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EAN : 9782070347216
304 pages
Gallimard (06/09/2007)
3.99/5   100 notes
Résumé :
" - Qu'est-ce que ça veut dire aimer ?
- Je l'ai lu dans un livre, dit Laure.
- À la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien ? personne ! n'a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n'ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c'est une distraction de riches " Voici ce qu'on pense du sentiment à Eourres quand Laure naît. Cette phrase du livre est comme une fiche d'état civil pour Laure qui pèse sept ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Laure ne pèse que 750 grammes lorsqu'elle vient au monde. Ses premiers jours sont difficiles mais la petite s'accroche, quitte à boire le lait d'ânesse. Érudite, curieuse, attachante, la petite grandit avec une soif d'apprendre et de happer le monde de ses petits doigts.

Paul Magnan que je découvre ici nous offre un univers rural, bien ancré dans les terres et l'âpreté de la vie à la campagne dans tout ce qu'elle a d'obsolète. le bonheur c'est une affaire de riches répétera le grand-père. La lune, le soleil ils sont là parce qu'ils sont là, des réponses qui ne suffisent pas à Laure.

J'avoue que ce roman me titillait depuis un moment mais qu'il ne m'aura pas subjuguée car il m'a manqué les émotions et les sentiments dans ce portrait de fillette hors du commun. J'imaginais certainement plus de poésie, moins de descriptions sur la campagne ou alors une corrélation entre la nature et Laure que je n'ai pas cernée ici.

Ce roman devrait ravir les amateurs de nature et de simplicité essentielle.
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Laure est née prématurément à Eourres, village perdu des Hautes Alpes, où ne vivent que les naturels et « quelques individus incapables de digérer le monde d'aujourd'hui ». Elle est rejetée par une mère trop jeune qui voit avec cette naissance se refermer sur elle le piège d'un mariage sans amour, la vie rude à la ferme dans ce pays inhospitalier, la malédiction de la pauvreté. Nourrie au lait d'ânesse, pouponnée par sa grand-mère et sa tante Aimée, ce petit bout de 750 grammes, est né sous de sombres hospices mais avec une farouche volonté de vivre, puis en grandissant, d'apprendre… Mue par une force hors du commun, elle sait lire à 4 ans, s'occuper du troupeau à 5 ans, faire face à des conditions de vie pénibles, des parents hostiles, échapper dès l'âge de 13 ans à la concupiscence masculine. Car la jeune paysanne est la proie idéale particulièrement dans ces contrées reculées des années 50-60…

De sa plume enchanteresse, Pierre Magnan nous peint le portrait attachant d'une fillette intelligente et courageuse, qui a très vite compris qu'elle ne pourrait compter que sur elle-même. Une très belle leçon de vie, nourrie comme la plupart des livres de l'auteur par sa passion pour sa région natale et ses habitants, qu'il sait rendre vivants et présents malgré leur distance géographique et temporelle. Ce sont nos ancêtres, pas si lointains, oubliés de l'Histoire, auxquels il redonne la parole par la magie du roman. Et s'il ne nous épargne pas les mesquineries, les jalousies, les brouilles centenaires entre familles voisines, les moeurs frustes, les enfants mal soignés, il nous offre quelques belles figures d'êtres généreux comme Flavie, la grand-mère ou Séraphin. Une belle lecture.
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La sage femme arriva hors d'haleine et rien qu'à la voir, elle dit :
- Mais elle morte !
- C'est pas possible ! répondit la tante Aimée.
- Eh bien, regardez là, elle est violette, pour moi, c'est tout sûr, elle s'est étouffée au passage !
- C'est pas possible ! dit la grand-mère.
Elle prit par les pieds le minuscule corps et le secoua comme une montre qui vient de s'arrêter.
- Mon Dieu, mère, vous allez la tuer !
- Tu as entendu l'accoucheuse ? Morte, elle l'est déjà ! Alors, un peu plus, un peu moins !
Jamais on n'avait autant parlé de mort qu'autour de cette naissance.

