A mon tour de mettre mon petit caillou sur ce shorten de marcheurs imaginaires et de lecteurs réels - sur les traces du vieux Théo Monod, intrépide voyageur, dessinateur subtil et chroniqueur inspiré de ces "Heures africaines" brûlantes, dépaysantes et enchantées..
D'abord un petit coup de chapeau au travail éditorial: quelle formidable idée d'avoir reproduit le manuscrit du grand marcheur, ce qui nous permet d'en découvrir l'écriture soignée et les dessins élégants, finement coloriés dans leurs "pastilles " respectives : c'est le travail de Babel Editeur, encore une fois, cette petite maison d'édition de Mazamet, morte avec son fondateur, il y a peu, et qui nous a laissé quelques pépites rares, comme celle-ci.
Enfin, le bijou, présenté dans un tel écrin : le texte et les dessins eux-mêmes.
Cette "Ballade" se présente comme un livre d'Heures, partagé en cinq "Dits" -des Véhicules aux Modes vestimentaires, en passant par les Soifs, les Nourritures, les Habitations- une prose poétique, un peu gidienne - Nathanaël étant ici remplacé par un "ô mieux aimé" auquel le discours s'adresse- enfant ou disciple du philosophe. Dans sa préface, Gaspard, l'éditeur, signale aussi la parenté avec Kipling, dédiant ses "Histoires comme ça" à son enfant disparue, Joséphine, et la désignant sous le terme de ""Best beloved.
Poésie du texte- qui épouse les pulsations de la marche, les ondulations des périssoires sur la vague. Qui savoure le délice de la soif étanchée par le lait des cocotiers, le jus parfumé des fruits exotiques, et la fraîcheur miraculeuse de l'eau, simple, rare, et si précieuse..
Observation humble, étonnée, précise de ce qui fait le mystère presque religieux de l'Afrique - et générosité immense du partage avec nous, les lecteurs sédentaires, les marcheurs immobiles, les marins en cale sèche...
J'ai adoré ce petit livre, ce cadeau...
Je le relis souvent - et je revois toujours le vieux Théo, déjà presque centenaire, venant à la foire des Poètes, sur le parvis de saint Sulpice, rendre une petite visite à son éditeur et ami, Gaspard, dont le stand présentait la Ballade des Heures africaines en guest star... et je le revois aussi repartir, avec Gaspard, en moto, cheveux au vent, ses sandales de marcheur évangélique bien arrimées dans les cale-pieds..
Explorateur du monde, éternellement jeune, éternellement ébloui, plein de malice et de sagacité...
Commenter  J’apprécie         320
Manuscrit ou "manugraphe" accompagné d'illustrations à l'aquarelle.Il relate la mission de Théodore Monod; son voyage en 1925 à travers l'Afrique.
On retrouve l'ambiance de Méharées, avec l'écriture simple et teintée d'humour de Théodore Monod, qui nous fait partager sa passion de l'Afrique .
On se balade au fil des mots et des illustrations. Moyens de locomotion, les boissons, la nourriture, les habitations, la mode africaine.
ah ! Dommage qu'il n'y ait pas eu de suite à cette ballade de mes heures africaines.
On a vraiment l'impression de lire le carnet de notes de Théodore Monod avec ses merveilleuses illustrations, toute en finesse.
Petit bijou qui nous emmène très loin de notre quotidien.
Commenter  J’apprécie         282
J'ai navigué sur la mer houleuse où passent lentement les ombelles pulsatiles des méduses et les lourdes tortues océaniques couvertes de coquillages;
Sur les eaux noires et ombreuses, et funèbres des rivières de la forêt vierge;
Et sur les eaux vertes et ensoleillées des fleuves soudanais qui tordent le ruban de leurs méandres à travers l'immensité des savanes où, dans les mimosas, s'enfuit l'antilope;
Et jusqu'aux grèves désertes du lac Tchad: sur le sable gris, devant le grave aréopage des pélicans, déferlent les petites vagues folles venues du Kanem et du mystérieux pays des îles flottantes.
J'ai chaussé l'étrier des guerriers Foulbés, en cuivre et si petit qu'on n'y peut poser que le gros orteil;
Et l'étrier Kotoho, large comme une pelle à charbon, qui ferraille dasn les buissons et dont l'angle aiguisé sert d'éperon
Mais j'ai aussi marché à pied...
J'ai bu le lait des cocotiers du rivage, le lait doux des noix jeunes, le lait acidulé des fruits âgés, sur le sable blanc de la plage atlantique: les puissants souffles du large font bruire les palmes.
J'ai embarqué sur les belles pirogues du sud, écarlates, faites d'un seul tronc de bois-corail, et qui volent sur la rade sous l'effort des longues pagaies effilées;
...
Les rencontres Hachette Technique
Comment réconcilier les élèves avec l'étude de la langue ?
Nouveau ! Une approche visuelle et synthétique de l'étude de la langue en lycée professionnel
Au programme :
Enseignants et orthophonistes : quels constats ?
Les bénéfices de la traduction graphique des règles
Mise en oeuvre en classe
Temps d'échanges
Les intervenantes
Nathalie Balaguer, professeure de lettres-histoire, Lycée Théodore Monod, Antony
Anne-Claire Errard, orthophoniste
Marie-Lys Errard, traductrice graphique