Emprunt médiathèque. Octobre 2015. Je dois ce livre à babelio et plus précisément à Sauveterre, auteur de la liste : Quels droits pour les animaux ? Je remercie donc le réseau pour cette lecture au combien éclairante et "obsédante".
Chercheuse au CNRS et juriste, Marcella Iacub a donc mangé de la viande durant des années (on ignore combien exactement), de l'Argentine à la France et sous toutes ses formes (terrines, barbecue, rôtis, jambons...). Pour faire face au dilemme que cette nourriture provoquait en elle, elle a employé, ainsi que nous sommes nombreux à le faire, une multitude de stratagèmes de justification allant de l’occultation de la mise à mort des animaux à l'acceptation pure et simple de notre rôle humain de "prédateurs". Un jour, parce-qu-elle lit le texte de Plutarque, Manger de la chair, elle ne pourra plus manger un être auquel on aura ôté la vie pour satisfaire sa gourmandise.
Cet essai m'a vraiment plu. La vache ! C'est le mot. Comment porter les dents sur une brochette et la trouver bonne sans penser à l'agneau qui bêle ou au cochon qui crie. Édifiant ! Au cours de ce petit texte, Marcella Iacub fait plus que révéler ce qui l'a poussée au végétarisme, elle explique surtout comment et pourquoi elle a pu manger de la viande pendant des années. Oui il s'agit d'une véritable confession. Le seul défaut de ce texte à mes yeux réside dans la justification de l'alimentation carnée, je l'ai trouvée tirée par les cheveux. Intellectuelle ou tout bonnement simpliste, on n'y croit pas. Après tout, on sent juste que l'auteur n'y croit pas non plus. Elle voudrait avoir osé dire "Non !" dès le début, avoir lu Plutarque plus tôt et changé avant.
Et oui, nous savons parfois en ouvrant certains livres qu'après les avoir lus plus rien ne sera comme avant, alors nous ne les ouvrons pas.
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Lorsque nous voyons la viande dans notre assiette, nous ne voyons pas la séquence des images qui la rendit possible. Nous ne voyons pas la bête vivante, nous ne voyons pas le couteau qui la tue, nous ne l'entendons pas supplier pour sa vie, nous ne voyons pas son sang jaillir, nous ne voyons pas la main qui la dépèce. (p. 134)
Quand je suis venue vivre en France, j'ai perdu la viande argentine, mais j'ai gagné en diversité d'animaux à dévorer. Et pas seulement en diversité. J'ai été émerveillée par la manière de les préparer. (...) Cela ne signifie pas que j'ai accepté l'ensemble des nouveaux animaux que cette cuisine me proposait. Certains me faisaient hésiter, comme le lapin, mais jamais lorsqu'il m'était présenté sous la forme d'une terrine. (p. 19)
ceux qui ont l'occasion de voir un animal vivre dans de bonnes conditions peuvent se représenter immédiatement le bonheur à son état le plus pur. Ils jouissent du seul fait d'être au soleil, de courir, d'avoir des amis, de manger, de se réveiller. (p. 115)