La statue de bronze
La grenouille
Du jeu de tonneau
S'ennuie, le soir, sous la tonnelle...
Elle en a assez!
D'être la statue
Qui hurle en silence un grand mot: Le Mot!
Elle aimerait mieux être avec les autres
Qui font des bulles de musique
Avec le savon de la lune
Au bord du lavoir mordoré
Qu'on voit, là-bas, luire entre les branches...
On lui lance à coeur de journée
Une pâture de pistoles
Qui la traversent sans lui profiter
Et s'en vont sonner
Dans les cabinets
De son piédestal numéroté!
Et le soir, les insectes couchent
Dans sa bouche...
LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER
Pour André Lebey.
MATIN
Loin de la ville
Sitôt crépite
La libellule
De linon bleu.
C’est le matin
Pauvre malade.
Il fait si doux
Qu’on est heureux.
La lampe sœur
Au col marin
Couve sa peur
Sous le clin bleu.
Elle contrôle
Qui dort encore
Et arque drôle
Sa clef d’or.
Au bleu baiser
Sur la croisée
L’oiseau commence
À chanter.
Sur la croisée
Triste ai-je dit
L’oiseau timide
Interdit.
Les hauts nuages
Qui frôlent vieux
Ont passé l’âge
D’être heureux.
Qu’est-ce qui trinque
Dans la rue bleue ?
C’est un forçat
Délivré d’eux.
Un chant pas loin
Part de l’église.
Il fait si doux
Qu’on est sauvé.
KLAGELIED
O misère de trop aimer.
On se tient mal à cause de cela.
Lorsqu’on donne la main, on rougit.
Pourtant, nous touchons aux fleurs,
Aux cristaux, aux petits encriers.
Et l’on se touche, pour pleurer.
Il me faut beaucoup de silence.
Rien qu’un bruit…
Tranquille au parc bleu :
Pas de l’enfant qui se lamente
En souvenir de tes yeux bleus.
André Beucler : Dimanche avec
Léon-Paul FargueOlivier BARROT présente le livre d'André Beucler sur
Léon-Paul Fargue.