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EAN : 9782080283665
224 pages
Flammarion (15/03/2023)
4.01/5   74 notes
Résumé :
"Un après-midi d'automne, assise à la terrasse d'un café, je listais avec mon éditeur des idées de chapitre pour Les 8Sept Péchés capitaux du rock, titre de mon premier livre. “Bertrand Cantat.” Un coup de vent glacé m'a fait frissonner. Ou était-ce ce nom, évocateur de mort et de violence ? Dans mon souvenir, le chanteur de Noir Désir s'était disputé avec sa petite amie, l'actrice Marie Trintignant, un été, en Lituanie. Il lui avait donné une gifle, sa tête avait h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Récemment j'ai lu…
Ceci n'est pas un fait divers, magnifique roman de Philippe Besson relatant un terrible féminicide conjugal
… Nos pères nos frères nos amis, enquête « de terrain » menée auprès d'hommes violents par le journaliste et écrivain Mathieu Palain, afin d'essayer de comprendre les mécanismes de cette violence.

Et hier j'ai lu…
Désir noir, résultat d'enquête et récit de la journaliste au Point Anne-Sophie Jahn, sur les décès de l'actrice Marie Trintignant (le 1er août 2003) et de l'organisatrice d'événements artistiques hongroise Krisztina Rády (le 10 janvier 2010), respectivement compagne et épouse de Bertrand Cantat, le charismatique chanteur et leader du groupe de rock français, Noir Désir.

Au fil de ces trois lectures j'ai ressenti un malaise croissant.
Avec Désir noir, on n'est plus dans la fiction. Ni dans les témoignages d'« anonymes ».

Noir Désir, j'aimais bien. Musicalement parlant. Pas mon groupe préféré, mais j'aimais bien.
Je me souviens encore de la terrible nouvelle, il y a 20 ans. le choc. Les articles, les photos. Les obsèques. le pays en émoi. Car la victime, Marie, est aussi une figure médiatique, une talentueuse actrice, à la fois mystérieuse et solaire, chérie par ses proches, ses collègues, son public.
Une dispute de couple qui dégénère en bagarre ? Un tragique accident ?
Le chanteur se pose en victime : il a perdu la femme qu'il aimait.

Et puis… d'autres tragédies viennent faire la « une » des journaux. On oublie (un peu) Marie, Cantat purge sa (courte) peine de prison, est libéré, retourne auprès de Krisztina, la mère de ses enfants. Krisztina qui se donne la mort après avoir défendu Bertrand lors de son procès, puis à plusieurs reprises évoqué son comportement violent.

Jusqu'à ce récit édifiant et assertif : « La mort de Marie Trintignant n'était pas un accident. »
Les descriptions des stigmates de la lutte sur le corps de Marie sont difficiles à lire.
Anne-Sophie Jahn a dû faire preuve de pugnacité pour trouver des réponses aux zones restées dans l'ombre. « Ses questions « font mal, dérangent, remuent. » La journaliste se heurte à l'opposition farouche de l'avocat de Cantat, de son frère Xavier, de sa maison de disques, ou à un mur de silence. « Le silence reste l'arme la plus redoutable des hommes violents ». Cantat n'a pas accepté de livrer sa version des faits.

« En 2023, six ans après #MeToo, enquêter sur Bertrand Cantat est toujours quasiment impossible. »

Et pourtant, le livre est là.
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Désir Noir
Anne-Sophie Jahn

Cet ouvrage sous forme d'enquête menée par Anne-Sophie Jahn journaliste au Point, nous ramène dans un premier temps en 2003, année où Marie Trintignant a succombé aux coups de Bertrand Cantat.

J'avoue avoir pensé à l'époque qu'il s'agissait d'une mort liée à une passion dévorante, un acte qui, pour horrible soit-il, ne faisait pas de son auteur un être diabolique.

