Il se définit comme misanthrope. Une aversion pour le genre humain certes mais qui , à la lecture de ces nombreuses volutes et autres provocs, suscite l'interrogation. L'aversion pour soi-même ? Une incroyable lucidité sur le monde qui nous entoure, sans complaisance aucune ? Une protection nécessaire pour éviter la désillusion ? le débat reste ouvert...
Quoi qu'il en soit, dans ce court ouvrage, Gainsbourg côtoie Gainsbarre et au milieu de tous ces mots et maux, on entrevoit parfois Lucien.
Les pensées se succèdent, se contre-disent parfois. L'écriture jaillit pour le meilleur et pour le pire. La solitude pointe son nez, la tristesse aussi parfois. Et tout à coup, l'éclat d'insolence , de provocation qui vient tout balayer...On est toujours sur le fil dans cette lecture. L'émotion se dessine dans l'ombre, sans jamais se dévoiler...C'est un art de suggérer et quand Lucien y parvient, il se déleste un instant de ses nombreux masques.
Ce petit livre est une esquisse du personnage. Il serait prétentieux de dire que l'on en sait plus sur lui une fois la lecture achevée. Mais c'est certainement le propre des artistes que de conserver une certaine part de mystère. Certains le font pour que dure la légende, et d'autres parce qu'ils ne peuvent faire ou être autrement. Je pencherais plutôt pour la seconde option concernant Monsieur Gainsbourg.
Un livre au goût du souvenir, pour ceux qui aiment l'artiste , les mots mais aussi pour tous ceux qui souhaiteraient le (re)découvrir un peu.
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Un petit livre de citations du grand Serge. Pour le plaisir de la répartie, de la sailie provoc', l'étincelle de beauté ou la pure déconnade. le tout provient aussi bien de paroles de chansons connues (ou moins connues), d'entrevues avec des journalistes, de ce que Gainsbourg a pu mettre dans ses écrits ou paroles en public. Et l'homogénéïté aidant de Gainsbarre, of course, c'est au final du pur Gainsbourg. "Pas dégueu, non ?" comme dirait le regretté Lucien Ginsberg. Oui, pas dégueu du tout.
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Pour les Fans inconditionnels de Gainsbourg : au delà de l'auteur et du compositeur du provocateur.
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- Je dis "Je t'aime moi non plus" parce que, par pudeur, je fais semblant de ne pas la croire.
- Mais "Je t'aime", vous êtes capable de le dire ?
- Non.
- C'est un complexe ?
- Oui, peut-être.
- C'est difficile pour vous, de dire "je t'aime"...
- Tout le monde dit ça, je voudrais dire autre chose.
Jacques Brel, un jour, me dit : " Tu ne réussiras que quand tu auras conscience que tu es un crooner ! " Je lui dis : " Moi, un crooner, avec ma sale gueule ? " Eh bien, à l'analyse, il avait vu juste : L'Eau à la bouche, Je t'aime moi non plus, Je suis venu te dire que je m'en vais... Ce sont des chansons de crooner. De crooner destroy, mais de crooner !
Journaliste: Jane correspond-elle à votre type de femme?
Gainsbourg: Je n'ai pas de type précis. Je suis éclectique en la matière et j'ai connu des femmes très différentes. Jane correspond plutot à un idéal pictural. Quand j'étais peintre, jene peignais que des femmes un peu androgynes, menues, avec peu de poitrines. Tous mes portraits ressemblaient à Jane. Je l'ai peinte avant de la connaitre.
Quel est pour vous le comble de la misère ?
Manquer de papier cul.
Le principal trait de votre caractère ?
Le trait d'union.
Votre principal défaut ?
Débander pendant.
Votre rêve de bonheur ?
Bander après.
Le don de la nature que vous aimeriez avoir ?
Faire caca sans odeurs.
- Vous êtes un désespéré?
- (éclat de rire) Je suis lucide. On ne peut pas être très heureux quand on est extrêmement lucide.
Serge Gainsbourg - DocteurJekyll et Monsieur Hyde (1968)