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EAN : 9782221093641
209 pages
Robert Laffont (01/05/2001)
4.02/5   85 notes
Résumé :
On dit que la mer commence là où les eaux tranquilles du fleuve Saint-Laurent se font bousculer par les grandes vagues du large. Ce n’est sûrement pas un hasard si c’est cette région du Québec, le Bas-Saint-Laurent, qu’a choisie Dominique Demers pour camper les personnages de Là où la mer commence, nouvelle version de La Belle et la Bête. Car Maybel, la plus jolie fille du village, a toute la fureur de vivre de ces eaux indomptables que la mer transporte. Fille d’un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un beau roman, comme je les aime, une histoire dénuée de toute modernité basée sur des valeurs inaltérables tout en étant parfumée d'un romantisme simple sans qu'il ne frôle l'extravagance. La plume de l'auteure nous délivre ainsi un récit qui se sépare en deux sujets, mais qui se rejoignent pour reformer un ancien conte, celle de la Belle et la Bête. L'amour y est au rendez-vous, bien évidemment, mais dans un contexte davantage poétique, ne ressemblant guère de cette façon aux amours contemporains dont le seul vrai sens est oublié. de cette façon, j'ai eu l'honneur de lire une vraie histoire d'amour limpide et délicate qui apporte en même temps des vertus de liberté, d'abandon envers la nature, de tendresse, d'ouverture d'esprit et de spiritualité au lecteur. L'autre sujet abordé est celui de la différence, tant le racisme que l'ouverture d'esprit ; comment l'amour peut coexister malgré la dissemblance, malgré l'apparence physique qui est plus difficile à accepter en tant que personne. Au début, le tracé de l'histoire est lent, j'ai eu quelque difficulté à saisir qui était la narratrice. Une jeune fille embarque dans un train faisant voyage jusqu'à Ste-Cécile et c'est au sein du cahier qu'elle tient entre les mains, un don de sa grand-mère, que nous nous retrouvons à arpenter les délicieuses contrées de l'île, entre les plages balayées par le vent et la mer, les côtes endiablées de liberté fouettées par les vagues, les forêts truffées de révélation et les grottes aux tonalités feutrées. Là-bas, Maybel ensoleille l'existence des habitants et celle de sa complice, narratrice du récit ( la grand-mère de la jeune fille du début ). Lors d'une journée banale, le quotidien de Maybel va basculé spontanément lorsqu'un riche écossais débarque sur l'île pour s'enfermer dans son château avec son fils, déjà victime des préjugés des citoyens qui le surnomment vicieusement « la face pourrie » à cause du terrible masque qui englobe son visage, objet de tant de rumeurs. Maybel, après tant d'obstacles et de rendez-vous, va appendre à apprivoiser « la Bête » sur son territoire tandis que celui-ci va lui enseigner les subtilités de la vie dans toute sa douceur, écrasant peu à peu la méfiance qui le submergeait. C'est dans cette tendre atmosphère d'amitiés que va naître les premiers reflets de l'amour, refaisant jaillir ainsi un antique récit conté lors de notre enfance.

Dès notre première rencontre avec Maybel, dit « la Belle », il est impossible de ne pas être subjugué par son allégresse, son sourire bonifiant, ses yeux violâtres qui séduisent tant d'hommes et sa juvénilité scintillante dont l'ardeur de sa personnalité va l'entraîner hors des sentiers battus. Par l'entremise de son amie à qui elle témoigne toutes ses confidences, nous la suivons dans ses nombreux rendez-vous avec William Grant, dit « La Bête ». Celui-ci, isolé dans sa solitude, a acquis depuis son sinistre accident, qui l'oblige à masquer son visage, un merveilleux dévouement envers la flore et la faune dans lesquelles il passe ses journées à se recueillir devant les joyaux du monde. de même, il a hérité d'une culture sans pareille en parcourant les ouvrages qui parsèment la bibliothèque du château, lui octroyant un langage et une philosophie soignés. Cependant, malgré ses nobles loisirs, le poids des préjugés lui pèse et l'indifférence de son père lui tord douloureusement l'esprit. C'est en faisant rencontre avec Maybel qu'un nouveau faisceau de lumière va filtrer dans son coeur. En lui apprenant les merveilles de l'écosystème et l'humble contemplation de la beauté spirituelle, il va également apprendre auprès d'elle à laisser de côté son caractère sauvage, à faire confiance à autrui et à ne plus craindre son visage qui provoque tant de terreur. Or, leur histoire ne se fera pas sans difficulté puisqu'ils devront passer par-dessus leurs légères altercations, le racisme injustifié de quelques habitants, la colère du riche écossais et les rumeurs dépravantes qui circulent à leur sujet, de même que la tristesse, l'oubli et la douleur. Ces deux personnages m'ont bousculée et j'ai été saisie par la philosophie de William et sa plénitude au sein de la liberté. Quant à Maybel, c'est un minuscule soleil d'où jailli des élans de douce félicité.