Ma perception a changé depuis car cette première mort fut suivie par une autre 7 ans plus tard, celle de sa femme qui se pend dans sa chambre, avec les questionnements qui s'imposent et qui donnent à ce récit la structure d'une poupée russe :

- tout d'abord le fait divers : le coup de foudre, l'événement, le procès

- l'aspect psychologique : qui est vraiment Bertrand Cantat ? Côté lumière, une personnalité particulièrement charismatique, séduisant tous ceux qui l'approchent, exprimant des idées politiquement correctes et bien sûr bon musicien et bête de scène. Côté obscur, très narcissique, d'une grande violence tue par un entourage qui le protège pour des raisons différentes : la protection des enfants pour sa femme, sans doute la survie du groupe, la peur des réactions des fans et de Bertrand Cantat lui-même.

Franz-Olivier Giesberg en fait une description à mes yeux convaincante :
« Depuis qu'il a battu Marie Trintignant à mort (19 coups dont 4 au visage), il geint à longueur de temps. Il faudrait qu'on le plaigne et il y en a pour tomber dans le panneau. Ce n'est pas là, une histoire de pardon et de rédemption. C'est l'histoire d'un assassin narcissique, as de l'auto apitoiement qui était toujours dans le camp du bien et qui continue à s'aimer sous le regard énamouré de ses fans. »

- L'aspect politique :
Il bénéficie du soutien d'une certaine presse (les Inrockuptibles notamment) et d'un certain milieu artistique de gauche, le camp du bien toujours. La justice lui fut également très clémente.

- L'aspect sociétal :
Ce qui semble n'être tout d'abord qu'un fait divers s'inscrit dans un contexte plus large des violences faites aux femmes.
21 ans après le meurtre de Marie Trintignant, les violences faites aux femmes continuent de progresser avec un bond de 21 % en 2021. Cette année-là, 122 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex partenaire. Une nouvelle loi visant à protéger des victimes de violences conjugales, a été promulguée en 2020. Elle prévoit notamment que le harcèlement moral au sein du couple qui a conduit au suicide ou à une tentative est dorénavant puni d'une peine de 10 ans de prison et 250 000 € d'amende. »

Pour illustrer ce dernier aspect, je finirai par des extraits du message téléphonique de Krisztina à ses parents lorsqu'elle a repris la vie commune avec Bertrand Cantat après la mort de Marie Trintignant :

… « Hélas, je n'ai pas grand-chose de bon à vous offrir et pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m'était arrivé mais en l'espace de quelques secondes. Bertrand l'a empêchée, il l'a transformée en un vrai cauchemar qu'il appelle amour…
j'ai failli laisser une dent, il m'a balancé mon téléphone, mes lunettes, m'a jeté quelque chose de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s'est même cassé, mais ça n'a pas d'importance tant que je pourrai encore en parler. J'ai essayé, j'essaye de vivre de telle manière que je ne sois pas obligée de fuir car soit il sera déjà trop tard pour fuir faute d'être encore en état pour le faire, soit je réunis mes forces maintenant et je m'enfuis… vous pouviez deviner qu'une série d'évènements encore plus regrettable que celle de 2003 a eu lieu car a l'époque cela ne m'était pas arrivé à moi. Tandis que maintenant cela m'arrive ; déjà à plusieurs reprises, j'ai échappé au pire et puis c'est intenable, les enfants n'en peuvent plus, vous ne sauriez imaginer pire que ma vision de la chose et Bertrand est fou, il croit que c'est là le plus grand amour de sa vie et que mise à part quelques petits déraillements, tout va bien, et tout le monde bien sûr dans la rue le considère comme une icône comme un exemple comme une star et tout le monde désire que pour lui tout aille bien et après il rentre à la maison et il fait des choses horribles avec moi devant sa famille. Voilà c'est tout et j'espère qu'on va pouvoir s'en sortir et que vous pourrez encore entendre ma voix et sinon vous aurez au moins une preuve que… mais des preuves il y en a, les gens dans la rue et nos amis car ce qu'ils ont vu hier quand Bertrand a tout cassé… »

De cette preuve, la justice n'a rien fait, pas plus que des témoignages accablants mais en off émanant de certaines personnes de son entourage.