A Eourres, dans les Hautes-Alpes, nul n'avait connu un tel courage chez ce petit être qui ne pesait que 750 grammes à la naissance . Sauvée in extrémis d'une mort certaine, la petite Laure, souffre douleur de sa mère Marlène, s'épanouie grâce à l' amour que lui portent son grand-père paternel et sa tante Aimée.
Qui aurait cru qu'une fillette âgée d'à peine un an, puisse sidérer son entourage en lançant " Bonjour la compagnie ! ", propos qu'elle entend à chaque visite du facteur. Qui aurait imaginé qu'à l'âge de trois ans, elle veuille apprendre à lire et qu'à six ans, mène seule un troupeau sur les collines.
La précocité de Laure ne cesse de surprendre le lecteur. Dotée de facultés inouïes , pratiquement imperméable aux épreuves qui jalonnent sa vie depuis sa naissance, on peut se demander si le regretté Pierre Magnan n'a pas exagéré le cheminement exceptionnel de cette petite Laure que rien ne semble pouvoir arrêter pour assouvir sa soif d'apprendre. le récit authentique d'une fille de paysans, bravant le froid, la faim, le rude labeur de la terre, les blessures du corps et de l'âme, capable de soulever des montagnes pour étudier sans relâche.

Après avoir grandement apprécié " La maison assassinée " du même auteur, Laure du bout du monde m'a littéralement subjugée.
Un roman puissant et poignant. Les termes ne manquent pas pour les éloges que j'attribue à ce récit. On ne peut qu'admirer la bravoure de Laure qui nous met la larme à l'oeil plus d'une fois. Pierre Mangnan décrit avec justesse une campagne qu'il connait bien et moults détails du labeur de cette période, y compris la culture de lavande, mais surtout la hargne d'une Laure qui, dès le début, nous entraîne loin, de plus en plus loin, jusqu'au bout du monde...

J'ai tellement apprécié ce roman emprunté à la médiathèque de ma ville, que je compte bien l'acheter, c'est dire !
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J'ai lu ce livre l'espace d'un trajet en train entre Lille et Manchester, et je me suis retrouvé dans les descriptions de ce pays âpre de la haute Provence que je connais un peu pour y passer mes vacances. On y rencontre des hommes et des femmes attachés à leur terre malgré sa rudesse et on s'attend presque à croiser Giono (ou Magnan !) au détour d'un sentier.
Laure est née trop vite, d'une rencontre sans amour, et pour vivre, elle grandit très tôt. Malgré la dureté de la vie des paysans en montagne, malgré les méchancetés et les mesquineries des gens qui l'entourent, malgré les accidents et les ennuis de santé, Laure avance : elle apprend à lire, va à l'école, va au collège de Nyons comme pensionnaire, réussit l'examen d'entrée au lycée. Mais elle n'avance pas que pour elle, elle agit aussi pour les autres quand elle travaille avec son grand-père, aide son père à se lancer dans la culture de la lavande ou se soucie de ses camarades de pension.
Sur son chemin, heureusement, il y a aussi des gens qui l'aiment : son grand-père Florian, sa tante Aimée et Séraphin, le bûcheron italien qui a justement été amoureux de sa tante.
Pour terminer, un regret et un moment fort. le regret, c'est de quitter Laure à son entrée au lycée et de ne pas savoir ce que sera sa vie. Le moment fort, c'est le passage où Laure découvre la musique, lors d'un concert avec des oeuvres de Bach dans une petite église. J'étais justement en train de lire "Bach, maître spirituel." Dans ce livre, Alain Joly dit comment Bach peut encore parler aux hommes de notre temps. Et c'est aussi le cas dans ce passage où Laure et son père se retrouvent en communion, sans même le savoir.
Vraiment une bonne lecture qui me laissera des souvenirs forts.

