Qu'est-ce que l'IA fait au design et à la création ? de la Publication assistée par ordinateur aux banques d'images, voilà longtemps qu'on ne sait plus si les designers sont assistés par l'ordinateur ou l'inverse. L'IA générative type MidJourney vient renouveler cette longue promesse d'une création sans intervention humaine. Mais cette idée du remplacement par les machines s'attaque surtout à une idée préconçue, celle que l'illustration serait une exécution servile d'un brief textuel, comme le proposent finalement les plateformes de microtravail type Fiverr, oubliant que même la compréhension des besoins nécessite un temps d'échange ou que la verbalisation d'une intention créative n'a pourtant rien d'évident. L'IA en cela semble un processus industriel comme les autres, qui réifie l'exécution, comme si c'était le seul endroit où peuvent se concentrer les gains d'efficacité.
Pourtant, ce qu'annoncent les prompts, c'est le retour du concept d'imitation qui est à l'oeuvre, et avec lui la répétition et la reproduction (un terme qui nous renvoie à l'époque de l'invention de la photographie et à
Walter Benjamin). L'introduction de l'IA n'est pas tant une question de remplacement (de l'humain par la machine) que de “recouvrement”, produisant un environnement où l'on ne pourra plus distinguer ce qui est produit par l'homme de ce qui est produit par ces intelligences simulées. le risque, derrière cette “mécanisation de toute action au nom du rendement”, c'est avant tout de ne produire que de l'uniformité.
Enfin, pas pour tous ! le moteur de l'IA c'est de renforcer les inégalités. Demain, il est probable que nous aurons d'un côté, un design d'élite où règne la liberté et l'originalité, et de l'autre un design stéréotypé, tâcheronisé, avance le chercheur en design
Anthony Masure dans son essai, "
Design sous artifice".
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