Ce livre est glaçant ; Bertrand Cantat est sans nul doute un dangereux récidiviste qui a et continue de bénéficier de jugements complaisants.
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« Taire le mal n'est pas le supprimer. »

Ceci n'est pas une fiction.
Été 2003.
Canicule.
J'ai 25 ans.
À Vilnius, en Lituanie, une femme, actrice, tourne un biopic qu'elle a co-écrit sur Colette.
Elle est amoureuse.
Il est une star du rock.
Une nuit, il la frappe.
Elle meurt.

À l'époque, on parle de passion, d'alcool, de drogue, d'une dispute romantique, d'un coin de radiateur qui n'aurait pas dû se trouver là. Aux infos, on voit défiler les images d'un chanteur désorienté et d'une mère qui tente vaillamment de protéger l'image de sa fille des photographes qui tentent de décrocher LE cliché.
Violence. Indécence. Dégoût.

Marie et Bertrand. L'actrice et la star de rock. J'ai été choqué évidemment. Mais par quoi ? La tragédie ? L'inattendu ? La brutalité ? La mort d'une célébrité ? le fait qu'ils soient tous deux célèbres ? Que j'aimais la musique de Noir Désir ? Un peu de tout ça.

Anne-Sophie Jahn remet les pendules à l'heure avec courage dans une enquête journalistique qui permet de répondre aux questions restées en suspens, et met en lumière ce qu'il s'est passé cette fameuse nuit.

Un homme a tué une femme de ses poings. Ni plus ni moins.

Les détails médicaux sont sans appel, les réactions du chanteur non plus. Se plaçant en victime, plaintif, il affirme :« Je n'ai pas de problème avec les femmes, ce sont les femmes qui ont un problème avec moi. »
Glaçant.

Certaines descriptions des conséquences des coups sont difficiles à lire. La détresse des proches aussi.

Quelques années plus tard, Krisztina, l'épouse de Cantat, met fin à ses jours. Autre mort dans son entourage, on s'interroge. Mais le culte du silence s'impose. Stupéfiant de voir à quel point l'aura de Cantat fait des ravages. À quel point les éventuels témoins se taisent encore aujourd'hui par peur des représailles du chanteur ou de ses fans.

La mort de Marie Trintignant est un féminicide.

Je salue le très bel épilogue de ce récit édifiant, sans complaisance, que j'ai lu d'une traite.
Cantat a poursuivi l'autrice en diffamation.
Il a perdu.
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La mort de Marie Trintignant était un choc à l'époque. Passion, amour dévastateur, jalousie, violences mutuelles, drogues, alcool et perte de contrôle ; très vite cela a volé en éclats avec le récit, par sa famille, des coups portés, du nombre incalculable de blessures sur son corps, de la désinvolture, pendant qu'elle agonisait dans une autre pièce, de son compagnon Bertrand Cantat.

Il y a des personnes qui semblent pouvoir s'absoudre de tout. Sans cesse revient le charisme que dégage cet homme, et une fascination malsaine de son entourage qu'il semble tenir sous sa coupe.

Une omerta totale règne ou presque, puisque quelques témoins se risquent à parler. Que non, Cantat n'est pas le poète maudit et romantique qui n'a jamais levé la main, mais plutôt un homme violent, tout le temps et avec toutes les femmes de sa vie. « je n'ai pas de problème avec les femmes, c'est elles qui en ont avec moi »

La solaire Krisztina, qui le défendra, revenant sur des affirmations de violence faites avant le procès auprès des proches de Marie, en sera la victime suivante. le livre s'ouvre sur le long message qu'elle laisse sur le répondeur de ses parents avant de se pendre 6 mois plus tard. Il ne laisse planer aucun doute sur les violences qu'elle subit de la part de Cantat.

Cantat qui passe son temps à s'apitoyer sur lui-même, se trouve toutes les excuses et inverse les rôles, c'est lui la pauvre victime. Qui bénéfice d'une mansuétude incroyable pendant son incarcération, aucune enquête sérieuse n'est faite après le décès de Krisztina, on clôture, on esquive, on classe.

Il a fait un procès en diffamation à l'autrice du livre. Il a perdu.

Cantat est un sale con et il ne mérite que l'oubli.

Souvenons-nous de Marie et de Krisztina.

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Avec Désir noir et vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l'enquête sur la tragédie de Vilnius que l'on n'appelait pas encore féminicide.