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Laure est née à Eourres, un petit village perdu dans la montagne et est, pour ainsi dire, une miraculée de la vie puisqu'à sa naissance, elle ne pèse que 750 grammes. C'est grâce aux efforts acharnés de sa grand-mère qu'elle va avoir le droit de vivre. La mère de Laure, qui se désintéresse complètement de cette petite petite fille n'a pour elle ni tendresse ni paroles douces et n'aura d'amour que pour le frère de Laure qui naîtra après elle. Aussi, Laure a du affronter seule le dur monde de la vie. Cette petite fille extraordinaire qui, à trois ans, se rendait déjà au lavoir pour laver ses culottes et, à six ans, partait déjà seule dans la campagne pour garder les troupeaux de bêtes ; nous donne une incroyable leçon de vie.
Roman admirable avec une écriture fluide, celui-ci nous apprend à ne pas se plaindre sur notre propre sort. Inspiré de faits réels, cette « Laure du bout du monde » a réellement existé et a pu conter elle-même une partie de son histoire au romancier Pierre Magnan. À lire !
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Citations et extraits (139) Voir plus Ajouter une citation
Le beau jour, il avait dix ans, où son père Florian lui avait fait faire le tour complet des trois cent cinquante hectares, il avait été anéanti par leur pauvreté. Il n'en parlait jamais. Pas plus qu'il ne commentait les orages ni la mort, il ne soulignait jamais le temps qu'il faisait. Il invectivait les uns ou les autres, leur montrait le poing quand il se savait seul, mais avait-il envisagé un seul instant de quelle nuit des temps ils avaient surgi pour l'accabler ?
Et c'était cet homme-là qui écoutait Bach sans broncher. Soudain, par cette musique il prenait la mesure de tout ce qu'il avait ignoré jusque là. Il se tenait exactement dans la même position que Séraphin : tête basse et les mains sur les cuisses.
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Le grand-père, en cachette de tous, l’entraîna un soir dans sa chambre. De l’armoire ancestrale, noire à force d’âge et de fumée ancienne, caché sous une pile de draps qui embaumaient l’aspic, il tira un grand cahier qu’il ouvrit devant Laure comme il l’aurait fait pour une cassette. Les pages en étaient remplies de lettres de l’alphabet en couleur bleues ou violettes, faites d’italiques, de gothiques, de lettrines enluminées.
— J’aimais faire ça, dit-il, autrefois.
Laure eut à peine le temps de le voir. Il remit le cahier en place soigneusement, bien à plat sous les draps à la lavande.
— Tu le diras à personne que je t’ai fait voir ça.
Il avait gardé à la main un petit livre terne qui était cartonné.
— Tiens ! dit-il, prends ça ! Ça je te le donne. Mais tu le liras qu’à table, ça t’aidera à manger.
Laure lut à haute voix :
— Le Tour de France par deux enfants. Qu’est-ce que c’est la France ?

Chapitre 3
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(Laure) regardait autour d'elle ces quelques cinquante personnes et cette dame en noir dont elle distinguait le visage derrière Séraphin. Elle ne comprenait pas très bien ce qui pouvait les réunir dans ce soudain silence, mais quand tout se tut et que la musique fut souveraine, Laure s'aperçut en regardant autour d'elle que ces visages d'inconnus se ressemblaient tous dans leur parfaite immobilité. Les préoccupations de chacun s'étaient effacées derrière une expression unanime où se lisait l'humilité. Par la musique c'était le secret du pardon qui se manifestait.
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L'hiver attaqua la nature comme un tigre dans la nuit du premier au deux février. Ce fut une sensation abominable dès le sortir du sommeil. D'habitude, grâce aux édredons jaunes en duvet d'oie, c'était dur de se tirer du lit tellement on y était bien. Là, au contraire, on comprit tout de suite que si on ne bougeait pas, on était foutu. Ce fut le froid qui réveilla le silence. Le froid et le silence avaient arrêté le monde comme ils l'eussent fait d'une pendule. Le ruisseau ne cascadait plus de seuil en seuil au bout du bien. La fontaine ne coulait plus. On n'entendait même pas le bruit joyeux des étables en train de s'éveiller et les coqs étaient restés au perchoir, médusés.
(…)
Les trois chevaux étaient appuyés l'un contre l'autre et ils ne mangeaient pas. Les chiens étaient tous rentrés dans la bergerie en passant sous un battant vermoulu. Ils s'étaient mussés parmi les brebis indifférentes et lointaines qui continuaient tranquillement à ruminer.
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- Ne cherche pas. Moi aussi, je suis né de rien. Nous avons la chance d'être sauvés, la chance, pas plus. On doit poser un doigt sur ses lèvres pour qu'elle parte pas, pour qu'elle ne nous entende pas respirer.
- Mais quelle chance ? dit Laure.
- Comprendre ! dit Séraphin. Tout le monde ne l'a pas. Chut !
La pénombre l'avait déjà absorbé qu'il gardait encore le doigt en travers des lèvres.
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