Dans ce troisième tome, les choses se gâtent. À la capitale, Alice n'attend plus le retour d'Isaac, tandis que dans les glaces de l'Antarctique les marins, isolés, fatigués, déprimés, sombrent tour à tour dans la folie.
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J'ai beaucoup apprécié les épisodes liés à la conquête du pouvoir au sein du navire ; ceux relatifs à Alice m'ont un peu moins intéressé, la faute à son nouveau Jules qu'on détestera forcément.
Par ailleurs, le personnage de Jacques se révèle pleinement en jouant le rôle du dieu sortant de la machine, quoique ce ne soit ni tiré par les cheveux, ni facile, au contraire.
Quant à Isaac, il se durcit de plus en plus ; il devient grave, sérieux ; encore un peu et on le verrait capitaine de navire…
Le retour sur terre offre une bouffée d'oxygène dans ce tome au démarrage impitoyable. Alcool, drogue (?), sexe, c'est Very Bad Trip version Pirate des Caraïbes pour nos héros.
La rencontre avec Olga, catin excentrique, vierge et parlant anglais comme un basque espagnol, achève de rendre le sourire au lecteur, et l'on retrouve avec plaisir un Isaac espiègle, drôle et attachant.
Un tome violent, dur, mais que compensent beaucoup d'humour, d'insouciance et une franche amitié.
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Mon avis sur la série dans son ensemble et sur l'édition luxe (intégrale des 3 premiers tomes) :
J'étais réticent au noir et blanc, j'avais des aprioris sur le style graphique de Christophe Blain, mais j'avoue volontiers que je me fourvoyais. Isaac le pirate est une pépite !
Dans sa réalisation, tout d'abord. le dessin peut être sommaire lorsque l'action défile, précis lorsqu'il nous faut nous appesantir sur des détails ; trop habitué à des planches uniformes et lisses dans leurs réalisations, c'est avec cet album que j'ai pris conscience du poids des dessins sur la lecture et sur l'ambiance générale. Même la plus petite case noire, totalement noire, placée à merveille et pensée à la perfection s'imbrique parfaitement dans la narration et contribue à forger l'ambiance et à faire qu'on ne peut s'arracher à sa lecture. Cette foutue case noire. Géniale. Parfaite.
Dans son histoire et ses personnages, ensuite. Sous ses abords vaniteux, prétentieux, machos et imbu de lui-même, Isaac se révèlera humain, affable, doux et franc, un peu niais ou trop bon, il se laissera entraîner dans une aventure qui le dépassera et qui, certainement, ne le laissera pas indemne. L'aventure est grandiose et théâtrale ; les péripéties nombreuses et variées ; l'ambiance prenante et l'environnement bien dépeint.
Dans sa globalité, enfin. Car on pourrait croire à une fable gentillette, mais c'est tout sauf rendre justice à Christophe Blain. Son oeuvre est profonde, réfléchie, drôle et poignante. Sous couvert d'un humour sarcastique et pincé, de jeux de mots fins et bien choisis, on touche à des ressorts universels tels que, dans le désordre, la loyauté, l'amour, la justice, la folie, le mal-être, la nostalgie, la distance, la solitude, la gaieté, la fidélité, la camaraderie, les manipulations, la vie, la mort, les rêves de grandeur, la religion, l'au-delà, la futilité de l'existence…
Pour se détendre ou pour entamer une réflexion philosophique, pour rire un bon coup ou pour se remettre en question, Isaac le pirate sera là.
D'autant que les aventures rocambolesques de ce petit bonhomme n'ont pas fini de nous réjouir et de nous tenir en haleine.