Par conséquent, ce fut un romanesque moment de lecture qui, sans être un coup de coeur, m'a tout de même procuré un grand plaisir littéraire. La fin n'est que le retour des choses et j'applaudis fortement cette conclusion qui nous fait rêver davantage. Même si je n'ai pas complètement adhéré à la plume de l'auteure lors des prémices de l'ouvrage, j'ai appris à apprécier doucement cette écriture simple, douce et familière au sein de laquelle j'ai retrouvé avec grand bonheur mon identité québécoise. Un récit taillé de personnages attendrissants, d'illustres valeurs, d'un sujet troublant qui ne nous est pas étranger, de paysages vouant honneur à la beauté du Québec et plus que tout, d'une histoire d'amour dont les éclats ne sont que pureté et honnêteté. Un fabuleux roman à découvrir ! Je continuerai bientôt ma route auprès de l'écriture de Dominique Demers dans sa série Marie-Tempête qui sommeille sereinement sur mes étagères.




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Jeune femme fougueuse et rayonnante, Maybel vit dans une famille marginale en dehors du village. Abandonnée par sa mère à l'âge de deux ans, elle grandit entourée de l'amour de son père et de sa tante ainsi que de celui qu'on surnomme « le Quêteux » et qui les aide à la ferme. En jour, arrivent d'Ecosse un père et son fils porteur d'un étrange masque de cuir. Il n'en faudra pas plus pour que les rumeurs les plus folles circulent, d'autant que le père est riche et ne se prive pas d'excentricités. Peu importe, Maybel ne se laissera pas dicter sa conduite ou ses amitiés.

Ce récit se déroule à la fin du 19e siècle, dans le Bas St Laurent, à Sainte Cécile du Bic, une région de bord de mer battue par les vents. Les descriptions des paysages, du ciel étoilé, des animaux marins ou des nichées d'oiseaux au printemps recréent à merveille l'ambiance sauvage et naturelle de la région. Elles constituent un écrin idéal pour cette histoire d'amour hors norme, bercée par les saisons et le lent apprivoisement des protagonistes.

L'histoire, classique, revisite le conte de la Belle et la Bête mais les paysages grandioses décrits par l'auteure y ajoutent un mystère et une intensité unique. Campé à la fin du 19e siècle, le récit s'appuie aussi sur le mode de vie rural de l'époque, les traditions, les convenances ainsi que les avantages et inconvénients d'un village isolé où tout le monde se connait.

Dominique Demers a le don de raconter des histoires qui donnent vie aux personnages. - Je l'avais déjà appréhendé avec sa trilogie Un hiver de tourmente. - Impossible de lire ce récit romanesque sans s'attacher à eux. Qu'il soit loyal, franc, tourmenté, aigri, rêveur… chacun est guidé par des valeurs qui lui sont propres et chaque acte posé y réfère. Ces êtres de papier ont une épaisseur, une âme et cela donne du souffle et de la consistance au roman.
J'ai eu l'occasion de la rencontrer en mars dernier à la Foire du Livre de Bruxelles et j'ai été enchantée par sa gentillesse, sa joie de vivre, sa franchise et son enthousiasme. On retrouve ces mêmes qualités chez ses personnages et c'est revigorant.

Paru en 2001 et réédité en 2011 chez Québec Amérique, ce livre fut un très bon moment de lecture que je vous conseille vraiment.
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Une beau roman d'amour qui reprend la trame de la Belle et la Bête en version québécoise au temps des colonies. On est loin des smartphones, des tablettes et des liseuses numériques.

Là où la mer commence, c'est le pays de Maybel, un havre où se chevauchent caps, îles et anses : Etretat, moins les touristes, avec des bouleaux, des conifères, de la faune à gogo et des hivers qui transforment le tout en glace et en banquise géante. C'est beau, c'est sauvage, c'est le lieu tout indiqué pour des légendes vivantes. le top, c'est que ce lieu existe vraiment et que pour avoir foulé de mes pieds à plusieurs reprises cet endroit féerique (Le parc du Bic), on ne peut que chavirer tout entier à la lecture de ce texte fort bien écrit.

Dominique Demers signe un très beau livre. On en veut encore.
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Et si la Belle et la Bête avaient vécu en terre québécoise, au XIXème siècle ? Ces quelques mots en 4ème de couverture m'ont immédiatement fait rêver et donné l'envie de plonger dans cette histoire.

L'invitation de sa marraine Maybel ne pouvait pas mieux tomber pour changer les idées de Marie. Marie a seize ans et est très perturbée par un chagrin d'amour. Mais avant qu'elle ne prenne le train qui va l'emmener au Québec, mamie Florence lui remet un précieux cahier pour l'accompagner au cours de ce voyage.

