauvais côté, et commet l'irréparable...

Avec son héros pleutre, arriviste, geignard et horripilant, Cédric Contesse brosse un portrait caricatural du monde de l'édition et égratigne tous les acteurs de cet univers impitoyable.

Un livre très second degré qui vous fera passer un moment sans prise de tête.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Fin du chapitre 1:
...Ma boîte aux lettres était pleine à ras bord. Des factures que j’ignorai, de la publicité que je jetai. Et comme un cadeau sous le sapin avant l’heure, la lettre que je n’espérais plus. J’hésitai quelques secondes et pris une grande respiration. Puis j’introduisis mon index dans l’interstice de la seule enveloppe qui avait survécu à mon tri sauvage et déchirai son papier avec nervosité.
Après l’ouverture de la boîte aux lettres, c’était le moment le plus exaltant de ma journée mais je me retins de sortir tout de suite la feuille pliée en deux. J’avais décidé de faire durer le suspense en différant la lecture d’une nouvelle que j’attendais depuis des semaines et qui allait peut- être donner un tournant radical à mon existence, ou simplement la figer dans son morne statu quo.
Avant de m’attaquer au message, j’inspectai la missive avec minutie. L’enveloppe n’était pas ordinaire. Elle était d’un blanc écru. Le grammage de son papier granuleux était épais. Le timbre rouge à l’effigie d’une fière Marianne, bien aligné en haut à droite, avait été choisi avec goût, de manière personnalisée. Mon adresse et mon nom précédé d’un « Monsieur » avaient été délicatement rédigés à la plume. Le nom de la ville souligné à la règle. L’écriture était régulière et harmonieuse. L’encre bleu roi avait un peu coulé, sans doute parce qu’en pressant le bouton de l’ascenseur, j’avais tenu l’enveloppe dans la même main que mon parapluie dégoulinant.
Mais j’hésitai trop longtemps. Comme un parachutiste qui refuse de sauter dans le vide après l’avoir longuement fixé. Je me contentai de déposer la lettre que je n’avais pas eu le courage de lire sur la commode de marbre de l’entrée, comme si elle était chauffée à blanc, sur une pile d’une centaine d’autres accumulées au fil des ans. Toutes avaient été ouvertes avec impatience. Certaines étaient déchirées, d’autres avaient déjà jauni. La rage au cœur, je les avais maintes fois lues et relues sans trop y croire. J’espérais toujours avoir manqué une nuance qui m’aurait signifié avec politesse que je méritais une seconde chance. Cent lettres composées de quelques lignes, au langage poli mais sec, lapidaire et assassin, qui avaient à chaque fois piétiné mon amour-propre et m’avaient fait douter de mon talent. Plus terrifiantes à mes yeux que l’annonce d’une maladie mortelle ou d’une rupture amoureuse : un refus d’édition.
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Chapitre I. Description de Monsieur K. dans les couloirs de la bibliothèque où il travaille:

Les méandres des couloirs de la bibliothèque universitaire déjà fermée au public depuis plus d’une heure étaient obscurs et déserts. Le mélange d’odeurs provenant du bois patiné des tables d’étude et du cuir des sièges usés par des générations de lecteurs donnait une atmosphère atemporelle à ce lieu. Sans les quelques ordinateurs encore allumés diffusant une lumière bleue, j’aurais pu me croire au XIXe siècle, dans un des romans qui garnissaient les nombreuses étagères, plus précisément dans l’un des ouvrages de mon auteur préféré : Honoré de Balzac. L’ivresse aidant, j’avais l’impression de m’être glissé dans la peau d’un de ses personnages archétypiques, un vieux rond-de-cuir de sa Comédie humaine : fonctionnaire depuis toujours, la petite cinquantaine, célibataire, sans attaches familiales ni animal de compagnie. Mon air maussade et taciturne, ma silhouette rondouillarde, grassouillette aux hanches, mon double menton et mon crâne dégarni, complétaient cette description du personnage secondaire de vieux garçon dont aucun lecteur n’aura jamais pu retenir le nom. À notre époque, j’étais le parfait cliché du mâle blanc. Plus raté que dominant. N’ayant pas eu envie de faire carrière ou de collectionner les conquêtes féminines. Et n’étant jamais sorti du lot en faisant quoi que ce soit.
Les rayons de la lune qui traversaient les oblongues fenêtres gothiques baignaient de lumière les imposantes bibliothèques de cinq mètres de haut. Des milliers de recueils de toutes tailles et de tous âges reliés à l’ancienne de carton et de cuir m’entouraient de part et d’autre. Des millénaires de pensées, des millions de théories et de récits s’empilaient comme autant de strates intellectuelles. J’en avais bien lu quelques centaines mais il m’aurait fallu plus d’une vie entière pour les découvrir tous. À cause de l’alcool, j’avais l’impression que ces tours de livres tanguaient et allaient s’effondrer sur moi pour engloutir mon insignifiance. Je me dépêchai de sortir de ce menaçant labyrinthe de signes et de mots.
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Chapitre 2. Monsieur K. à son club de lecture et d'écriture.

À mon arrivée, j’avais été surpris de trouver la salle de réunion pleine à craquer. D’habitude elle était pratiquement vide. Il faut dire que c’était la session la plus importante, la dernière avant les fêtes lors de laquelle on élisait le meilleur texte de l’année. Celle où le buffet canadien était des plus gargantuesques. J’avais encore une fois oublié d’amener quelque chose mais étant donné la quantité de nourriture qu’il y avait toujours, je ne m’inquiétais pas. On aurait pu inviter tous les sans-abris de la ville pour qu’ils se restaurent pendant la trêve de Noël. En temps normal, seul un petit groupe d’habitués venait régulièrement. Quelques-uns par passion de la littérature ou de l’écriture. La plupart parce qu’ils n’avaient rien d’autre à faire de leurs soirées. Je faisais partie des deux groupes et je devais être de loin le plus assidu. En plus de ma production personnelle, je participais bénévolement à l’élaboration des textes des autres membres. En général, je n’intervenais pas sur l’histoire ou le style. Je m’enorgueillissais d’être comme le correcteur officiel du groupe et je me contentais de laisser une patte normative dans leurs écrits. Je mettais ma pierre à l’édifice pour la préservation d’une grammaire et d’une orthographe sans concession. En brave petit fantassin anonyme de la langue française.
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