L'inconstance du maître de Go

"L'inconsistance du maître de go"
Le titre pour commencer , m'a intriguée , car il est à la fois mystérieux et exotique , une constance , qui va se nourrir des évènements tout au long du livre.
A mes yeux , Edith Vacher est une véritable écrivaine car , à travers ses descriptions , j'ai senti l'odeur de la pluie "poissant les rochers découverts par la marée " , le vent glacial venant de " la mer tumultueuse bordée d'écume" m'a transpercée et j'ai entendu les drisses taper sur les mâts dans le port de "Saint-Ke-Porzh-Olued"( où ) , sable , eau , récifs et galets , mer , terre et ciel s'unissent étroitement , s'embrassent , puis la ville se déverse dans la mer.Catamarans et vieux gréements tissent le lien , dansent et tintent en écho aux oiseaux ".
Les figures de style foisonnent mais ce n'est pas tout.
Cette technique est au service d'une construction élaborée , un puzzle semé d'indices ça et là , qui va finir par se mettre en place d'une manière subtile pour enfin se transformer en histoire policière .
J'ai lu ce livre d'un trait car le suspense reste entier tout au long du roman ;
Edith Vacher promène son lecteur ; à peine a-t-on fait la connaissance d'un personnage qu'elle nous en fait découvrir un nouveau pour revenir au premier ! Elle effeuille les protagonistes et ainsi entretient leur mystère. Et puis enfin c'est le dénouement , une fin très originale et inattendue .
Je vous souhaite autant de plaisir que j'ai eu à lire ce livre.
PR

Un titre mystérieux et une couverture intrigante (réalisée par l'éditeur, bravo à lui), donnent envie de lire ce roman. Je l'ai donc ouvert avec curiosité et je l'ai lu d'une traite.
Dès les premiers mots, on sent une atmosphère singulière, à part, presque onirique. Les personnages sont atypiques. Un psychiatrique, adepte de l'hypnose, qui semble manipuler ses patients, des jeunes femmes qui se cherchent dans leur vie et leur activité professionnelle, se questionnant sans cesse, des policiers un peu détachés puis curieux et volontaires et des morts surprenants tant on a de la peine à imaginer cette issue pour eux.
L'action principale se situe dans les Côtes d'Armor où une entreprise travaille sur des secrets industriels. Les responsables ont l'impression d'être espionnés mais rien ne peut être prouvé. Une enquête est diligentée. Il y a quelques incursions en Chine ou à Paris pour suivre l'un ou l'autre des protagonistes. La construction du recueil ne met pas tout le monde en scène en même temps, on passe de l'un à l'autre. Au début, c'est assez lent puis le rythme s'intensifie, devient plus rapide, comme notre souffle car le suspense augmente.
L'écriture de l'auteur se démarque par son style, sa personnalité. Elle peut passer de scènes finement décrites sur un ton poétique à la présentation de faits troublants où les hommes utilisent des techniques du futur pour arriver à leurs fins.
Le récit a un petit côté déstructuré, très original, à la manière d'un puzzle ou d'un pliage d'origami où on ne voit qu'à la toute fin où le créateur a voulu en venir. Je crois que la grande force d'Edith Vacher est dans son sens de l'utilisation des mots, des tournures de phrases, du lyrisme qu'elle peut mettre dans son texte, tout en restant dans du concret. C'est un mélange subtil des genres qu'elle réussit à merveille et qui nous permet une évasion livresque totalement surprenante.

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Dans ce troisième opus, la romancière nous fait découvrir les sombres desseins d'une organisation mafieuse et criminelle chinoise implantée dans les Côtes d'Armor, sur fond d'espionnage industriel et de manipulation neuropsychologique.

A la faveur d'une écriture fine et élégante, ourlée de belles envolées lyriques, le récit nous entraîne, par des allers-retours incessants, de la très belle Côte de granit rose vers la Chine, avec une brève escale à Paris.
Le rythme du récit, lent et saccadé au début, s'accélère progressivement pour devenir palpitant, tenant le lecteur en haleine jusqu'au dénouement de l'intrigue. Avant même de débuter la lecture, la superbe représentation très « hitchcockienne » de la première de couverture plante le décor d'un roman policier dont la noirceur se trouve à chaque instant atténuée par les traits de plume sensibles et sensuels de sa créatrice.