Au fil des pages, Marie va découvrir la solide amitié qui unissait Florence et Maybel Mais elle ira surtout à la rencontre de la jeune Maybel, une jeune fille pleine de gaieté, audacieuse et qui ne se laisse pas impressionner, même par ce jeune anglais, fuyant, et toujours masqué.

Volontairement je me suis attardée dans cette lecture en relisant certains passages comme pour m'imprégner de la beauté du texte, et prolonger l'intensité des émotions qu'ils avaient déclenchées. Une très belle histoire d'amitié et d'amour au coeur d'une région sauvage et quasi-féérique, celle du parc national du Bic au Québec, en bordure du Saint-Laurent.

C'est un roman magnifique qu'il ne faut pas manquer.
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C'est un des rares livres de Dominique Demers que je n'avais pas encore lus, avec le pari que je lis présentement. Comme toujours, j'ai embarqué facilement dans l'histoire qu'elle a voulu nous faire vivre. L'idée de reprendre La belle et la bête aurait pu être casse-gueule, mais c'est fait ici avec beaucoup de doigté et, même si on sent les parallèles avant l'oeuvre de Jeanne Marie Leprince de Beaumont, on ne tombe pas dans la caricature ou dans une vague adaptation. J'ai un attachement particulier pour l'oeuvre de Dominique Demers, dont les livres Marie-Tempête et Maïna m'ont accompagnée dans mon adolescence. Même ses livres pour enfants me touchent.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« - Ce matin, dit-il, j’ai rencontré un roi. Et hier, un prisonnier enfermé par erreur dans une prison maudite. La semaine dernière, j’ai entendu chanter des sirènes. Je connais un homme prêt à se battre contre des moulins à vent et j’ai déjà assisté à des combats sanglants, à des duels terrifiants, à des massacres hallucinants. Mais j’ai aussi vu des lutins courir dans la forêt à l’aube et j’ai épié des amoureux prêts à mourir l’un pour l’autre. Je sais qu’il existe une mer lointaine hantée par une baleine gigantesque qui a grugé le cœur d’un homme. Je sais également que je ne connais rien encore. Et qu’il ne me suffira sans doute pas d’une vie pour découvrir, en plus de la pluie, des escargots de mer, des hérons et des cormorans, des canards et des cerfs, des étoiles et des lunes, tous les personnages qui ont le pouvoir de vivre dans mon cœur et dans mon esprit. »
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La légende voulait qu'à douze ans il ait accompli un premier exploit. Parti chassé le lièvre en France avec son père, le jeune Oswald s'était retrouvé un peu à l'écart du groupe et un sanglier en avait profité pour charger. Horrifiés, les hommes avaient assisté à la scène. L'enfant n'avait même pas crié. Il avait épaulé son fusil et attendu, avec un sang-froid inouï, que la bête s'approche. Alors, seulement, le bruit sourd d'une détonation avait résonné entre les arbres et le sanglier s'était écroulé à quelques pas de l'enfant.
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- Moi aussi, j'ai perdu ma mère, dit-elle encore. J'avais deux ans... Je ne sais même pas à quoi elle ressemblait. Je n'ai aucun souvenir. La vôtre est partie quand vous étiez juste un peu plus jeune que moi aujourd'hui. Mais j'ai l'impression que vous êtes drapé dans votre malheur comme dans cette écharpe qui devait lui appartenir. Non ? Eh bien... Restez dans votre malheur et continuez de jouer à la Bête si ça vous chante. Moi, ça ne m'impressionne pas.
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Au retour, pendant qu'ils avançaient sur la banquise, la Bête parla.
- Si vous étiez un animal, vous seriez un loup-marin, lui dit-il. De tous les animaux, ce sont les plus joyeux. Dès la naissance, ils sont possédés par une extraordinaire gaieté qu'ils n'en finissent plus d'exprimer; En vieillissant, ils deviennent paresseux, mais certains d'entre eux conservent ce talent pour le bonheur, cette formidable capacité de joie.
- Et vous, quel animal seriez-vous ? demanda Maybel, impressionnée par cette façon qu'avait la Bête de s'exprimer.
La question parut l'amuser. Il réfléchit longuement avant de répondre.
- Un cormoran.
Maybel ne voyait pas pourquoi.
- Un jour, peut-être, je vous expliquerai...
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La Bête était figée. Il contemplait la Belle comme si c'était un feu follet. Après des jours de doute et de réflexion, le fils de l'Ecossais avait résolu de prouver à Maybel qu'il n'etait pas un animal sauvage. Il ne pouvait supporter l'idée qu'elle le juge si mal. Sans coeur, sans tête, sans âme. Il voulait qu'elle sache qu'il n'était pas incapable de frayer avec les humains, même s'il ne le faisait plus. Et parce qu'il était un homme de peu de paroles, il avait, après de longues hésitations, décidé de lui révéler autrement une petite partie de lui. William Grant. Il ne voulait surtout pas qu'elle croie, comme les autres, qu'il n'était qu'une bête chassant d'autres bêtes.
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