Une jeune femme ordinaire, gagnante d'un concours, se retrouve en Italie. Des phénomènes étranges viennent troublés son voyage et perturbent sa tranquillité d'esprit. Son quotidien ordinaire deviendra tout-à-coup extraordinaire... Surtout avec la rencontre de son alter ego italien, une jeune fille délurée qui a un drôle de passe temps...
Étrange, inégale. Lecture intéressante mais surprenante; je ne m'attendais pas à cette histoire débridée où l'érotisme est une surprise. Les idées sont originales mais trop surprenantes pour m'atteindre
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Ça y est, pense-t-elle, je vais crever.
Un instant, on croirait qu’elle est déjà prête à accueillir
la mort. Elle pose sa revue de mode sur ses genoux et lui jette
un dernier regard. De toute façon, il n’y a rien pour moi dans
cette vie. Je suis trop grosse, j’ai les genoux mous et des poches
sous les yeux, des plis, des poils et regarde-moi ces guidounes
avec trois mètres de jambes et aucun maudit défaut et puis je
vais mourir alors qu’est-ce que ça donne de.
Elle interrompt ses pensées pour détacher sa ceinture et
courir dans l’allée en hurlant, les bras en l’air. Malgré sa
faible estime d’elle-même, elle s’accroche à la vie. Elle hurle.
Elle court. Elle se jette sur une porte et en manipule tous les
leviers. Elle n’aura même pas attendu que le pilote allume les
moteurs avant de flipper.
C’est la première fois que Nathalie prend l’avion.
Le personnel a vite réagi, surtout pour éviter que le
chaos se propage dans la cabine. On lui a parlé à voix basse,
on l’a rassurée, on lui a caressé les cheveux, tout cela sans
douceur, en cherchant un contact visuel pour juger si elle
allait se tenir tranquille ou refaire une crise de panique.
L’aéroport est déjà loin en dessous quand elle recommence
à respirer normalement. Elle regarde par le hublot et
constate que, contrairement à ce qu’elle avait prévu, l’avion
n’a pas explosé au décollage. Elle profite de son souffle
retrouvé pour s’excuser, à gauche, à droite, à n’importe qui,
pour informer son entourage immédiat que son moment de
folie est terminé, qu’on peut cesser de s’intéresser à elle.
Très peu excitante, jusqu'à maintenant, la vie d'adulte de Nathalie. De petits gestes banals, dans le respect des lois et des pressions sociales, rien qui ne la distingue des autres, mais il ne faudrait tout de même pas minimiser ce qui au fond constitue l'essence de sa personne. Elle rince ses boîtes de conserve avant de les mettre dans son bac à recyclage, traverse les intersections au feu vert, [...] remplace les piles des détecteurs d'incendie chaque fois qu'on avance ou qu'on recule l'heure, plie les genoux pour soulever des objets lourds, baisse le chauffage avant d'aller dormir, [...] prend du soleil, évite le soleil, selon ce qu'on raconte dans les journaux cet été-là...
La correspondance entre Grosseto et Sienne se passe
plutôt bien, le retard du premier train s’harmonisant avec
celui du deuxième. Nathalie n’a que quelques minutes pour
observer les environs avant le départ, étonnée de voir des
palmiers dans un stationnement d’hôtel. Elle a plutôt l’habitude
d’en voir sur les cartes postales monotones que sa soeur
lui envoie lors de ses voyages dans le Sud, une fois par année.
Météo et culpabilité : « Bonjour ! Ici il fait beau et chaud, la
nourriture laisse à désirer mais la mer est tellement belle ! Tu
devrais voyager au moins une fois dans ta vie, ça te ferait du
bien. Ciao ! Élise. »
Des palmiers en Italie, pourquoi pas. Nathalie n’écarte
pas l’idée folle d’envoyer une carte postale à sa soeur.
L'angoisse, un petit chat au sommeil léger qui ronronne sur ses cuisses.
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