Payot - Marque Page - Sylvain Estibal - Terres voraces
Entends, entends le vent qui souffle,
C'est le désert qui ,pleure au souvenir du passé.
Chant nomade
L'âme brûlée de douleur, le coeur embrasé,
Je prie Dieu de me faire voir celle que j'aime
Pour que je ne meure pas ici de la douleur de son absence.
Chant touareg
Ce pays produit trop de cadavres et les chambres froides débordent. Plus de place dans les instituts médicolégaux, ni dans les frigos des pompes funèbres, ni dans ceux des hôpitaux. Alors il faut stocker les corps dans des camions frigorifiques stationnés sur des parkings. Des centaines de corps non identifiés, que personne ne vient réclamer, pourrissent dans des semi-remorques.
Fais de ta plainte un chant d'amour pour ne plus savoir que tu souffres.
(Proverbe touareg)
Tout cela s'est passé dans le monde qui est le tien. Les pauvres se sont transformés en tueurs. Les pauvres se sont entredévorés pour posséder eux aussi quelques miettes du grand festin. Les pauvres ont pratiqué la surenchère de l'horreur, ils ont voulu impressionner leurs rivaux, et s'impressionner eux-mêmes, montrer qu'ils existaient, qu'ils échappaient au destin de misère qu'on leur promettait et qu'ils étaient bien vivants dans ce monde, puisqu'ils étaient terribles et violents, puisqu'ils s'affranchissaient de toute humanité, puisqu'ils faisaient trembler jusqu'aux puissants, qu'ils soumettaient à leur terreur et qu'ils signaient avec eux des pactes de sang.
O désert, pays de ma lumière, pays de ma souffrance.
Chanson nomade
Est-ce que ce pays est foutu? Ou est-il osé comme cela pour toujours au bord du gouffre? Et s'il tombe un jour, entraînera-t-il les autres dans sa chute? Est-ce qu'ils tomberont un à un avec lui, inévitablement? Est-il l'une des prémices? Un symptôme?
Les touaregs disent ici : "Dieu a créé des pays pleins d'eau pour y vivre et des déserts pour que les hommes y trouvent leur âme"
Il restera quelque part,
dans un ciel de souffrances,
le souvenir de ces années,
une étoile presque invisible que je regarderai,
car je saurai qu’elle abrite,
dans la beauté de son silence,
la vie que j’ai aimée…
MME LANCASTER avril 1933
Toi qui as comblé la mer de flots, les dunes de sable, le ciel d’étoiles, viens me secourir - Chant nomade