Comme toujours
Edith Vacher Fortuné nous entraîne dans un récit qui commence sagement , on retrouve son style soigné ; ici au début du roman ,une magnifique description de l'océan torturé sur un ciel gris dont on sent les embruns dans le bruit infernal du ressac. " L'île Milliau émerge , entame une danse des vagues , apparaît , disparaît.Rythme souple , violent parfois , sonorités envoûtantes et primales du vent... Il aperçoit la mer et les brisants , rudes et sombres.Un vent impétueux soulève les vagues , Il entend ses bourrasques . La mousse blanche de l'écume vole"
Puis , l'histoire se met en place . J'ai retrouvé avec plaisir le commandant François le Quellec , un fort tempérament avec sa ride sur le front qui cache une certaine sensibilité , Florence le Guen , une dure à cuire car autrefois militaire , Karl , le détective privé , grand ami de le Quellec , également une âme sensible.
Un corps ensanglanté est retrouvé sur l'île Milliau et à partir de là le rythme s'emballe et nous voilà transportés de Trébeurden en Bretagne jusqu'à l'île de Madagascar ! le lien ? Et bien c'est un personnage qui jusqu'ici apparaissait dans les romans précédents ( "
La guerre des phages" et "
L'inconstance du maître de go") en tant que figurant et qui cette fois-ci prend toute son envergure .C'est Haja qui ,je dois bien l'avouer , est des plus attachants!
J'ai adoré ce road-trip , une expédition rebondissante à travers Madagascar et ses plages , ses feuillages luxuriants , ses eaux turquoises , ses pierres précieuses , ses petits restos gourmands sur les bords des routes défoncées , l'aventure , le sourire de ses habitants .Mais , car il y a un mais , et
Edith Vacher Fortuné le montre parfaitement , ce pays souffre ; il pourrait être comparé à un fruit parfait , lisse , mais lorsqu'on y croque , lorsqu'on explore ses entrailles , c'est l'île de sang !
Ne pensez pas pour autant que ce livre soit lugubre ou triste , ce n'est pas le cas , mais tout en nous distrayant , ( et quel suspense!) , elle nous alerte sur des faits réels propres à ce pays et ce n'est pas pour me déplaire.
Mais laissons tout cela , ce ne sont que mes mots . Je vous abandonne à présent en vous souhaitant bon voyage!