Un roman de très bonne facture, qui mélange les genres avec habilité : du Space Opera, un zeste de thriller, un soupçon de "survival horror" (ça saigne pas mal, autant prévenir).
Assurément, l'auteur a un sacré punch et le talent idoine. le contenu mérite le détour et il y a foison de choses appréciables :
# Un synopsis avenant comme je les aime :
Afin de coloniser Spes-Nova, une lune qui gravite autour d'une géante gazeuse dans le système J201, les humains ont lancé une vaste opération de terraformation en s'appuyant sur 3 stations coloniales. L'intervention d'une équipe de secours dans une plateforme d'extraction d'eau située autour de la géante gazeuse va violemment brusquer le récit et c'est peu dire.
Je ne peux guère en dire plus.
# Un récit bien rythmé, l'action est omniprésente, ça bouge tout le temps, des situations tendues et anxiogènes, on ne s'ennuie pas.
# Un récit rigoureux, l'auteur a sérieusement bossé. La terraformation, par exemple, est rendue crédible à coup d'exobiologie. Les problèmes climatiques ou les soucis liés à l'introduction d'espèces exogènes (les espèces génocatalysées) sont par exemple relatés. le discours est un tantinet scientifique mais ça passe très bien.
Un très gros boulot aussi sur les implants.
# Un nombre d'acteurs variés et conséquents, des civils, des politiques, des militaires, des corpo (BioAugments, Prime Foods...)... Les principaux protagonistes sont soignés : Loan, Sarah, Nathan, Demon, Nayreen tout comme certains personnages 2ndaires (Ryker...)
# de bonnes idées comme les SIM (simulation de mort imminente) ou le terradôme
# de l'humour, ça fuse de blagues et de vannes notamment entre Loan, Sarah, Nathan. C'est très bien vu car ça permet de faire une pause cognitive dans un récit somme toute assez violent.
# Un
Conan Doyle et son fameux "une fois impossible écarté, ce qui demeure...", on apprécie (même si chez moi, ça me rappelle davantage Spock dans Terra incognita).
# Un cliffhanger astucieux, on sent qu'il y a de la matière pour la suite
Histoire de nuancer mon propos :
# C'est "in media res", on est lancés dans le bain sans crier gare.
# L'utilisation d'un vocabulaire parfois abscons en début d'ouvrage. du Neurovirtu au "Standard Equipement Control Protocol", rien de méchant puisque l'auteur mets des notes de bas de page pour éclaircir tout ça. Néanmoins les susdites notes nuisent singulièrement à l'immersion et paraissent parfois sincèrement futiles (Était-ce utile de définir le mot atrium ?)
# C'est parfois un peu gore.
# Quitte à mettre des dessins, on aurait apprécié un schéma sur le système J201.
# La profusion des titres de paragraphe (64 au total), c'est lassant surtout quand certains titres trahissent le contenu qui va suivre (le chapitre titré "trahison"...)
# La fin semble hâtée, les chapitres sont plus courts voire expéditifs ("quelques minutes plus tard"), on a l'impression que l'auteur s'est soudain aperçu, après 500 pages, qu'il était peut être temps de passer au tome suivant.
Quoiqu'il en soit, une bon bouquin, qui fait plaisir. J'ai déjà commandé le 2nd tome.