A l'été 2003, la mort de Marie Trintignant a été, pour moi, une onde de choc parce que c'était une actrice solaire et parce que celui qui avait asséné les coups, Bertrand Cantat, était une rock star que j'aimais beaucoup. A l'époque, les médias parlaient de tragique accident sous l'emprise de la passion, de la jalousie, de l'alcool et des stupéfiants.

Mais lorsqu'on lit ce récit, qu'on se rend compte du nombre de coups qu'a reçu Marie, on sait qu'il n'en est, en fait, rien. Anne-Sophie Jahn retrace de A à Z non seulement « l'affaire Cantat » et le meurtre de Marie Trintignant mais aussi tout ce qui entoure le suicide de Kristina Rady.

Une enquête sur tous les éléments disponibles et des interviews de témoins, policiers, juristes à distance de l'affaire. Les témoins, sous couvert d'anonymat osent raconter des scènes, des paroles que l'on ne peut que trouver hallucinantes.

Et c'est réellement glaçant mais aussi passionnant. Y a-t-il eu violence avant et après Vilnius? le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par Bertrand Cantat, qui apparait ici jaloux, possessif et harceleur ?

Le déchaînement de violence qui a tué Marie Trintignant, la multiplicité des coups qu'elle a reçu, et ce que l'on sait des violences conjugales permettent de penser que oui, ce n'était pas un acte isolé, mais sans preuve irréfutable Cantat ne risque pas d'être ennuyé car les témoins qui, au départ, affirmaient que le chanteur était violent, se sont tous rétractés et en premier lieu son épouse.

Certes Cantat n'a jamais tenté de fuir la justice mais elle a été bien clémente envers lui. La peine, légère, a été divisée en deux et le chanteur a bénéficié en Lituanie et en France d'une détention VIP avec cellule individuelle, un régime de semi-liberté très tôt, un frigo personnel qu'il cadenasse pour qu'on ne lui vole pas ses yaourts !

Le suicide de Kristina Rady a-t-il été provoqué par la violence physique et psychologique ? On n'a l'impression que justice n'a pas été faite sur suicide, mais qu'il n'y aura jamais de réponse. Tous les thèmes employés à l'époque » drame passionnel » « amour fou » sont heureusement devenus inacceptables.

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critiques presse (1)
OuestFrance
20 mars 2023
Pendant six ans, la journaliste Anne-Sophie Jahn a enquêté autour de la mort de Marie Trintignant, l’actrice morte sous les coups du chanteur Bertrand Cantat à Vilnius, mais aussi autour du suicide de Krisztina Rady, la femme de ce dernier. Elle a rencontré de nombreux témoins du drame et des proches des protagonistes, relevant dans « Désir noir » la violence du chanteur et stigmatisant l’omerta qui règne autour de ce qu’elle estime être un féminicide.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais elle est distraite. Bertrand n’arrête pas de l’appeler sur son portable. Elle finit par décrocher et lance visiblement agacée : je suis avec Pierre ! Avec lui, fous-moi la paix !
J’avais trouvé bizarre qu’elle lui réclame un répit pour certains rendez-vous… me raconte le réalisateur Pierre Salvadori.
Quand les gens appellent cinquante fois de suite, en demandant « tu es où, qu’est ce que tu fais ? », c’est du harcèlement. Je me suis dit qu’il devait être très jaloux, narcissique. Il y avait là tous les signes d’une relation toxique : culpabiliser l’autre, les éternelles confrontations…
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C’est vrai que la peine pénale est censée rendre au citoyen ses droits. Mais au fond, il faut quand même avoir une forte estime de soi pour monter sur scène. Et j’ai toujours eu le sentiment qu’il était comme un enfant, à dire « c’est pas ma faute, c’est pas moi ». Comme dit Camus, un homme ça s’empêche. Lui n’a jamais pu s’empêcher de se chercher des excuses un peu navrantes. Il est d’un narcissisme fou, il faudrait presque le consoler, le poète maudit de toutes les bonnes causes qui tue Marie à coups de poing.
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Taire le mal n'est pas le supprimer.
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